Texte intégral
Mesdames et Messieurs les présidents,
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
1. Comme lindique lintitulé de ce colloque, nous sommes bien face à une « nouvelle équation énergétique » à résoudre.
Nous sortons dun contexte de crise financière et économique, qui avait desserré ponctuellement la contrainte des prix des hydrocarbures après les sommets atteints en 2007-2008, et qui nous avait donné la fausse impression dun retour à une énergie fossile abordable. Mais ces prix ont retrouvé en février 2011 des niveaux comparables à ceux de 2008. La marée noire du golfe du Mexique, les récentes tensions sur les marchés pétroliers et surtout le terrible séisme suivi du Tsunami au Japon nous ramènent pour leur part à la réalité du rapport de nos sociétés à lénergie.
2. Les crises obligent à agir dabord, mais aussi à repenser. Elles accélèrent les mutations. Or cest bien une mutation énergétique quil nous faudra opérer : consommer moins, consommer mieux, consommer de manière plus durable.
Il ny aura pas de réponse aux besoins en énergie de nos sociétés par la seule augmentation de la production, comme cela a pu être le cas par le passé. La réalité des systèmes énergétiques est aujourdhui plus complexe, avec des réseaux interconnectés, et une production décentralisée et intermittente. Lavenir est donc à la gestion intelligente de lénergie, depuis sa source et jusquà sa consommation finale, grâce à des réseaux communicants et intelligents.
3. La France a fait le choix historique dinvestir massivement dans lénergie électronucléaire, qui lui confère un prix de lélectricité en moyenne 40% moins élevé que dans le reste de lEurope.
Elle ne reviendra pas sur ce choix, qui saccompagne dun renforcement continu des exigences de sûreté comme la rappelé le Premier ministre.
Mais la France a également fait le choix, à travers le Grenelle de lenvironnement, de développer les nouvelles technologies de lénergie. Ces technologies concernent la production dénergies renouvelables, comme léolien off shore, mais également la gestion intelligente de la consommation énergétique des bâtiments, et le déploiement des véhicules électriques.
Chacune de ces nouvelles technologies présente un défi à relever.
Le premier de ces défis, cest celui de lintermittence des énergies renouvelables, qui occuperont une place croissante dans notre bouquet énergétique pour atteindre 23% en 2020. Cette intermittence peut fragiliser le système électrique si elle nest pas anticipée et pilotée par un réseau « intelligent ».
La gestion intelligente des usages de lénergie dans le bâtiment, ou dans les transports avec la problématique de la recharge des véhicules particuliers électriques, suppose quant à elle que de nouveaux dispositifs de comptage évolué soient mis en place. Lexpérimentation sur les compteurs communicants « Linky » vise notamment à relever ce défi. Elle sest dailleurs achevée le 31 mars dernier, et jai souhaité constituer un comité de suivi afin de me prononcer sur les suites à donner à cette expérimentation, en fonction des enseignements que nous en tirerons collectivement.
Le dernier défi, et non le moindre, cest celui de lintégration de ces technologies, qui saccompagnera par la création de nouvelles applications et de nouveaux services à lusager, en matière de domotique ou de transport intelligent par exemple.
4. La France peut relever ces défis et exporter son savoir- faire et les produits à haute valeur ajoutée liés à ces nouvelles technologies.
* Lensemble des conditions sont en effet réunies. Jen retiens principalement quatre :
* Tout dabord, une filière électrique performante, qui a su équiper le pays en capacités de production hydroélectriques et nucléaires ;
* En deuxième lieu, des opérateurs de réseaux reconnus mondialement pour leurs compétences : RTE, ERDF, France Télécom-Orange, Bouygues Télécom ;
* troisièmement, des équipementiers majeurs : Alstom, Schneider Electric, Legrand, Leroy-Somier, Alcatel Lucent ;
* Et enfin, une excellence française dans la micro-électronique et linformatique, qui constituent les nouvelles clés des « smart energy ».
Ces facteurs clés de succès dans les smart grids sont dailleurs reconnus et appréciés par dautres acteurs mondiaux présents en France, comme Siemens, General Electric, Emerson, IBM, Toyota et Cisco.
5. La France compte consolider ses atouts, à travers deux instruments majeurs du soutien de lEtat à linnovation industrielle.
Dune part, via le crédit impôt recherche, qui mobilise plus de 4 milliards deuros et incite fortement à localiser et développer les activités de recherche privée en France.
Dautre part, via les investissements davenir, dont trois principaux programmes seront mobilisés au service de la gestion « intelligente » de lénergie :
- le premier concerne les Instituts dExcellence en matière dEnergie Décarbonées, les IEED, pour lesquels 1 milliard deuros sera consacré. Lappel à projet correspondant a été clôturé le 18 février dernier, et le jury international est actuellement mobilisé sur linstruction des dossiers reçus.
- le deuxième programme « développement de léconomie numérique » dispose quant à lui dun volet spécifiquement dédié aux smart grids, doté dune enveloppe de 250 millions deuros. Un appel à manifestation dintérêt sur les réseaux électriques intelligents sera publié à ce titre dans les tout prochains mois.
- Enfin, le programme « véhicule du futur » et son volet infrastructures de recharge du véhicule électrique a donné lieu à un appel à manifestation dintérêt pour lexpérimentation dinfrastructures de recharge. Cet appel a été publié le 16 février dernier, et jinvite les industriels à former les consortiums pour déposer leurs propositions avant le 14 juin prochain.
6. Les nouvelles technologies de lénergie sont un formidable levier de croissance industrielle durable, dont la France souhaite se saisir en inventant de nouvelles formes de partenariat.
Les industries françaises de lénergie et des Technologies de lInformation de la Communication se sont développées sur un marché national, créé par lEtat, parfois avec laide dorganismes publics comme par exemple le Commissariat à lEnergie Atomique (CEA).
Ce modèle a connu une réussite exceptionnelle mais il doit aujourdhui évoluer vers un nouveau mode de développement et de partenariat, qui devra respecter trois conditions.
La première des conditions, cest de conserver une base industrielle en France. Il ne sagit plus de tout produire en France pour le seul marché français, mais de maintenir, développer ou créer une base industrielle forte, à forte valeur ajoutée, en France pour servir le marché mondial et exporter.
Le maintien des centres de Recherche et Développement (R&D) en France est une deuxième condition.
Il ny a pas dindustrie durable sans ressourcement par la R&D, mais il ny a pas non plus de R&D vivante sans un débouché industriel avec ses exigences propres et sa confrontation aux réalités économiques.
La dernière des conditions, cest de créer en France un environnement favorable à lexpérimentation dans le domaine des réseaux énergétiques intelligents.
Les investissements davenir offrent cette opportunité unique, et je compte sur les industriels présents sur notre territoire pour exprimer toute leur audace et leur ingéniosité, et faire de la France un laboratoire de pointe des smart energy.
Je vous remercie.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 31 mars 2011
Mesdames et Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs,
1. Comme lindique lintitulé de ce colloque, nous sommes bien face à une « nouvelle équation énergétique » à résoudre.
Nous sortons dun contexte de crise financière et économique, qui avait desserré ponctuellement la contrainte des prix des hydrocarbures après les sommets atteints en 2007-2008, et qui nous avait donné la fausse impression dun retour à une énergie fossile abordable. Mais ces prix ont retrouvé en février 2011 des niveaux comparables à ceux de 2008. La marée noire du golfe du Mexique, les récentes tensions sur les marchés pétroliers et surtout le terrible séisme suivi du Tsunami au Japon nous ramènent pour leur part à la réalité du rapport de nos sociétés à lénergie.
2. Les crises obligent à agir dabord, mais aussi à repenser. Elles accélèrent les mutations. Or cest bien une mutation énergétique quil nous faudra opérer : consommer moins, consommer mieux, consommer de manière plus durable.
Il ny aura pas de réponse aux besoins en énergie de nos sociétés par la seule augmentation de la production, comme cela a pu être le cas par le passé. La réalité des systèmes énergétiques est aujourdhui plus complexe, avec des réseaux interconnectés, et une production décentralisée et intermittente. Lavenir est donc à la gestion intelligente de lénergie, depuis sa source et jusquà sa consommation finale, grâce à des réseaux communicants et intelligents.
3. La France a fait le choix historique dinvestir massivement dans lénergie électronucléaire, qui lui confère un prix de lélectricité en moyenne 40% moins élevé que dans le reste de lEurope.
Elle ne reviendra pas sur ce choix, qui saccompagne dun renforcement continu des exigences de sûreté comme la rappelé le Premier ministre.
Mais la France a également fait le choix, à travers le Grenelle de lenvironnement, de développer les nouvelles technologies de lénergie. Ces technologies concernent la production dénergies renouvelables, comme léolien off shore, mais également la gestion intelligente de la consommation énergétique des bâtiments, et le déploiement des véhicules électriques.
Chacune de ces nouvelles technologies présente un défi à relever.
Le premier de ces défis, cest celui de lintermittence des énergies renouvelables, qui occuperont une place croissante dans notre bouquet énergétique pour atteindre 23% en 2020. Cette intermittence peut fragiliser le système électrique si elle nest pas anticipée et pilotée par un réseau « intelligent ».
La gestion intelligente des usages de lénergie dans le bâtiment, ou dans les transports avec la problématique de la recharge des véhicules particuliers électriques, suppose quant à elle que de nouveaux dispositifs de comptage évolué soient mis en place. Lexpérimentation sur les compteurs communicants « Linky » vise notamment à relever ce défi. Elle sest dailleurs achevée le 31 mars dernier, et jai souhaité constituer un comité de suivi afin de me prononcer sur les suites à donner à cette expérimentation, en fonction des enseignements que nous en tirerons collectivement.
Le dernier défi, et non le moindre, cest celui de lintégration de ces technologies, qui saccompagnera par la création de nouvelles applications et de nouveaux services à lusager, en matière de domotique ou de transport intelligent par exemple.
4. La France peut relever ces défis et exporter son savoir- faire et les produits à haute valeur ajoutée liés à ces nouvelles technologies.
* Lensemble des conditions sont en effet réunies. Jen retiens principalement quatre :
* Tout dabord, une filière électrique performante, qui a su équiper le pays en capacités de production hydroélectriques et nucléaires ;
* En deuxième lieu, des opérateurs de réseaux reconnus mondialement pour leurs compétences : RTE, ERDF, France Télécom-Orange, Bouygues Télécom ;
* troisièmement, des équipementiers majeurs : Alstom, Schneider Electric, Legrand, Leroy-Somier, Alcatel Lucent ;
* Et enfin, une excellence française dans la micro-électronique et linformatique, qui constituent les nouvelles clés des « smart energy ».
Ces facteurs clés de succès dans les smart grids sont dailleurs reconnus et appréciés par dautres acteurs mondiaux présents en France, comme Siemens, General Electric, Emerson, IBM, Toyota et Cisco.
5. La France compte consolider ses atouts, à travers deux instruments majeurs du soutien de lEtat à linnovation industrielle.
Dune part, via le crédit impôt recherche, qui mobilise plus de 4 milliards deuros et incite fortement à localiser et développer les activités de recherche privée en France.
Dautre part, via les investissements davenir, dont trois principaux programmes seront mobilisés au service de la gestion « intelligente » de lénergie :
- le premier concerne les Instituts dExcellence en matière dEnergie Décarbonées, les IEED, pour lesquels 1 milliard deuros sera consacré. Lappel à projet correspondant a été clôturé le 18 février dernier, et le jury international est actuellement mobilisé sur linstruction des dossiers reçus.
- le deuxième programme « développement de léconomie numérique » dispose quant à lui dun volet spécifiquement dédié aux smart grids, doté dune enveloppe de 250 millions deuros. Un appel à manifestation dintérêt sur les réseaux électriques intelligents sera publié à ce titre dans les tout prochains mois.
- Enfin, le programme « véhicule du futur » et son volet infrastructures de recharge du véhicule électrique a donné lieu à un appel à manifestation dintérêt pour lexpérimentation dinfrastructures de recharge. Cet appel a été publié le 16 février dernier, et jinvite les industriels à former les consortiums pour déposer leurs propositions avant le 14 juin prochain.
6. Les nouvelles technologies de lénergie sont un formidable levier de croissance industrielle durable, dont la France souhaite se saisir en inventant de nouvelles formes de partenariat.
Les industries françaises de lénergie et des Technologies de lInformation de la Communication se sont développées sur un marché national, créé par lEtat, parfois avec laide dorganismes publics comme par exemple le Commissariat à lEnergie Atomique (CEA).
Ce modèle a connu une réussite exceptionnelle mais il doit aujourdhui évoluer vers un nouveau mode de développement et de partenariat, qui devra respecter trois conditions.
La première des conditions, cest de conserver une base industrielle en France. Il ne sagit plus de tout produire en France pour le seul marché français, mais de maintenir, développer ou créer une base industrielle forte, à forte valeur ajoutée, en France pour servir le marché mondial et exporter.
Le maintien des centres de Recherche et Développement (R&D) en France est une deuxième condition.
Il ny a pas dindustrie durable sans ressourcement par la R&D, mais il ny a pas non plus de R&D vivante sans un débouché industriel avec ses exigences propres et sa confrontation aux réalités économiques.
La dernière des conditions, cest de créer en France un environnement favorable à lexpérimentation dans le domaine des réseaux énergétiques intelligents.
Les investissements davenir offrent cette opportunité unique, et je compte sur les industriels présents sur notre territoire pour exprimer toute leur audace et leur ingéniosité, et faire de la France un laboratoire de pointe des smart energy.
Je vous remercie.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 31 mars 2011