Déclaration de Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur la recherche en matière scientifique et médicale et ses applications dans le secteur hospitalier, Paris le 30 mars 2011.

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Mesdames et Messieurs,

Je dois d'abord vous faire une confidence : il y a quelques mois maintenant, lorsque nous avons lancé cet appel à projet au titre des Instituts hospitalo-universitaires, je n'imaginais pas que tant de projets allaient voir le jour.

Bien entendu nous savions que la communauté scientifique et médicale allait naturellement se saisir de cet appel à projets comme elle s'est mobilisée depuis le lancement des investissements d'avenir. Et nous nous doutions bien que les CHU, les universités et les organismes de recherche allaient, ensembles, redoubler d'ambition et d'audace pour se porter candidats. Mais nous n'imaginions pas qu'au total 19 projets allaient être déposés, 19 candidatures qui ont su relever le défi de l'excellence et qui ensemble nous ont offert un aperçu saisissant de ce que pourrait être la médecine de demain.

La qualité exceptionnelle de vos projets, c'est le jury international lui-même qui l'a relevée au travers de son Président, le Professeur Richard Frackowiak. Je voudrais pour ma part les remercier pour la qualité de leur expertise et la rigueur de leur jugement qui ont largement contribué à la réussite de cet appel à projet.

La compétition fut donc particulièrement intense, alors permettez-moi de vous adresser à tous mes plus vives félicitations et de saluer à travers vous le remarquable travail accompli par vos équipes qui depuis plusieurs semaines ont porté ces candidatures.

En retour de cette mobilisation qui fut remarquable, nous avons fait le choix, vous le savez, de suivre à la lettre les recommandations du Jury et de retenir non pas 5, mais 6 IHU, qui seront financés dans le cadre des investissements d'avenir.

Nous consacrerons également un montant de 35 millions d'euros à certains des projets qui n'ont pas été retenus, mais qui méritaient d'une manière ou d'une autre de bénéficier des investissements d'avenir. En suivant là encore scrupuleusement les recommandations du Jury, nous financerons les projets prometteurs sous la forme d'un soutien à des axes spécifiques.

Alors bien entendu, devant la qualité des candidatures, il a fallu faire des choix et c'est ce que nous avons fait en identifiant vos projets comme les futurs fleurons de la recherche biomédicale française.

Mais je veux le dire aussi, ces 6 IHU qui émergeront bientôt à Paris, à Marseille, à Strasbourg et à Bordeaux, c'est à notre système de recherche et de soins tout entier qu'ils bénéficieront.

Et pour cause : ces IHU irrigueront demain de leurs travaux et de leurs découvertes l'ensemble de notre paysage hospitalo-universitaire, pour le plus grand bénéfice des chercheurs, des médecins et bien entendu des patients.

Cette triple fonction de soin, de recherche et de formation sera du reste au cœur de la mission de ces IHU, et c'est pour cette raison que nous avons exigé de vos candidatures qu'elles réunissent chacune une université, un CHU et un organisme de recherche. Avec un principe cardinal : réunir toutes les compétences et tous les talents au plus près des besoins des malades.

Pour cela, nous avons fait le choix de récompenser les projets les plus ambitieux et de miser en tout point sur l'excellence.

Excellence sur le plan scientifique d'abord pour rassembler autour d'une même pathologie les meilleures équipes françaises bien sûr, mais aussi pour attirer du monde entier des chercheurs reconnus.

Excellence en matière de soin ensuite qui reposera elle-même sur ce qui fera la force et l'identité commune de tous ces IHU : la recherche translationnelle. C'est elle en effet qui permettra tout à la fois de transférer vers l'hôpital les découvertes issues du laboratoire, de promouvoir une recherche clinique de haut niveau, au chevet du malade, et de développer, enfin, à grande échelle des thérapies innovantes.

Ce front commun réunissant médecins et chercheurs autour des patients offrira enfin un cadre privilégié de formation à nos étudiants. Permettez-moi d'insister sur ce point car il m'a paru décisif à l'examen de vos candidatures.

Au sein des IHU en effet, les étudiants se formeront au plus près des avancées médicales, aux côtés des meilleurs chercheurs. A leur tour, ces étudiants, devenus chercheurs ou praticiens, diffuseront ces découvertes dans l'ensemble de notre système hospitalo-universitaire. Et c'est bien ainsi que les IHU deviendront les fers de lance non seulement de l'innovation médicale, mais de sa transmission dans l'ensemble du paysage français de recherches et de soin.

Cette triple excellence en matière de recherche, de formation et de soin s'est accompagnée, et je m'en réjouis tout particulièrement, de propositions ambitieuses en termes de valorisation.

D'ores et déjà de nombreux partenariats se sont noués autour de vos projets, et cela avec les plus grands groupes : Sanofi-Aventis, Mérieux, Siemens Healthcare, Novartis et bien d'autres encore.

Mais à côté de ces partenariats avec les plus grands noms des industries de santé, d'autres ambitions ont vu le jour avec des projets de start-up dans le domaine des biomarqueurs notamment ou des tests diagnostics.

Adossés sur ce triptyque qui unit recherche, soin et formation, résolument tournés vers la recherche partenariale et le monde industriel, vos projets ont répondu point par point aux exigences que nous leur avions fixées.

Et derrière les contours des IHU que vous venez de tracer, c'est des pans entiers de la médecine de demain qui déjà s'offre à nos imaginations et à notre enthousiasme.

Une médecine capable d'intervenir avec une précision inédite dans les recoins les plus sensibles du corps humain, en délivrant le patient des cicatrices, des risques d'infections et de tous les traumatismes qui accompagnent la chirurgie ordinaire.

C'est la mission que vous vous poursuivrez, cher Jacques Marescaux, à la tête de l'IHU MIX-Surg, grâce aux technologies révolutionnaires de « la chirurgie mini-invasive guidée par l'image ».

Aux maladies les plus complexes et mal connues, vos projets apporteront demain des réponses sinon définitives, du moins temporaires et plus tard seront sources de plus grandes avancées encore.

Je pense aux maladies infectieuses notamment, souvent contractées au-delà de nos frontières, mais qui dans un monde toujours plus ouvert, finissent par nous concerner tous.

C'est la raison pour laquelle nous fondons désormais beaucoup d'espoirs sur vos équipes, cher Didier Raoult, et sur l'IHU POLMIT qui prévoit de développer pas moins de 8 plateformes technologiques et 90 chambres de haut niveau de sécurité biologique qui permettront tout à la fois de mieux connaître ces maladies, d'améliorer la prise en charge des patients et de développer des solutions thérapeutiques innovantes.

Je pense aussi aux maladies rares pour lesquelles je viens de lancer aux côtés de Nora Berra le deuxième plan national il y a quelques semaines et qui sont naturellement au cœur de toutes nos préoccupations et de toutes nos priorités.

3 à 4 % de la population française est touchée par les quelques 7 000 maladies rares qui ont été recensées. C'est dire, cher Alain Fisher, combien nous comptons sur les 800 chercheurs, médecins et personnels paramédicaux de votre futur IHU pour faire reculer ce fléau qui trop longtemps a été négligé, pour ne pas dire ignoré par la recherche médicale. Et je veux dire que grâce à votre projet IMAGINE, la France est fière, très fière même de jouer bientôt les tout premiers rôles dans ce domaine.

Au registre des maladies mal connues et par conséquent mal traitées, je dois citer aussi certaines pathologies liées aux arythmies cardiaques. A la tête de l'IHU LIRYC, nul doute que vous défricherez bientôt, cher Michel Haïssaguerre, ces continents noirs de la recherche médicale que sont les embolies cérébrales ou encore les morts que l'on dit « subites » faute de pouvoir les prévenir à temps.

Dans ce rapide, trop rapide, tour d'horizon, je n'oublie pas non plus naturellement l'IHU A-ICM du Professeur Bertrand Fontaine qui aura la lourde tâche de développer nos connaissances et d'inventer de nouvelles armes pour lutter efficacement contre les maladies neurologiques, et en particulier l'épilepsie, la maladie de Parkinson, ou encore la maladie d'Alzheimer qui vous le savez est une priorité présidentielle.

Enfin vous me permettrez de terminer par vous, chère Karine Clément, parce que vous êtes une femme et parce qu'en inversant l'ordre de la politesse, je souhaitais d'une certaine manière vous distinguer. Vous êtes une femme, vous êtes même la seule femme parmi tous ces lauréats, mais je sais que vous étiez la seule aussi parmi les 19 candidatures de cet appel à projets. Alors encore une fois toutes mes félicitations et merci d'avoir porté à 100 % le taux de réussite des femmes pour ces Instituts hospitalo-universitaires.

Vous aurez en tous les cas, à la tête de l'IHU ICAN un très beau défi à relever : celui de faire entrer les Maladies cardio-métaboliques dans l'ère de la médecine prédictive en développant des outils de diagnostic et des traitements personnalisés. Un projet qui répondra en partie aux priorités de recherche que nous avons fixées dans le cadre du plan national de lutte contre l'obésité que j'ai eu le plaisir d'annoncer il y a quelques jours.

Vous l'aurez compris, Mesdames et Messieurs, au cœur de cet appel à projet, il y a une ambition très forte, une ambition qui vous réunit tous : faire de la médecine de demain une priorité absolue de notre système de recherche, de formation et de soins.

A cette ambition, vous avez su donner chair en traçant les contours de ces IHU qui vont décupler nos ambitions et nos espoirs dans la lutte contre les maladies et qui seront demain les fers de lance de la recherche médicale française.

C'est donc tout naturellement que dans l'économie générale du plan d'investissements d'avenir, ces 6 IHU constituent pour la recherche en santé le point d'aboutissement et de convergence de tous les appels à projets que nous avons lancés. Je pense en particulier au 1,55 milliards du programme Santé et Biotechnologie, avec ces cohortes de patients par exemple que nous finançons à hauteur de 200 millions d'euros et dont certaines auront un effet d'entrainement direct sur vos projets.

Mais au-delà, je pense aux nombreux projets, équipements et laboratoires d'excellence inclus, qui ont mis en lumière nos ambitions retrouvées en matière de recherche médicale.

Car ces investissements d'avenir forment un tout dont les différentes parties se composent et se renforcent.

Ensemble ils ont d'ores et déjà transformé en profondeur la recherche française, et s'apprêtent désormais à la faire basculer dans un nouvel âge d'or.

Ces 6 Instituts hospitalo-universitaires en apportent je crois la preuve la plus saisissante.

Je vous remercie

source http://www.educpros.fr, le 15 avril 2011