Texte intégral
Monsieur le Directeur Général de l'ESCP Europe, cher Pascal Morand,
Messieurs les co-Présidents de la Fondation Europe, cher Pierre Guénant, cher Patrick Gounelle,
Mesdames et Messieurs les chefs d'entreprise,
Mesdames et Messieurs les étudiants,
Mesdames et Messieurs les anciens étudiants de l'ESCP Europe,
bonjour.
Permettez-moi bien sûr de vous souhaiter à tous une très bonne année et évidemment de vous féliciter pour cette occasion qui nous rassemble, de la création de l'Institut de la Compétitivité et de l'Innovation.
Votre projet évoque bien entendu un certain nombre de thèses chères à Schumpeter avec lequel j'ai quelques traits communs. Il était avocat lui aussi dans une vie antérieure, il devint ministre des finances dans une vie ultérieure, et puis il était adepte évidemment de la destruction compétitive et de la création de valeur par l'innovation. Et c'est bien sous ces auspices que votre projet s'inscrit, projet dont je tiens d'ores et déjà bien sûr à vous féliciter.
Je voudrais à cette occasion vous encourager et puis vous dire, à vous, cher Pascal, à tous les enseignants qui sont autour de vous, à tous ceux qui participent à la réussite exceptionnelle de l'ESCP à quel point le gouvernement français souhaite soutenir cette démarche.
Comment l'avons-nous fait dans le passé, au sein d'une Europe qui ne brille pas particulièrement par la réalisation de l'objectif consistant à consacrer au moins 3% de son Produit Intérieur Brut à la recherche, au développement et à l'innovation ?
Et bien tout simplement en décrétant trois principes : premièrement, moins d'impôts, deuxièmement, plus de réseaux, troisièmement, de meilleurs chercheurs.
Permettez-moi de développer un instant ces 3 principes : moins d'impôts, vous le savez, je me suis battue pour le crédit impôt recherche, je continuerai à me battre pour ce crédit impôt recherche. Il a été certes un peu écorné, un peu diminué à l'occasion de l'examen du projet de loi de finance pour 2011, mais il est en substance resté, c'est-à-dire, majoré, simplifié, consistant en un véritable partenariat entre l'état et les entreprises, quelles que soient leur taille, petites, moyennes ou grandes, qui décident de consacrer une part de leurs investissements à la recherche et au développement.
Deuxièmement, plus de réseaux. Là, je fais référence aux pôles de compétitivité qui, vous le savez, depuis maintenant un peu plus de quatre ans, irriguent notre pays, permettent aux chercheurs publics, comme aux chercheurs privés de travailler ensemble, de consacrer leur énergie et leurs projets à des ambitions d'entreprises au service de la compétitivité de notre économie.
Et puis troisièmement, de meilleurs chercheurs. C'est évidemment toute l'ambition d'un grand projet, qui est maintenant une réalité en France, celui de l'autonomie des universités. C'est également l'ambition de ce que j'appelle les stratégies d'avenir soutenues par le grand emprunt consistant à financer la recherche et à améliorer le niveau aussi bien académique que le niveau de développement de la recherche publique.
Nous avons engagé ces trois principes, moins d'impôts, plus de réseaux, et de meilleurs chercheurs, parce que nous savons tout simplement que dans la course à l'innovation, si la France veut conserver une longueur d'avance, si la France veut maintenir sa compétitivité face à des concurrents plus nombreux, très avides de prendre des parts de marché, c'est par l'innovation qu'elle devra y arriver et c'est par un effort collectif, entre à la fois des entreprises qui travaillent plus ensemble et des pouvoirs publics qui se mettent au service de la recherche.
C'est aussi dans cet esprit-là, je vous le rappelle, que nous avons enfin changé notre position en matière de brevets européens, et que nous avons décidé avec tous les pays européens de bonne volonté, de plaider en faveur d'un véritable brevet européen, au service des entreprises, et qui permette à ces dernières de protéger leurs inventions de manière moins coûteuse que par le passé, et en particulier avec des frais de traductions moins importants.
Cette démarche dans laquelle la création de votre Institut pour la Compétitivité et de l'Innovation s'inscrit correspond tout à fait aux travaux qui ont été engagés par Pascal Morand et son équipe. J'ai en mémoire la remise du Rapport Morand-Manceau relatif à l'innovation et je n'oublierai jamais l'apport très significatif qui fut le vôtre pour considérer essentiellement que l'innovation n'était pas seulement une affaire de chercheurs, qu'elle n'était pas seulement une affaire de laboratoire, qu'elle n'était pas seulement une affaire de brevets, mais qu'elle pouvait véritablement se mettre au service de tous les projets, notamment dans le design, notamment dans la façon de commercialiser, notamment dans la façon de s'organiser dans le cycle de production, et que cet esprit d'innovation que j'évoquais tout à l'heure en introduction en faisant référence à Schumpeter, pouvait tout simplement imprégner un processus de réflexion, d'analyse, d'organisation, de commercialisation, de distribution et que nous devions impérativement sortir des sentiers battus de la pensée applicable à l'innovation. De tout cela je tenais à vous remercier, vous, l'ESCP Europe, bien entendu vous Pascal Morand, et vous, Madame Manceau, pour les travaux que vous avez consacrés lors du rapport que vous m'avez remis en 2009.
Je voulais également féliciter bien sûr l'ESCP Europe du titre qui lui a été décerné par le très prestigieux Financial Times il y a quelques mois, de meilleur master européen. Je vous en félicite. Cela ne me surprend pas. Vous avez toujours et depuis longtemps considéré que cette action académique, cette action pédagogique que vous engagiez n'était pas seulement une action franco-française mais une action européenne, cette action elle est évidemment couronnée par la reconnaissance que fournit toujours un titre tel que celui qui vous a été décerné récemment par le Financial Times. Vous étiez en concurrent avec les plus grands de ce monde et en la matière je dois vous dire que j'ai été très fière de voir l'ESCP Europe reconnue pour ses qualités.
Je voulais enfin vous encourager à poursuivre, avec la création de cet Institut pour la Compétitivité et l'Innovation, vous dire que vous deviez impérativement favoriser les rencontres, le dialogue, l'approfondissement des thèmes que vous avez soulevés dans votre rapport, que de tout cela naîtrait, j'en suis certaine, une pensée féconde au service de l'innovation et peut-être aussi le développement de projets que vous examineriez et qui permettraient d'être développés sur un plan économique.
Et puis en guise de voeux de début d'année, je voudrais formuler celui que vous réfléchissiez à un grand prix de l'innovation et de la compétitivité. Vous me direz qu'il existe de très nombreux prix ici ou là, mais je ne suis pas sûr qu'il existe à ce jour un prix qui reconnaisse tout à la fois de l'innovation et la compétitivité et au service duquel des enseignants, des chercheurs, des chefs d'entreprise se consultent, se concertent, forment un projet commun, celui de votre institut et acceptent éventuellement d'examiner un certain nombre de concurrents qui seraient prêts à soumettre pour se voir reconnaître le prix de l'innovation et de la compétitivité. C'est un simple voeu que je forme pour vous, prenez-le tel qu'il est, un voeu de bonne volonté, bien sûr, auquel je serai ravie, cela va sans dire, d'accorder mon parrainage.
Très bonne journée à tous, bonne réflexion, bon vent aussi à l'Institut pour la Compétitivité et l'Innovation.
Source http://www.escpeurope.eu, le 14 février 2011