Texte intégral
Mon cher Pierre,
Trois mots pour conclure cette après-midi industriel à Vitré à laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir et naturellement, tout ce que j'ai entendu et tout ce que Xavier a entendu avec moi, nous le gardons dans notre esprit et nous aurons à cur de répondre à toutes les questions que vous avez posées. Bien entendu, les engagements qui ont été pris, seront tenus. Je vais juste être un peu taquin mais pardon, je sais qu'on est dans une région périphérique ce qui est bizarre, quand on regarde la carte de France, c'est qu'on s'aperçoit que les régions périphériques ont un taux de croissance plus élevé que les régions centrales. Juste comme ça en passant, l'argument de la périphéricité est important mais moi je constate qu'aujourd'hui, c'est l'ouest français qui a les taux de croissance les plus élevés et c'est l'Est qui est en situation difficile, ceci pour relativiser peut-être la périphéricité. Mais les engagements qui ont été pris et notamment ceux qui ont été pris sous l'égide de Matignon, seront bien entendu complètement tenus.
Un mot sur la question qui a été posée sur les collectivités locales et au fond sur l'avenir de la fiscalité locale : je le dis vraiment solennellement, les collectivités locales devront comme l'Etat, pendant plusieurs années, faire un effort de réduction de leurs dépenses. Il n'y a pas de réduction de la dépense publique si tous les acteurs de la dépense publique ne conduisent pas ensemble un effort. Les collectivités locales, c'est le troisième budget de l'Etat, les concours de l'Etat aux collectivités locales. Et donc il n'y a aucune chance de réduire la dépense publique s'il n'y a pas un même mouvement accompli par l'Etat, par les collectivités locales et par l'ensemble des acteurs de la sphère publique. Nous avons pris des décisions assez dures, celles de geler pour les trois ans qui viennent les concours de l'Etat aux collectivités locales. Cela ne s'était jamais fait dans notre pays j'ai trente ans d'expérience d'élu local, je n'ai jamais vu les concours de l'Etat aux collectivités locales gelés, je les ai toujours vus augmenter dans des proportions très très supérieures à l'inflation, ce qui explique d'ailleurs la situation dans laquelle on est aujourd'hui. Je pense que cette prise de conscience par l'ensemble des acteurs publics de la nécessité impérative de retrouver l'équilibre de nos finances publiques est la réponse à la question que vous avez posée. J'ajoute qu'il suffit de regarder autour de nous ce qui se passe aujourd'hui en Europe pour comprendre les dangers qui menacent un pays qui ne respecte pas cette rigueur budgétaire. Regardez la situation de la Grèce, regardez la situation du Portugal, regardez la situation de l'Irlande ; est-ce que nous voulons demain être obligés de demander de l'aide pour financer notre économie, une grande puissance comme la France, la deuxième puissance économique de l'Union européenne naturellement ne peut en aucun cas se trouver dans cette situation.
Moi je voudrais simplement en conclusion, peut-être pour replacer le débat que nous venons d'avoir, dans l'ensemble de la politique économique que nous conduisons et dans les perspectives de croissance qui sont celles de notre pays et de l'Union européenne, dire d'abord que nous venons de subir des chocs d'une extrême violence. Nous venons de subir une crise financière qui a d'une certaine façon ébranlé les fondements mêmes de notre système capitaliste, en tout cas tel qu'il fonctionnait jusqu'à maintenant et dont les répliques ne sont pas complètement terminées puisque les attaques auxquelles on assiste aujourd'hui contre certains pays de l'Union européenne sont des répliques de la crise financière de 2008. Nous venons de connaître une attaque violente sur la monnaie européenne qui a conduit d'ailleurs le Président de la République dans le cadre du G20, que la France préside, à proposer qu'on engage une réflexion pour une réforme du système monétaire international afin que les monnaies, les grandes monnaies des grands pays industriels soient sur un pied d'égalité, pour qu'il n'y ait pas aujourd'hui des pays qui financent leur développement par un endettement qui est assumé par d'autres. Il y a une série de révolutions qui sont en train de changer profondément la physionomie du monde arabe ; cela aura des conséquences sur les équilibres géostratégiques en particulier en Méditerranée. Et puis il y a cette catastrophe qui nous a tous bouleversés, au Japon, catastrophe naturelle avec des dizaines de milliers de morts et de sans-abri et à l'intérieur de cette catastrophe naturelle, une catastrophe technologique, une catastrophe nucléaire qui remet en cause certaines de nos certitudes et qui nous oblige à revoir la technologie, les concepts de sécurité, le rythme du développement de notre énergie nucléaire.
Pourquoi est-ce que je dis cela ? C'est simplement pour dire que rarement des pays, des sociétés ont été confrontés à autant de chocs successifs dans un délai aussi court et d'une certaine façon, si je le dis, c'est pour dire qu'on résiste bien et que quand on critique les résultats qui sont ceux de la politique économique, qui sont ceux du gouvernement, quand on met l'accent à juste titre sur les situations difficiles qui existent dans notre pays du fait de la crise d'ailleurs pour une partie ou du fait du mauvais fonctionnement de tel ou tel système, il faut aussi regarder à l'extérieur, regarder le reste du monde et alors on constatera qu'on est un grand pays, un grand pays libre, un grand pays avec un très haut niveau de protection sociale, un grand pays avec un très haut niveau d'éducation, un grand pays avec un très haut niveau de recherche et d'innovation et qui a tous les atouts pour réussir, pour peu qu'il fasse les efforts nécessaires.
Cette crise, nous l'avons passée dans des conditions qui sont meilleures que la plupart des autres pays européens. Nous avons fait deux fois mieux que les autres Européens en 2009, ce qui veut dire que notre récession a été deux fois moins forte que les autres pays européens. Et en 2010, l'économie française a renoué franchement avec la croissance puisque l'année 2010 se termine avec une croissance à 1,5% ; nous avions prévu 80.000 créations d'emplois en France en 2010 alors qu'en 2009, nous en avions détruit, nous en avons en réalité créé plus de 110.000. Nous avions prévu un déficit des comptes publics de 8% du Produit Intérieur Brut en 2010, les comptes étant maintenant arrêtés, ce déficit est de 7%, c'est évidemment beaucoup mais c'est un point de moins que ce que nous avions dans le cadre du budget, imaginé. Et ceci nous permet d'ailleurs d'envisager pour 2011 un déficit plus faible que celui qui est inscrit dans le budget. On a inscrit un déficit à 6% du PIB, je pense qu'on peut viser 5,8 ou 5,7 et donc nous rapprocher des 3% des critères européens et ensuite de l'équilibre budgétaire.
La situation en 2011 s'améliore de semaine en semaine. Les perspectives de croissance sont chaque jour confirmées ; la consommation des ménages qui avait faibli un moment en 2010, s'est nettement redressée en ce début d'année. Les investissements des entreprises sont repartis de façon importante et même les exportations, alors que l'on vient de connaître un chiffre de la balance des paiements qui est très négatif, il est très négatif en raison de l'augmentation du prix du pétrole, les exportations ont repris de façon très importante plus 10% en 2010 et le rythme s'accélère. On vient de connaître deux mois consécutifs de baisse du chômage, évidemment à des niveaux qui sont encore très élevés mais qui montrent que l'économie française est repartie sur la voie de la croissance. Eh bien l'objectif du gouvernement, c'est de tout mettre en uvre pour consolider cette reprise, de faire en sorte qu'aucune décision ne vienne perturber un système économique fragile qui est en train de retrouver la croissance. C'est dans cet esprit que nous avons réformé la taxe professionnelle et je suis heureux d'avoir entendu des chefs d'entreprise dire qu'il s'agissait notamment pour les entreprises industrielles d'une véritable amélioration, amélioration qui est double : c'est moins de contribution aujourd'hui mais c'est surtout une évolution qui est complètement stabilisée pour l'avenir et donc une visibilité beaucoup plus grande pour les entreprises.
Nous avons maintenu contre vents et marées, malgré notre situation financière dégradée, le crédit impôt recherche parce que nous pensons qu'il est absolument indispensable de miser sur la recherche, sur l'innovation et sur le développement. Nous avons préservé dans un budget qui est presque partout en diminution, ou en tout cas gelé, nous avons préservé les dépenses des universités et les dépenses des laboratoires de recherche. Mieux, nous consacrons 35 milliards d'euros aux investissements d'avenir selon des procédures qui surprennent, des procédures auxquelles notre pays n'est pas habitué, des procédures qui consistent à demander à des jurys internationaux de choisir les meilleurs projets sans se préoccuper de savoir où ils sont localisés et quels sont les hommes politiques qui les défendent. Et je vous assure que ce n'est pas de tout repos pour le Premier ministre le mardi et le mercredi aux questions d'actualité mais quand on n'a pas beaucoup d'argent, il faut le consacrer en matière d'excellence et de recherche sur les projets qui sont les plus porteurs pour l'avenir, sur les projets qui ont le plus de chances de déboucher sur des réussites.
J'ai remis il y a quelques jours les premiers financements pour les laboratoires d'excellence plus d'un milliard et demi d'euros et les cent équipes de recherche qui étaient réunies ce jour-là à Matignon, m'ont confirmé qu'avec l'ensemble de ces dispositifs, la France sera en 2011 très certainement le pays en Europe qui fera le plus d'efforts en matière de soutien à la recherche, à l'innovation et au développement. Nous avons déjà une perspective de création d'emplois pour le premier semestre 2011 au-dessus de 80.000 contre 60.000 pour le dernier semestre de 2010 et nous allons consolider cette situation avec le plan qu'on est en train de mettre en place avec Xavier promouvoir les formations en alternance, je veux le redire une nouvelle fois : notre objectif, c'est de mettre 800.000 jeunes en alternance et de faire en sorte que tous les jeunes qui n'ont pas de solution aujourd'hui, efficace, pour rentrer dans la vie professionnelle, puissent le faire grâce à l'alternance.
Et tout cela se déroule dans un climat social dont je voudrais faire remarquer qu'il se traduit par des accords qui sont signés régulièrement par les partenaires sociaux. Quand on écoute les commentateurs, on a parfois l'impression que le climat social dans notre pays est extrêmement dégradé, notamment après la réforme des retraites. Quelle est la réalité ? La réalité, c'est que les partenaires sociaux viennent de signer un accord très important sur les retraites complémentaires et cet accord sur les retraites complémentaires intègre dans les régimes complémentaires, les chiffres de 62 ans et de 67 ans ; ce sont les partenaires sociaux qui viennent de signer cet accord. Vous allez me dire « pas tous » mais enfin trois syndicats de salariés sur cinq. Les partenaires sociaux viennent de signer le nouvel accord sur l'UNEDIC et cette fois-ci, c'est quatre syndicats de salariés sur cinq qui ont signé le nouvel accord sur l'UNEDIC, nouvel accord qui prévoit s'il y a retour à meilleure fortune, la baisse des cotisations. Et enfin hier soir a été signé par les partenaires sociaux, en tout cas ils ont indiqué le fait qu'ils allaient le faire, un accord sur l'emploi des jeunes qui est un accord très ambitieux. Voilà la réalité du climat social de notre pays. Des partenaires sociaux, des syndicats dont la représentativité a été d'ailleurs réformée et qui aujourd'hui signent des accords dans le sens de l'intérêt général.
Alors mon message, vous l'aurez compris, c'est un message d'optimisme. Bien sûr nous sortons d'une crise, bien sûr il y a beaucoup de Français qui souffrent, bien sûr il y a des problèmes de pouvoir d'achat notamment liés à tous nos concitoyens qui n'ont pas trouvé d'emploi ou qui ont perdu leur emploi à l'occasion de cette crise. Mais nous sommes en train de bâtir le retour à la croissance ; nous sommes en train de redonner à notre pays ses capacités d'innovation, ses capacités de développement et plus important, et j'en terminerai par là parce qu'au fond, c'est le meilleur enseignement qu'on puisse tirer de l'expérience vitréenne certains ont parlé de miracle, je préfèrerais parler d'expérience parce que l'expérience, on peut la reproduire, le miracle, c'est plus difficile le meilleur enseignement qu'on peut tirer de cette expérience vitréenne, c'est qu'il faut aimer les entreprises. Et au fond, ce qui manque le plus dans notre pays, c'est la confiance dans l'entreprise et la compréhension de son fonctionnement. Je suis sûr que Pierre MEHAIGNERIE, comme maire de Vitré, comme je l'étais moi comme maire de Sablé, nous avons toujours considéré les chefs d'entreprise, qu'ils soient en train de créer des emplois ou qu'ils soient en difficulté, comme les mêmes. Il n'y a pas d'un côté les bons chefs d'entreprise qui créent des emplois et de l'autre côté, les mauvais chefs d'entreprise qui sont obligés de réduire la voilure. C'est les mêmes chefs d'entreprise qui sont face à des situations qui leur permettent de se développer ou qui sont face à des situations qui les obligent à réduire leurs activités et lorsque l'opinion publique, les commentateurs, les responsables politiques critiquent ceux qui sont en train d'essayer de sauver leur entreprise et encensent seulement ceux qui sont en train de la développer, eh bien ils commettent une faute parce que l'entreprise, elle vit, l'entreprise, elle est confrontée aux crises, elle est confrontée aux difficultés et je dis souvent que je préfère un chef d'entreprise qui prend des risques avec évidemment les conséquences parfois négatives de ces risques, plutôt que quelqu'un qui écrit des circulaires d'une très très grande précision mais qui ne prendra jamais aucun risque dans sa vie. Un chef d'entreprise qui prend des risques, il peut tomber mais en général, quand il a pris un risque, quand il a créé une activité, il en reste toujours quelque chose, il y a toujours une richesse qui est créée par le risque qui a été pris et c'est à une meilleure compréhension de l'entreprise, un meilleur soutien de l'entreprise que je voudrais appeler tous nos concitoyens.Source http://www.gouvernement.fr, le 11 avril 2011
Trois mots pour conclure cette après-midi industriel à Vitré à laquelle j'ai pris beaucoup de plaisir et naturellement, tout ce que j'ai entendu et tout ce que Xavier a entendu avec moi, nous le gardons dans notre esprit et nous aurons à cur de répondre à toutes les questions que vous avez posées. Bien entendu, les engagements qui ont été pris, seront tenus. Je vais juste être un peu taquin mais pardon, je sais qu'on est dans une région périphérique ce qui est bizarre, quand on regarde la carte de France, c'est qu'on s'aperçoit que les régions périphériques ont un taux de croissance plus élevé que les régions centrales. Juste comme ça en passant, l'argument de la périphéricité est important mais moi je constate qu'aujourd'hui, c'est l'ouest français qui a les taux de croissance les plus élevés et c'est l'Est qui est en situation difficile, ceci pour relativiser peut-être la périphéricité. Mais les engagements qui ont été pris et notamment ceux qui ont été pris sous l'égide de Matignon, seront bien entendu complètement tenus.
Un mot sur la question qui a été posée sur les collectivités locales et au fond sur l'avenir de la fiscalité locale : je le dis vraiment solennellement, les collectivités locales devront comme l'Etat, pendant plusieurs années, faire un effort de réduction de leurs dépenses. Il n'y a pas de réduction de la dépense publique si tous les acteurs de la dépense publique ne conduisent pas ensemble un effort. Les collectivités locales, c'est le troisième budget de l'Etat, les concours de l'Etat aux collectivités locales. Et donc il n'y a aucune chance de réduire la dépense publique s'il n'y a pas un même mouvement accompli par l'Etat, par les collectivités locales et par l'ensemble des acteurs de la sphère publique. Nous avons pris des décisions assez dures, celles de geler pour les trois ans qui viennent les concours de l'Etat aux collectivités locales. Cela ne s'était jamais fait dans notre pays j'ai trente ans d'expérience d'élu local, je n'ai jamais vu les concours de l'Etat aux collectivités locales gelés, je les ai toujours vus augmenter dans des proportions très très supérieures à l'inflation, ce qui explique d'ailleurs la situation dans laquelle on est aujourd'hui. Je pense que cette prise de conscience par l'ensemble des acteurs publics de la nécessité impérative de retrouver l'équilibre de nos finances publiques est la réponse à la question que vous avez posée. J'ajoute qu'il suffit de regarder autour de nous ce qui se passe aujourd'hui en Europe pour comprendre les dangers qui menacent un pays qui ne respecte pas cette rigueur budgétaire. Regardez la situation de la Grèce, regardez la situation du Portugal, regardez la situation de l'Irlande ; est-ce que nous voulons demain être obligés de demander de l'aide pour financer notre économie, une grande puissance comme la France, la deuxième puissance économique de l'Union européenne naturellement ne peut en aucun cas se trouver dans cette situation.
Moi je voudrais simplement en conclusion, peut-être pour replacer le débat que nous venons d'avoir, dans l'ensemble de la politique économique que nous conduisons et dans les perspectives de croissance qui sont celles de notre pays et de l'Union européenne, dire d'abord que nous venons de subir des chocs d'une extrême violence. Nous venons de subir une crise financière qui a d'une certaine façon ébranlé les fondements mêmes de notre système capitaliste, en tout cas tel qu'il fonctionnait jusqu'à maintenant et dont les répliques ne sont pas complètement terminées puisque les attaques auxquelles on assiste aujourd'hui contre certains pays de l'Union européenne sont des répliques de la crise financière de 2008. Nous venons de connaître une attaque violente sur la monnaie européenne qui a conduit d'ailleurs le Président de la République dans le cadre du G20, que la France préside, à proposer qu'on engage une réflexion pour une réforme du système monétaire international afin que les monnaies, les grandes monnaies des grands pays industriels soient sur un pied d'égalité, pour qu'il n'y ait pas aujourd'hui des pays qui financent leur développement par un endettement qui est assumé par d'autres. Il y a une série de révolutions qui sont en train de changer profondément la physionomie du monde arabe ; cela aura des conséquences sur les équilibres géostratégiques en particulier en Méditerranée. Et puis il y a cette catastrophe qui nous a tous bouleversés, au Japon, catastrophe naturelle avec des dizaines de milliers de morts et de sans-abri et à l'intérieur de cette catastrophe naturelle, une catastrophe technologique, une catastrophe nucléaire qui remet en cause certaines de nos certitudes et qui nous oblige à revoir la technologie, les concepts de sécurité, le rythme du développement de notre énergie nucléaire.
Pourquoi est-ce que je dis cela ? C'est simplement pour dire que rarement des pays, des sociétés ont été confrontés à autant de chocs successifs dans un délai aussi court et d'une certaine façon, si je le dis, c'est pour dire qu'on résiste bien et que quand on critique les résultats qui sont ceux de la politique économique, qui sont ceux du gouvernement, quand on met l'accent à juste titre sur les situations difficiles qui existent dans notre pays du fait de la crise d'ailleurs pour une partie ou du fait du mauvais fonctionnement de tel ou tel système, il faut aussi regarder à l'extérieur, regarder le reste du monde et alors on constatera qu'on est un grand pays, un grand pays libre, un grand pays avec un très haut niveau de protection sociale, un grand pays avec un très haut niveau d'éducation, un grand pays avec un très haut niveau de recherche et d'innovation et qui a tous les atouts pour réussir, pour peu qu'il fasse les efforts nécessaires.
Cette crise, nous l'avons passée dans des conditions qui sont meilleures que la plupart des autres pays européens. Nous avons fait deux fois mieux que les autres Européens en 2009, ce qui veut dire que notre récession a été deux fois moins forte que les autres pays européens. Et en 2010, l'économie française a renoué franchement avec la croissance puisque l'année 2010 se termine avec une croissance à 1,5% ; nous avions prévu 80.000 créations d'emplois en France en 2010 alors qu'en 2009, nous en avions détruit, nous en avons en réalité créé plus de 110.000. Nous avions prévu un déficit des comptes publics de 8% du Produit Intérieur Brut en 2010, les comptes étant maintenant arrêtés, ce déficit est de 7%, c'est évidemment beaucoup mais c'est un point de moins que ce que nous avions dans le cadre du budget, imaginé. Et ceci nous permet d'ailleurs d'envisager pour 2011 un déficit plus faible que celui qui est inscrit dans le budget. On a inscrit un déficit à 6% du PIB, je pense qu'on peut viser 5,8 ou 5,7 et donc nous rapprocher des 3% des critères européens et ensuite de l'équilibre budgétaire.
La situation en 2011 s'améliore de semaine en semaine. Les perspectives de croissance sont chaque jour confirmées ; la consommation des ménages qui avait faibli un moment en 2010, s'est nettement redressée en ce début d'année. Les investissements des entreprises sont repartis de façon importante et même les exportations, alors que l'on vient de connaître un chiffre de la balance des paiements qui est très négatif, il est très négatif en raison de l'augmentation du prix du pétrole, les exportations ont repris de façon très importante plus 10% en 2010 et le rythme s'accélère. On vient de connaître deux mois consécutifs de baisse du chômage, évidemment à des niveaux qui sont encore très élevés mais qui montrent que l'économie française est repartie sur la voie de la croissance. Eh bien l'objectif du gouvernement, c'est de tout mettre en uvre pour consolider cette reprise, de faire en sorte qu'aucune décision ne vienne perturber un système économique fragile qui est en train de retrouver la croissance. C'est dans cet esprit que nous avons réformé la taxe professionnelle et je suis heureux d'avoir entendu des chefs d'entreprise dire qu'il s'agissait notamment pour les entreprises industrielles d'une véritable amélioration, amélioration qui est double : c'est moins de contribution aujourd'hui mais c'est surtout une évolution qui est complètement stabilisée pour l'avenir et donc une visibilité beaucoup plus grande pour les entreprises.
Nous avons maintenu contre vents et marées, malgré notre situation financière dégradée, le crédit impôt recherche parce que nous pensons qu'il est absolument indispensable de miser sur la recherche, sur l'innovation et sur le développement. Nous avons préservé dans un budget qui est presque partout en diminution, ou en tout cas gelé, nous avons préservé les dépenses des universités et les dépenses des laboratoires de recherche. Mieux, nous consacrons 35 milliards d'euros aux investissements d'avenir selon des procédures qui surprennent, des procédures auxquelles notre pays n'est pas habitué, des procédures qui consistent à demander à des jurys internationaux de choisir les meilleurs projets sans se préoccuper de savoir où ils sont localisés et quels sont les hommes politiques qui les défendent. Et je vous assure que ce n'est pas de tout repos pour le Premier ministre le mardi et le mercredi aux questions d'actualité mais quand on n'a pas beaucoup d'argent, il faut le consacrer en matière d'excellence et de recherche sur les projets qui sont les plus porteurs pour l'avenir, sur les projets qui ont le plus de chances de déboucher sur des réussites.
J'ai remis il y a quelques jours les premiers financements pour les laboratoires d'excellence plus d'un milliard et demi d'euros et les cent équipes de recherche qui étaient réunies ce jour-là à Matignon, m'ont confirmé qu'avec l'ensemble de ces dispositifs, la France sera en 2011 très certainement le pays en Europe qui fera le plus d'efforts en matière de soutien à la recherche, à l'innovation et au développement. Nous avons déjà une perspective de création d'emplois pour le premier semestre 2011 au-dessus de 80.000 contre 60.000 pour le dernier semestre de 2010 et nous allons consolider cette situation avec le plan qu'on est en train de mettre en place avec Xavier promouvoir les formations en alternance, je veux le redire une nouvelle fois : notre objectif, c'est de mettre 800.000 jeunes en alternance et de faire en sorte que tous les jeunes qui n'ont pas de solution aujourd'hui, efficace, pour rentrer dans la vie professionnelle, puissent le faire grâce à l'alternance.
Et tout cela se déroule dans un climat social dont je voudrais faire remarquer qu'il se traduit par des accords qui sont signés régulièrement par les partenaires sociaux. Quand on écoute les commentateurs, on a parfois l'impression que le climat social dans notre pays est extrêmement dégradé, notamment après la réforme des retraites. Quelle est la réalité ? La réalité, c'est que les partenaires sociaux viennent de signer un accord très important sur les retraites complémentaires et cet accord sur les retraites complémentaires intègre dans les régimes complémentaires, les chiffres de 62 ans et de 67 ans ; ce sont les partenaires sociaux qui viennent de signer cet accord. Vous allez me dire « pas tous » mais enfin trois syndicats de salariés sur cinq. Les partenaires sociaux viennent de signer le nouvel accord sur l'UNEDIC et cette fois-ci, c'est quatre syndicats de salariés sur cinq qui ont signé le nouvel accord sur l'UNEDIC, nouvel accord qui prévoit s'il y a retour à meilleure fortune, la baisse des cotisations. Et enfin hier soir a été signé par les partenaires sociaux, en tout cas ils ont indiqué le fait qu'ils allaient le faire, un accord sur l'emploi des jeunes qui est un accord très ambitieux. Voilà la réalité du climat social de notre pays. Des partenaires sociaux, des syndicats dont la représentativité a été d'ailleurs réformée et qui aujourd'hui signent des accords dans le sens de l'intérêt général.
Alors mon message, vous l'aurez compris, c'est un message d'optimisme. Bien sûr nous sortons d'une crise, bien sûr il y a beaucoup de Français qui souffrent, bien sûr il y a des problèmes de pouvoir d'achat notamment liés à tous nos concitoyens qui n'ont pas trouvé d'emploi ou qui ont perdu leur emploi à l'occasion de cette crise. Mais nous sommes en train de bâtir le retour à la croissance ; nous sommes en train de redonner à notre pays ses capacités d'innovation, ses capacités de développement et plus important, et j'en terminerai par là parce qu'au fond, c'est le meilleur enseignement qu'on puisse tirer de l'expérience vitréenne certains ont parlé de miracle, je préfèrerais parler d'expérience parce que l'expérience, on peut la reproduire, le miracle, c'est plus difficile le meilleur enseignement qu'on peut tirer de cette expérience vitréenne, c'est qu'il faut aimer les entreprises. Et au fond, ce qui manque le plus dans notre pays, c'est la confiance dans l'entreprise et la compréhension de son fonctionnement. Je suis sûr que Pierre MEHAIGNERIE, comme maire de Vitré, comme je l'étais moi comme maire de Sablé, nous avons toujours considéré les chefs d'entreprise, qu'ils soient en train de créer des emplois ou qu'ils soient en difficulté, comme les mêmes. Il n'y a pas d'un côté les bons chefs d'entreprise qui créent des emplois et de l'autre côté, les mauvais chefs d'entreprise qui sont obligés de réduire la voilure. C'est les mêmes chefs d'entreprise qui sont face à des situations qui leur permettent de se développer ou qui sont face à des situations qui les obligent à réduire leurs activités et lorsque l'opinion publique, les commentateurs, les responsables politiques critiquent ceux qui sont en train d'essayer de sauver leur entreprise et encensent seulement ceux qui sont en train de la développer, eh bien ils commettent une faute parce que l'entreprise, elle vit, l'entreprise, elle est confrontée aux crises, elle est confrontée aux difficultés et je dis souvent que je préfère un chef d'entreprise qui prend des risques avec évidemment les conséquences parfois négatives de ces risques, plutôt que quelqu'un qui écrit des circulaires d'une très très grande précision mais qui ne prendra jamais aucun risque dans sa vie. Un chef d'entreprise qui prend des risques, il peut tomber mais en général, quand il a pris un risque, quand il a créé une activité, il en reste toujours quelque chose, il y a toujours une richesse qui est créée par le risque qui a été pris et c'est à une meilleure compréhension de l'entreprise, un meilleur soutien de l'entreprise que je voudrais appeler tous nos concitoyens.Source http://www.gouvernement.fr, le 11 avril 2011