Texte intégral
A. Kara.- Bonjour à tous, bonjour E. Besson.
Bonjour A. Kara.
Alors, ça ne vous a pas échappé, D. Strauss-Kahn était hier soir sur notre antenne. Alors, comment vous avez trouvé le patron du FMI ?
Dabord, jai trouvé quil avait fait un grand pas vers la candidature. Jentends les commentaires ce matin, disant : « Il a maintenu le suspens. Il a exprimé un certain nombre de réserves », etc. Personnellement, ça nengage que moi, jai vu un acte de déclaration et une déclaration à la candidature, ça ma paru assez évident.
Pour vous, cest une évidence, vous qui connaissez bien le Parti socialiste, vous qui connaissez bien également D. Strauss-Kahn, cest une évidence, il sera candidat ?
Lorsque je lai écouté hier soir, ça ma paru une évidence, dautant quon avait bien compris avec le plan de communication, remarquable, convenons-en, qui avait été conçu, que tout avait été organisé pour que son passage ici, sur votre antenne, soit le point dorgue dun week-end très préparé. Lorsquon écoute bien ce quont été ses différents arguments, personnellement jen ai conclu quil serait candidat.
En tant que Directeur général du FMI, théoriquement, il a un devoir de réserve. Est-ce que vous avez trouvé quil respectait hier soir ce devoir de réserve, E. Besson ?
Respecté ou quil mordait un peu la ligne. Lorsquil dit : « Les gouvernements en Europe feraient mieux de faire leur travail, de faire ce pourquoi ils ont été élus plutôt que de se préoccuper des élections à venir », jai cru sentir dailleurs quil parlait en creux, un peu, de la France, jai trouvé quil mordait la ligne, mais cétait aussi parce que France 2 lui avait montré un extrait de C. Jacob, critiquant son passé, lidée quil ne représenterait peut-être pas bien la France ; donc on sentait quil était un peu mordant, là, oui.
Vous voulez dire quhier il a franchi la ligne jaune, il est rentré dans le débat politique intérieur français, vous lavez senti critiquant N. Sarkozy ?
Comme je veux être bienveillant, je trouve quil la frôlée ou quil la légèrement mordue, voyez, je laisse encore une place au doute.
Alors, E. Besson, est-ce que D. Strauss-Kahn fait peur à la droite ? Il nest pas encore candidat, même pas aux primaires du Parti socialiste et pourtant, depuis à peu près une dizaine de jours, on a un peu le sentiment quil y a des tirs croisés sur lui venant de toute part, en tout cas de la droite.
Ecoutez, les tirs croisés que je vois et que je constate depuis deux ans, personnellement, je considère quils sont à légard de N. Sarkozy. Il y a des propos hallucinants qui ont été tenus, y compris la première secrétaire du Parti socialiste qui sétait permis de comparer le chef de lÉtat à lescroc Madoff, et cest passé relativement inaperçu. Maintenant, je vais vous dire, moi, à titre personnel, si D. Strauss-Kahn revient, sil confirme ce que jai pressenti hier soir, cest-à-dire sa candidature à la présidentielle, personnellement je trouverai ça comme une... je pendrai ça comme une bonne nouvelle, pour le pays. On a besoin de candidats de qualité et lidée dun match Sarkozy - Strauss-Kahn, si vous me permettez, si les deux confirment, me paraîtrait une bonne nouvelle. Jaime bien le football, certains sur le plateau aussi, si jai bien compris, cest une espèce de Barça - Arsenal, si vous voulez, comme match, ce serait une très bonne nouvelle pour la France.
Mais, est-ce que toutes ces critiques, ça ne veut pas dire que quelque part, D. Strauss-Kahn fait peur aujourdhui à la droite ?
Moi, je ne le crois pas, la majorité a beaucoup datouts, y compris de ce que je ne vous ai pas dit dans le match, cest que, pour quil ny ait pas dambigüité, moi je suis persuadé que si ce match a lieu, on sait que ce nest pas le pronostic le plus établi aujourdhui. Personnellement je suis persuadé que si ce match a lieu, cest N. Sarkozy qui lemportera. Donc, voyez, je nai peur de rien, mais je dis simplement que ça serait quelque chose, un match de qualité. Alors, ce qui me confirme, moi, dans lidée quil est candidat, cest la façon dont il sest déclaré hier soir, très social, il a abondamment parlé de questions sociales, au point quune amie ma envoyé un SMS que jai trouvé amusant et finalement résumant bien, elle ma dit : « Au fond, je navais pas compris que le FMI cétait les Restos du coeur ».
Ça veut dire quoi ? Vous pensez, comme P. Lellouche, que D. Strauss-Kahn serait un excellent candidat de droite ?
Non, ça nest pas ce que je suggère, cest un réformiste, ce serait dans la tradition socialiste plutôt un rocardien, si je peux dire, et jai dailleurs moi-même appartenu à cette mouvance, pour que les choses soient claires, mais la gauche est très clivée de ce point de vue là, et de toute évidence, D. Strauss-Kahn a voulu dire hier soir : « Je suis resté très à gauche et je suis quelquun de profondément social », le message était explicite.
E. Besson, sur un tout autre sujet, la révolte populaire sintensifie au Proche et Moyen Orient, au Maghreb, aujourdhui au Maroc, votre pays natal, est-ce que vous pensez que la situation est dangereuse aujourdhui ?
Jai été impressionné par les images hier, dautant que vous connaissez la caractéristique particulière du Maroc, en général il ny a jamais de mise en cause du roi, parce que le roi cest à la fois le chef de lÉtat et le commandeur des croyants, et les Marocains sont très très attachés à ce statut. Jai été impressionné, je le dis sincèrement par la taille des manifestations, je nen tire pas de leçon particulière, mais globalement, le Maghreb, le monde arabo-musulman, quand on regarde la situation, on est partagé entre espoir, espoir que naissent et se développent de vraies démocraties et de vraies démocraties sociales, et en même temps, inquiétude sur le devenir dun certain nombre de révolutions dune part ou évènements dautre part.
Le nouvel ambassadeur, qui défraie la chronique en Tunisie, B. Boillon, cétait une erreur de casting ?
Non, cest quelquun de très grande qualité, il a commis une maladresse, nergotons pas, il a commis une maladresse, mais il a eu lintelligence de sen rendre compte tout de suite et daller à la télévision, exprimer ses excuses, et comme en plus il est parfaitement arabophone, de lexprimer en arabe, je pense que les Tunisiens y ont été sensibles.
Ce matin, à lÉlysée, il y a une réunion sur la filière nucléaire. Est-ce quon peut attendre des décisions ? Est-ce quA. Lauvergeon est en passe davoir un troisième mandat ou est-ce quelle est poussée vers la porte de sortie définitivement ?
Accessoirement, cest cet après midi, mais ça na pas grande importance. Je ne vous en parlerai pas, parce que ces réunions ne font pas lobjet de publicité avant. La seule chose que je puisse vous dire, cest quelle porte sur lorganisation de la filière nucléaire française, quon a appelée léquipe de France du nucléaire, elle doit sorganiser et cest ce que...
Autour dEDF ?
EDF joue un rôle important, cest le premier producteur délectricité nucléaire dans le monde, donc, comment pourrait-il ne pas jouer un rôle majeur dans la filière ? Mais il y a dautres acteurs très importants : Alstom, Areva au premier chef, GDF SUEZ qui est un grand producteur délectricité au niveau mondial et qui voudrait lêtre davantage en France dans le nucléaire. Donc, tout ça doit être organisé, nous devons en plus nous mettre en situation de répondre à de grands appels doffres internationaux, parce que le monde a décidé de se doter davantage de nucléaire civil.
Merci E. Besson...
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 3 mars 2011
Bonjour A. Kara.
Alors, ça ne vous a pas échappé, D. Strauss-Kahn était hier soir sur notre antenne. Alors, comment vous avez trouvé le patron du FMI ?
Dabord, jai trouvé quil avait fait un grand pas vers la candidature. Jentends les commentaires ce matin, disant : « Il a maintenu le suspens. Il a exprimé un certain nombre de réserves », etc. Personnellement, ça nengage que moi, jai vu un acte de déclaration et une déclaration à la candidature, ça ma paru assez évident.
Pour vous, cest une évidence, vous qui connaissez bien le Parti socialiste, vous qui connaissez bien également D. Strauss-Kahn, cest une évidence, il sera candidat ?
Lorsque je lai écouté hier soir, ça ma paru une évidence, dautant quon avait bien compris avec le plan de communication, remarquable, convenons-en, qui avait été conçu, que tout avait été organisé pour que son passage ici, sur votre antenne, soit le point dorgue dun week-end très préparé. Lorsquon écoute bien ce quont été ses différents arguments, personnellement jen ai conclu quil serait candidat.
En tant que Directeur général du FMI, théoriquement, il a un devoir de réserve. Est-ce que vous avez trouvé quil respectait hier soir ce devoir de réserve, E. Besson ?
Respecté ou quil mordait un peu la ligne. Lorsquil dit : « Les gouvernements en Europe feraient mieux de faire leur travail, de faire ce pourquoi ils ont été élus plutôt que de se préoccuper des élections à venir », jai cru sentir dailleurs quil parlait en creux, un peu, de la France, jai trouvé quil mordait la ligne, mais cétait aussi parce que France 2 lui avait montré un extrait de C. Jacob, critiquant son passé, lidée quil ne représenterait peut-être pas bien la France ; donc on sentait quil était un peu mordant, là, oui.
Vous voulez dire quhier il a franchi la ligne jaune, il est rentré dans le débat politique intérieur français, vous lavez senti critiquant N. Sarkozy ?
Comme je veux être bienveillant, je trouve quil la frôlée ou quil la légèrement mordue, voyez, je laisse encore une place au doute.
Alors, E. Besson, est-ce que D. Strauss-Kahn fait peur à la droite ? Il nest pas encore candidat, même pas aux primaires du Parti socialiste et pourtant, depuis à peu près une dizaine de jours, on a un peu le sentiment quil y a des tirs croisés sur lui venant de toute part, en tout cas de la droite.
Ecoutez, les tirs croisés que je vois et que je constate depuis deux ans, personnellement, je considère quils sont à légard de N. Sarkozy. Il y a des propos hallucinants qui ont été tenus, y compris la première secrétaire du Parti socialiste qui sétait permis de comparer le chef de lÉtat à lescroc Madoff, et cest passé relativement inaperçu. Maintenant, je vais vous dire, moi, à titre personnel, si D. Strauss-Kahn revient, sil confirme ce que jai pressenti hier soir, cest-à-dire sa candidature à la présidentielle, personnellement je trouverai ça comme une... je pendrai ça comme une bonne nouvelle, pour le pays. On a besoin de candidats de qualité et lidée dun match Sarkozy - Strauss-Kahn, si vous me permettez, si les deux confirment, me paraîtrait une bonne nouvelle. Jaime bien le football, certains sur le plateau aussi, si jai bien compris, cest une espèce de Barça - Arsenal, si vous voulez, comme match, ce serait une très bonne nouvelle pour la France.
Mais, est-ce que toutes ces critiques, ça ne veut pas dire que quelque part, D. Strauss-Kahn fait peur aujourdhui à la droite ?
Moi, je ne le crois pas, la majorité a beaucoup datouts, y compris de ce que je ne vous ai pas dit dans le match, cest que, pour quil ny ait pas dambigüité, moi je suis persuadé que si ce match a lieu, on sait que ce nest pas le pronostic le plus établi aujourdhui. Personnellement je suis persuadé que si ce match a lieu, cest N. Sarkozy qui lemportera. Donc, voyez, je nai peur de rien, mais je dis simplement que ça serait quelque chose, un match de qualité. Alors, ce qui me confirme, moi, dans lidée quil est candidat, cest la façon dont il sest déclaré hier soir, très social, il a abondamment parlé de questions sociales, au point quune amie ma envoyé un SMS que jai trouvé amusant et finalement résumant bien, elle ma dit : « Au fond, je navais pas compris que le FMI cétait les Restos du coeur ».
Ça veut dire quoi ? Vous pensez, comme P. Lellouche, que D. Strauss-Kahn serait un excellent candidat de droite ?
Non, ça nest pas ce que je suggère, cest un réformiste, ce serait dans la tradition socialiste plutôt un rocardien, si je peux dire, et jai dailleurs moi-même appartenu à cette mouvance, pour que les choses soient claires, mais la gauche est très clivée de ce point de vue là, et de toute évidence, D. Strauss-Kahn a voulu dire hier soir : « Je suis resté très à gauche et je suis quelquun de profondément social », le message était explicite.
E. Besson, sur un tout autre sujet, la révolte populaire sintensifie au Proche et Moyen Orient, au Maghreb, aujourdhui au Maroc, votre pays natal, est-ce que vous pensez que la situation est dangereuse aujourdhui ?
Jai été impressionné par les images hier, dautant que vous connaissez la caractéristique particulière du Maroc, en général il ny a jamais de mise en cause du roi, parce que le roi cest à la fois le chef de lÉtat et le commandeur des croyants, et les Marocains sont très très attachés à ce statut. Jai été impressionné, je le dis sincèrement par la taille des manifestations, je nen tire pas de leçon particulière, mais globalement, le Maghreb, le monde arabo-musulman, quand on regarde la situation, on est partagé entre espoir, espoir que naissent et se développent de vraies démocraties et de vraies démocraties sociales, et en même temps, inquiétude sur le devenir dun certain nombre de révolutions dune part ou évènements dautre part.
Le nouvel ambassadeur, qui défraie la chronique en Tunisie, B. Boillon, cétait une erreur de casting ?
Non, cest quelquun de très grande qualité, il a commis une maladresse, nergotons pas, il a commis une maladresse, mais il a eu lintelligence de sen rendre compte tout de suite et daller à la télévision, exprimer ses excuses, et comme en plus il est parfaitement arabophone, de lexprimer en arabe, je pense que les Tunisiens y ont été sensibles.
Ce matin, à lÉlysée, il y a une réunion sur la filière nucléaire. Est-ce quon peut attendre des décisions ? Est-ce quA. Lauvergeon est en passe davoir un troisième mandat ou est-ce quelle est poussée vers la porte de sortie définitivement ?
Accessoirement, cest cet après midi, mais ça na pas grande importance. Je ne vous en parlerai pas, parce que ces réunions ne font pas lobjet de publicité avant. La seule chose que je puisse vous dire, cest quelle porte sur lorganisation de la filière nucléaire française, quon a appelée léquipe de France du nucléaire, elle doit sorganiser et cest ce que...
Autour dEDF ?
EDF joue un rôle important, cest le premier producteur délectricité nucléaire dans le monde, donc, comment pourrait-il ne pas jouer un rôle majeur dans la filière ? Mais il y a dautres acteurs très importants : Alstom, Areva au premier chef, GDF SUEZ qui est un grand producteur délectricité au niveau mondial et qui voudrait lêtre davantage en France dans le nucléaire. Donc, tout ça doit être organisé, nous devons en plus nous mettre en situation de répondre à de grands appels doffres internationaux, parce que le monde a décidé de se doter davantage de nucléaire civil.
Merci E. Besson...
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 3 mars 2011