Texte intégral
ENTRETIEN AVEC LES TELEVISIONS FRANCAISES :
Q - Que répondez-vous aux gens qui disent que le processus de Rambouillet est mort et dépassé ?
R - Je crois que personne ne la dit. Je ne sais pas pourquoi je répondrais à une question qui nest pas posée. Il me semble que toutes les interventions des derniers jours ont montré que lon faisait référence à Rambouillet, pas spécialement les Français, mais tous les alliés qui parlent du cadre de Rambouillet ou des principes de Rambouillet, sur les bases de Rambouillet.
Pourquoi ? Tout simplement parce que dans Rambouillet il y a cette idée de lautonomie substantielle. Aucun dirigeant de lAlliance na changé de ligne sur ce point. Aucun ne défend le voeu de lindépendance du Kosovo, que ce soit en tout ou partie, tout simplement parce que cela entraînerait de nouveau des drames encore plus grands que ceux que nous connaissons aujourdhui.
Mais, naturellement, cette autonomie substantielle devait être garantie. Cest pour cela que des réflexions ont lieu en ce moment sur le rôle du Conseil de sécurité, sur le rôle des Ruses. Ce qui vous explique une grande partie des contacts diplomatiques qui ont lieu en ce moment. Il y a donc des éléments de Rambouillet que nous conserverons, et des éléments à adapter. Par exemple, il ny a pas de chapitre sur les réfugiés. Il est évident que cela appelle une intervention tout à fait particulière, le rôle du Conseil de sécurité dont je parlais. Nous travaillons plutôt à une combinaison sur les principes toujours valables de Rambouillet et ceux qui doivent être repris, compte tenu de lévolution du moment.
Q - Pour vous, limplication de la Russie est-elle perçue comme une chance ou comme une menace ?
R - Limplication de la Russie est une nécessité compte tenu de la position en Europe. Il ne faut pas avoir uniquement à lesprit la question du Kosovo mais des relations à long terme en Europe, la stabilité et la sécurité de lEurope. Pour nous, la Russie est un grand partenaire et le restera. Jobserve dailleurs que la vision de la Russie est partagée par nos alliés. Il ny a pas de contestation sur ce point. Il y a discussion sur les modalités exactes de règlement à venir ; il y a discussions sur les modalités exactes de la sécurité au sol et, cest normal puisque nous voulons trouver un système qui marche. Il ny a pas de contestation de principe du rôle de la Russie. Il ne faut pas oublier le rôle considérable que la Russie a ajouté pendant des mois et des mois au sein du Groupe de contact pour essayer de convaincre les protagonistes, notamment les autorités de Belgrade.
Q - Pourquoi était-il nécessaire, aujourdhui, de réaffirmer la cohésion des alliés ?
R - Parce quau bout dune vingtaine de jours de frappes, il nous a semblé important quil y ait réunion au niveau des ministres, précisément pour rappeler le sens de lopération et la portée des conditions qui ont été posées aux autorités de Belgrade. Il nous semblait que cela aurait plus de force encore si ceci était rappelé par les dix-neuf ministres de lAlliance atlantique.
Q - Comment qualifieriez-vous cette réunion ? Quen avez-vous retiré ?
R - Elle a montré une grande cohésion, beaucoup dunité de pensées, sur la légitimité de laction qui a été entreprise, puisque, malheureusement, toutes les occasions politiques navaient pas été saisies par les autorités de Belgrade, puisque, malheureusement on navait plus le choix. Il a un vrai consensus sur cette obligation. Il y a un soutien à la stratégie qui a été suivie sur cette action aérienne méthodique et une grande unité en même temps sur les cinq questions qui ont été posées aux autorités de Belgrade. Il y a un désir commun doeuvrer, de travailler à la solution politique qui sera le résultat puisque le but de cette guerre est la paix au Kosovo. Il faut donc travailler ensemble. Je suis donc très satisfait de cette réunion.
Q - Est-ce que dautres forces que celles de lAlliance pourraient participer à une force internationale de paix ?
R - Cest un des points de réflexion puisquon peut associer aux forces de lAlliance les forces dautres pays, par exemple la Russie dont nous parlions. On pense également à dautres pays. Beaucoup de réflexions ont lieu en ce moment sur le rôle des Russes. Nous travaillons sur une combinaison des forces dAlliance et les forces qui seraient dans le cadre dune décision générale du Conseil de sécurité, ou dans le cadre de lOSCE. Voici plusieurs formules qui sont possibles. Nous prendrons là ou les formules les plus efficaces. Ne voyez pas cela comme des formules qui sopposent ou qui se contredisent. Nous cherchons à les combiner.
Q - On parle concrètement de larrivée de M. Ivanov avec certaines propositions. On parle du partage du Kosovo. Quen pensez-vous ?
R - Je nai pas connaissance de proposition de partage du Kosovo. Dailleurs parler de partage du Kosovo, cest parler de lindépendance partielle du Kosovo. Nous ne sommes pas sur cette ligne. Ce que je sais, en revanche, ce sont des réflexions sur : comment faire cohabiter dans le Kosovo plusieurs populations : les Kosovars, les Serbes et les autres minorités ? Il y a, là, réflexion pour faire en sorte quils puissent coexister. Ce qui nous renvoie à la garantie internationale, aux forces de sécurité. Je nai pas connaissance dune proposition sur ce plan qui a un caractère géographique.
Q - Après vingt jours de bombardements au Kosovo, peut-on parler dautre chose que de lindépendance ? Est-ce que ce nest pas une solution possible ?
R - La raison pour laquelle les différents gouvernements dans le monde qui se sont préoccupés de cette affaire nont pas retenu lindépendance, sont les conséquences et la déstabilisation supplémentaire que cela entraînerait pour la région. Cette option na pas été retenue. Lélément nouveau est lhorreur de ce quil sest passé depuis des années au Kosovo. Naturellement on sait bien que les différentes parties ne peuvent pas cohabiter comme cela sil ny a pas une protection particulière. La réponse à ce dilemme est donc dintroduire une protection internationale qui pourrait être définie par le Conseil de sécurité et qui suppose une présence au sol pour sécuriser ce Kosovo en attendant de voir quelle est la solution définitive qui sera après appliquée. On nest donc pas obligé de choisir les deux termes dont vous me parliez. Il y a une autre option que nous cherchons, aujourdhui, à bâtir et auquel le Conseil de sécurité pourrait donner toute sa légitimité.
Q - Selon vous, lintervention armée au sol ne sera pas nécessaire ?
R - Ce nest pas selon moi. Je vous renvoie aux déclarations qui ont été faites par tous les dirigeants des pays de lAlliance qui considèrent quune intervention au sol aurait été beaucoup plus longue, beaucoup plus difficile, beaucoup plus coûteuse en hommes, aurait eu des conséquences encore pire pour les populations, sans parler des soldats qui auraient été engagés. On en serait plutôt moins loin dans la solution du problème et on aurait à faire face à des difficultés encore plus terribles. Cest un fait. Je nexprime pas une opinion, je vous renvoie aux déclarations qui ont été faits par tous les dirigeants de lAlliance. Cest un constat.
ENTRETIEN AVEC CNN :
Q - Peut-on dire quà la fin de cette réunion il y eu un changement dans la stratégie de lOTAN vis-à-vis de Belgrade ?
R - Non, cest une réunion qui a, au contraire, montré la cohésion, lunité de lensemble des Alliés qui sont évidemment daccord avec la stratégie puisque ce sont eux qui lont élaborée, qui sont daccord pour la poursuivre, et qui considèrent quelle commence à produire des résultats mais quil faut, malgré tout, continuer. Il y a beaucoup, de continuité, beaucoup de logique dans cette réunion. Il était nécessaire que lon se réunisse puisquil ny avait pas eu de réunion au niveau des ministres du Conseil atlantique depuis le début de lintervention au Kosovo.
Q - Est-il envisageable de considérer la possibilité de voir des troupes de lOTAN au sol avant la conclusion dun accord de paix ?
R - Je vous renvoie aux déclarations qui ont été faites jusquà maintenant par tous les dirigeants, présidents, chancelier, tous les gens des pays de lAlliance et qui nont pas retenu cette option. Nous sommes dans une stratégie consistant à confier des missions aériennes qui sont dailleurs, à notre sens, plus efficaces, qui comportent moins de risques, notamment pour les Kosovars, et qui devraient permettre darriver à un contexte pour établir une solution politique durable au Kosovo. Cest cette stratégie qui a été choisie.
Q - Peut-on dire néanmoins que la possibilité existe que les troupes serbes se retirent et que les forces de lOTAN soient amenées à intervenir avant quun accord de paix soit effectivement signé ?
R - Il y a des réflexions qui sont menées sur la solution, notamment ce qui se passerait pour faire revenir les réfugiés. Vous connaissez les exigences qui ont été portées à lattention des autorités de Belgrade après lannonce du cessez-le-feu. Dans ces exigences, il y a naturellement la reconnaissance du droit au retour des réfugiés et à la mise en oeuvre de ce droit. Pour que les réfugiés reviennent au Kosovo, il faut que le Kosovo soit sûr. On ne peut pas imaginer que les gens qui ont souffert depuis des années, et en plus de ce quils ont souffert depuis quelques jours, reviennent alors que les choses ne seraient pas stabilisées.
La question qui se posait, cétait comment assurer la sécurité au Kosovo. Il faudra donc de toute façon une garantie internationale au sol, sinon, ils ne reviendront pas. Et cest sur cette garantie, sur cette force que beaucoup de discussions ont lieu, à la fois dans les réunions de ce type, pour savoir quelles forces, à quel moment, avec quel rôle, sil faut combiner avec les Nations unies qui pourraient définir le cadre général de la sécurité sur place, le rôle de lOTAN, le rôle de lOSCE... Ce sont des points sur lesquels nous travaillons et qui ne sont pas encore agréés dans le détail. Lidée converge vers une combinaison de laction de différentes organisations que jai citées.
Q - Sagirait-il toujours dune force conduite par lOTAN ?
R - Plutôt une combinaison de forces. Il faut chercher une complémentarité, qui dure longtemps, entre lefficacité de lOTAN, qui dure longtemps, et dautre part, la présence nécessaire de certains autres pays, comme par exemple la Russie. On pourrait souhaiter que la Russie soit un élément de cette situation au sol.
Q - Il faudrait toutefois que celle-ci soit conduite par lOTAN. Certains pays disent quil sagit là dun élément essentiel, quelle que soit la participation dautres pays, en raison notamment, pour des raisons defficacité de maintenir la chaîne de commandement ?
R - Je voudrais préciser que, quand nous parlons du rôle du Conseil de sécurité, il sagit, disons de la légitimité que le Conseil de sécurité peut donner dans une résolution prise sous chapitre VII à la fois le réglement politique et les conditions de la sécurité. Cela ne veut pas dire que nous allons reprendre un système comme celui qui existe en Bosnie par exemple. Cest un système trop compliqué. Nous ne voulons pas non plus le système de double-clé. Il faudra une force de sécurité sur place qui soit crédible parce que sinon dailleurs les réfugiés ne rentreront pas. Donc nous aurons à régler ce problème.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 avril 1999)
Q - Que répondez-vous aux gens qui disent que le processus de Rambouillet est mort et dépassé ?
R - Je crois que personne ne la dit. Je ne sais pas pourquoi je répondrais à une question qui nest pas posée. Il me semble que toutes les interventions des derniers jours ont montré que lon faisait référence à Rambouillet, pas spécialement les Français, mais tous les alliés qui parlent du cadre de Rambouillet ou des principes de Rambouillet, sur les bases de Rambouillet.
Pourquoi ? Tout simplement parce que dans Rambouillet il y a cette idée de lautonomie substantielle. Aucun dirigeant de lAlliance na changé de ligne sur ce point. Aucun ne défend le voeu de lindépendance du Kosovo, que ce soit en tout ou partie, tout simplement parce que cela entraînerait de nouveau des drames encore plus grands que ceux que nous connaissons aujourdhui.
Mais, naturellement, cette autonomie substantielle devait être garantie. Cest pour cela que des réflexions ont lieu en ce moment sur le rôle du Conseil de sécurité, sur le rôle des Ruses. Ce qui vous explique une grande partie des contacts diplomatiques qui ont lieu en ce moment. Il y a donc des éléments de Rambouillet que nous conserverons, et des éléments à adapter. Par exemple, il ny a pas de chapitre sur les réfugiés. Il est évident que cela appelle une intervention tout à fait particulière, le rôle du Conseil de sécurité dont je parlais. Nous travaillons plutôt à une combinaison sur les principes toujours valables de Rambouillet et ceux qui doivent être repris, compte tenu de lévolution du moment.
Q - Pour vous, limplication de la Russie est-elle perçue comme une chance ou comme une menace ?
R - Limplication de la Russie est une nécessité compte tenu de la position en Europe. Il ne faut pas avoir uniquement à lesprit la question du Kosovo mais des relations à long terme en Europe, la stabilité et la sécurité de lEurope. Pour nous, la Russie est un grand partenaire et le restera. Jobserve dailleurs que la vision de la Russie est partagée par nos alliés. Il ny a pas de contestation sur ce point. Il y a discussion sur les modalités exactes de règlement à venir ; il y a discussions sur les modalités exactes de la sécurité au sol et, cest normal puisque nous voulons trouver un système qui marche. Il ny a pas de contestation de principe du rôle de la Russie. Il ne faut pas oublier le rôle considérable que la Russie a ajouté pendant des mois et des mois au sein du Groupe de contact pour essayer de convaincre les protagonistes, notamment les autorités de Belgrade.
Q - Pourquoi était-il nécessaire, aujourdhui, de réaffirmer la cohésion des alliés ?
R - Parce quau bout dune vingtaine de jours de frappes, il nous a semblé important quil y ait réunion au niveau des ministres, précisément pour rappeler le sens de lopération et la portée des conditions qui ont été posées aux autorités de Belgrade. Il nous semblait que cela aurait plus de force encore si ceci était rappelé par les dix-neuf ministres de lAlliance atlantique.
Q - Comment qualifieriez-vous cette réunion ? Quen avez-vous retiré ?
R - Elle a montré une grande cohésion, beaucoup dunité de pensées, sur la légitimité de laction qui a été entreprise, puisque, malheureusement, toutes les occasions politiques navaient pas été saisies par les autorités de Belgrade, puisque, malheureusement on navait plus le choix. Il a un vrai consensus sur cette obligation. Il y a un soutien à la stratégie qui a été suivie sur cette action aérienne méthodique et une grande unité en même temps sur les cinq questions qui ont été posées aux autorités de Belgrade. Il y a un désir commun doeuvrer, de travailler à la solution politique qui sera le résultat puisque le but de cette guerre est la paix au Kosovo. Il faut donc travailler ensemble. Je suis donc très satisfait de cette réunion.
Q - Est-ce que dautres forces que celles de lAlliance pourraient participer à une force internationale de paix ?
R - Cest un des points de réflexion puisquon peut associer aux forces de lAlliance les forces dautres pays, par exemple la Russie dont nous parlions. On pense également à dautres pays. Beaucoup de réflexions ont lieu en ce moment sur le rôle des Russes. Nous travaillons sur une combinaison des forces dAlliance et les forces qui seraient dans le cadre dune décision générale du Conseil de sécurité, ou dans le cadre de lOSCE. Voici plusieurs formules qui sont possibles. Nous prendrons là ou les formules les plus efficaces. Ne voyez pas cela comme des formules qui sopposent ou qui se contredisent. Nous cherchons à les combiner.
Q - On parle concrètement de larrivée de M. Ivanov avec certaines propositions. On parle du partage du Kosovo. Quen pensez-vous ?
R - Je nai pas connaissance de proposition de partage du Kosovo. Dailleurs parler de partage du Kosovo, cest parler de lindépendance partielle du Kosovo. Nous ne sommes pas sur cette ligne. Ce que je sais, en revanche, ce sont des réflexions sur : comment faire cohabiter dans le Kosovo plusieurs populations : les Kosovars, les Serbes et les autres minorités ? Il y a, là, réflexion pour faire en sorte quils puissent coexister. Ce qui nous renvoie à la garantie internationale, aux forces de sécurité. Je nai pas connaissance dune proposition sur ce plan qui a un caractère géographique.
Q - Après vingt jours de bombardements au Kosovo, peut-on parler dautre chose que de lindépendance ? Est-ce que ce nest pas une solution possible ?
R - La raison pour laquelle les différents gouvernements dans le monde qui se sont préoccupés de cette affaire nont pas retenu lindépendance, sont les conséquences et la déstabilisation supplémentaire que cela entraînerait pour la région. Cette option na pas été retenue. Lélément nouveau est lhorreur de ce quil sest passé depuis des années au Kosovo. Naturellement on sait bien que les différentes parties ne peuvent pas cohabiter comme cela sil ny a pas une protection particulière. La réponse à ce dilemme est donc dintroduire une protection internationale qui pourrait être définie par le Conseil de sécurité et qui suppose une présence au sol pour sécuriser ce Kosovo en attendant de voir quelle est la solution définitive qui sera après appliquée. On nest donc pas obligé de choisir les deux termes dont vous me parliez. Il y a une autre option que nous cherchons, aujourdhui, à bâtir et auquel le Conseil de sécurité pourrait donner toute sa légitimité.
Q - Selon vous, lintervention armée au sol ne sera pas nécessaire ?
R - Ce nest pas selon moi. Je vous renvoie aux déclarations qui ont été faites par tous les dirigeants des pays de lAlliance qui considèrent quune intervention au sol aurait été beaucoup plus longue, beaucoup plus difficile, beaucoup plus coûteuse en hommes, aurait eu des conséquences encore pire pour les populations, sans parler des soldats qui auraient été engagés. On en serait plutôt moins loin dans la solution du problème et on aurait à faire face à des difficultés encore plus terribles. Cest un fait. Je nexprime pas une opinion, je vous renvoie aux déclarations qui ont été faits par tous les dirigeants de lAlliance. Cest un constat.
ENTRETIEN AVEC CNN :
Q - Peut-on dire quà la fin de cette réunion il y eu un changement dans la stratégie de lOTAN vis-à-vis de Belgrade ?
R - Non, cest une réunion qui a, au contraire, montré la cohésion, lunité de lensemble des Alliés qui sont évidemment daccord avec la stratégie puisque ce sont eux qui lont élaborée, qui sont daccord pour la poursuivre, et qui considèrent quelle commence à produire des résultats mais quil faut, malgré tout, continuer. Il y a beaucoup, de continuité, beaucoup de logique dans cette réunion. Il était nécessaire que lon se réunisse puisquil ny avait pas eu de réunion au niveau des ministres du Conseil atlantique depuis le début de lintervention au Kosovo.
Q - Est-il envisageable de considérer la possibilité de voir des troupes de lOTAN au sol avant la conclusion dun accord de paix ?
R - Je vous renvoie aux déclarations qui ont été faites jusquà maintenant par tous les dirigeants, présidents, chancelier, tous les gens des pays de lAlliance et qui nont pas retenu cette option. Nous sommes dans une stratégie consistant à confier des missions aériennes qui sont dailleurs, à notre sens, plus efficaces, qui comportent moins de risques, notamment pour les Kosovars, et qui devraient permettre darriver à un contexte pour établir une solution politique durable au Kosovo. Cest cette stratégie qui a été choisie.
Q - Peut-on dire néanmoins que la possibilité existe que les troupes serbes se retirent et que les forces de lOTAN soient amenées à intervenir avant quun accord de paix soit effectivement signé ?
R - Il y a des réflexions qui sont menées sur la solution, notamment ce qui se passerait pour faire revenir les réfugiés. Vous connaissez les exigences qui ont été portées à lattention des autorités de Belgrade après lannonce du cessez-le-feu. Dans ces exigences, il y a naturellement la reconnaissance du droit au retour des réfugiés et à la mise en oeuvre de ce droit. Pour que les réfugiés reviennent au Kosovo, il faut que le Kosovo soit sûr. On ne peut pas imaginer que les gens qui ont souffert depuis des années, et en plus de ce quils ont souffert depuis quelques jours, reviennent alors que les choses ne seraient pas stabilisées.
La question qui se posait, cétait comment assurer la sécurité au Kosovo. Il faudra donc de toute façon une garantie internationale au sol, sinon, ils ne reviendront pas. Et cest sur cette garantie, sur cette force que beaucoup de discussions ont lieu, à la fois dans les réunions de ce type, pour savoir quelles forces, à quel moment, avec quel rôle, sil faut combiner avec les Nations unies qui pourraient définir le cadre général de la sécurité sur place, le rôle de lOTAN, le rôle de lOSCE... Ce sont des points sur lesquels nous travaillons et qui ne sont pas encore agréés dans le détail. Lidée converge vers une combinaison de laction de différentes organisations que jai citées.
Q - Sagirait-il toujours dune force conduite par lOTAN ?
R - Plutôt une combinaison de forces. Il faut chercher une complémentarité, qui dure longtemps, entre lefficacité de lOTAN, qui dure longtemps, et dautre part, la présence nécessaire de certains autres pays, comme par exemple la Russie. On pourrait souhaiter que la Russie soit un élément de cette situation au sol.
Q - Il faudrait toutefois que celle-ci soit conduite par lOTAN. Certains pays disent quil sagit là dun élément essentiel, quelle que soit la participation dautres pays, en raison notamment, pour des raisons defficacité de maintenir la chaîne de commandement ?
R - Je voudrais préciser que, quand nous parlons du rôle du Conseil de sécurité, il sagit, disons de la légitimité que le Conseil de sécurité peut donner dans une résolution prise sous chapitre VII à la fois le réglement politique et les conditions de la sécurité. Cela ne veut pas dire que nous allons reprendre un système comme celui qui existe en Bosnie par exemple. Cest un système trop compliqué. Nous ne voulons pas non plus le système de double-clé. Il faudra une force de sécurité sur place qui soit crédible parce que sinon dailleurs les réfugiés ne rentreront pas. Donc nous aurons à régler ce problème.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 avril 1999)