Texte intégral
P. Lapousterle - Une question au professeur de médecine que vous êtes parce que l'anesthésiste ministre D. Voynet avait estimé que L. Jospin devait prendre quelques vacances. Le médecin ministre, Bernard Kouchner a répondu que M. Jospin était en super forme. Alors quel est le diagnostic du professeur de médecine Jean-François Mattéi. Hier vous l'avez trouvé tendu, inquiet, ou bien décontracté ?
- "Ni l'un, ni l'autre, je l'ai trouvé dans sa présentation habituelle, c'est-à-dire un peu terne, ennuyeux, un peu austère, tel qu'il se définit lui-même d'ailleurs."
Il dit lui : "Austère qui se marre".
- "Oui mais là, il ne s'est pas beaucoup marré, si vous me passez l'expression."
Oui, mais il n'était pas là pour ça non plus !
- "Non, c'est vrai. Cela dit, je l'ai trouvé épouvantablement ennuyeux."
Tout le monde dit qu'il a défendu son bilan, comme si c'était presque une erreur de défendre un bon bilan. Est-ce quand même le bilan de Jospin ce n'est pas une garantie pour les batailles politiques futures ?
- "D'abord, il faudrait que ce bilan soit approuvé par les Français. Je trouve que le seul fait qu'hier il est axé une bonne partie de son intervention sur la défense de son bilan montre qu'il a besoin de réaffirmer qu'il a un bilan et qu'il est bon. La dernière confrontation électorale a clairement démontré que les Français voulaient changer. Comme d'ailleurs assez souvent : c'est la méthode du zapping, on change. Les Français ont désavoué en quelque sorte et l'on d'autant plus dit nettement, que le Premier ministre s'était déplacé un peu partout en France et que ses ministres étaient en fait envoyés en mission. Il y a eu une erreur d'appréciation de la part de la majorité et de L. Jospin : ils ont pensé que ces municipales allaient être pour eux le coup d'envoi en contraire, une espèce de coup de booster comme on dit. Et, en fait de ça, cela n'a pas été du tout le succès attendu. Et au lendemain, alors qu'on s'était promené partout, on a dit, mais ce sont des élections locales et on revient sur le bilan. Moi je suis désolé, mais le bilan, je peux vous le démonter texte après texte. Je le cherche."
Vous pensez que L. Jospin n'a pas tiré des leçons politiques des élections municipales ?
- "Après un coup de semonce assez sévère lors des élections locales - c'est vrai - municipales et cantonales, il est arrivé en disant, en clair : "nous gouvernons depuis quatre ans et nous allons garder le cap, parce que notre bilan est bon, circulez il n'y a rien à voir !" Je trouve que c'est un peu court quand même. Alors c'est vrai qu'il y a quelques considérations, ici ou là, parce qu'il ne pouvait pas faire autrement, mais aucune solution réellement annoncée. Il a parlé pour ne rien dire. Aucune annonce !"
Alors quelle est votre réaction, le libéral que vous êtes puisque vous présidez le groupe Démocratie libérale à l'Assemblée nationale, quand L. Jospin a dit qu'en matière économique, lui, n'était pas libéral et qu'il s'apprêtait donc à durcir les conditions de licenciement pour les entreprises qui réalisent de gros bénéfices ?
- "Je pense qu'il est obligé de se gauchir un peu. Mais je vous rappelle que lorsqu'on l'avait interrogé sur Michelin, il y a peu de temps, il avait dit très exactement le contraire : "l'Etat ne peut pas tout faire". Il dit ça tout simplement, parce que là, il voit qu'il se rapproche d'une échéance, qu'il aura besoin de rassembler la gauche plurielle. Il se passe quelque chose d'assez intéressant. Manifestement, jusqu'à il y a à peu près un an, M. Jospin était à peu près persuadé qu'il ne pouvait plus faire l'identité de gauche sur des sujets d'économie et qu'il fallait donc se tourner vers les sujets de société. C'est la raison pour laquelle on a eu l'IVG, on a eu le PACS, on a eu la pilule du lendemain et j'en passe. Et puis maintenant, il se rend bien compte que c'est en train de filer complètement sur l'emploi, sur l'économie, alors il est obligé de venir rapiécer. De nouveau nous allons nous gauchir sur le plan de l'économie."
Sur son refus du service minimum dans le service public, SNCF ?
- "Je pense qu'il ne veut pas aller à l'affrontement avec les syndicats."
Il n'a peut-être pas tort, parce qu'il faut bien que cela marche un service minimum ?
- "Bien entendu, mais enfin quand même, je pense que quand on est dans une Union européenne, on a quand même intérêt lorsque l'on veut défendre un service public à ce que ce service public soit fiable. Ce n'est pas tout à fait le cas, même s'il ne faut pas généraliser."
Sur la sécurité qui est un point très important pour tous les Français, le Premier ministre a dit qu'il agirait pour le rétablissement de la sécurité, comme il l'a fait pour le chômage, c'est-à-dire pas à pas avec des résultats progressifs, mais tenant le rythme comme on dit.
- "C''est incroyable. Il n'a rien dit de plus que ce qu'il avait dit lors du discours de Villepinte, si ma mémoire est bonne et qui avait démontré que pour la première fois la gauche prenait en compte la sécurité. On pouvait penser qu'il y aurait des actions réelles qui suivraient, cela n'a pas été le cas. Et aujourd'hui la sécurité est devenue un des sujets majeurs dans le discours politique et dans l'attente des citoyens, ce qui démontre bien que c'est un échec. Or, hier, qu'est-ce qu'il nous a dit ? Il nous a parlé des contrats locaux de sécurité. On en a signé un à Marseille, on ne s'en félicite pas, car manifestement c'est le moyen pour le Gouvernement de se tourner vers les municipalités en leur disant, " mais qu'est-ce que vous faites ?". Dans le même temps hier il nous dit, "ce n'est pas du rôle des conseillers municipaux et des maires ". Donc en réalité, je crois qu'il n'y a pas de véritable doctrine à gauche en matière de sécurité."
Sur sa candidature, le Premier ministre a dit qu'il n'avait pas pris sa décision. Vous pensez que son hésitation est réelle ?
- "Non, je ne le pense pas. Je pense que là il est dans un jeu de rôle. Alors il le joue pas mal, en disant : "écoutez, moi je suis Premier ministre ". Il a quand même été obligé de se rendre compte - parce que c'est un homme quand même à qui on ne peut pas dénier la connaissance du passé - qu'aucun Premier ministre candidat n'a été élu Président de la République de mémoire. Et donc, comme il n'a pas démissionné en son temps, ce qui, à mon avis il aurait du faire, il se trouve dans la peau de quelqu'un qui doit jouer le rôle de Premier ministre sans être candidat, puisqu'il ne peut pas être candidat sans être Premier ministre."
Alors il y a eu cette phrase un petit peu cruelle pour le Président de la République, " moi, a-t-il dit, comme si ce n'était pas le cas d'autres, je n'ai pas besoin d'être candidat ". J'imagine qu'il faisait allusion au Président de la République actuel, qui aurait besoin d'être candidat pour se protéger des affaires judiciaires.
- "Oh ! je n'ai pas compris ça comme ça, parce que je pense que le Président de la République a une carrière politique qui aujourd'hui témoigne de son expérience. Quand vous êtes arrivé aux plus hautes responsabilités de l'Etat, ce n'est plus une ambition personnelle. Je crois que c'est le sens du devoir. Je crois qu'il a voulu faire le modeste, en disant, "je n'ai pas besoin de ça, pour dire que ma vie a réussi quoi "."
Vous pensez que Chirac est le meilleur candidat possible de votre camp, de la droite ?
- "Oui, je pense qu'aujourd'hui J. Chirac me semble être le candidat qui est le mieux placé pour pouvoir gagner la prochaine présidentielle dans notre camp. Cela étant, je ne dénie pas du tout la légitimité d'autres candidats chez nous, car nous allons devoir, probablement rassembler au second tour des électorats d'origine un peu différente et obéissant à des sensibilités."
Vous allez soutenir la candidature de M. Madelin au premier tour ?
- "Nous en parlerons le moment venu."
Un mot, puisque vous êtes élu de Marseille et puisqu'on vous tient sur le retour de Bernard Tapie à Marseille, avec le succès de l'équipe de l'OM. Quel est votre sentiment ? Est-ce que vous le croyez lorsqu'il affirme que la politique c'est fini pour toujours ?
- "Je voudrais le croire. Je ne suis pas sûr de pouvoir le croire. Cela étant, nous, ce qui nous intéresse à Marseille, c'est le devenir de l'OM. Bernard Tapie a une bonne expérience dans le domaine du football. S'il fait quelque chose de l'OM, tant mieux ! Cela étant comme le disent souvent les gens, j'attendrai de voir pour croire. Parce que pour le moment M. Tapie, nous avait toujours annoncé un certain nombre de choses et on a quelquefois été trompé."
Vous avez l'impression qu'un nouveau concurrent est venu à Marseille ?
- "Non, pas véritablement. D'abord il est inéligible jusqu'en 2004, Gaudin vient d'être élu pour six ans à la mairie de Marseille. Et je crois que les choses ont changé : Marseille ne se résume plus à l'OM, même si pour Marseille l'OM est toujours très importante."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 18 avril 2001)
- "Ni l'un, ni l'autre, je l'ai trouvé dans sa présentation habituelle, c'est-à-dire un peu terne, ennuyeux, un peu austère, tel qu'il se définit lui-même d'ailleurs."
Il dit lui : "Austère qui se marre".
- "Oui mais là, il ne s'est pas beaucoup marré, si vous me passez l'expression."
Oui, mais il n'était pas là pour ça non plus !
- "Non, c'est vrai. Cela dit, je l'ai trouvé épouvantablement ennuyeux."
Tout le monde dit qu'il a défendu son bilan, comme si c'était presque une erreur de défendre un bon bilan. Est-ce quand même le bilan de Jospin ce n'est pas une garantie pour les batailles politiques futures ?
- "D'abord, il faudrait que ce bilan soit approuvé par les Français. Je trouve que le seul fait qu'hier il est axé une bonne partie de son intervention sur la défense de son bilan montre qu'il a besoin de réaffirmer qu'il a un bilan et qu'il est bon. La dernière confrontation électorale a clairement démontré que les Français voulaient changer. Comme d'ailleurs assez souvent : c'est la méthode du zapping, on change. Les Français ont désavoué en quelque sorte et l'on d'autant plus dit nettement, que le Premier ministre s'était déplacé un peu partout en France et que ses ministres étaient en fait envoyés en mission. Il y a eu une erreur d'appréciation de la part de la majorité et de L. Jospin : ils ont pensé que ces municipales allaient être pour eux le coup d'envoi en contraire, une espèce de coup de booster comme on dit. Et, en fait de ça, cela n'a pas été du tout le succès attendu. Et au lendemain, alors qu'on s'était promené partout, on a dit, mais ce sont des élections locales et on revient sur le bilan. Moi je suis désolé, mais le bilan, je peux vous le démonter texte après texte. Je le cherche."
Vous pensez que L. Jospin n'a pas tiré des leçons politiques des élections municipales ?
- "Après un coup de semonce assez sévère lors des élections locales - c'est vrai - municipales et cantonales, il est arrivé en disant, en clair : "nous gouvernons depuis quatre ans et nous allons garder le cap, parce que notre bilan est bon, circulez il n'y a rien à voir !" Je trouve que c'est un peu court quand même. Alors c'est vrai qu'il y a quelques considérations, ici ou là, parce qu'il ne pouvait pas faire autrement, mais aucune solution réellement annoncée. Il a parlé pour ne rien dire. Aucune annonce !"
Alors quelle est votre réaction, le libéral que vous êtes puisque vous présidez le groupe Démocratie libérale à l'Assemblée nationale, quand L. Jospin a dit qu'en matière économique, lui, n'était pas libéral et qu'il s'apprêtait donc à durcir les conditions de licenciement pour les entreprises qui réalisent de gros bénéfices ?
- "Je pense qu'il est obligé de se gauchir un peu. Mais je vous rappelle que lorsqu'on l'avait interrogé sur Michelin, il y a peu de temps, il avait dit très exactement le contraire : "l'Etat ne peut pas tout faire". Il dit ça tout simplement, parce que là, il voit qu'il se rapproche d'une échéance, qu'il aura besoin de rassembler la gauche plurielle. Il se passe quelque chose d'assez intéressant. Manifestement, jusqu'à il y a à peu près un an, M. Jospin était à peu près persuadé qu'il ne pouvait plus faire l'identité de gauche sur des sujets d'économie et qu'il fallait donc se tourner vers les sujets de société. C'est la raison pour laquelle on a eu l'IVG, on a eu le PACS, on a eu la pilule du lendemain et j'en passe. Et puis maintenant, il se rend bien compte que c'est en train de filer complètement sur l'emploi, sur l'économie, alors il est obligé de venir rapiécer. De nouveau nous allons nous gauchir sur le plan de l'économie."
Sur son refus du service minimum dans le service public, SNCF ?
- "Je pense qu'il ne veut pas aller à l'affrontement avec les syndicats."
Il n'a peut-être pas tort, parce qu'il faut bien que cela marche un service minimum ?
- "Bien entendu, mais enfin quand même, je pense que quand on est dans une Union européenne, on a quand même intérêt lorsque l'on veut défendre un service public à ce que ce service public soit fiable. Ce n'est pas tout à fait le cas, même s'il ne faut pas généraliser."
Sur la sécurité qui est un point très important pour tous les Français, le Premier ministre a dit qu'il agirait pour le rétablissement de la sécurité, comme il l'a fait pour le chômage, c'est-à-dire pas à pas avec des résultats progressifs, mais tenant le rythme comme on dit.
- "C''est incroyable. Il n'a rien dit de plus que ce qu'il avait dit lors du discours de Villepinte, si ma mémoire est bonne et qui avait démontré que pour la première fois la gauche prenait en compte la sécurité. On pouvait penser qu'il y aurait des actions réelles qui suivraient, cela n'a pas été le cas. Et aujourd'hui la sécurité est devenue un des sujets majeurs dans le discours politique et dans l'attente des citoyens, ce qui démontre bien que c'est un échec. Or, hier, qu'est-ce qu'il nous a dit ? Il nous a parlé des contrats locaux de sécurité. On en a signé un à Marseille, on ne s'en félicite pas, car manifestement c'est le moyen pour le Gouvernement de se tourner vers les municipalités en leur disant, " mais qu'est-ce que vous faites ?". Dans le même temps hier il nous dit, "ce n'est pas du rôle des conseillers municipaux et des maires ". Donc en réalité, je crois qu'il n'y a pas de véritable doctrine à gauche en matière de sécurité."
Sur sa candidature, le Premier ministre a dit qu'il n'avait pas pris sa décision. Vous pensez que son hésitation est réelle ?
- "Non, je ne le pense pas. Je pense que là il est dans un jeu de rôle. Alors il le joue pas mal, en disant : "écoutez, moi je suis Premier ministre ". Il a quand même été obligé de se rendre compte - parce que c'est un homme quand même à qui on ne peut pas dénier la connaissance du passé - qu'aucun Premier ministre candidat n'a été élu Président de la République de mémoire. Et donc, comme il n'a pas démissionné en son temps, ce qui, à mon avis il aurait du faire, il se trouve dans la peau de quelqu'un qui doit jouer le rôle de Premier ministre sans être candidat, puisqu'il ne peut pas être candidat sans être Premier ministre."
Alors il y a eu cette phrase un petit peu cruelle pour le Président de la République, " moi, a-t-il dit, comme si ce n'était pas le cas d'autres, je n'ai pas besoin d'être candidat ". J'imagine qu'il faisait allusion au Président de la République actuel, qui aurait besoin d'être candidat pour se protéger des affaires judiciaires.
- "Oh ! je n'ai pas compris ça comme ça, parce que je pense que le Président de la République a une carrière politique qui aujourd'hui témoigne de son expérience. Quand vous êtes arrivé aux plus hautes responsabilités de l'Etat, ce n'est plus une ambition personnelle. Je crois que c'est le sens du devoir. Je crois qu'il a voulu faire le modeste, en disant, "je n'ai pas besoin de ça, pour dire que ma vie a réussi quoi "."
Vous pensez que Chirac est le meilleur candidat possible de votre camp, de la droite ?
- "Oui, je pense qu'aujourd'hui J. Chirac me semble être le candidat qui est le mieux placé pour pouvoir gagner la prochaine présidentielle dans notre camp. Cela étant, je ne dénie pas du tout la légitimité d'autres candidats chez nous, car nous allons devoir, probablement rassembler au second tour des électorats d'origine un peu différente et obéissant à des sensibilités."
Vous allez soutenir la candidature de M. Madelin au premier tour ?
- "Nous en parlerons le moment venu."
Un mot, puisque vous êtes élu de Marseille et puisqu'on vous tient sur le retour de Bernard Tapie à Marseille, avec le succès de l'équipe de l'OM. Quel est votre sentiment ? Est-ce que vous le croyez lorsqu'il affirme que la politique c'est fini pour toujours ?
- "Je voudrais le croire. Je ne suis pas sûr de pouvoir le croire. Cela étant, nous, ce qui nous intéresse à Marseille, c'est le devenir de l'OM. Bernard Tapie a une bonne expérience dans le domaine du football. S'il fait quelque chose de l'OM, tant mieux ! Cela étant comme le disent souvent les gens, j'attendrai de voir pour croire. Parce que pour le moment M. Tapie, nous avait toujours annoncé un certain nombre de choses et on a quelquefois été trompé."
Vous avez l'impression qu'un nouveau concurrent est venu à Marseille ?
- "Non, pas véritablement. D'abord il est inéligible jusqu'en 2004, Gaudin vient d'être élu pour six ans à la mairie de Marseille. Et je crois que les choses ont changé : Marseille ne se résume plus à l'OM, même si pour Marseille l'OM est toujours très importante."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 18 avril 2001)