Texte intégral
Mes chers amis,
Je vous retrouve à Biarritz avec plaisir et détermination.
Mais je ressens aussi, plus profondément, ce lien qui m'attache et m'oblige à votre égard. Depuis 2007, je mesure la fidélité et la complicité de votre soutien.
Il y a des moments où tout va bien, et alors votre tâche sur le terrain en est facilitée, mais il y a aussi des moments plus durs que vous assumez pourtant avec loyauté.
Croyez-moi, mes fonctions ne me font pas oublier d'où je viens, ce que je vous dois et ce que vous faites.
Après trois années et demie de réformes continues dont deux années de récession brutale, nous voici dans une période sensible, où les coups et les critiques pleuvent.
Le ton monte, même si le niveau à parfois tendance à baisser.
Le microcosme s'enfièvre, les polémiques s'enchaînent, les appétits s'aiguisent, l'opposition fait feu de tout bois, concentrant tous ses tirs sur le Président de la République et ceci avec une violence irrespectueuse détestable.
Lors des journées parlementaires du Parti socialiste, Martine Aubry a dressé le tableau d'une France au bord de la rupture démocratique.
C'est là un vieux classique de la gauche que de voir le populisme partout, sauf naturellement dans ses rangs.
A cet égard, j'invite les socialistes à se montrer plus rigoureux vis-à-vis des leurs qui affichent leur complicité avec l'extrême gauche, car en matière de populisme celle-ci n'est pas en reste.
Avec Nicolas Sarkozy, alors secrétaire général du RPR, nous avons à l'époque combattu l'extrême droite.
Ce qui était valable pour l'extrême droite devrait l'être aussi pour une extrême gauche qui conteste nos institutions démocratiques et qui continue d'en appeler à la lutte des classes.
La Première secrétaire du parti socialiste réclame le respect du Parlement.
Rien ne m'est personnellement plus cher.
Mais où est le respect du Parlement quand des députés pourchassent le Président de l'Assemblée nationale dans les couloirs, en appellent à sa démission, brandissent des calicots dans les tribunes, boycottent les séances ?
Qui affaiblit le Parlement: notre majorité, qui a étendu ses pouvoirs, ou l'opposition, qui confond débat parlementaire et foire d'empoigne ?
Je dis à Bernard Accoyer, qu'il a ma confiance et mon estime.
Mes chers amis,
Personne, parmi nous, ne doit céder et ne cédera à cette nervosité ambiante.
Personne ne doit dissocier son avenir personnel de notre sort commun.
Et personne ne doit exercer ses talents contre son propre camp.
Plus que jamais, il faut se mettre au service de nos valeurs, de notre bilan et de notre projet.
J'entends dire que nous sommes sur la défensive, d'autres nous espèrent dans le désordre.
En réalité, nous sommes bien décidés à tenir le gouvernail de la France. Et je vous demande de rester concentrés sur notre cap car c'est au terme du quinquennat, et pas avant, que l'Histoire se nouera.
Nous sommes dans une passe agitée qui réclame sang froid et résolution.
Qui réclame aussi une haute idée de nos devoirs. Car ce sont eux qui nous placent au dessus des contingences. Et ce sont eux qui nous permettent de regarder les Français dans les yeux avec une certaine dignité.
La dignité de ceux qui réduisent les dépenses publiques, là ou le confort politique serait de les laisser filer.
La dignité de ceux qui prennent le risque de dire la vérité sur la compétition internationale plutôt que de la taire.
La dignité de ceux qui assument la responsabilité de réformer nos retraites plutôt que de temporiser.
Hier, beaucoup de nos concitoyens ont choisi d'aller manifester.
Leur voix doit être respectée, comme celle d'ailleurs de tous les autres Français qui soutiennent notre réforme.
Il faut répondre calmement à la rue, car gouverner c'est écouter chacun, gouverner c'est respecter chacun, mais gouverner la France c'est aussi parfois savoir dire «non».
«Non», avec le Président de la République, nous ne retirerons pas ce projet de réforme car il est nécessaire et raisonnable.
«Non», nous ne pouvons pas accorder à la somme de toutes les revendications le crédit d'incarner un projet alternatif.
«Non», nous ne renoncerons pas à l'augmentation de la durée d'activité car alors nos régimes de retraites s'écouleraient sous le poids des déficits.
Dans ce «non» ferme et tranquille, il n'y a aucun orgueil car je refuse de considérer les manifestants comme des adversaires.
Il n'y a aucun mépris, car aucun Français n'est coupable d'avoir des convictions.
Mais je le dis posément, nous conduirons cette réforme jusqu'à son terme car si nous tenons à notre héritage social, si nous tenons à garantir le niveau des pensions, alors il n'y a qu'une façon sérieuse et responsable d'agir: il faut élever l'âge légal de départ à la retraite.
A qui fera-t-on croire qu'en augmentant de deux ans la durée de travail, on remet en cause l'assurance vieillesse mise en place à la Libération ?
Je vous rappelle que notre pays consacre 13 % de son PIB aux régimes de retraites obligatoires, 10,4 % en Allemagne, 6,6% au Royaume-Uni.
A qui fera-t-on croire que cette évolution n'est pas celle de tous les pays européens, qu'ils soient dirigés par la droite ou par la gauche ?
Chez nos voisins le débat est aujourd'hui entre 65 et 67 ans.
Et qu'on ne vienne pas nous dire qu'en Allemagne ou en Espagne le système de retraite serait plus généreux.
Outre Rhin, la durée de cotisation pour une retraite à taux plein sera, au terme de la réforme, de 45 ans, et si un départ anticipé est possible après 35 annuités et seulement à 63 ans, c'est au prix d'une très forte décote de plus de 14% !
Le parti socialiste prétend avoir raison contre tous les autres, contre tous les faits, contre toutes les données chiffrées mises sur la table par le Conseil d'Orientation des Retraites !
La raison électoraliste autorise-elle à ce point la déraison intellectuelle ?
Autorise-t-elle à ce point la démagogie politique ?
Comprenez-moi bien: mon but n'est pas de noircir les thèses de l'opposition pour célébrer les nôtres.
Je suis à l'écoute de ce qui se dit. Je suis à l'écoute des doutes exprimés.
Je ne prétends pas que notre réforme soit parfaite en tous points; je ne prétends pas qu'elle règle toutes les injustices qui subsistent dans notre pays depuis des décennies; je ne prétends même pas qu'elle suffise à régler définitivement le sujet car la sécurisation de nos retraites exige une adaptation en continu.
Non, je ne prétends rien de tout cela, mais j'affirme que notre démarche est réaliste, qu'elle est juste, qu'elle est raisonnable, et j'ajoute qu'elle s'inscrit dans la tradition de notre République sociale, qui est fondée sur le principe cardinal de la répartition.
Le débat à l'Assemblée nationale a été vif, mais il a démontré que la représentation nationale n'était pas un vain mot.
En démocratie, la légitimité du Parlement est sacrée, et nul n'est en droit de minorer la parole des élus au profit de celle de la rue.
Autour d'Eric Woerth, ce débat a démontré que vous étiez mobilisés, constructifs, responsables, et je salue tous ceux d'entrevous, qui, durant plusieurs jours et plusieurs nuits, ont honoré leur mandat.
Le projet initial du gouvernement a été enrichi, et cela grâce à vos travaux.
Les améliorations du dispositif de pilotage des retraites, les nouveaux droits en matière d'information des assurés, le lissage de la suppression de la possibilité pour les fonctionnaires ayant élevé trois enfants de partir après 15 ans, la meilleure prise en compte de la pénibilité, les amendements sur l'épargne retraite ou la médecine du travail... Tout ceci constitue des avancées précieuses.
L'opposition les juge secondaires.
Mais pourquoi diable n'a-t-elle pas agi lorsqu'elle était au pouvoir ?
Pour deux raisons élémentaires.
D'abord parce qu'elle n'a jamais osé engager une seule réforme des retraites de peur d'affronter le jugement des Français, et dès lors les injustices qu'elle dénonce ont prospéré dans l'immobilisme.
Mais aussi parce que tous les sujets que nous traitons sont plus complexes que ce qu'elle dit.
Pénibilité, situation des femmes, carrières chaotiques, situation des seniors, sur toutes ces questions sensibles, le parti du «y'a qu'à faut qu'on», c'est bon pour l'opposition, mais pas lorsque l'on gouverne la France !
Désormais, il revient au Sénat, cher Gérard, de débattre, d'évaluer les arguments des uns et des autres, de cibler ses propositions, en préservant les principaux paramètres de la réforme et son équilibre financier.
Le débat parlementaire, mes chers amis, a aussi permis d'éclairer les Français sur les limites du prétendu contre-projet du parti socialiste...
Pour ne pas toucher aux 60 ans, on sacrifie tout le reste en taxant tout ce qui passe: voilà la logique de ce contre-projet, enfin si on peut parler de «logique» !
L'alourdissement massif des cotisations et des impôts étoufferait notre économie, alimenterait le chômage, réduirait le pouvoir d'achat, accélérerait les délocalisations, mais qu'importe ce prix puisque l'essentiel, pour l'opposition, est de sauver les apparences politiques en défendant coûte que coûte un symbole !
D'un côté, le Parti socialiste suggère de maintenir le droit de partir à 60 ans, de l'autre il consent malgré tout à l'allongement progressif de la durée de cotisation nécessaire pour toucher une retraite à taux plein.
Ca c'est l'assurance de voir des millions de retraités partir à la retraite avec des pensions incomplètes. Et c'est la certitude d'aboutir à un système à deux vitesses.
De toute façon, qui peut croire sur parole le Parti socialiste ?
En 1993, il avait promis d'abroger la réforme Balladur, il ne l'a pas fait.
En 2003, il avait promis d'abroger la réforme que j'ai portée; il l'a aujourd'hui intégrée dans ses propositions.
En 2007, il a combattu la réforme des régimes spéciaux; je n'ai trouvé aucune phrase dans leur projet qui vise à revenir sur cette réforme.
Tout se passe comme si une bonne réforme pour le Parti socialiste, c'était la précédente !
«Avant c'était mieux», disent-ils.
Dois-je préciser aux Français que depuis le général de Gaulle, c'est toujours nous qui avons bâti l'avant, toujours nous qui bâtissons l'après, et c'est toujours les socialistes qui, dans les tribunes, sifflent les réformes.
Avec le Président de la République, nous savons que nous demandons à nos concitoyens un effort. Nous savons que pour certains d'entre eux, c'est un bout de chemin supplémentaire vers la quiétude d'une retraite méritée.
Mais les Français nous respecteraient-ils si nous allions à leur devant en leur disant: travaillons moins, vivons plus longtemps et advienne que pourra ?
Quand on dirige la France, on cale sa conduite sur ses devoirs, pas sur des promesses de lendemains qui chantent.
La réforme des retraites n'est pas, mes chers amis, dissociable de notre priorité absolue, qui est de solidifier et d'amplifier la reprise économique.
Après deux années terribles pour les économies développées, deux années qui auraient pu mettre la France à genoux si nos choix avaient été mal orientés, notre croissance devrait dépasser 1,5% en 2010 et de 2% en 2011.
Tout ceci, c'est le résultat des mesures qui ont été prises pour alimenter la relance, soutenir l'investissement et sécuriser l'épargne des ménages.
C'est aussi le résultat du travail des Français, qui se sont montrés responsables et solidaires.
Le choc de la crise étant surmonté, il faut maintenant enclencher un cycle de croissance aussi solide et durable que possible.
Quelles en sont les conditions ?
D'abord, il faut renforcer notre compétitivité.
Nous avons un socle pour cela.
Depuis 2007, nous avons défiscalisé les heures supplémentaires, permis aux universités de devenir autonomes, supprimé la taxe professionnelle, stimulé l'investissement des entreprises et encouragé l'implantation de centres de recherche par un système de crédit d'impôt qui est le plus attractif des pays développés, nous avons renforcé nos pôles de compétitivité...
Toutes ces mesures contribuent à libérer les énergies de notre pays, mais il nous reste encore du travail à faire et bien des réflexions à engager.
Il faut renforcer nos PME en réduisant encore les contraintes administratives et en soutenant l'accès aux financements.
Il faut créer des dynamiques de filières industrielles, avec un rôle renforcé du Fond Stratégique d'Investissement.
Il faut poursuivre la réflexion sur l'attractivité et l'efficacité de notre fiscalité.
Il faut, sur l'expérience des contrats de transition professionnelle, bâtir une flexsécurité à la française qui n'en n'est qu'à ses prémices.
Il faut mieux protéger les intérêts économiques de l'Europe en affirmant le principe de réciprocité et en autorisant l'émergence de champions européens.
La seconde condition de la croissance, c'est l'investissement.
En dédiant 35 milliards d'euros à l'enseignement supérieur, la formation, la recherche et l'innovation, la France a l'audace d'anticiper l'avenir en concentrant ses moyens sur des secteurs stratégiques.
La plupart des crédits ont été alloués aux opérateurs; plusieurs appels d'offres ont été lancés; les jurys seront prochainement constitués; dès la fin de cette année, une première vague de projets sera appuyée par le programme d'investissements que vous avez voté.
Ainsi, 1,5 Mdeuros seront investis pour faire de la France un leader dans le développement de la nouvelle génération de voitures.
1 Mdeuros seront investis pour doter nos laboratoires d'équipements de pointe afin qu'ils se hissent au meilleur niveau mondial dans des disciplines clef telles que les biotechnologies.
8 Mdeuros seront consacrés à l'émergence de 5 à 10 pôles d'excellence d'enseignement supérieur et de recherche de rang mondial, capables de rivaliser avec les grandes universités anglo-saxonnes.
Nous sommes à l'aube d'une profonde rénovation de nos outils industriels, scientifiques, universitaires.
Ces trois univers, qui autrefois s'ignoraient, sont en train de fédérer leurs atouts, et c'est de là que les ruptures technologiques du XXIème siècle surgiront.
La troisième condition de la croissance, c'est la gestion rigoureuse de la dépense publique.
Ce qui est en jeu, c'est la solidité de notre croissance mais c'est aussi notre souveraineté nationale.
Nous allons réduire notre déficit de 40 milliards d'euros dès 2011, et de 100 milliards d'euros d'ici 2013.
La loi de programmation des finances publiques qui sera présentée au conseil des ministres le 29 septembre fixera une feuille de route permettant de stopper l'augmentation de la dette dès 2012.
Etat, collectivités territoriales, organismes sociaux, toutes les structures publiques devront contribuer à l'effort collectif.
Il s'agit de geler les dépenses et de dégager des marges, notamment sur les niches fiscales: 10 Mdeuros de niches seront supprimées dès 2011; en 2012, ces mêmes mesures produiront un rendement de 12,5 Mdeuros, mais il faut être conscients qu'il sera nécessaire de poursuivre l'effort sur les années suivantes, comme cela vous sera proposé dans le projet de loi de programmation des finances publiques, qui vous sera bientôt soumis.
Ces suppressions concerneront en priorité les niches les moins efficaces. Elles seront équitablement réparties.
Quant aux dépenses, elles seront maîtrisées comme jamais.
Cet effort considérable auquel nous allons nous astreindre provoquera sans doute des remous.
Il faudra tenir bon car si chaque intérêt particulier est légitime, l'intérêt général l'est encore plus.
Et il ne faudra pas, aux premiers beaux jours de la croissance, miser sur des recettes supplémentaires pour relâcher notre discipline.
Tous nos efforts doivent être concentrés autour d'un choix politique que nous devons assumer sans faillir, et qui, à mon sens, rencontrera le bon sens des Français: le choix de la vertu budgétaire.
La fiscalité française est d'une telle complexité que beaucoup d'entre vous sont tentés de tout remettre à plat.
Je vous invite à ne pas vous précipiter dans cette voie car notre fiscalité a trop souvent souffert de ces écarts brutaux. Pour autant, la question fiscale n'est pas close.
Imaginer un système plus lisible, plus équitable, plus efficace, ce peut être l'un de nos défis pour 2012.
Dans l'immédiat, le projet de loi de finances que vous allez examiner a sa cohérence économique et sociale. Je vous demande de la respecter.
J'assume nos choix et ma responsabilité.
Mes chers amis,
La force de notre nation ne réside pas seulement dans la résolution de ceux qui la dirigent. Elle naît et s'épanouit dans le coeur de chacun.
Inscrire sa destinée dans un destin commun, donner à son pays autant que l'on reçoit de lui, transmettre à nos enfants un peu plus que ce que nos parents nous ont légué, c'est là l'esprit du pacte républicain.
Ce pacte est fragile, et partout où l'Etat démissionne, l'incivisme gagne.
Il n'y a pas d'égalité, de liberté, de fraternité lorsque la violence prend le pas sur le respect du droit.
Notre combat pour la sécurité n'est pas un combat de circonstance, il n'est pas le combat d'un jour, il n'est pas et ne peut pas être un combat politicien.
Toute notre société est défiée et c'est donc toute la société qui doit se sentir concernée par cette culture de la violence qui ensauvage les relations sociales.
C'est un défi policier, judiciaire, éducatif mais aussi moral qui nous est lancé.
C'est donc toute une chaîne de responsabilité, de civisme, de respect mutuel, qu'il faut retendre !
A Grenoble, le Président de la République a annoncé une série de mesures que nous mettons en place dans le cadre de la LOPPSI.
Il ne s'agit ni d'un virage sécuritaire ni, à fortiori, d'une marche arrière, il s'agit d'adapter en permanence nos stratégies face aux évolutions de la délinquance.
Et il s'agit, en parallèle, de poursuivre notre effort pour réhabiliter nos cités, d'épauler les élèves qui décrochent à travers une aide éducative personnalisée, de récompenser le mérite à travers les internats d'excellence que nous sommes en train de mettre en place.
On parle souvent, et à juste titre, de ceux qui dans les quartiers pourrissent la vie des Français.
Mais parle-t-on assez de tous ceux qui par leur talent et leur courage s'en sortent ?
La France a ses faces sombres, mais elle a aussi ses faces lumineuses.
Elle est toujours le pays de tous les possibles.
Qu'importent les origines sociales, la couleur de peau, les confessions religieuses ! Une seule chose compte, c'est le courage, la générosité, qui inspirent chaque individu.
C'est cela, la société du respect et du mérite que nous voulons avec le Président de la République.
Mes chers amis,
Je ne suis pas venu devant vous pour vous réciter les sanglots longs des violons de l'automne 2010.
Je n'ai aucun motif de nostalgie, aucune idée noire, mais tout à espérer des conditions dans lesquelles la France est en train de sortir de la crise.
Pourquoi serions-nous sur la défensive ?
Parce que les sondages sont défavorables ? J'aurais préféré qu'ils soient meilleurs !
Parce que l'orchestre des rumeurs est bruyant ? J'aurais préféré qu'il mette un bémol à sa médiocrité !
Après les élections présidentielles et législatives de 2007, pas un instant je n'ai imaginé que le quinquennat de Nicolas Sarkozy serait une mer d'huile.
Il ne pouvait pas l'être tout simplement parce que nous n'avons pas joué la continuité.
Nous avons fait le choix de la modernisation, et il n'est pas surprenant d'être bousculé par la critique.
Comment ne pas comprendre l'inquiétude des Français devant tant de changements, de mesures d'économies, de rationalisation, alors que la richesse du monde, globalement, ne cesse de croître et que nous restons au 5ème rang des puissances mondiales.
Aux héritiers des preneurs de la Bastille, le sentiment d'injustice est toujours insupportable.
Je crois profondément que redresser et rénover la France c'est rendre justice aux Français.
«La seule chose qui soit stable», disait Tinguely, «c'est le mouvement».
Tout est toujours soumis aux mouvements du monde: les richesses, les acquis, les équilibres.
Tout le problème français de ces dernières décennies est de s'être fait distancer et dépasser.
L'injustice serait de laisser croire aux Français qu'on peut vivre sans soucis, sans efforts, sans réformes, avec 1 500 milliards de dettes.
Dans notre vieille nation, la dispute entre le passé et l'avenir est incessante.
Et pourtant, la France a toujours servi le progrès: son histoire est faite de retournements, de révolutions, de spectaculaires avancées sociales, de conquêtes technologiques.
La France a toujours enflammé le monde parce qu'elle n'a jamais cessé de penser, d'avancer, d'oser. Je ne crois ni aux sirènes de la post-modernité, ni aux miracles d'une société post-industrielle, ni au baume d'un prétendu nouveau capitalisme.
Le progrès est une longue marche.
J'ai écrit un jour que rien ne pourrait se faire sans dire aux Français la Vérité.
Qu'est le passage à 62 ans de l'âge de la retraite sinon la vérité sur nos vies, nos engagements et nos espérances ?
Qu'est ce que la défiscalisation des heures supplémentaires sinon la vérité sur les retards de notre compétitivité ?
Qu'est ce que le service minimum sinon la vérité sur les devoirs qui s'attachent au service de l'Etat ?
Qu'est ce que la réduction du nombre des fonctionnaires sinon la vérité sur l'état de nos déficits ?
Trop souvent par le passé, nous nous sommes fait piéger par les idéologies et les pensées uniques.
Trop longtemps aussi nous nous sommes bloqués sur l'idée que la grande machine mondialiste produirait désormais du bonheur à l'infini.
Comme le héros du Désert des Tartares, nous avons candidement attendu durant des années d'improbables retournements de conjonctures, le retour de la croissance, la énième reprise américaine, la baisse du prix de l'énergie.
Ces espoirs, parfois déçus, parfois récompensés, nous dispensaient en quelque sorte de compter sur notre propre force.
Nous avons voulu rompre avec cela.
Plus de trois années après l'élection de Nicolas Sarkozy, de quoi pourrions-nous rougir ?
D'avoir affronté un début de siècle d'une violence inouïe, avec une crise économique sans précédent, aux conséquences imprévisibles ?
En quelques mois nous avons affronté la pire chaîne d'avanies, d'explosions, de dépressions, qu'un système capitaliste puisse produire.
Avec la perspective non pas d'un simple coup de tabac boursier, mais d'un effondrement des économies mondiales.
Dès le calme revenu sur les marchés, le Président de la République a proposé à nos partenaires de réfléchir à un nouvel ordre financer mondial.
Pendant cette période trouble, la France s'est comportée en grande puissance.
Une grande puissance politique qui s'est constamment montrée en première ligne de l'initiative et de la solidarité internationale.
Nicolas Sarkozy a montré pendant les six mois de la présidence de l'Union la capacité de la France à maîtriser les équilibres européens. Il démontrera en présidant le G8 et le G20, que notre pays reste un éclaireur d'avenir.
Les succès s'oublient.
Très vite tout est aspiré par le tourbillon que soulèvent les déceptions, et naturellement les oppositions.
«Telle est la démocratie en perpétuelle inquiétude».
Résister, rester soi-même, continuer à convaincre, croire à ses idées, c'est le devoir de notre majorité.
Autrefois, l'Histoire prenait son temps. En ce début du 21ème siècle, tout est devenu «urgence».
Tout retard se solde en une perte de compétitivité et d'efficacité.
Sur des sujets comme l'endettement ou les retraites, on ne peut plus comme au temps de François Mitterrand «donner du temps au temps».
La France est la cinquième puissance mondiale; encore faut-il qu'elle le reste, dans un monde où la fortune des nations se fait et se défait à toute allure; où de nouvelles puissances surgissent en quelques décennies bouleversant nos vieux standards.
«Ayons donc de l'avenir cette crainte salutaire qui fait veiller et combattre, et non cette sorte de terreur molle et oisive qui abat les coeurs et les énerve » dit Tocqueville.
Cette citation, le gouvernement et la majorité auraient pu la faire leur.
Nous vivons dans l'urgence mais nous vivons aussi dans les feux follets de l'actualité.
Chaque jour du quinquennat est une étape qu'il faut traiter, résoudre, assumer mais sans s'écarter de la route des réformes.
Il faut faire face, mais il faut aussi garder le cap du contrat initial.
Ce contrat est exigeant.
Il est de ne pas piétiner devant les difficultés; d'être sans indulgence pour nos faiblesses, de faire le nécessaire pour tenir notre rang.
Renoncer, douter, cesser d'avancer serait se parjurer devant l'Histoire.
Ce serait oublier totalement ce que nous avons fait et ce qu'il nous reste à faire.
Ce serait laisser le terrain libre à une gauche sans projet.
Une gauche sans courage. Une gauche incapable d'imaginer autre chose que ce qui s'est déjà fait par le passé.
Une gauche terrifiée à l'idée d'affronter le monde tel qu'il est et tel qu'il nous défie.
Nous rentrons, mes chers amis, dans une nouvelle période du quinquennat. Mais rien ne doit être oublié.
Quoi que décide demain le Président, nous avons l'impérieuse obligation de porter et de soutenir la politique de réformes qui nous a réunis autour de lui en 2007. Et qu'est-ce qui pourrait nous décourager de le faire ?
Les pièges de la crise, le brouhaha des oppositions, les caprices des sondages, les ambitions indécentes ?
Eh bien non !
N'oubliez rien de l'énergie qui nous a portés jusque là.
N'oubliez rien de la vague réformiste que nous avons enclenchée.
Notre marche n'est pas finie.
C'est une course de fond, avec cette perspective d'aller au but, de couper le ruban sans jamais se désunir.
La ligne d'arrivée de 2012 est exigeante mais limpide :
* nous devons replacer la France sur les rails de la croissance, et cela est possible car la reprise est là !
* nous devons pouvoir regarder nos concitoyens dans les yeux, car nous avons été fidèles à notre projet !
* nous devons convaincre les Français que l'action engagée mérite d'être poursuivie, et j'ai pour cela la certitude que nous pouvons rencontrer le bon sens du pays !
* nous devons être plus crédibles que l'opposition, et cela exige droiture, solidité et unité.
Ce faisant, nous offrirons au Président de la République le pouvoir de prolonger son action au-delà de 2012.
Je veux que nous préparions ce jour sereinement et en bon ordre.
Tant que je le pourrai, tant que j'aurai votre confiance, je ne laisserai rien passer qui puisse faire dire un jour que l'esprit d'équipe et le sens de l'intérêt général n'étaient pas aux rendez-vous.
Soyez fiers, mes amis, de ce que vous avez accompli.
L'espérance guide nos actes et le courage commande nos choix.
Quant on sert ainsi la France, comme vous la servez, alors le temps des devoirs se confond un jour avec le temps des succès.Source http://www.blog-fillon.com, le 28 septembre 2010
Je vous retrouve à Biarritz avec plaisir et détermination.
Mais je ressens aussi, plus profondément, ce lien qui m'attache et m'oblige à votre égard. Depuis 2007, je mesure la fidélité et la complicité de votre soutien.
Il y a des moments où tout va bien, et alors votre tâche sur le terrain en est facilitée, mais il y a aussi des moments plus durs que vous assumez pourtant avec loyauté.
Croyez-moi, mes fonctions ne me font pas oublier d'où je viens, ce que je vous dois et ce que vous faites.
Après trois années et demie de réformes continues dont deux années de récession brutale, nous voici dans une période sensible, où les coups et les critiques pleuvent.
Le ton monte, même si le niveau à parfois tendance à baisser.
Le microcosme s'enfièvre, les polémiques s'enchaînent, les appétits s'aiguisent, l'opposition fait feu de tout bois, concentrant tous ses tirs sur le Président de la République et ceci avec une violence irrespectueuse détestable.
Lors des journées parlementaires du Parti socialiste, Martine Aubry a dressé le tableau d'une France au bord de la rupture démocratique.
C'est là un vieux classique de la gauche que de voir le populisme partout, sauf naturellement dans ses rangs.
A cet égard, j'invite les socialistes à se montrer plus rigoureux vis-à-vis des leurs qui affichent leur complicité avec l'extrême gauche, car en matière de populisme celle-ci n'est pas en reste.
Avec Nicolas Sarkozy, alors secrétaire général du RPR, nous avons à l'époque combattu l'extrême droite.
Ce qui était valable pour l'extrême droite devrait l'être aussi pour une extrême gauche qui conteste nos institutions démocratiques et qui continue d'en appeler à la lutte des classes.
La Première secrétaire du parti socialiste réclame le respect du Parlement.
Rien ne m'est personnellement plus cher.
Mais où est le respect du Parlement quand des députés pourchassent le Président de l'Assemblée nationale dans les couloirs, en appellent à sa démission, brandissent des calicots dans les tribunes, boycottent les séances ?
Qui affaiblit le Parlement: notre majorité, qui a étendu ses pouvoirs, ou l'opposition, qui confond débat parlementaire et foire d'empoigne ?
Je dis à Bernard Accoyer, qu'il a ma confiance et mon estime.
Mes chers amis,
Personne, parmi nous, ne doit céder et ne cédera à cette nervosité ambiante.
Personne ne doit dissocier son avenir personnel de notre sort commun.
Et personne ne doit exercer ses talents contre son propre camp.
Plus que jamais, il faut se mettre au service de nos valeurs, de notre bilan et de notre projet.
J'entends dire que nous sommes sur la défensive, d'autres nous espèrent dans le désordre.
En réalité, nous sommes bien décidés à tenir le gouvernail de la France. Et je vous demande de rester concentrés sur notre cap car c'est au terme du quinquennat, et pas avant, que l'Histoire se nouera.
Nous sommes dans une passe agitée qui réclame sang froid et résolution.
Qui réclame aussi une haute idée de nos devoirs. Car ce sont eux qui nous placent au dessus des contingences. Et ce sont eux qui nous permettent de regarder les Français dans les yeux avec une certaine dignité.
La dignité de ceux qui réduisent les dépenses publiques, là ou le confort politique serait de les laisser filer.
La dignité de ceux qui prennent le risque de dire la vérité sur la compétition internationale plutôt que de la taire.
La dignité de ceux qui assument la responsabilité de réformer nos retraites plutôt que de temporiser.
Hier, beaucoup de nos concitoyens ont choisi d'aller manifester.
Leur voix doit être respectée, comme celle d'ailleurs de tous les autres Français qui soutiennent notre réforme.
Il faut répondre calmement à la rue, car gouverner c'est écouter chacun, gouverner c'est respecter chacun, mais gouverner la France c'est aussi parfois savoir dire «non».
«Non», avec le Président de la République, nous ne retirerons pas ce projet de réforme car il est nécessaire et raisonnable.
«Non», nous ne pouvons pas accorder à la somme de toutes les revendications le crédit d'incarner un projet alternatif.
«Non», nous ne renoncerons pas à l'augmentation de la durée d'activité car alors nos régimes de retraites s'écouleraient sous le poids des déficits.
Dans ce «non» ferme et tranquille, il n'y a aucun orgueil car je refuse de considérer les manifestants comme des adversaires.
Il n'y a aucun mépris, car aucun Français n'est coupable d'avoir des convictions.
Mais je le dis posément, nous conduirons cette réforme jusqu'à son terme car si nous tenons à notre héritage social, si nous tenons à garantir le niveau des pensions, alors il n'y a qu'une façon sérieuse et responsable d'agir: il faut élever l'âge légal de départ à la retraite.
A qui fera-t-on croire qu'en augmentant de deux ans la durée de travail, on remet en cause l'assurance vieillesse mise en place à la Libération ?
Je vous rappelle que notre pays consacre 13 % de son PIB aux régimes de retraites obligatoires, 10,4 % en Allemagne, 6,6% au Royaume-Uni.
A qui fera-t-on croire que cette évolution n'est pas celle de tous les pays européens, qu'ils soient dirigés par la droite ou par la gauche ?
Chez nos voisins le débat est aujourd'hui entre 65 et 67 ans.
Et qu'on ne vienne pas nous dire qu'en Allemagne ou en Espagne le système de retraite serait plus généreux.
Outre Rhin, la durée de cotisation pour une retraite à taux plein sera, au terme de la réforme, de 45 ans, et si un départ anticipé est possible après 35 annuités et seulement à 63 ans, c'est au prix d'une très forte décote de plus de 14% !
Le parti socialiste prétend avoir raison contre tous les autres, contre tous les faits, contre toutes les données chiffrées mises sur la table par le Conseil d'Orientation des Retraites !
La raison électoraliste autorise-elle à ce point la déraison intellectuelle ?
Autorise-t-elle à ce point la démagogie politique ?
Comprenez-moi bien: mon but n'est pas de noircir les thèses de l'opposition pour célébrer les nôtres.
Je suis à l'écoute de ce qui se dit. Je suis à l'écoute des doutes exprimés.
Je ne prétends pas que notre réforme soit parfaite en tous points; je ne prétends pas qu'elle règle toutes les injustices qui subsistent dans notre pays depuis des décennies; je ne prétends même pas qu'elle suffise à régler définitivement le sujet car la sécurisation de nos retraites exige une adaptation en continu.
Non, je ne prétends rien de tout cela, mais j'affirme que notre démarche est réaliste, qu'elle est juste, qu'elle est raisonnable, et j'ajoute qu'elle s'inscrit dans la tradition de notre République sociale, qui est fondée sur le principe cardinal de la répartition.
Le débat à l'Assemblée nationale a été vif, mais il a démontré que la représentation nationale n'était pas un vain mot.
En démocratie, la légitimité du Parlement est sacrée, et nul n'est en droit de minorer la parole des élus au profit de celle de la rue.
Autour d'Eric Woerth, ce débat a démontré que vous étiez mobilisés, constructifs, responsables, et je salue tous ceux d'entrevous, qui, durant plusieurs jours et plusieurs nuits, ont honoré leur mandat.
Le projet initial du gouvernement a été enrichi, et cela grâce à vos travaux.
Les améliorations du dispositif de pilotage des retraites, les nouveaux droits en matière d'information des assurés, le lissage de la suppression de la possibilité pour les fonctionnaires ayant élevé trois enfants de partir après 15 ans, la meilleure prise en compte de la pénibilité, les amendements sur l'épargne retraite ou la médecine du travail... Tout ceci constitue des avancées précieuses.
L'opposition les juge secondaires.
Mais pourquoi diable n'a-t-elle pas agi lorsqu'elle était au pouvoir ?
Pour deux raisons élémentaires.
D'abord parce qu'elle n'a jamais osé engager une seule réforme des retraites de peur d'affronter le jugement des Français, et dès lors les injustices qu'elle dénonce ont prospéré dans l'immobilisme.
Mais aussi parce que tous les sujets que nous traitons sont plus complexes que ce qu'elle dit.
Pénibilité, situation des femmes, carrières chaotiques, situation des seniors, sur toutes ces questions sensibles, le parti du «y'a qu'à faut qu'on», c'est bon pour l'opposition, mais pas lorsque l'on gouverne la France !
Désormais, il revient au Sénat, cher Gérard, de débattre, d'évaluer les arguments des uns et des autres, de cibler ses propositions, en préservant les principaux paramètres de la réforme et son équilibre financier.
Le débat parlementaire, mes chers amis, a aussi permis d'éclairer les Français sur les limites du prétendu contre-projet du parti socialiste...
Pour ne pas toucher aux 60 ans, on sacrifie tout le reste en taxant tout ce qui passe: voilà la logique de ce contre-projet, enfin si on peut parler de «logique» !
L'alourdissement massif des cotisations et des impôts étoufferait notre économie, alimenterait le chômage, réduirait le pouvoir d'achat, accélérerait les délocalisations, mais qu'importe ce prix puisque l'essentiel, pour l'opposition, est de sauver les apparences politiques en défendant coûte que coûte un symbole !
D'un côté, le Parti socialiste suggère de maintenir le droit de partir à 60 ans, de l'autre il consent malgré tout à l'allongement progressif de la durée de cotisation nécessaire pour toucher une retraite à taux plein.
Ca c'est l'assurance de voir des millions de retraités partir à la retraite avec des pensions incomplètes. Et c'est la certitude d'aboutir à un système à deux vitesses.
De toute façon, qui peut croire sur parole le Parti socialiste ?
En 1993, il avait promis d'abroger la réforme Balladur, il ne l'a pas fait.
En 2003, il avait promis d'abroger la réforme que j'ai portée; il l'a aujourd'hui intégrée dans ses propositions.
En 2007, il a combattu la réforme des régimes spéciaux; je n'ai trouvé aucune phrase dans leur projet qui vise à revenir sur cette réforme.
Tout se passe comme si une bonne réforme pour le Parti socialiste, c'était la précédente !
«Avant c'était mieux», disent-ils.
Dois-je préciser aux Français que depuis le général de Gaulle, c'est toujours nous qui avons bâti l'avant, toujours nous qui bâtissons l'après, et c'est toujours les socialistes qui, dans les tribunes, sifflent les réformes.
Avec le Président de la République, nous savons que nous demandons à nos concitoyens un effort. Nous savons que pour certains d'entre eux, c'est un bout de chemin supplémentaire vers la quiétude d'une retraite méritée.
Mais les Français nous respecteraient-ils si nous allions à leur devant en leur disant: travaillons moins, vivons plus longtemps et advienne que pourra ?
Quand on dirige la France, on cale sa conduite sur ses devoirs, pas sur des promesses de lendemains qui chantent.
La réforme des retraites n'est pas, mes chers amis, dissociable de notre priorité absolue, qui est de solidifier et d'amplifier la reprise économique.
Après deux années terribles pour les économies développées, deux années qui auraient pu mettre la France à genoux si nos choix avaient été mal orientés, notre croissance devrait dépasser 1,5% en 2010 et de 2% en 2011.
Tout ceci, c'est le résultat des mesures qui ont été prises pour alimenter la relance, soutenir l'investissement et sécuriser l'épargne des ménages.
C'est aussi le résultat du travail des Français, qui se sont montrés responsables et solidaires.
Le choc de la crise étant surmonté, il faut maintenant enclencher un cycle de croissance aussi solide et durable que possible.
Quelles en sont les conditions ?
D'abord, il faut renforcer notre compétitivité.
Nous avons un socle pour cela.
Depuis 2007, nous avons défiscalisé les heures supplémentaires, permis aux universités de devenir autonomes, supprimé la taxe professionnelle, stimulé l'investissement des entreprises et encouragé l'implantation de centres de recherche par un système de crédit d'impôt qui est le plus attractif des pays développés, nous avons renforcé nos pôles de compétitivité...
Toutes ces mesures contribuent à libérer les énergies de notre pays, mais il nous reste encore du travail à faire et bien des réflexions à engager.
Il faut renforcer nos PME en réduisant encore les contraintes administratives et en soutenant l'accès aux financements.
Il faut créer des dynamiques de filières industrielles, avec un rôle renforcé du Fond Stratégique d'Investissement.
Il faut poursuivre la réflexion sur l'attractivité et l'efficacité de notre fiscalité.
Il faut, sur l'expérience des contrats de transition professionnelle, bâtir une flexsécurité à la française qui n'en n'est qu'à ses prémices.
Il faut mieux protéger les intérêts économiques de l'Europe en affirmant le principe de réciprocité et en autorisant l'émergence de champions européens.
La seconde condition de la croissance, c'est l'investissement.
En dédiant 35 milliards d'euros à l'enseignement supérieur, la formation, la recherche et l'innovation, la France a l'audace d'anticiper l'avenir en concentrant ses moyens sur des secteurs stratégiques.
La plupart des crédits ont été alloués aux opérateurs; plusieurs appels d'offres ont été lancés; les jurys seront prochainement constitués; dès la fin de cette année, une première vague de projets sera appuyée par le programme d'investissements que vous avez voté.
Ainsi, 1,5 Mdeuros seront investis pour faire de la France un leader dans le développement de la nouvelle génération de voitures.
1 Mdeuros seront investis pour doter nos laboratoires d'équipements de pointe afin qu'ils se hissent au meilleur niveau mondial dans des disciplines clef telles que les biotechnologies.
8 Mdeuros seront consacrés à l'émergence de 5 à 10 pôles d'excellence d'enseignement supérieur et de recherche de rang mondial, capables de rivaliser avec les grandes universités anglo-saxonnes.
Nous sommes à l'aube d'une profonde rénovation de nos outils industriels, scientifiques, universitaires.
Ces trois univers, qui autrefois s'ignoraient, sont en train de fédérer leurs atouts, et c'est de là que les ruptures technologiques du XXIème siècle surgiront.
La troisième condition de la croissance, c'est la gestion rigoureuse de la dépense publique.
Ce qui est en jeu, c'est la solidité de notre croissance mais c'est aussi notre souveraineté nationale.
Nous allons réduire notre déficit de 40 milliards d'euros dès 2011, et de 100 milliards d'euros d'ici 2013.
La loi de programmation des finances publiques qui sera présentée au conseil des ministres le 29 septembre fixera une feuille de route permettant de stopper l'augmentation de la dette dès 2012.
Etat, collectivités territoriales, organismes sociaux, toutes les structures publiques devront contribuer à l'effort collectif.
Il s'agit de geler les dépenses et de dégager des marges, notamment sur les niches fiscales: 10 Mdeuros de niches seront supprimées dès 2011; en 2012, ces mêmes mesures produiront un rendement de 12,5 Mdeuros, mais il faut être conscients qu'il sera nécessaire de poursuivre l'effort sur les années suivantes, comme cela vous sera proposé dans le projet de loi de programmation des finances publiques, qui vous sera bientôt soumis.
Ces suppressions concerneront en priorité les niches les moins efficaces. Elles seront équitablement réparties.
Quant aux dépenses, elles seront maîtrisées comme jamais.
Cet effort considérable auquel nous allons nous astreindre provoquera sans doute des remous.
Il faudra tenir bon car si chaque intérêt particulier est légitime, l'intérêt général l'est encore plus.
Et il ne faudra pas, aux premiers beaux jours de la croissance, miser sur des recettes supplémentaires pour relâcher notre discipline.
Tous nos efforts doivent être concentrés autour d'un choix politique que nous devons assumer sans faillir, et qui, à mon sens, rencontrera le bon sens des Français: le choix de la vertu budgétaire.
La fiscalité française est d'une telle complexité que beaucoup d'entre vous sont tentés de tout remettre à plat.
Je vous invite à ne pas vous précipiter dans cette voie car notre fiscalité a trop souvent souffert de ces écarts brutaux. Pour autant, la question fiscale n'est pas close.
Imaginer un système plus lisible, plus équitable, plus efficace, ce peut être l'un de nos défis pour 2012.
Dans l'immédiat, le projet de loi de finances que vous allez examiner a sa cohérence économique et sociale. Je vous demande de la respecter.
J'assume nos choix et ma responsabilité.
Mes chers amis,
La force de notre nation ne réside pas seulement dans la résolution de ceux qui la dirigent. Elle naît et s'épanouit dans le coeur de chacun.
Inscrire sa destinée dans un destin commun, donner à son pays autant que l'on reçoit de lui, transmettre à nos enfants un peu plus que ce que nos parents nous ont légué, c'est là l'esprit du pacte républicain.
Ce pacte est fragile, et partout où l'Etat démissionne, l'incivisme gagne.
Il n'y a pas d'égalité, de liberté, de fraternité lorsque la violence prend le pas sur le respect du droit.
Notre combat pour la sécurité n'est pas un combat de circonstance, il n'est pas le combat d'un jour, il n'est pas et ne peut pas être un combat politicien.
Toute notre société est défiée et c'est donc toute la société qui doit se sentir concernée par cette culture de la violence qui ensauvage les relations sociales.
C'est un défi policier, judiciaire, éducatif mais aussi moral qui nous est lancé.
C'est donc toute une chaîne de responsabilité, de civisme, de respect mutuel, qu'il faut retendre !
A Grenoble, le Président de la République a annoncé une série de mesures que nous mettons en place dans le cadre de la LOPPSI.
Il ne s'agit ni d'un virage sécuritaire ni, à fortiori, d'une marche arrière, il s'agit d'adapter en permanence nos stratégies face aux évolutions de la délinquance.
Et il s'agit, en parallèle, de poursuivre notre effort pour réhabiliter nos cités, d'épauler les élèves qui décrochent à travers une aide éducative personnalisée, de récompenser le mérite à travers les internats d'excellence que nous sommes en train de mettre en place.
On parle souvent, et à juste titre, de ceux qui dans les quartiers pourrissent la vie des Français.
Mais parle-t-on assez de tous ceux qui par leur talent et leur courage s'en sortent ?
La France a ses faces sombres, mais elle a aussi ses faces lumineuses.
Elle est toujours le pays de tous les possibles.
Qu'importent les origines sociales, la couleur de peau, les confessions religieuses ! Une seule chose compte, c'est le courage, la générosité, qui inspirent chaque individu.
C'est cela, la société du respect et du mérite que nous voulons avec le Président de la République.
Mes chers amis,
Je ne suis pas venu devant vous pour vous réciter les sanglots longs des violons de l'automne 2010.
Je n'ai aucun motif de nostalgie, aucune idée noire, mais tout à espérer des conditions dans lesquelles la France est en train de sortir de la crise.
Pourquoi serions-nous sur la défensive ?
Parce que les sondages sont défavorables ? J'aurais préféré qu'ils soient meilleurs !
Parce que l'orchestre des rumeurs est bruyant ? J'aurais préféré qu'il mette un bémol à sa médiocrité !
Après les élections présidentielles et législatives de 2007, pas un instant je n'ai imaginé que le quinquennat de Nicolas Sarkozy serait une mer d'huile.
Il ne pouvait pas l'être tout simplement parce que nous n'avons pas joué la continuité.
Nous avons fait le choix de la modernisation, et il n'est pas surprenant d'être bousculé par la critique.
Comment ne pas comprendre l'inquiétude des Français devant tant de changements, de mesures d'économies, de rationalisation, alors que la richesse du monde, globalement, ne cesse de croître et que nous restons au 5ème rang des puissances mondiales.
Aux héritiers des preneurs de la Bastille, le sentiment d'injustice est toujours insupportable.
Je crois profondément que redresser et rénover la France c'est rendre justice aux Français.
«La seule chose qui soit stable», disait Tinguely, «c'est le mouvement».
Tout est toujours soumis aux mouvements du monde: les richesses, les acquis, les équilibres.
Tout le problème français de ces dernières décennies est de s'être fait distancer et dépasser.
L'injustice serait de laisser croire aux Français qu'on peut vivre sans soucis, sans efforts, sans réformes, avec 1 500 milliards de dettes.
Dans notre vieille nation, la dispute entre le passé et l'avenir est incessante.
Et pourtant, la France a toujours servi le progrès: son histoire est faite de retournements, de révolutions, de spectaculaires avancées sociales, de conquêtes technologiques.
La France a toujours enflammé le monde parce qu'elle n'a jamais cessé de penser, d'avancer, d'oser. Je ne crois ni aux sirènes de la post-modernité, ni aux miracles d'une société post-industrielle, ni au baume d'un prétendu nouveau capitalisme.
Le progrès est une longue marche.
J'ai écrit un jour que rien ne pourrait se faire sans dire aux Français la Vérité.
Qu'est le passage à 62 ans de l'âge de la retraite sinon la vérité sur nos vies, nos engagements et nos espérances ?
Qu'est ce que la défiscalisation des heures supplémentaires sinon la vérité sur les retards de notre compétitivité ?
Qu'est ce que le service minimum sinon la vérité sur les devoirs qui s'attachent au service de l'Etat ?
Qu'est ce que la réduction du nombre des fonctionnaires sinon la vérité sur l'état de nos déficits ?
Trop souvent par le passé, nous nous sommes fait piéger par les idéologies et les pensées uniques.
Trop longtemps aussi nous nous sommes bloqués sur l'idée que la grande machine mondialiste produirait désormais du bonheur à l'infini.
Comme le héros du Désert des Tartares, nous avons candidement attendu durant des années d'improbables retournements de conjonctures, le retour de la croissance, la énième reprise américaine, la baisse du prix de l'énergie.
Ces espoirs, parfois déçus, parfois récompensés, nous dispensaient en quelque sorte de compter sur notre propre force.
Nous avons voulu rompre avec cela.
Plus de trois années après l'élection de Nicolas Sarkozy, de quoi pourrions-nous rougir ?
D'avoir affronté un début de siècle d'une violence inouïe, avec une crise économique sans précédent, aux conséquences imprévisibles ?
En quelques mois nous avons affronté la pire chaîne d'avanies, d'explosions, de dépressions, qu'un système capitaliste puisse produire.
Avec la perspective non pas d'un simple coup de tabac boursier, mais d'un effondrement des économies mondiales.
Dès le calme revenu sur les marchés, le Président de la République a proposé à nos partenaires de réfléchir à un nouvel ordre financer mondial.
Pendant cette période trouble, la France s'est comportée en grande puissance.
Une grande puissance politique qui s'est constamment montrée en première ligne de l'initiative et de la solidarité internationale.
Nicolas Sarkozy a montré pendant les six mois de la présidence de l'Union la capacité de la France à maîtriser les équilibres européens. Il démontrera en présidant le G8 et le G20, que notre pays reste un éclaireur d'avenir.
Les succès s'oublient.
Très vite tout est aspiré par le tourbillon que soulèvent les déceptions, et naturellement les oppositions.
«Telle est la démocratie en perpétuelle inquiétude».
Résister, rester soi-même, continuer à convaincre, croire à ses idées, c'est le devoir de notre majorité.
Autrefois, l'Histoire prenait son temps. En ce début du 21ème siècle, tout est devenu «urgence».
Tout retard se solde en une perte de compétitivité et d'efficacité.
Sur des sujets comme l'endettement ou les retraites, on ne peut plus comme au temps de François Mitterrand «donner du temps au temps».
La France est la cinquième puissance mondiale; encore faut-il qu'elle le reste, dans un monde où la fortune des nations se fait et se défait à toute allure; où de nouvelles puissances surgissent en quelques décennies bouleversant nos vieux standards.
«Ayons donc de l'avenir cette crainte salutaire qui fait veiller et combattre, et non cette sorte de terreur molle et oisive qui abat les coeurs et les énerve » dit Tocqueville.
Cette citation, le gouvernement et la majorité auraient pu la faire leur.
Nous vivons dans l'urgence mais nous vivons aussi dans les feux follets de l'actualité.
Chaque jour du quinquennat est une étape qu'il faut traiter, résoudre, assumer mais sans s'écarter de la route des réformes.
Il faut faire face, mais il faut aussi garder le cap du contrat initial.
Ce contrat est exigeant.
Il est de ne pas piétiner devant les difficultés; d'être sans indulgence pour nos faiblesses, de faire le nécessaire pour tenir notre rang.
Renoncer, douter, cesser d'avancer serait se parjurer devant l'Histoire.
Ce serait oublier totalement ce que nous avons fait et ce qu'il nous reste à faire.
Ce serait laisser le terrain libre à une gauche sans projet.
Une gauche sans courage. Une gauche incapable d'imaginer autre chose que ce qui s'est déjà fait par le passé.
Une gauche terrifiée à l'idée d'affronter le monde tel qu'il est et tel qu'il nous défie.
Nous rentrons, mes chers amis, dans une nouvelle période du quinquennat. Mais rien ne doit être oublié.
Quoi que décide demain le Président, nous avons l'impérieuse obligation de porter et de soutenir la politique de réformes qui nous a réunis autour de lui en 2007. Et qu'est-ce qui pourrait nous décourager de le faire ?
Les pièges de la crise, le brouhaha des oppositions, les caprices des sondages, les ambitions indécentes ?
Eh bien non !
N'oubliez rien de l'énergie qui nous a portés jusque là.
N'oubliez rien de la vague réformiste que nous avons enclenchée.
Notre marche n'est pas finie.
C'est une course de fond, avec cette perspective d'aller au but, de couper le ruban sans jamais se désunir.
La ligne d'arrivée de 2012 est exigeante mais limpide :
* nous devons replacer la France sur les rails de la croissance, et cela est possible car la reprise est là !
* nous devons pouvoir regarder nos concitoyens dans les yeux, car nous avons été fidèles à notre projet !
* nous devons convaincre les Français que l'action engagée mérite d'être poursuivie, et j'ai pour cela la certitude que nous pouvons rencontrer le bon sens du pays !
* nous devons être plus crédibles que l'opposition, et cela exige droiture, solidité et unité.
Ce faisant, nous offrirons au Président de la République le pouvoir de prolonger son action au-delà de 2012.
Je veux que nous préparions ce jour sereinement et en bon ordre.
Tant que je le pourrai, tant que j'aurai votre confiance, je ne laisserai rien passer qui puisse faire dire un jour que l'esprit d'équipe et le sens de l'intérêt général n'étaient pas aux rendez-vous.
Soyez fiers, mes amis, de ce que vous avez accompli.
L'espérance guide nos actes et le courage commande nos choix.
Quant on sert ainsi la France, comme vous la servez, alors le temps des devoirs se confond un jour avec le temps des succès.Source http://www.blog-fillon.com, le 28 septembre 2010