Texte intégral
J. Wittenberg.- Bonjour à tous. Bonjour à vous, E. Besson.
Bonjour J. Wittenberg.
Avant d'évoquer les dossiers dont vous avez la charge au ministère de l'Industrie, on va bien sûr parler de l'actualité, la Tunisie que vous connaissez bien, votre épouse est tunisienne. On a entendu dans le journal que la violence continue à sévir à Carthage, autour du palais présidentiel, à Tunis. Est-ce que vous craigniez un embrasement de la situation ?
Je crois que ça va un petit peu mieux, d'après ce qu'on comprend- mais moi je veux ce que veulent tous les Tunisiens- ils veulent du calme, du pain et des élections. Du calme d'abord, parce qu'après le départ du Président Ben Ali, il y a eu pendant 48 h des exactions, des milices, des hommes cagoulés qui ont semé la terreur dans beaucoup de quartiers de Tunis, qui ont pillé, qui ont violé, et qui parfois ont tué. Et d'ailleurs, il y a eu pendant quelques heures un hiatus entre ce qu'ils vivaient et ce que nous disions. Nous, dans nos médias français, nous décrivions la liesse, ils connaissaient la terreur. Du pain, ça veut dire tout simplement que beaucoup d'entre eux ont faim, parce que, vous l'avez vu, vous l'avez montré à la télévision, les supermarchés ont été dévastés, il y a des problèmes d'approvisionnement. Donc, il faut apporter cette aide. Et puis ensuite...
... la France doit apporter cette aide ? Vous dites, « il faut apporter cette aide », est-ce que la France peut jouer un rôle là ?
Si le Gouvernement d'Union nationale qui doit être choisi aujourd'hui, nommé aujourd'hui, le demande, j'imagine dans un contexte international et multilatéral, oui, je le crois. Et puis ensuite, des élections. Ça veut dire qu'après la nomination du Gouvernement qui, j'espère, va rassembler la Tunisie, que se préparent dans les meilleures conditions les élections et cette transition démocratique auxquels les Tunisiens aspirent.
Vous croyez que ce Gouvernement, donc qui va être présenté avec notamment trois partis d'opposition, ça peut suffire à ramener le calme ? On voit quand même que les choses sont très tendues sur place.
Je ne sais pas, on verra aujourd'hui, je l'espère en tout cas. On a des expériences passées où on voit qu'il faut non seulement le renouvellement, mais en même temps des hommes et des femmes capables de tenir un État. On ne gère pas un État si facilement, surtout après les difficultés que vient de connaître la Tunisie. Et en plus, la Tunisie avait choisi un processus de développement - sous-traitance industrielle, tourisme - qui est à la base de sa relative réussite économique. Il faut que la machine reparte très vite.
Je le disais, votre épouse est une descendante, l'arrière-petite-fille, en fait, de la femme de l'ancien Président Bourguiba. Est-ce qu'elle est inquiète pour des membres de sa famille, puisque on voit donc les membres de la famille de Ben Ali sont en danger ? Est-ce que pour votre épouse...
...oui, permettez, je ne voudrais pas parler à titre privé, simplement ça m'a permis effectivement depuis trois ou quatre jours d'avoir beaucoup d'informations, de mails, de conversations téléphoniques moi-même avec certain Tunisiens qui m'ont permis de comprendre ce que je vous disais tout à l'heure sur leurs aspirations.
Mais sans parler directement d'elle, est-ce qu'il y a des règlements de compte avec tous ceux qui représentent finalement l'ancien régime, sur place ? Est-ce qu'il y a ce risque-là ?
En ce qui la concerne, sa famille ne représente pas l'ancien régime puisque paradoxalement Ben Ali avait été celui qui avait destitué Bourguiba...
... bien sûr.
...par ce, entre guillemets, "coup d'État médical", il y a vingt-trois ans.
Mais plus généralement, est-ce qu'il y a des règlements de compte sur place, il y a de la chasse à l'homme ?
Oui ! Il y a des règlements de compte, mais je crois surtout, d'après ce que je comprends, que l'armée a essayé de mettre fin aux milices qui, elles, semaient la terreur. Et puis, par ailleurs, il y a la question complexe de la famille Ben Ali elle-même.
Pourquoi la France a semblé si discrète à la fois quand la situation évoluait sur place et même lorsque le Président Ben Ali est parti, on a eu des communiqués très mesurés, pas vraiment de soutien aux nouvelles autorités ? Comment expliquer cette discrétion de la France ?
D'abord, je ne suis pas sûr que la France ait été si discrète. Dans les conversations que j'ai eues ce week-end avec certains Tunisiens, ils m'ont dit une chose qui m'a profondément frappé, « ne vous regardez pas le nombril, vous, Français, c'est notre affaire, nous, les Tunisiens ». Les Italiens, les Espagnols n'ont pas ce type de polémique. Ils ont un rapport plus sain au Maghreb. Nous, pourquoi ?
La France a une autre histoire avec la Tunisie.
Ben voilà, mais c'est ce que j'allais vous dire. Pourquoi c'est sensible chez nous ? C'est un ancien protectorat, beaucoup de Tunisiens en France, beaucoup de Français en Tunisie, et beaucoup d'intérêts liés, ce qui fait qu'il y a une certaine circonspection légitime. J'allais vous dire, c'est presque facile pour le Président, c'est pas péjoratif, mais presque facile pour le Président Obama de dire, « bravo, good luck », oui, mais il est loin, il y a peut-être moins d'Américains en Tunisie, de Tunisiens aux États-Unis et d'intérêts liés. Nous, nous sommes tenus à une certaine prudence.
Est-ce que vous affirmez, comme le porte-parole du Gouvernement, F. Baroin, qu'il n'a jamais été question d'accueillir l'ancien Président Ben Ali en France ?
Je n'en ai pas les éléments, mais si F. Baroin le dit, alors que j'ai vu sur vos propres images, qu'il a participé à une réunion, organisée par le Président de la République, j'imagine que, oui, c'est la vérité.
Mais il n'y a pas de plan de vol, il n'y avait pas une organisation déjà prête à l'aéroport du Bourget ?
Je n'en sais pas plus que vous, mais j'ai plutôt tendance à faire confiance à mes collègues membres du Gouvernement lorsqu'ils affirment quelque chose comme F. Baroin l'a fait.
E. Besson, en va en venir à vos fonctions de ministre de l'Industrie. Vous vous rendez en Bretagne aujourd'hui pour signer un contrat sur la fabrication de batteries électriques pour les voitures. De quoi s'agit-il ?
Je vais poser la première pierre d'une usine de batteries électriques du groupe Bolloré auquel l'État va apporter un prêt important, 50 millions d'euros. C'est la prolongation d'une stratégie qui est de dire : le véhicule du futur et l'intérieur du véhicule du futur, le véhicule électrique, sont une voie stratégique. Vous savez que Bolloré a choisi cette stratégie. Elle va équiper de sa batterie électrique nouvelle génération, si je puis dire, l'Autolib' qui a été choisie par la Mairie de Paris, avec une autonomie accrue de 100 km.
On n'en voit pas beaucoup des voitures électriques pour l'instant.
Non, non.
On en parle beaucoup, mais le développement n'est pas spectaculaire.
Non, mais regardez, regardez les moyens financiers qu'y consacrent les États-Unis d'une part, le monde asiatique d'autre part, on voit bien que c'est la nouvelle frontière technologique qu'il faut absolument remporter, et la batterie c'est l'élément crucial, c'est 50 % du véhicule.
On parle de voiture, on parle de Renault qui confirme le renvoi de trois de ses cadres supérieurs. Vous approuvez la décision de l'entreprise ? Il y avait des charges suffisamment lourdes, à votre connaissance ?
Je n'ai pas à approuver, c'est une décision de l'entreprise.
Vous avez eu des discussions avec les cadres de Renault, avec les dirigeants.
Et maintenant la justice est saisie. Simplement, j'ai rencontré le directeur général délégué de Renault. Les soupçons qu'il a, les charges qui a priori pèsent sur les personnes sont des charges qui pour autant que je puisse en juger paraissent sérieuses. Et vous avez vu que la façon dont Renault a formulé sa plainte, espionnage industrie en bande organisée au profit d'une filière internationale, c'est lourd comme accusation.
E. Besson, est-ce qu'il y a oui ou non des tentatives d'espionnage de l'industrie française, notamment par les Chinois ? Oui ou non ?
Je ne le sais pas. Je ne le sais pas, moi. Je me garderais bien d'affirmer sans preuve, surtout lorsqu'il s'agit d'un pays avec lequel nous avons des relations commerciales extrêmement étroites. L'espionnage industriel est une réalité, nous devons nous protéger. Nous avons pris et nous allons prendre des dispositions pour nous protéger. Mais, moi, je ne stigmatise pas un pays sans preuve.
En a une minute. Un mot sur M. Le Pen. 52 % des Français la trouvent plus crédible que son père, on l'entendait dans le journal. Vous êtes de ceux-là ?
Oh non, je ne la trouve pas plus crédible parce que l'essentiel n'est pas la devanture, la façade, elle est un peu plus avenante, effectivement, que celle de son père, mais c'est le contenu, si je puis dire. Or, lorsqu'on l'écoute, d'abord ses propositions sont complètement démagogiques ; et deuxièmement, quand on la pousse dans ses retranchements, ce qui m'est arrivé une fois sur votre antenne.
Oui, oui, vous avez répondu face à elle.
J'ai vraiment l'impression que lorsqu'on la pousse dans ses retranchements elle a dû mal à étayer ses supposées propositions. Je trouve qu'on est assez complaisant, globalement, à son égard, et qu'on la voit beaucoup, beaucoup.
Dernière question, son père a pronostiqué un 2012 à l'envers... excusez-moi, un 21 avril à l'envers pour 2012, c'est-à-dire M. Le Pen qui serait opposée à un candidat socialiste. Ça vous fait peur ? Vous y croyez ?
Le simple fait qu'il le pronostique devrait nous permettre de tout faire pour l'éviter.
Vous n'y croyez pas ?
Non, je n'y crois pas. Et je n'y crois pas parce qu'on sera dans l'action.
Merci beaucoup E. Besson.
Merci bien.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 janvier 2011
Bonjour J. Wittenberg.
Avant d'évoquer les dossiers dont vous avez la charge au ministère de l'Industrie, on va bien sûr parler de l'actualité, la Tunisie que vous connaissez bien, votre épouse est tunisienne. On a entendu dans le journal que la violence continue à sévir à Carthage, autour du palais présidentiel, à Tunis. Est-ce que vous craigniez un embrasement de la situation ?
Je crois que ça va un petit peu mieux, d'après ce qu'on comprend- mais moi je veux ce que veulent tous les Tunisiens- ils veulent du calme, du pain et des élections. Du calme d'abord, parce qu'après le départ du Président Ben Ali, il y a eu pendant 48 h des exactions, des milices, des hommes cagoulés qui ont semé la terreur dans beaucoup de quartiers de Tunis, qui ont pillé, qui ont violé, et qui parfois ont tué. Et d'ailleurs, il y a eu pendant quelques heures un hiatus entre ce qu'ils vivaient et ce que nous disions. Nous, dans nos médias français, nous décrivions la liesse, ils connaissaient la terreur. Du pain, ça veut dire tout simplement que beaucoup d'entre eux ont faim, parce que, vous l'avez vu, vous l'avez montré à la télévision, les supermarchés ont été dévastés, il y a des problèmes d'approvisionnement. Donc, il faut apporter cette aide. Et puis ensuite...
... la France doit apporter cette aide ? Vous dites, « il faut apporter cette aide », est-ce que la France peut jouer un rôle là ?
Si le Gouvernement d'Union nationale qui doit être choisi aujourd'hui, nommé aujourd'hui, le demande, j'imagine dans un contexte international et multilatéral, oui, je le crois. Et puis ensuite, des élections. Ça veut dire qu'après la nomination du Gouvernement qui, j'espère, va rassembler la Tunisie, que se préparent dans les meilleures conditions les élections et cette transition démocratique auxquels les Tunisiens aspirent.
Vous croyez que ce Gouvernement, donc qui va être présenté avec notamment trois partis d'opposition, ça peut suffire à ramener le calme ? On voit quand même que les choses sont très tendues sur place.
Je ne sais pas, on verra aujourd'hui, je l'espère en tout cas. On a des expériences passées où on voit qu'il faut non seulement le renouvellement, mais en même temps des hommes et des femmes capables de tenir un État. On ne gère pas un État si facilement, surtout après les difficultés que vient de connaître la Tunisie. Et en plus, la Tunisie avait choisi un processus de développement - sous-traitance industrielle, tourisme - qui est à la base de sa relative réussite économique. Il faut que la machine reparte très vite.
Je le disais, votre épouse est une descendante, l'arrière-petite-fille, en fait, de la femme de l'ancien Président Bourguiba. Est-ce qu'elle est inquiète pour des membres de sa famille, puisque on voit donc les membres de la famille de Ben Ali sont en danger ? Est-ce que pour votre épouse...
...oui, permettez, je ne voudrais pas parler à titre privé, simplement ça m'a permis effectivement depuis trois ou quatre jours d'avoir beaucoup d'informations, de mails, de conversations téléphoniques moi-même avec certain Tunisiens qui m'ont permis de comprendre ce que je vous disais tout à l'heure sur leurs aspirations.
Mais sans parler directement d'elle, est-ce qu'il y a des règlements de compte avec tous ceux qui représentent finalement l'ancien régime, sur place ? Est-ce qu'il y a ce risque-là ?
En ce qui la concerne, sa famille ne représente pas l'ancien régime puisque paradoxalement Ben Ali avait été celui qui avait destitué Bourguiba...
... bien sûr.
...par ce, entre guillemets, "coup d'État médical", il y a vingt-trois ans.
Mais plus généralement, est-ce qu'il y a des règlements de compte sur place, il y a de la chasse à l'homme ?
Oui ! Il y a des règlements de compte, mais je crois surtout, d'après ce que je comprends, que l'armée a essayé de mettre fin aux milices qui, elles, semaient la terreur. Et puis, par ailleurs, il y a la question complexe de la famille Ben Ali elle-même.
Pourquoi la France a semblé si discrète à la fois quand la situation évoluait sur place et même lorsque le Président Ben Ali est parti, on a eu des communiqués très mesurés, pas vraiment de soutien aux nouvelles autorités ? Comment expliquer cette discrétion de la France ?
D'abord, je ne suis pas sûr que la France ait été si discrète. Dans les conversations que j'ai eues ce week-end avec certains Tunisiens, ils m'ont dit une chose qui m'a profondément frappé, « ne vous regardez pas le nombril, vous, Français, c'est notre affaire, nous, les Tunisiens ». Les Italiens, les Espagnols n'ont pas ce type de polémique. Ils ont un rapport plus sain au Maghreb. Nous, pourquoi ?
La France a une autre histoire avec la Tunisie.
Ben voilà, mais c'est ce que j'allais vous dire. Pourquoi c'est sensible chez nous ? C'est un ancien protectorat, beaucoup de Tunisiens en France, beaucoup de Français en Tunisie, et beaucoup d'intérêts liés, ce qui fait qu'il y a une certaine circonspection légitime. J'allais vous dire, c'est presque facile pour le Président, c'est pas péjoratif, mais presque facile pour le Président Obama de dire, « bravo, good luck », oui, mais il est loin, il y a peut-être moins d'Américains en Tunisie, de Tunisiens aux États-Unis et d'intérêts liés. Nous, nous sommes tenus à une certaine prudence.
Est-ce que vous affirmez, comme le porte-parole du Gouvernement, F. Baroin, qu'il n'a jamais été question d'accueillir l'ancien Président Ben Ali en France ?
Je n'en ai pas les éléments, mais si F. Baroin le dit, alors que j'ai vu sur vos propres images, qu'il a participé à une réunion, organisée par le Président de la République, j'imagine que, oui, c'est la vérité.
Mais il n'y a pas de plan de vol, il n'y avait pas une organisation déjà prête à l'aéroport du Bourget ?
Je n'en sais pas plus que vous, mais j'ai plutôt tendance à faire confiance à mes collègues membres du Gouvernement lorsqu'ils affirment quelque chose comme F. Baroin l'a fait.
E. Besson, en va en venir à vos fonctions de ministre de l'Industrie. Vous vous rendez en Bretagne aujourd'hui pour signer un contrat sur la fabrication de batteries électriques pour les voitures. De quoi s'agit-il ?
Je vais poser la première pierre d'une usine de batteries électriques du groupe Bolloré auquel l'État va apporter un prêt important, 50 millions d'euros. C'est la prolongation d'une stratégie qui est de dire : le véhicule du futur et l'intérieur du véhicule du futur, le véhicule électrique, sont une voie stratégique. Vous savez que Bolloré a choisi cette stratégie. Elle va équiper de sa batterie électrique nouvelle génération, si je puis dire, l'Autolib' qui a été choisie par la Mairie de Paris, avec une autonomie accrue de 100 km.
On n'en voit pas beaucoup des voitures électriques pour l'instant.
Non, non.
On en parle beaucoup, mais le développement n'est pas spectaculaire.
Non, mais regardez, regardez les moyens financiers qu'y consacrent les États-Unis d'une part, le monde asiatique d'autre part, on voit bien que c'est la nouvelle frontière technologique qu'il faut absolument remporter, et la batterie c'est l'élément crucial, c'est 50 % du véhicule.
On parle de voiture, on parle de Renault qui confirme le renvoi de trois de ses cadres supérieurs. Vous approuvez la décision de l'entreprise ? Il y avait des charges suffisamment lourdes, à votre connaissance ?
Je n'ai pas à approuver, c'est une décision de l'entreprise.
Vous avez eu des discussions avec les cadres de Renault, avec les dirigeants.
Et maintenant la justice est saisie. Simplement, j'ai rencontré le directeur général délégué de Renault. Les soupçons qu'il a, les charges qui a priori pèsent sur les personnes sont des charges qui pour autant que je puisse en juger paraissent sérieuses. Et vous avez vu que la façon dont Renault a formulé sa plainte, espionnage industrie en bande organisée au profit d'une filière internationale, c'est lourd comme accusation.
E. Besson, est-ce qu'il y a oui ou non des tentatives d'espionnage de l'industrie française, notamment par les Chinois ? Oui ou non ?
Je ne le sais pas. Je ne le sais pas, moi. Je me garderais bien d'affirmer sans preuve, surtout lorsqu'il s'agit d'un pays avec lequel nous avons des relations commerciales extrêmement étroites. L'espionnage industriel est une réalité, nous devons nous protéger. Nous avons pris et nous allons prendre des dispositions pour nous protéger. Mais, moi, je ne stigmatise pas un pays sans preuve.
En a une minute. Un mot sur M. Le Pen. 52 % des Français la trouvent plus crédible que son père, on l'entendait dans le journal. Vous êtes de ceux-là ?
Oh non, je ne la trouve pas plus crédible parce que l'essentiel n'est pas la devanture, la façade, elle est un peu plus avenante, effectivement, que celle de son père, mais c'est le contenu, si je puis dire. Or, lorsqu'on l'écoute, d'abord ses propositions sont complètement démagogiques ; et deuxièmement, quand on la pousse dans ses retranchements, ce qui m'est arrivé une fois sur votre antenne.
Oui, oui, vous avez répondu face à elle.
J'ai vraiment l'impression que lorsqu'on la pousse dans ses retranchements elle a dû mal à étayer ses supposées propositions. Je trouve qu'on est assez complaisant, globalement, à son égard, et qu'on la voit beaucoup, beaucoup.
Dernière question, son père a pronostiqué un 2012 à l'envers... excusez-moi, un 21 avril à l'envers pour 2012, c'est-à-dire M. Le Pen qui serait opposée à un candidat socialiste. Ça vous fait peur ? Vous y croyez ?
Le simple fait qu'il le pronostique devrait nous permettre de tout faire pour l'éviter.
Vous n'y croyez pas ?
Non, je n'y crois pas. Et je n'y crois pas parce qu'on sera dans l'action.
Merci beaucoup E. Besson.
Merci bien.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 17 janvier 2011