Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur la politique économique et sociale, au Sénat le 7 avril 2011.

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Circonstance : Question posée par M. Jean-Pierre Bel, sénateur (PS) de l'Ariège, lors de la séance des questions d'actualité, au Sénat le 7 avril 2011

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
La meilleure façon de lutter contre les extrémistes, qu'ils soient de droite ou de gauche, qui n'ont d'ailleurs jamais apporté que du malheur et des souffrances à notre pays dans notre Histoire, c'est d'avoir un débat politique qui soit un débat politique serein et qui soit un débat politique qui s'appuie sur les réalités.
Nous avons connu une crise économique et sociale extrêmement grave. Dans le cadre de cette crise nous devons nous honorer d'avoir mis en œuvre une politique économique et sociale qui a permis de faire deux fois mieux que les autres pays européens.
Ensuite, nous avons eu en 2010 une reprise franche de l'activité économique en France avec une croissance de 1,5% avec 110.000 créations d'emplois là où, dans le budget que vous aviez voté, nous n'en avions prévu que 80.000. Avec une réussite en matière de lutte contre les déficits qui nous a amenés alors que la prévision dans le cadre du budget 2010 était de 8%, à un déficit constaté en 2010 de 7%. Et nous avons maintenant des perspectives pour une croissance à 2% en 2011 qui se confirment de jour en jour.
Elles se confirment à travers les premiers chiffres de l'emploi pour le début de l'année 2011. Elles se confirment à travers les investissements des entreprises qui ont repris de manière forte. Elles se confirment aussi avec la consommation, qui après avoir fléchi un moment en 2010, se tient solidement au début de cette année. Et donc aujourd'hui toute l'énergie du Gouvernement doit être concentrée sur le soutien à la reprise économique.
Le soutien à la reprise économique c'est d'abord la défense de la compétitivité de l'économie française. C'est pour cela que nous avons supprimé la taxe professionnelle, que dans le programme du Parti socialiste que vous évoquiez tout à l'heure, vous voulez rétablir.
Ce qui naturellement n'est pas la meilleure façon d'envoyer un signal positif à l'économie française. Nous devons continuer les efforts qui ont été entrepris en matière de soutien à la recherche et à l'innovation. Avec le crédit impôt recherche, avec la politique que nous menons en matière de soutien à la recherche publique et aux universités, avec les investissements d'avenir nous serons en 2011 le pays européen qui aura le plus investi dans la recherche et le développement.
J'ai eu l'occasion il y a quelques jours de remettre les premiers crédits pour les laboratoires d'excellence à une centaine d'équipes de chercheurs français, qui me confirment tous qu'aujourd'hui, en Europe on a les yeux tournés sur la politique que nous conduisons, de soutien à la recherche et à l'innovation.
Enfin, dans ce contexte, il est important que nous accélérions sur la question de l'emploi des jeunes et là où votre projet propose de créer 300 000 emplois jeunes dans le secteur public, nous voulons avec Xavier Bertrand créer 800 000 emplois de jeunes en alternance et pour le faire nous avons décidé qu'il n'y aurait aucune charge pendant un an pour toutes les entreprises qui choisiraient de prendre des jeunes en alternance.
Enfin je voudrais évoquer un dernier point qui est le climat social. Vous avez et c'est normal, c'est votre rôle, conduit avec beaucoup de vigueur la bataille contre la réforme des retraites il y a quelques mois. Et d'ailleurs j'ai compris que dans votre programme vous annonciez – même si c'est assez discret – le retour à la retraite à 60 ans.
Il ne vous a sans doute pas échappé qu'il y a quelques jours seulement les partenaires sociaux ont signé un accord pour la réforme de l'Agirc Arrci qui entérine les 62 ans et les 67 ans. Cet accord a été signé par trois syndicats sur cinq, dont la CFDT. Voilà la réalité.
Le corps social, les partenaires sociaux ont aujourd'hui admis que la réforme des retraites qui a été votée par ce Parlement est inévitable, inéluctable et qu'elle doit être mise en œuvre. Mieux, les mêmes partenaires sociaux cette fois-ci avec quatre syndicats sur cinq ont voté l'accord sur l'Unedic et la négociation qui est engagée sur l'emploi des jeunes est engagée de façon très positive. Voilà une différence avec le pays que vous décrivez tous les jours.
Le pays réel, lui, aujourd'hui, voit des organisations syndicales signer avec le patronat des accords structurants pour l'économie française.
Alors Mesdames et Messieurs les Sénateurs, bien entendu la situation reste difficile. Bien entendu nous sommes encore en face d'une fragilité très importante de certaines économies européennes. Nous voyons la situation du Portugal, nous voyons la situation de la Grèce ; nous voyons la situation de l'Irlande. Mais qu'est-ce que ces situations nous disent ? Elles nous disent qu'il faut être rigoureux s'agissant de la dépense publique. La situation dans laquelle se trouvent ces pays c'est le résultat d'une gestion qui n'a pas été suffisamment rigoureuse en matière de dépenses publiques.
Alors dans ce contexte, le programme du Parti socialiste qui a le mérite d'exister, qui va nous permettre désormais de discuter pas seulement en écoutant vos critiques mais en vous disant aussi ce que nous pensons de vos propositions, ce programme est un programme qui est sidérant.
C'est un programme qui nous ramène en 1997.
Or Mesdames et Messieurs les Sénateurs, depuis 1997 que s'est-il passé ?
Il y a eu une crise économique et financière majeure. Il y a eu une attaque massive sur l'euro. Nous avons assisté à l'émergence de la Chine comme deuxième puissance économique mondiale. Et vous nous proposez de revenir aux solutions d'avant 97.
Mesdames et Messieurs les Sénateurs socialistes : réveillez-vous.Source http://www.gouvernement.fr, le 8 avril 2011