Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour, E. Besson.
Bonjour, J.-M. Aphatie
Vous avez quitté Paris, hier soir, pour Ryad où vous vous trouvez ce matin pour une réunion avec les représentants des pays producteurs de pétrole. Et justement, ce matin, il y a beaucoup dinquiétude sur le pétrole à cause de la crise libyenne. Double inquiétude : dabord, les prix ça flambe. Cest un péril pour notre économie, E. Besson ?
Péril ? Je ne sais pas. Une difficulté ? Bien évidemment. Mais vous avez raison : ici à Ryad au Forum International de lEnergie avec une centaine de ministres de lEnergie, les producteurs et les consommateurs, cest lun des sujets que nous allons aborder : comment stabiliser les prix ? Comment leur donner une visibilité ? Comment lutter contre la volatilité des prix ? Cest lobjet de notre réunion de ce jour en Arabie Saoudite.
Avec la crise libyenne, y a-t-il un péril sur les approvisionnements, E. Besson ?
Non. Aujourdhui, tout le monde est daccord : il ny a pas de péril sur les approvisionnements. Maintenant ce que seront les semaines et les mois qui viennent en fonction de lévolution du monde arabo-musulman, je ne sais vous le dire. Mais aujourdhui, clairement, non il ny a pas de péril.
Pourquoi le Gouvernement français norganise-t-il pas de rapatriement des ressortissants français qui se trouvent aujourdhui en Libye ?
Cest une question quil faudrait poser à la cellule de crise du Quai dOrsay qui, seule, apprécie minute par minute, la situation. Si jai bien compris, le Quai dOrsay a commencé le rapatriement des Français, leur offre la possibilité de rentrer sils le veulent. Il doit estimer, pour lheure, quil ne faut pas obliger entre guillemets les Français à rentrer.
Vous avez lair un peu distant par rapport à cette cellule de crise ? Appréciez-vous la situation différemment, E. Besson ?
Non, absolument pas. Simplement, cest une responsabilité... Non, je ne suis pas distant, du tout. Simplement, quand on na pas les leviers il faut être prudent dans le commentaire.
Energie, toujours. Le Figaro annonce, ce matin, que le prix du gaz augmentera de 5% au 1er avril prochain. Vous le confirmez ?
Non, je ne confirme pas. Cest quelque chose qui est à létude et qui sera annoncé dans les semaines qui viennent.
Vous avez participé, hier, E. Besson, à lEysée hier après-midi avant de vous envoler pour Ryad, sous la présidence de N. Sarkozy, à un conseil de politique nucléaire, censé mettre de lordre dans un secteur dominé par les chamailleries entre les deux champions français : EDF et Areva. La question est simple : qui dEDF ou dAreva désormais sera le chef de file quand un pays étranger lancera un appel doffre pour séquiper dune centrale nucléaire ?
Dabord, au-delà des chamailleries, la France dispose de cinq grands champions mondiaux et pas seulement deux : ceux que vous avez cités : EDF, Areva, mais aussi GDF-Suez, Alstom et le CEA, et à un moment où le marché mondial du nucléaire va connaître une très forte croissance. Pensez, par exemple, que la Chine va se doter dune centaine de réacteurs nucléaires. La réponse précise à votre question, elle est très simple. Lorsque la France est sollicitée pour une offre globale, ce quon appelle une prestation darchitecte ensemblier, le leader, clairement ce sera EDF. Mais il peut arriver quun certain nombre de pays ne demandent pas ce quon appelle la compétence darchitecte ensemblier et demandent des îlots nucléaires à Areva des turbines à Alstom et à ce moment-là, ces entreprises pourront répondre directement ; et cest pour ça que nous allons créer un comité stratégique de lénergie nucléaire que je vais présider avec le président dEDF, H. Proglio...
Qui sera vice-président. Donc, qui aura la main sur la filière finalement. Ce sera lui le patron, avec vous ?
De toute façon, cest le premier producteur délectricité au monde, et cest le champion français du nucléaire. Lorsquon sadresse à la France pour une offre globale avec cette prestation que jappelais darchitecte densemblier, cest à EDF quon pense ; mais en même temps, tous les acteurs de la filière seront associés comme nous les associons à la gamme de produits. Vous savez que nous avons décidé, hier, denrichir la gamme de produits de réacteurs français. Nous avons le fer de lance, lEPR qui est le plus beau fleuron de la filière nucléaire française, mais nous allons donner à Areva avec EDF-GDF la possibilité de développer, de certifier un réacteur de moyenne puissance : lAtmea. Nous allons donner à EDF la possibilité de travailler avec les Chinois au développement dun réacteur dit de troisième génération, cest-à-dire très sûr, et nous créerons un groupe de travail pour étudier lopportunité de réacteurs de faible puissance. Donc, voyez grande puissance, moyenne puissance, faible puissance... La France va se doter dune gamme de réacteurs adaptés au marché mondial, adaptés à la situation des différents pays potentiellement acheteurs.
Vous allez sans doute le démentir, E. Besson, mais lensemble de ces arbitrages ressemble bien à un désaveu pour A. Lauvergeon, P-DG dAreva ?
Absolument pas.
Jen étais sûr !
Vous étiez sûr ; mais je démens fortement.
Voilà.
Réaffirmer que lEPR est un produit phare, dire très clairement quEDF va participer à la certification de lAtmea, organiser la filière nucléaire française puis pour que son fleuron, notamment lEPR, soit valorisé à lExport, je ne vois pas où est le démenti pour Areva, dautant que personne na envie de le faire. Et nous allons même donner à Areva les moyens dêtre plus puissants dans la mine et dans lexploitation duranium puisque nous lui demandons de filialiser lactivité Exploitation duranium pour pouvoir souvrir, apporter, trouver dautres capitaux pour exploiter davantage de mines et renforcer ainsi la sécurité dapprovisionnement de la filière nucléaire.
Allez-vous confirmer A. Lauvergeon à la tête dAreva, E. Besson ?
Je ne confirme rien. Il y a une procédure qui a été lancée que vous connaissez. Son mandat arrive à échéance en juin. Le président de la République a lancé une procédure. Le président du conseil de surveillance et R. Ricol doivent proposer une liste de vingt candidatures dans les jours ou les semaines qui viennent. Ca sera traité normalement et cest le président de la République qui, en dernier ressort, choisit le chef dentreprise publique comme ça se fait régulièrement.
Je le disais, vous êtes à Ryad. Avez-vous pris auprès des autorités saoudiennes des nouvelles de Z. Ben Ali, le Président, lancien Président tunisien ?
Non, Jean-Michel Aphatie ; non je suis arrivé au beau milieu de la nuit...
Vous prendrez de ses nouvelles ?
A trois heures du matin. Ça nest pas lobjet de mes réunions de travail. Vous avez ouvert linterview en évoquant la situation du pétrole, les perspectives de production. Là justement entre loffre et la demande, cest vraiment la principale préoccupation que jai... Puis...
Vous nen profiterez pas pour prendre des nouvelles de lancien Président tunisien. On dit quil est dans le coma, quil la été ?
Non, ce nest pas ma préoccupation première aujourdhui, J.-M. Aphatie !
Vous manquez de curiosité, E. Besson !
Probablement. Cest pour ça que je ne suis pas journaliste comme vous !
Cest bien dit ! Bonne journée à Ryad.
Source : Premier ministre, service dInformation du Gouvernement le 4 mars 2011
Bonjour, J.-M. Aphatie
Vous avez quitté Paris, hier soir, pour Ryad où vous vous trouvez ce matin pour une réunion avec les représentants des pays producteurs de pétrole. Et justement, ce matin, il y a beaucoup dinquiétude sur le pétrole à cause de la crise libyenne. Double inquiétude : dabord, les prix ça flambe. Cest un péril pour notre économie, E. Besson ?
Péril ? Je ne sais pas. Une difficulté ? Bien évidemment. Mais vous avez raison : ici à Ryad au Forum International de lEnergie avec une centaine de ministres de lEnergie, les producteurs et les consommateurs, cest lun des sujets que nous allons aborder : comment stabiliser les prix ? Comment leur donner une visibilité ? Comment lutter contre la volatilité des prix ? Cest lobjet de notre réunion de ce jour en Arabie Saoudite.
Avec la crise libyenne, y a-t-il un péril sur les approvisionnements, E. Besson ?
Non. Aujourdhui, tout le monde est daccord : il ny a pas de péril sur les approvisionnements. Maintenant ce que seront les semaines et les mois qui viennent en fonction de lévolution du monde arabo-musulman, je ne sais vous le dire. Mais aujourdhui, clairement, non il ny a pas de péril.
Pourquoi le Gouvernement français norganise-t-il pas de rapatriement des ressortissants français qui se trouvent aujourdhui en Libye ?
Cest une question quil faudrait poser à la cellule de crise du Quai dOrsay qui, seule, apprécie minute par minute, la situation. Si jai bien compris, le Quai dOrsay a commencé le rapatriement des Français, leur offre la possibilité de rentrer sils le veulent. Il doit estimer, pour lheure, quil ne faut pas obliger entre guillemets les Français à rentrer.
Vous avez lair un peu distant par rapport à cette cellule de crise ? Appréciez-vous la situation différemment, E. Besson ?
Non, absolument pas. Simplement, cest une responsabilité... Non, je ne suis pas distant, du tout. Simplement, quand on na pas les leviers il faut être prudent dans le commentaire.
Energie, toujours. Le Figaro annonce, ce matin, que le prix du gaz augmentera de 5% au 1er avril prochain. Vous le confirmez ?
Non, je ne confirme pas. Cest quelque chose qui est à létude et qui sera annoncé dans les semaines qui viennent.
Vous avez participé, hier, E. Besson, à lEysée hier après-midi avant de vous envoler pour Ryad, sous la présidence de N. Sarkozy, à un conseil de politique nucléaire, censé mettre de lordre dans un secteur dominé par les chamailleries entre les deux champions français : EDF et Areva. La question est simple : qui dEDF ou dAreva désormais sera le chef de file quand un pays étranger lancera un appel doffre pour séquiper dune centrale nucléaire ?
Dabord, au-delà des chamailleries, la France dispose de cinq grands champions mondiaux et pas seulement deux : ceux que vous avez cités : EDF, Areva, mais aussi GDF-Suez, Alstom et le CEA, et à un moment où le marché mondial du nucléaire va connaître une très forte croissance. Pensez, par exemple, que la Chine va se doter dune centaine de réacteurs nucléaires. La réponse précise à votre question, elle est très simple. Lorsque la France est sollicitée pour une offre globale, ce quon appelle une prestation darchitecte ensemblier, le leader, clairement ce sera EDF. Mais il peut arriver quun certain nombre de pays ne demandent pas ce quon appelle la compétence darchitecte ensemblier et demandent des îlots nucléaires à Areva des turbines à Alstom et à ce moment-là, ces entreprises pourront répondre directement ; et cest pour ça que nous allons créer un comité stratégique de lénergie nucléaire que je vais présider avec le président dEDF, H. Proglio...
Qui sera vice-président. Donc, qui aura la main sur la filière finalement. Ce sera lui le patron, avec vous ?
De toute façon, cest le premier producteur délectricité au monde, et cest le champion français du nucléaire. Lorsquon sadresse à la France pour une offre globale avec cette prestation que jappelais darchitecte densemblier, cest à EDF quon pense ; mais en même temps, tous les acteurs de la filière seront associés comme nous les associons à la gamme de produits. Vous savez que nous avons décidé, hier, denrichir la gamme de produits de réacteurs français. Nous avons le fer de lance, lEPR qui est le plus beau fleuron de la filière nucléaire française, mais nous allons donner à Areva avec EDF-GDF la possibilité de développer, de certifier un réacteur de moyenne puissance : lAtmea. Nous allons donner à EDF la possibilité de travailler avec les Chinois au développement dun réacteur dit de troisième génération, cest-à-dire très sûr, et nous créerons un groupe de travail pour étudier lopportunité de réacteurs de faible puissance. Donc, voyez grande puissance, moyenne puissance, faible puissance... La France va se doter dune gamme de réacteurs adaptés au marché mondial, adaptés à la situation des différents pays potentiellement acheteurs.
Vous allez sans doute le démentir, E. Besson, mais lensemble de ces arbitrages ressemble bien à un désaveu pour A. Lauvergeon, P-DG dAreva ?
Absolument pas.
Jen étais sûr !
Vous étiez sûr ; mais je démens fortement.
Voilà.
Réaffirmer que lEPR est un produit phare, dire très clairement quEDF va participer à la certification de lAtmea, organiser la filière nucléaire française puis pour que son fleuron, notamment lEPR, soit valorisé à lExport, je ne vois pas où est le démenti pour Areva, dautant que personne na envie de le faire. Et nous allons même donner à Areva les moyens dêtre plus puissants dans la mine et dans lexploitation duranium puisque nous lui demandons de filialiser lactivité Exploitation duranium pour pouvoir souvrir, apporter, trouver dautres capitaux pour exploiter davantage de mines et renforcer ainsi la sécurité dapprovisionnement de la filière nucléaire.
Allez-vous confirmer A. Lauvergeon à la tête dAreva, E. Besson ?
Je ne confirme rien. Il y a une procédure qui a été lancée que vous connaissez. Son mandat arrive à échéance en juin. Le président de la République a lancé une procédure. Le président du conseil de surveillance et R. Ricol doivent proposer une liste de vingt candidatures dans les jours ou les semaines qui viennent. Ca sera traité normalement et cest le président de la République qui, en dernier ressort, choisit le chef dentreprise publique comme ça se fait régulièrement.
Je le disais, vous êtes à Ryad. Avez-vous pris auprès des autorités saoudiennes des nouvelles de Z. Ben Ali, le Président, lancien Président tunisien ?
Non, Jean-Michel Aphatie ; non je suis arrivé au beau milieu de la nuit...
Vous prendrez de ses nouvelles ?
A trois heures du matin. Ça nest pas lobjet de mes réunions de travail. Vous avez ouvert linterview en évoquant la situation du pétrole, les perspectives de production. Là justement entre loffre et la demande, cest vraiment la principale préoccupation que jai... Puis...
Vous nen profiterez pas pour prendre des nouvelles de lancien Président tunisien. On dit quil est dans le coma, quil la été ?
Non, ce nest pas ma préoccupation première aujourdhui, J.-M. Aphatie !
Vous manquez de curiosité, E. Besson !
Probablement. Cest pour ça que je ne suis pas journaliste comme vous !
Cest bien dit ! Bonne journée à Ryad.
Source : Premier ministre, service dInformation du Gouvernement le 4 mars 2011