Texte intégral
Monsieur le Directeur général
Mesdames et Messieurs,
Merci Monsieur le Directeur général de ces quelques mots dintroduction. Ils nous permettent de bien de cerner, je crois, les ambitions de ce colloque.
Je voudrais tout dabord remercier le Centre danalyse stratégique dorganiser aujourdhui cette journée de débats sur un thème aussi essentiel pour lavenir du tissu économique français et européen. Merci en particulier à son directeur général Vincent CHRIQUI et à lensemble du département des affaires économiques et financières, placé sous la responsabilité dOlivier PASSET.
Je rends aussi hommage à lensemble des personnes qui ont accepté de répondre à linvitation du Centre danalyse stratégique : décideurs, experts, universitaires, représentants du monde lentreprise. La variété des intervenants fait, je crois, la richesse de ce colloque. Un autre grand mérite de ce colloque est je crois de réunir des experts de nombreux pays. Les meilleurs exemples étrangers ont beau ne pas être transposables tels quels dans notre pays, il est évident que nous avons des enseignements à tirer de ce qui se fait ailleurs, à commencer chez nos voisins européens.
Japprécie également lesprit de cette rencontre car elle ne vise pas à faire un énième plaidoyer en faveur de linnovation.
Nous sommes tous convaincus de la nécessité pour notre économie de préserver sa compétitivité. De regagner le terrain perdu depuis une quinzaine dannées, si lon en juge notamment par les chiffres de notre commerce extérieur.
Nous avons tous en tête lextraordinaire défi que nous lancent les pays émergents depuis le début de ce siècle, en particulier la Chine.
Des pays émergents qui ne sont plus les simples ateliers du monde, mais des puissances économiques capables de fabriquer des produits dont la valeur ajoutée ne cesse de croître.
Aujourdhui des ordinateurs, des téléphones mobiles ou des trains à grande vitesse. Demain qui sait, des avions long courrier, des logiciels de haut niveau ou des centrales nucléaires ?
Face à une telle évolution, nous sommes obligés de réagir et de porter tous nos efforts vers une plus grande innovation.
Cest en créant de nouveaux produits et de nouveaux services, capables de se démarquer de la concurrence mondiale, que nous pourrons préserver notre place parmi les meilleures.
Mais les bonnes intentions ne suffisent pas. Il y a 10 ans, linnovation était déjà la préoccupation des européens. Les objectifs de Lisbonne avaient pour ambition de faire de lEurope, dici 2010, cette année donc, la première économie de la connaissance dans le monde.
Or nous devons le reconnaître, le pari na pas été gagné. Fallait-il pour autant jeter léponge et nous résigner à nêtre quun magnifique continent-musée visité par les touristes du monde entier ?
Devions-nous considérer quaprès tout nous sommes désormais dans une économie de services et que notre industrie peut bien être réduite à nos domaines dexcellence traditionnels, le luxe, le vin ou les produits de beauté ?
Evidemment non. Pareille attitude ne ferait que nous promettre à un inévitable déclin. Il nous faut donc innover, créer des produits, des biens, de nouvelles applications.
Innover donc. Mais alors comment, avec quels moyens, dans quelles conditions ?
Dabord, les moyens financiers. Ils sont évidemment essentiels.
Ce nest pas un hasard si la nouvelle « stratégie UE 2020 », qui a succédé à celle de Lisbonne, a repris la même ambition : celle de porter leffort européen de recherche et développement (R&D) à 3% de son PIB.
Pour une entreprise, la phase de R&D est souvent lourde. Cest un investissement en fonds propres non financé par les clients. Un défi encore plus complexe pour une jeune entreprise qui ne dispose pas dans sa trésorerie des fonds nécessaires pour de tels investissements.
Cest pourquoi la puissance publique a un rôle décisif à jouer par son soutien direct ou indirect, par une fiscalité appropriée, par la commande publique.
La palette est large et il nest pas toujours évident de cerner les meilleurs instruments selon les différents cas.
Il nest pas dit non plus que les moyens disponibles soient affectés aux entreprises qui en ont le plus besoin ou aux projets les plus prometteurs.
Voilà pourquoi il est primordial dévaluer la réelle efficacité des aides publiques en matière dinnovation.
Le besoin dinnovation est grand et les financements publics sont limités même si, dans le cas de notre pays, un effort exceptionnel vient dêtre consenti par le biais du Grand Emprunt.
Il reste que nous navons ni le droit de gâcher largent du contribuable, ni celui de nous tromper de cible en privant les sociétés les plus prometteuses des moyens de leur réussite.
Les moyens financiers sont une chose mais linnovation est également tributaire dautres facteurs.
Il existe des conditions plus ou moins propices à la réunion des talents, quil sagisse des ingénieurs, des industriels, des laboratoires de recherche.
Ce nest pas un hasard si les espoirs placés dans les pôles de compétitivité sont importants.
Cest en effet en favorisant de telles synergies que nous nous donnons les meilleures chances de voir éclore les champions de demain.
Quil sagisse des biotechnologies, des nanotechnologies, de la robotique, des technologies vertes, des énergies renouvelables, du numérique, ou encore des molécules capables de venir à bout des maladies rares.
Jen passe et jen oublie ; le champ de cette innovation est vaste.
Nous savons par ailleurs que la concrétisation des idées, aussi prometteuses soient-elles, na rien dune évidence.
Il faut pour cela un environnement favorable, un état desprit partagé dans lequel la prise de risque est acceptée, la réglementation ne pèse pas dun poids dissuasif et laccès aux financements ne ressemble pas à une croisade.
Linformation joue par ailleurs un rôle décisif. A ce titre, jobserve que trop de PME méconnaissent encore les bienfaits dun soutien à linnovation comme le crédit impôt recherche.
Un environnement aussi dans lequel celles et ceux qui sont au service de linnovation peuvent être récompensés de leurs efforts à leur juste mesure.
Au siècle dernier, Max WEBER avait bien mis en lumière linfluence de léthique protestante sur lesprit du capitalisme.
Je cois pour ma part quil y a un esprit de linnovation, tout du moins une culture, sans laquelle les financements, même les plus abondants sont voués à léchec ou, au mieux, à naboutir quà des projets condamnés à rester dans les cartons.
Cest tout lintérêt des débats qui vont vous occuper cet après midi : au-delà des budgets de R&D, quelles sont les conditions les plus propices à linnovation ?
Elles sont sans doute nombreuses. Il y en a cependant une préalable à toutes les autres, une sans laquelle rien ne peut être fait, je veux parler du niveau de formation. Notre enseignement supérieur doit impérativement être capable de former suffisamment dingénieurs et de chercheurs de haut niveau.
Doù cette politique très ambitieuse menée par le Gouvernement en faveur de notre système denseignement supérieur et de recherche. Près du tiers du grand emprunt va lui être consacré (11 milliards sur 35). Cest un effort considérable qui navait jamais été mené depuis 40 ans.
Mais il y a bien entendu dautres conditions nécessaires pour favoriser cet écosystème de linnovation. Je suis sûre que nous avons, là aussi, de précieux enseignements à tirer des meilleures réussites en la matière.
Je vais maintenant laisser la parole aux intervenants de la première table ronde. Auparavant je voudrais souhaiter à tous les intervenants une excellente journée de réflexions et de débats. Je ne doute pas que ce colloque sera passionnant et que nous pourrons en recueillir les fruits les plus utiles.
Je vous remercie.Source http://www.prospective-numerique.gouv.fr, le 10 novembre 2010
Mesdames et Messieurs,
Merci Monsieur le Directeur général de ces quelques mots dintroduction. Ils nous permettent de bien de cerner, je crois, les ambitions de ce colloque.
Je voudrais tout dabord remercier le Centre danalyse stratégique dorganiser aujourdhui cette journée de débats sur un thème aussi essentiel pour lavenir du tissu économique français et européen. Merci en particulier à son directeur général Vincent CHRIQUI et à lensemble du département des affaires économiques et financières, placé sous la responsabilité dOlivier PASSET.
Je rends aussi hommage à lensemble des personnes qui ont accepté de répondre à linvitation du Centre danalyse stratégique : décideurs, experts, universitaires, représentants du monde lentreprise. La variété des intervenants fait, je crois, la richesse de ce colloque. Un autre grand mérite de ce colloque est je crois de réunir des experts de nombreux pays. Les meilleurs exemples étrangers ont beau ne pas être transposables tels quels dans notre pays, il est évident que nous avons des enseignements à tirer de ce qui se fait ailleurs, à commencer chez nos voisins européens.
Japprécie également lesprit de cette rencontre car elle ne vise pas à faire un énième plaidoyer en faveur de linnovation.
Nous sommes tous convaincus de la nécessité pour notre économie de préserver sa compétitivité. De regagner le terrain perdu depuis une quinzaine dannées, si lon en juge notamment par les chiffres de notre commerce extérieur.
Nous avons tous en tête lextraordinaire défi que nous lancent les pays émergents depuis le début de ce siècle, en particulier la Chine.
Des pays émergents qui ne sont plus les simples ateliers du monde, mais des puissances économiques capables de fabriquer des produits dont la valeur ajoutée ne cesse de croître.
Aujourdhui des ordinateurs, des téléphones mobiles ou des trains à grande vitesse. Demain qui sait, des avions long courrier, des logiciels de haut niveau ou des centrales nucléaires ?
Face à une telle évolution, nous sommes obligés de réagir et de porter tous nos efforts vers une plus grande innovation.
Cest en créant de nouveaux produits et de nouveaux services, capables de se démarquer de la concurrence mondiale, que nous pourrons préserver notre place parmi les meilleures.
Mais les bonnes intentions ne suffisent pas. Il y a 10 ans, linnovation était déjà la préoccupation des européens. Les objectifs de Lisbonne avaient pour ambition de faire de lEurope, dici 2010, cette année donc, la première économie de la connaissance dans le monde.
Or nous devons le reconnaître, le pari na pas été gagné. Fallait-il pour autant jeter léponge et nous résigner à nêtre quun magnifique continent-musée visité par les touristes du monde entier ?
Devions-nous considérer quaprès tout nous sommes désormais dans une économie de services et que notre industrie peut bien être réduite à nos domaines dexcellence traditionnels, le luxe, le vin ou les produits de beauté ?
Evidemment non. Pareille attitude ne ferait que nous promettre à un inévitable déclin. Il nous faut donc innover, créer des produits, des biens, de nouvelles applications.
Innover donc. Mais alors comment, avec quels moyens, dans quelles conditions ?
Dabord, les moyens financiers. Ils sont évidemment essentiels.
Ce nest pas un hasard si la nouvelle « stratégie UE 2020 », qui a succédé à celle de Lisbonne, a repris la même ambition : celle de porter leffort européen de recherche et développement (R&D) à 3% de son PIB.
Pour une entreprise, la phase de R&D est souvent lourde. Cest un investissement en fonds propres non financé par les clients. Un défi encore plus complexe pour une jeune entreprise qui ne dispose pas dans sa trésorerie des fonds nécessaires pour de tels investissements.
Cest pourquoi la puissance publique a un rôle décisif à jouer par son soutien direct ou indirect, par une fiscalité appropriée, par la commande publique.
La palette est large et il nest pas toujours évident de cerner les meilleurs instruments selon les différents cas.
Il nest pas dit non plus que les moyens disponibles soient affectés aux entreprises qui en ont le plus besoin ou aux projets les plus prometteurs.
Voilà pourquoi il est primordial dévaluer la réelle efficacité des aides publiques en matière dinnovation.
Le besoin dinnovation est grand et les financements publics sont limités même si, dans le cas de notre pays, un effort exceptionnel vient dêtre consenti par le biais du Grand Emprunt.
Il reste que nous navons ni le droit de gâcher largent du contribuable, ni celui de nous tromper de cible en privant les sociétés les plus prometteuses des moyens de leur réussite.
Les moyens financiers sont une chose mais linnovation est également tributaire dautres facteurs.
Il existe des conditions plus ou moins propices à la réunion des talents, quil sagisse des ingénieurs, des industriels, des laboratoires de recherche.
Ce nest pas un hasard si les espoirs placés dans les pôles de compétitivité sont importants.
Cest en effet en favorisant de telles synergies que nous nous donnons les meilleures chances de voir éclore les champions de demain.
Quil sagisse des biotechnologies, des nanotechnologies, de la robotique, des technologies vertes, des énergies renouvelables, du numérique, ou encore des molécules capables de venir à bout des maladies rares.
Jen passe et jen oublie ; le champ de cette innovation est vaste.
Nous savons par ailleurs que la concrétisation des idées, aussi prometteuses soient-elles, na rien dune évidence.
Il faut pour cela un environnement favorable, un état desprit partagé dans lequel la prise de risque est acceptée, la réglementation ne pèse pas dun poids dissuasif et laccès aux financements ne ressemble pas à une croisade.
Linformation joue par ailleurs un rôle décisif. A ce titre, jobserve que trop de PME méconnaissent encore les bienfaits dun soutien à linnovation comme le crédit impôt recherche.
Un environnement aussi dans lequel celles et ceux qui sont au service de linnovation peuvent être récompensés de leurs efforts à leur juste mesure.
Au siècle dernier, Max WEBER avait bien mis en lumière linfluence de léthique protestante sur lesprit du capitalisme.
Je cois pour ma part quil y a un esprit de linnovation, tout du moins une culture, sans laquelle les financements, même les plus abondants sont voués à léchec ou, au mieux, à naboutir quà des projets condamnés à rester dans les cartons.
Cest tout lintérêt des débats qui vont vous occuper cet après midi : au-delà des budgets de R&D, quelles sont les conditions les plus propices à linnovation ?
Elles sont sans doute nombreuses. Il y en a cependant une préalable à toutes les autres, une sans laquelle rien ne peut être fait, je veux parler du niveau de formation. Notre enseignement supérieur doit impérativement être capable de former suffisamment dingénieurs et de chercheurs de haut niveau.
Doù cette politique très ambitieuse menée par le Gouvernement en faveur de notre système denseignement supérieur et de recherche. Près du tiers du grand emprunt va lui être consacré (11 milliards sur 35). Cest un effort considérable qui navait jamais été mené depuis 40 ans.
Mais il y a bien entendu dautres conditions nécessaires pour favoriser cet écosystème de linnovation. Je suis sûre que nous avons, là aussi, de précieux enseignements à tirer des meilleures réussites en la matière.
Je vais maintenant laisser la parole aux intervenants de la première table ronde. Auparavant je voudrais souhaiter à tous les intervenants une excellente journée de réflexions et de débats. Je ne doute pas que ce colloque sera passionnant et que nous pourrons en recueillir les fruits les plus utiles.
Je vous remercie.Source http://www.prospective-numerique.gouv.fr, le 10 novembre 2010