Déclaration de M. Robert Hue, secrétaire national du PCF, à Paris le 18 février 2001, et lettre à M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en date du 22 février 2001, sur l'accueil des réfugiés kurdes provenant du navire échoué dans le Var.

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Circonstance : Echouage du "Easti-Sea", navire battant pavillon cambodgien, à Saint Raphaël (Var) avec à son bord environ un millier d'immigrés clandestins kurdes, le 17 février 2001

Texte intégral

Des centaines de personnes d'origine kurde sont arrivées sur les côtes françaises après que le bateau qui les transportait se fut échoué dans les conditions que l'on sait.
Face à une telle situation, le premier devoir de notre pays est de leur témoigner assistance et solidarité.
Par leur attitude et leurs gestes d'accueil, la population et les pouvoirs publics ont manifesté leur volonté de respect des valeurs humanistes et témoigné de leur générosité à l'égard des victimes de ce véritable drame.
Ces centaines d'immigrés ne se sont pas, en effet, retrouvés par hasard dans cette situation. À la recherche d'une terre d'asile, ils sont au centre d'un immense trafic. Des employeurs n'hésitent pas à recourir aux pires méthodes pour disposer d'une main-d'oeuvre exploitable et corvéable à merci. Quel qu'en soit le prix, ils n'ont qu'une obsession: réaliser les profits les plus juteux possibles en spéculant sur la misère humaine.
Les trafiquants qui transportent ces populations, comme ceux qui les exploitent, doivent donc être poursuivis sans faiblesse et sanctionnés très sévèrement. De même, les responsabilités des pays d'origine doivent être stigmatisées. Et il est indispensable que la communauté internationale et les organismes dont elle dispose pour cela agissent pour une prise en compte efficace, respectueuse des droits de l'homme, dans tous les cas de ce genre. Ce qui vient de se passer dans notre pays, après de nombreux exemples identiques ces dernières années, est particulièrement révélateur des aspects inhumains de la mondialisation capitaliste.
Dans ce cas précis, j'estime qu'il faut examiner soigneusement et dans le détail, la situation des centaines de réfugiés. Pour toutes celles et tous ceux qui peuvent bénéficier, en toute légalité, du droit d'asile, il faut qu'il leur soit appliqué. Et pour tous, qui sont victimes d'une situation exceptionnelle et intolérable, les autorités de notre pays doivent prendre les mesures d'humanité et de solidarité qui s'imposent.
(Source http://www.pcf.fr, le 20 février 2001).
Monsieur le Ministre,
Le sort des neuf cents personnes, principalement kurdes, se trouvant en France après l'échouage de leur navire sur les côtes varoises, suscite de l'émotion et soulève plusieurs questions dont la solution de certaines revêt un caractère d'urgence. Des élus de la région Provence Alpes Côte d'Azur et des responsables associatifs nous disent souhaiter une action rapide des pouvoirs publics tout en soulignant l'importance de l'effort déjà accompli par les autorités locales et nationales et par d'autres acteurs.
Dans l'immédiat, naturellement, se pose le problème de l'hébergement dont chacun connaît l'importance pour assurer un accueil humain.
Concernant l'octroi du droit d'asile, des responsables associatifs et des juristes kurdes souhaitent une formule de décision positive accélérée, voire de décision collective. Etant donnée la situation particulière de ces personnes issues d'une région sous contrôle du régime de Saddam Hussein, vous comprendrez, Monsieur le Ministre, que je me permette de souligner auprès de vous le caractère légitime du souhait ainsi exprimé.
Les réponses aux questions posées par la situation de ces réfugiés kurdes impliquent, plus fondamentalement, que l'on traite les causes des problèmes posés. La cause essentielle est bien connue: il s'agit de la situation d'insécurité grave et permanente dans laquelle sont plongés les peuples du Kurdistan dans les différents pays de la région. C'est pourquoi je propose que les autorités françaises prennent l'initiative de consultations auprès de nos partenaires de l'Union européenne pour l'organisation d'une Conférence européenne associant l'ensemble des parties concernées, pour qu'enfin une solution politique soit trouvée à ce drame.
La responsabilité historique des européens et leur intérêt bien compris à construire pour l'avenir un Proche-Orient de stabilité, de démocratie et de progrès social me paraissent justifier l'intérêt politique immédiat d'une initiative française et européenne de cette nature.
Je vous remercie de l'attention que vous pourrez porter à ces préoccupations, et vous prie d'agréer, Monsieur le Ministre, l'expression de mes salutations distinguées.
Robert Hue
(Source http://www.pcf.fr, le 28 février 2001).