Texte intégral
Si nous les regardons maintenant, nous pouvons au moins en tirer une leçon des événements de Bosnie qui est que la détermination et la volonté politique commune et persistante de la communauté internationale a pu, à force de temps, faire reculer la guerre et rétablir, certes laborieusement, certes de façon précaire, la possibilité de vivre ensemble pour des communautés différentes.
Il faut nous en souvenir maintenant.
Je voudrais rappeler que les frappes aériennes en cours ne prennent leur sens quen se rappelant leurs conceptions et la décision de leur mise en oeuvre. Leurs conceptions remontent à lautomne dernier, lorsque les Etats membres de lAlliance ont décidé ensemble, chaque gouvernement, chaque chef dEtat responsable, dexercer sur M. Milosevic une pression crédible, fondée sur la résolution 1199 du Conseil de sécurité qui demandait la fin des violences du Kosovo et la reprise de négociations équitables.
Il sagissait alors de faire venir le président yougoslave à la table de négociation, chacun prenant sa part de responsabilités, le Groupe de contact, lOrganisation des Nations unies, lUnion européenne pour offrir un cadre politique, lAlliance pour exercer la nécessaire menace. Toutes les tentatives employant tous les canaux possibles ont échoué depuis lors, toutes. Le processus de Rambouillet a été une ultime et courageuse tentative qui est à lhonneur de notre pays, des Européens et dautres grands partenaires. Il a donc fallu venir à la mise en oeuvre des frappes, mercredi dernier, pour deux raisons principales, parce que la partie serbe a opposé jusquau bout à toutes les tentatives de solutions pacifiques une attitude de refus butté et de préparation cynique de la violence et parce que M. Milosevic avait, à ce moment-là, pris toutes les dispositions nécessaires à lengagement de la brutale répression quil développe actuellement.
Cest pour cela que nous avons agi. Le résultat de cette action, après six jours de frappes est que la phase 1 de la planification approuvée par tous les Etats membres de lAlliance est largement mise en oeuvre. Les capacités de défense aérienne serbes sont profondément entamées, plus de 50 % de son potentiel, tant de défense aérienne que de combats aériens étaient hors dusage ce matin. Le processus certes est long, parce que nous prenons toutes les précautions indispensables pour préserver la population civile. Les Etats ont néanmoins décidé daccentuer la pression sur les autorités serbes en mettant en oeuvre la deuxième phase qui traite une gamme plus vaste dobjectifs militaires : cest en effet en exerçant une véritable pression sur les instruments militaires dont le régime serbe a un besoin vital que nous obtiendrons des résultats politiques.
Cest ce que nous faisons actuellement : frapper les forces elles-mêmes, en prenant le risque important de le faire dans un contexte qui nest pas sécurisé pour nos pilotes que jirai rencontrer demain, pour leur apporter le message de votre soutien.
Nous savons que nous narrêterons pas aussi vite que nous le souhaitons les actions de répression qui se déroulent actuellement. Mais je vous le demande, la répression à Pristina est-elle plus facile ou plus difficile après la destruction hier du quartier général de la police serbe dans cette ville ?
Nous ne perdons pas de vue le fait que notre objectif est politique, comme nous le redisons depuis le début. Il ny a pas de but militaire en soi, toute perspective permettant de ramener lautorité serbe sur le terrain politique et diplomatique doit être examinée. Nous suivons à ce titre, avec le plus grand intérêt la démarche russe actuellement en cours.
Mais, ceux qui comptent sur lirrésolution de nos démocraties à trouver une solution non conforme à nos valeurs se trompent, il est de notre devoir de le leur rappeler.
M. Legendre (RPR) :
Ma question sadresse au ministre de la Défense. Au nom du groupe R.P.R., je réaffirme notre soutien et notre solidarité à légard de nos soldats engagés au Kosovo. Quils soient assurés de notre reconnaissance et de notre admiration, car ils exercent leur mission au nom de la France pour le respect des droits de lhomme !
Au bout dune semaine, peut-on évaluer limpact et lefficacité de laction des forces de lOTAN pour réduire le potentiel de larmée serbe au Kosovo ?
Comment la France entend-elle donner suite à son engagement sil doit, comme il le semble, sinscrire dans la durée ?
Pouvez-vous, monsieur le Ministre, répondre à ces questions que se posent les Français sur le déroulement des opérations au Kosovo ?
M. Richard, ministre de la Défense :
Je tiens à vous dire - comme je lai dit aux parlementaires qui maccompagnaient hier auprès de nos forces - limportance qui sattache aux manifestations de soutien et de responsabilité des pouvoirs publics français à légard des militaires engagés dans cette action cohérente, dont lobjectif est daffaiblir et de limiter la capacité du potentiel militaire et répressif de lautorité yougoslave.
Les moyens aériens employés par les Alliés ont permis de répondre rapidement dès que nous avons eu la certitude que lépuration ethnique et léviction des populations albanophone du Kosovo étaient engagées par les forces serbes. Cest le constant refus par les autorités yougoslaves des compromis diplomatiques qui lui ont été maintes fois proposés qui nous a conduit à engager cette action militaire. Les massacres avaient commencé bien avant. Jours après jours, Milosevic et ses chefs militaires constatent, à chaque briefing, quune partie de leur potentiel militaire est éliminée.
Il faut garder le sens du temps, de la détermination, parce que cette autorité est assise très largement sur la force. En revanche, les frappes nont ralenti que faiblement laction de la police et des milices. Les actions déviction des habitants du Kosovo ne peuvent être arrêtées par ces frappes. Mais aucune autre proposition na été faite pour les ralentir.
Ce sont les Gouvernements de lAlliance et non des technocrates militaires qui ont choisi les cibles, avec le souci constant de préserver les populations.
Chaque jour et chaque nuit, cette action devra se poursuivre pour amener lautorité yougoslave à constater que la voie de la violence et de la répression est une impasse.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 1999)
Il faut nous en souvenir maintenant.
Je voudrais rappeler que les frappes aériennes en cours ne prennent leur sens quen se rappelant leurs conceptions et la décision de leur mise en oeuvre. Leurs conceptions remontent à lautomne dernier, lorsque les Etats membres de lAlliance ont décidé ensemble, chaque gouvernement, chaque chef dEtat responsable, dexercer sur M. Milosevic une pression crédible, fondée sur la résolution 1199 du Conseil de sécurité qui demandait la fin des violences du Kosovo et la reprise de négociations équitables.
Il sagissait alors de faire venir le président yougoslave à la table de négociation, chacun prenant sa part de responsabilités, le Groupe de contact, lOrganisation des Nations unies, lUnion européenne pour offrir un cadre politique, lAlliance pour exercer la nécessaire menace. Toutes les tentatives employant tous les canaux possibles ont échoué depuis lors, toutes. Le processus de Rambouillet a été une ultime et courageuse tentative qui est à lhonneur de notre pays, des Européens et dautres grands partenaires. Il a donc fallu venir à la mise en oeuvre des frappes, mercredi dernier, pour deux raisons principales, parce que la partie serbe a opposé jusquau bout à toutes les tentatives de solutions pacifiques une attitude de refus butté et de préparation cynique de la violence et parce que M. Milosevic avait, à ce moment-là, pris toutes les dispositions nécessaires à lengagement de la brutale répression quil développe actuellement.
Cest pour cela que nous avons agi. Le résultat de cette action, après six jours de frappes est que la phase 1 de la planification approuvée par tous les Etats membres de lAlliance est largement mise en oeuvre. Les capacités de défense aérienne serbes sont profondément entamées, plus de 50 % de son potentiel, tant de défense aérienne que de combats aériens étaient hors dusage ce matin. Le processus certes est long, parce que nous prenons toutes les précautions indispensables pour préserver la population civile. Les Etats ont néanmoins décidé daccentuer la pression sur les autorités serbes en mettant en oeuvre la deuxième phase qui traite une gamme plus vaste dobjectifs militaires : cest en effet en exerçant une véritable pression sur les instruments militaires dont le régime serbe a un besoin vital que nous obtiendrons des résultats politiques.
Cest ce que nous faisons actuellement : frapper les forces elles-mêmes, en prenant le risque important de le faire dans un contexte qui nest pas sécurisé pour nos pilotes que jirai rencontrer demain, pour leur apporter le message de votre soutien.
Nous savons que nous narrêterons pas aussi vite que nous le souhaitons les actions de répression qui se déroulent actuellement. Mais je vous le demande, la répression à Pristina est-elle plus facile ou plus difficile après la destruction hier du quartier général de la police serbe dans cette ville ?
Nous ne perdons pas de vue le fait que notre objectif est politique, comme nous le redisons depuis le début. Il ny a pas de but militaire en soi, toute perspective permettant de ramener lautorité serbe sur le terrain politique et diplomatique doit être examinée. Nous suivons à ce titre, avec le plus grand intérêt la démarche russe actuellement en cours.
Mais, ceux qui comptent sur lirrésolution de nos démocraties à trouver une solution non conforme à nos valeurs se trompent, il est de notre devoir de le leur rappeler.
M. Legendre (RPR) :
Ma question sadresse au ministre de la Défense. Au nom du groupe R.P.R., je réaffirme notre soutien et notre solidarité à légard de nos soldats engagés au Kosovo. Quils soient assurés de notre reconnaissance et de notre admiration, car ils exercent leur mission au nom de la France pour le respect des droits de lhomme !
Au bout dune semaine, peut-on évaluer limpact et lefficacité de laction des forces de lOTAN pour réduire le potentiel de larmée serbe au Kosovo ?
Comment la France entend-elle donner suite à son engagement sil doit, comme il le semble, sinscrire dans la durée ?
Pouvez-vous, monsieur le Ministre, répondre à ces questions que se posent les Français sur le déroulement des opérations au Kosovo ?
M. Richard, ministre de la Défense :
Je tiens à vous dire - comme je lai dit aux parlementaires qui maccompagnaient hier auprès de nos forces - limportance qui sattache aux manifestations de soutien et de responsabilité des pouvoirs publics français à légard des militaires engagés dans cette action cohérente, dont lobjectif est daffaiblir et de limiter la capacité du potentiel militaire et répressif de lautorité yougoslave.
Les moyens aériens employés par les Alliés ont permis de répondre rapidement dès que nous avons eu la certitude que lépuration ethnique et léviction des populations albanophone du Kosovo étaient engagées par les forces serbes. Cest le constant refus par les autorités yougoslaves des compromis diplomatiques qui lui ont été maintes fois proposés qui nous a conduit à engager cette action militaire. Les massacres avaient commencé bien avant. Jours après jours, Milosevic et ses chefs militaires constatent, à chaque briefing, quune partie de leur potentiel militaire est éliminée.
Il faut garder le sens du temps, de la détermination, parce que cette autorité est assise très largement sur la force. En revanche, les frappes nont ralenti que faiblement laction de la police et des milices. Les actions déviction des habitants du Kosovo ne peuvent être arrêtées par ces frappes. Mais aucune autre proposition na été faite pour les ralentir.
Ce sont les Gouvernements de lAlliance et non des technocrates militaires qui ont choisi les cibles, avec le souci constant de préserver les populations.
Chaque jour et chaque nuit, cette action devra se poursuivre pour amener lautorité yougoslave à constater que la voie de la violence et de la répression est une impasse.
(Source http ://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 avril 1999)