Texte intégral
Madame le Ministre,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Avant toute chose, je tiens à vous remercier de votre invitation. C'est l'occasion pour moi d'évoquer avec vous la situation en Côte d'Ivoire, qui fait l'objet de la plus grande vigilance de notre part, mais aussi un sujet qui préoccupe tout particulièrement les Français : la sécurité de nos ressortissants à l'étranger.
Nos Armées sont pleinement mobilisées pour remplir cette mission.
Nous comptons à l'heure actuelle plus de 210 000 ressortissants sur le continent africain, répartis pour l'essentiel entre les pays du Maghreb et la façade occidentale de l'Afrique.
Pour assurer leur sécurité, le ministère de la défense déploie près de 9 400 hommes et femmes :
- 4 800 engagés au sein des forces de présence (Gabon, Sénégal, Djibouti),
- 2 200 engagés au sein de nos forces de souveraineté à la Réunion et Mayotte,
- Et 2 400 engagés dans le cadre d'opérations extérieures (principalement Epervier et Licorne).
Ce dispositif, nous veillons à l'adapter en permanence à la menace et aux nouveaux enjeux de défense et de sécurité. Dans l'esprit du Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale et à la suite du discours du Président de la République prononcé au Cap, en février 2008, nous avons ainsi entrepris une réorganisation profonde de nos forces de présence en Afrique. Elles s'articuleront dorénavant autour de deux bases opérationnelles avancées, au Gabon et à Djibouti, et d'un pôle opérationnel de coopération, au Sénégal, qui conservera des capacités d'accueil de forces en transit.
Notre premier objectif, c'est la prévention. C'est l'une des missions essentielles de nos forces de présence. D'une part, elles contribuent à la lutte contre le terrorisme qui sévit dans la bande sahélienne. D'autre part, elles mènent de nombreuses actions de formation au profit d'unités africaines qui s'engagent dans des opérations de maintien de la paix. Notre ambition n'est pas seulement d'aider l'Afrique à bâtir son propre système de sécurité collective, mais aussi de soutenir les pays qui souhaitent faire respecter leur souveraineté, gage supplémentaire de sécurité pour nos ressortissants.
Notre deuxième objectif, c'est d'être prêts à intervenir en cas de menace sur la sécurité de nos compatriotes, à travers notre dispositif militaire permanent ou à travers l'engagement de nos forces dans le cadre d'opérations sur le continent. Au cours des 20 dernières années, nos militaires ont ainsi été engagés dans 25 opérations d'évacuation et permis d'exfiltrer 33 500 personnes, dont 50% d'Européens, de zones de crise ou de guerre.
Je pense à l'évacuation de 8 000 ressortissants français et étrangers en novembre 2004 au plus fort de la crise ivoirienne.
Je pense aussi à l'invasion de N'Djamena par les forces rebelles en février 2008. Comme j'ai pu le vérifier lors de ma visite au Tchad, le 11 janvier dernier, à l'occasion des cérémonies du cinquantième anniversaire de l'indépendance du pays, la communauté française et les ressortissants occidentaux n'ont pas oublié le courage et l'abnégation de nos soldats, quand ils ont procédé sous les feux ennemis à l'évacuation de plus de 1 400 personnes vers le Gabon, sans qu'aucun blessé ne soit à déplorer.
Aujourd'hui, nous concentrons nos efforts et notre vigilance sur deux zones particulièrement sensibles.
La première, c'est naturellement la République de Côte d'Ivoire (RCI), qui connaît aujourd'hui une nouvelle crise sécuritaire, à la suite de la victoire d'Alassane OUATTARA à l'élection présidentielle de novembre dernier.
A l'heure où je vous parle, la situation est tendue et très volatile sur l'ensemble du territoire
- Les affrontements interethniques s'étendent dans le grand Ouest, rappelant les événements de 2002. Ils ont d'ores et déjà provoqué la fuite de plus de 26 000 personnes vers le Libéria.
- Dans la capitale, les forces de sécurité fidèles à Laurent GBAGBO poursuivent une répression brutale contre les partisans du président Alassane OUATTARA, répression qui se concentre plus particulièrement ces derniers jours dans les quartiers d'Abobo et d'Anyama. Je rappelle qu'au total, on déplore au moins 247 morts depuis le 28 novembre, ce qui constitue un lourd bilan.
- Avec la complicité de l'administration, ces mêmes forces entravent au quotidien la liberté d'action de l'Organisation des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), et contrairement aux déclarations de Laurent GBAGBO, n'ont toujours pas levé le blocus du Golf Hôtel, où sont réfugiés le président élu et son gouvernement.
Dans ce contexte, au moment où je vous parle, la sécurité de nos ressortissants n'est pas menacée.
Pour autant, les 980 soldats de la force Licorne engagée sous mandat de l'Organisation des Nations Unies, qui sont regroupés dans Abidjan depuis juin 2009, se tiennent prêts à faire face à une soudaine dégradation de la situation. C'est la raison pour laquelle d'importants moyens des trois Armées sont maintenus en alerte en métropole, mais aussi au sein des forces pré-positionnées en Afrique. Ces moyens sont dimensionnés pour assurer dans les meilleures conditions la sécurisation et l'évacuation de nos 15 000 compatriotes et des ressortissants européens.
La deuxième zone qui fait l'objet de notre vigilance, c'est le Sahel.
Dans cette région, en collaboration avec d'autres partenaires occidentaux, notre ministère apporte un soutien résolu aux Armées des Etats qui en font la demande pour les conseiller et les accompagner dans la lutte contre Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Cet effort de longue haleine ne doit pas nous interdire des actions à court terme pour préciser aux autorités locales nos attentes en matière de sécurité de nos ressortissants.
C'est dans cet esprit que je me suis rendu à Niamey à la suite de l'enlèvement de nos compatriotes, Vincent DELORY et Antoine de LEOCOUR, le 8 janvier dernier, pour rencontrer les autorités nigériennes.
Lors de ces entretiens, mes interlocuteurs se sont engagés à mettre en place une série de mesures concrètes pour renforcer la protection de nos compatriotes.
- Je pense au rétablissement d'une présence policière devant l'ambassade, le lycée et le centre culturel.
- Je pense également à la réintroduction d'éléments de policiers à l'hôtel Gaweye, où séjournent de nombreux expatriés.
- Je pense enfin au déploiement de moyens de sécurité en centre ville, mais aussi aux entrées et aux sorties de la ville, ainsi qu'au renforcement de la sécurité des lieux les plus fréquentés par les Français.
Madame le Ministre,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Vous le voyez, nos Armées sont pleinement mobilisées pour assurer la sécurité des Français, en Côté d'Ivoire, au Sahel et partout dans le monde.
Je vous remercie de votre attention et me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 20 janvier 2011
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Avant toute chose, je tiens à vous remercier de votre invitation. C'est l'occasion pour moi d'évoquer avec vous la situation en Côte d'Ivoire, qui fait l'objet de la plus grande vigilance de notre part, mais aussi un sujet qui préoccupe tout particulièrement les Français : la sécurité de nos ressortissants à l'étranger.
Nos Armées sont pleinement mobilisées pour remplir cette mission.
Nous comptons à l'heure actuelle plus de 210 000 ressortissants sur le continent africain, répartis pour l'essentiel entre les pays du Maghreb et la façade occidentale de l'Afrique.
Pour assurer leur sécurité, le ministère de la défense déploie près de 9 400 hommes et femmes :
- 4 800 engagés au sein des forces de présence (Gabon, Sénégal, Djibouti),
- 2 200 engagés au sein de nos forces de souveraineté à la Réunion et Mayotte,
- Et 2 400 engagés dans le cadre d'opérations extérieures (principalement Epervier et Licorne).
Ce dispositif, nous veillons à l'adapter en permanence à la menace et aux nouveaux enjeux de défense et de sécurité. Dans l'esprit du Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale et à la suite du discours du Président de la République prononcé au Cap, en février 2008, nous avons ainsi entrepris une réorganisation profonde de nos forces de présence en Afrique. Elles s'articuleront dorénavant autour de deux bases opérationnelles avancées, au Gabon et à Djibouti, et d'un pôle opérationnel de coopération, au Sénégal, qui conservera des capacités d'accueil de forces en transit.
Notre premier objectif, c'est la prévention. C'est l'une des missions essentielles de nos forces de présence. D'une part, elles contribuent à la lutte contre le terrorisme qui sévit dans la bande sahélienne. D'autre part, elles mènent de nombreuses actions de formation au profit d'unités africaines qui s'engagent dans des opérations de maintien de la paix. Notre ambition n'est pas seulement d'aider l'Afrique à bâtir son propre système de sécurité collective, mais aussi de soutenir les pays qui souhaitent faire respecter leur souveraineté, gage supplémentaire de sécurité pour nos ressortissants.
Notre deuxième objectif, c'est d'être prêts à intervenir en cas de menace sur la sécurité de nos compatriotes, à travers notre dispositif militaire permanent ou à travers l'engagement de nos forces dans le cadre d'opérations sur le continent. Au cours des 20 dernières années, nos militaires ont ainsi été engagés dans 25 opérations d'évacuation et permis d'exfiltrer 33 500 personnes, dont 50% d'Européens, de zones de crise ou de guerre.
Je pense à l'évacuation de 8 000 ressortissants français et étrangers en novembre 2004 au plus fort de la crise ivoirienne.
Je pense aussi à l'invasion de N'Djamena par les forces rebelles en février 2008. Comme j'ai pu le vérifier lors de ma visite au Tchad, le 11 janvier dernier, à l'occasion des cérémonies du cinquantième anniversaire de l'indépendance du pays, la communauté française et les ressortissants occidentaux n'ont pas oublié le courage et l'abnégation de nos soldats, quand ils ont procédé sous les feux ennemis à l'évacuation de plus de 1 400 personnes vers le Gabon, sans qu'aucun blessé ne soit à déplorer.
Aujourd'hui, nous concentrons nos efforts et notre vigilance sur deux zones particulièrement sensibles.
La première, c'est naturellement la République de Côte d'Ivoire (RCI), qui connaît aujourd'hui une nouvelle crise sécuritaire, à la suite de la victoire d'Alassane OUATTARA à l'élection présidentielle de novembre dernier.
A l'heure où je vous parle, la situation est tendue et très volatile sur l'ensemble du territoire
- Les affrontements interethniques s'étendent dans le grand Ouest, rappelant les événements de 2002. Ils ont d'ores et déjà provoqué la fuite de plus de 26 000 personnes vers le Libéria.
- Dans la capitale, les forces de sécurité fidèles à Laurent GBAGBO poursuivent une répression brutale contre les partisans du président Alassane OUATTARA, répression qui se concentre plus particulièrement ces derniers jours dans les quartiers d'Abobo et d'Anyama. Je rappelle qu'au total, on déplore au moins 247 morts depuis le 28 novembre, ce qui constitue un lourd bilan.
- Avec la complicité de l'administration, ces mêmes forces entravent au quotidien la liberté d'action de l'Organisation des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI), et contrairement aux déclarations de Laurent GBAGBO, n'ont toujours pas levé le blocus du Golf Hôtel, où sont réfugiés le président élu et son gouvernement.
Dans ce contexte, au moment où je vous parle, la sécurité de nos ressortissants n'est pas menacée.
Pour autant, les 980 soldats de la force Licorne engagée sous mandat de l'Organisation des Nations Unies, qui sont regroupés dans Abidjan depuis juin 2009, se tiennent prêts à faire face à une soudaine dégradation de la situation. C'est la raison pour laquelle d'importants moyens des trois Armées sont maintenus en alerte en métropole, mais aussi au sein des forces pré-positionnées en Afrique. Ces moyens sont dimensionnés pour assurer dans les meilleures conditions la sécurisation et l'évacuation de nos 15 000 compatriotes et des ressortissants européens.
La deuxième zone qui fait l'objet de notre vigilance, c'est le Sahel.
Dans cette région, en collaboration avec d'autres partenaires occidentaux, notre ministère apporte un soutien résolu aux Armées des Etats qui en font la demande pour les conseiller et les accompagner dans la lutte contre Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).
Cet effort de longue haleine ne doit pas nous interdire des actions à court terme pour préciser aux autorités locales nos attentes en matière de sécurité de nos ressortissants.
C'est dans cet esprit que je me suis rendu à Niamey à la suite de l'enlèvement de nos compatriotes, Vincent DELORY et Antoine de LEOCOUR, le 8 janvier dernier, pour rencontrer les autorités nigériennes.
Lors de ces entretiens, mes interlocuteurs se sont engagés à mettre en place une série de mesures concrètes pour renforcer la protection de nos compatriotes.
- Je pense au rétablissement d'une présence policière devant l'ambassade, le lycée et le centre culturel.
- Je pense également à la réintroduction d'éléments de policiers à l'hôtel Gaweye, où séjournent de nombreux expatriés.
- Je pense enfin au déploiement de moyens de sécurité en centre ville, mais aussi aux entrées et aux sorties de la ville, ainsi qu'au renforcement de la sécurité des lieux les plus fréquentés par les Français.
Madame le Ministre,
Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs les Députés,
Vous le voyez, nos Armées sont pleinement mobilisées pour assurer la sécurité des Français, en Côté d'Ivoire, au Sahel et partout dans le monde.
Je vous remercie de votre attention et me tiens à votre disposition pour répondre à vos questions.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 20 janvier 2011