Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Bien quil sagisse dune activité stratégique, peu de nations maîtrisent, comme la France, lensemble des techniques nécessaires à la réalisation des opérations spatiales. Cette position de leader européen fait que notre pays est particulièrement bien placé pour profiter du développement du secteur spatial dont les applications scientifiques et industrielles au bénéfice de nos concitoyens se multiplient. Cest ce que jai eu loccasion de rappeler ce matin lors dune communication en Conseil des ministres.
Les grands principes de notre stratégie spatiale ont été énoncés par le Président de la République, Nicolas Sarkozy, à Kourou le 11 février 2008 et rappelés lors de sa visite à Vernon le 14 décembre dernier.
Le succès de la filière spatiale française, cest dabord celui de ses lanceurs, et donc dArianespace.
La situation que nous avions trouvée en 2007 nétait pas florissante. Aujourdhui, Arianespace est sauvée grâce à la recapitalisation réalisée à la fin de lannée dernière, à la maîtrise de nos coûts de lancement, et au soutien que le Conseil de lESA a renouvelé la semaine dernière pour équilibrer durablement son exploitation.
Ce succès de la filière française, il est devenu un succès pour lEurope toute entière, à travers deux programmes phares : Galileo pour la radionavigation et GMES pour lenvironnement et la sécurité. Mais cest aussi la mise en oeuvre de la nouvelle compétence prévue par le traité de Lisbonne. En effet, dès sa Présidence en 2008, la France na eu de cesse de rappeler à ses partenaires européens limportance dune gouvernance politique de lEurope spatiale. Cette nouvelle stratégie européenne, elle a aussi un visage, avec notre base de Kourou qui est désormais le port spatial de lEurope, et qui proposera dici la fin de lannée toute la gamme des lanceurs, quils soient italiens ou russes.
Au-delà de lEurope, cest avec lensemble de nos partenaires quil faut également collaborer, les Etats-Unis mais aussi la Chine et lInde Ainsi, avec les Américains, nous souhaitons lancer un nouveau programme mondial dexploration spatiale lors de la conférence internationale qui se tiendra à lautomne 2011 en Italie.
La bonne santé de la filière spatiale française tient aussi aux moyens sans précédents apportés par lEtat depuis 2007.
Nous avons déjà augmenté de 150M le budget du CNES, dEumetsat et notre contribution à lESA, depuis 2007. Aujourdhui, nous consacrons 500 M au secteur spatial grâce au programme dinvestissements davenir, car, cher René RICOL, nous avons la conviction quinvestir dans le spatial, cest investir pour lavenir !
* Le programme lanceur
La moitié de ce budget supplémentaire permettra de préparer le successeur dAriane 5. En effet, au-delà des développements à mi-vie dAriane 5, absolument nécessaires pour améliorer encore les performances de notre lanceur, il est déjà impératif de se projeter vers un futur plus lointain où nos besoins auront évolué en matière de programmes spatiaux. Compte tenu de limportance que nous conférons à Ariane, le Président de la République avait lui-même débloqué une première tranche de 82,5M pour effectuer les premières études de configuration du futur lanceur lors de son déplacement à Vernon en décembre dernier. Je suis heureuse de voir, quen ce moment même, une centaine dingénieurs, scientifiques et techniciens travaillent déjà chez Safran sur les premières études en propulsion solide et liquide requises pour ce projet majeur piloté par le CNES. De même, je sais que les équipes dAstrium sont dès à présent fortement mobilisées sur ce futur lanceur en parallèle du programme Ariane 5-ME.
* Les 3 programmes satellitaires innovants
Lautre moitié des 500M est consacrée à 3 projets satellitaires innovants. Nous avons fait le choix de procéder à un appel à candidatures et nous avons recueilli 6 projets. Bénéficiant de lexpertise du CNES et de son conseil scientifique, et des autres ministères, en particulier de la DGA, nous avons ainsi sélectionné les 3 projets qui vous seront présentés ce matin. Cependant, je dois dabord souligner la qualité de lensemble des projets présentés, cest pourquoi, mon ministère et le Commissariat général à linvestissement, avec lappui du CNES, regarderont comment lensemble de ces 6 projets pourront être soutenus, notamment sur leurs parties les plus innovantes.
Les 3 programmes satellitaires retenus permettront de renforcer la compétitivité de notre offre satellitaire institutionnelle et commerciale avec de nouvelles plateformes, de développer nos connaissances scientifiques et de nouvelles applications notamment en matière environnementale, et de renforcer nos collaborations internationales.
Ainsi, le satellite SWOT est un programme scientifique majeur du CNES en collaboration avec la NASA. Il permettra de mesurer les hauteurs deaux des océans, mais aussi des grands fleuves, des lacs et des zones inondées grâce à une rupture technologique majeure dinterférométrie à large fauchée. Mais outre lindéniable apport scientifique de ce satellite, il sagit là dun programme majeur pour notre société car, nous le savons, la ressource en eau et sa gestion seront de plus en plus au coeur de nos préoccupations. Les données hydrologiques fournies par ce satellite seront aussi utiles à de nombreuses activités à forts enjeux économiques, telles la navigation fluviale, la pêche, ou encore lexploration pétrolière. Avec de tels bénéfices, il est naturel que nous investissions 170M aujourdhui.
Bénéficiant de 40M, le projet Myriade Evolutions permettra au CNES et à notre industrie de proposer une nouvelle génération de plateformes de microsatellites essentielles au déploiement de nos futures missions institutionnelles. Avec une telle plateforme générique, fiable, compacte et peu coûteuse, nous garantissons à nos scientifiques de pouvoir réaliser des missions ambitieuses dans les années à venir. La première mission qui bénéficiera de cette plateforme est tout à fait symbolique, car il sagit de MERLIN, la première mission satellitaire bilatérale franco-allemande. Il sagira dune première mondiale permettant de mesurer les flux de méthane dans latmosphère, qui est un puissant gaz à effet de serre.
Le projet Satellites du futur permettra de faire collaborer lensemble de la filière satellitaire française pour la réalisation dune nouvelle génération de plateformes de satellites de télécommunications. 42,5M sont attribués pour ce projet piloté par Astrium et Thales Alenia Space. Avec un gain de compétitivité attendu de lordre de 30%, ces satellites permettront de renforcer la part de marché de lindustrie française dans ce domaine. Avec toujours plus de nouvelles applications, les satellites de télécommunication contribuent à de nombreuses politiques publiques, que ce soit en matière de sécurité ou de réduction de la fracture numérique.
* Elaboration dun document de référence
Vous laurez compris, Mesdames et Messieurs, tous ces très beaux projets sont bien au coeur de notre politique spatiale et permettront daccélérer sa mise oeuvre au moment où de nombreuses opportunités soffrent à nous, notamment en matière de collaborations internationales.
Dans ce contexte, dautres pays, comme lAllemagne, lItalie ou le Japon, se sont dotés dun document de référence rappelant les grandes lignes de leur stratégie spatiale à moyen et long terme et en font un marqueur de leur engagement dans le domaine spatial.
Cest pourquoi, le Président de la République et le Premier ministre, mont confiée ce matin en Conseil des Ministres la rédaction dun tel document en associant les ministères concernés. Mon ministère vous consultera donc prochainement, chers acteurs publics et privés du secteur spatial français, en vue de préparer ce document, qui sera finalisé dici septembre prochain.
Je vous remercie.
Source http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr, le 24 mars 2011