Texte intégral
La loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST) du 21 juillet 2009 dont nous débattons aujourdhui constitue une réforme majeure de notre système de santé.
En modifiant lorganisation territoriale de notre système de santé et en modernisant les établissements de santé, elle permet de favoriser laccès de tous à des soins de qualité, de développer les grands enjeux de santé publique, et de mieux répondre aux besoins de santé des Français.
Cette loi est le fruit dun long processus de concertation et de débats, à la suite de la commission Larcher, des états généraux de lorganisation des soins (EGOS) et des conclusions des rapports Ritter et Flajolet.
Cest une loi de grande ampleur : elle compte quatre titres et 135 articles. Sur les huit ordonnances nécessaires à son application, les huit ont été prises, et sur les 154 décrets nécessaires, 109 sont déjà publiés. Les services du ministère de la santé ont énormément travaillé sur ces textes et je tiens à saluer leur professionnalisme.
Je voudrais dabord revenir sur les principaux changements que cette loi a apportés.
A la suite des préconisations du rapport Larcher, la loi HPST a profondément modifié lorganisation interne de lhôpital. Désormais, lhôpital sinscrit dans une offre de soins territoriale. Il doit prendre sa place dans les filières soins, en relation avec les autres acteurs de santé.
Ce qui compte aujourdhui pour les établissements de santé, cest de pouvoir sadapter encore plus à leur environnement, afin de mieux répondre aux besoins de la population.
Cette réforme de la gouvernance des établissements de santé est aujourdhui en place dans tous les établissements.
Deuxième innovation de la loi, cest la création des ARS, dont nous célébrons cette semaine le premier anniversaire de leur mise en place. Leur phase dinstallation est terminée, elles sont à présent en ordre de marche.
En un an, les ARS se sont imposées. Elles constituent désormais linstitution administrative régionale unique dépendant des ministres chargés de la santé, des personnes âgées, des personnes handicapées et de lassurance maladie.
En effet, et cest une originalité française que je souhaite souligner, lARS a réussi à regrouper sept structures administratives en une seule (ARH, DRASS, DDASS, URCAM, GRSP, MRS, CRAM).
Les ARS ont donc bien permis de décloisonner les compétences et les outils en matière dadministration de la santé en région.
Le parcours de soins du patient devient plus cohérent, continu, et simple, mais aussi beaucoup plus diversifié quavant : on va du public au privé, de lhôpital à la maison de retraite.
LARS permet davoir une vision densemble du système de santé : les cliniques privées, les hôpitaux, les professionnels de santé libéraux, les maisons de retraite travaillent ensemble ce qui répond aux besoins et aux demandes des patients daujourdhui.
Concrètement, les ARS vont pouvoir remédier à ce danger de désertification médicale dont vous mavez tous parlé, et à la difficulté daccès aux soins rencontrés par certains de nos concitoyens : en proposant de créer avec les médecins, notamment dans les zones sous-denses, des maisons de soins pluridisciplinaires.
Beaucoup defforts ont été en outre déployés pour revaloriser la profession de médecin :
* Dabord, la régulation territoriale des flux de formation : nous avons mis en oeuvre la répartition quinquennale des postes dinternes par spécialité et par région.
* Le numerus clausus : nous avons doublé le nombre détudiants autorisés à poursuivre leurs études depuis 10 ans ; ils passent ainsi de 3 700 en 1999 à 7 400 en 2011. Les places supplémentaires sont affectées en priorité dans les zones sous dotées, comme louest, le nord-ouest et le nord-est.
* Nous avons veillé aussi à mieux répartir les étudiants entre les différentes spécialités, avec un objectif de rééquilibrage entre les régions.
* Pour les spécialités médicales et chirurgicales, nous proposons des postes dinternes par diplôme détudes spécialisées (DES), soit 30 spécialités, et non plus par discipline, au nombre de 11. Je veux saluer le travail du professeur Yvon Berland, qui a beaucoup fait pour faire avancer ce sujet.
Les flux dinternes seront ainsi progressivement adaptés aux besoins démographiques.
Nous avons ajouté à ces dispositions des mesures incitatives à linstallation :
* Le dispositif mis en place dans le cadre de lavenant 20 à la convention de 2005 a produit des effets significatifs. Il a permis dexpérimenter des aides à lactivité dans les zones sous denses. Ces aides ont permis, dans une certaine mesure, de stabiliser loffre, voire de laméliorer, même si cet effet reste limité, notamment dans les zones dhabitat rural très dispersé.
* Nous avons aussi mis en place le contrat dengagement de service public (CESP) pour les étudiants, à lissue de la première année ou ultérieurement. Vous en connaissez le principe : contre une allocation mensuelle de 1 200 jusquà la fin de leurs études, ces étudiants sengagent à exercer, à la sortie, dans les zones sous dotées. La durée de leur engagement est égale à celle du versement de lallocation et ne peut être inférieure à deux ans.
Avec Xavier Bertrand, je souhaite simplifier le dispositif, en donnant une meilleure visibilité aux étudiants : les objectifs affichés pourraient être la région où ils ont fait leurs études.
* Nous avons pris des mesures pour le post-internat : il donne aux jeunes diplômés de plus larges possibilités de carrière et de meilleures perspectives de rémunération. LÉtat a créé 400 postes « dassistants spécialités partagés », dans les régions prioritaires.
* Nous avons pris des mesures pour revaloriser la médecine générale, grâce à une meilleure structuration de la filière universitaire et à la généralisation des stages.
* Nous avons amélioré les conditions dexercice des professionnels : je pense à lexercice médical en cabinet secondaire, à la mise en place de structures dexercice regroupé et coordonné, aux incitations financières en zone déficitaire.
Notre objectif aujourdhui, avec vous, cest daller plus loin.
Nous allons mettre en place des mesures de simplification administrative, pour redonner du temps au médecin.
Nous allons créer un service unique daide à linstallation des professionnels de santé, qui sera mis en place par les ARS, au plus tard en juillet 2011.
Nous allons aussi inciter les médecins retraités à poursuivre leur activité, en particulier dans les zones qui manquent de médecins. Nous avons voulu favoriser le cumul emploi-retraite, en faisant du sur-mesure, cest-à-dire en calculant les cotisations sociales de façon proportionnelle, et non plus forfaitaire.
Vous le savez, tout cela na de sens que si linformation est donnée aux étudiants et aux internes avant leur installation. Or, force est de constater que bon nombre des mesures incitatives que je viens de vous exposer ne sont pas bien connues des principaux intéressés. Les jeunes connaissent peu ces mesures incitatives.
Vous mavez parlé des CHT à plusieurs reprises.
La notion de « communauté hospitalière de territoire » est une innovation de la loi HPST. Suite à la publication de la loi le 21 juillet 2009, des textes réglementaires dapplication ont été pris successivement, en avril, puis octobre 2010.
Ceci explique que la mise en oeuvre effective dactions de coopération sous forme de « communauté hospitalière de territoire » (CHT) est récente.
Je tiens cependant à vous faire savoir que lors du recensement le plus récent des coopérations existantes, cest-à-dire en janvier 2011, de nombreuses ARS ont annoncé que des projets de CHT étaient en cours de finalisation dans leur région. Cest le cas dans ma région Rhône-Alpes.
Une dizaine de CHT seront dailleurs opérationnelles dici à cet été.
Fonds dIntervention Régional (FIR)
Un travail a été engagé, visant à mettre en place pour 2012 un Fonds dIntervention Régional (FIR).
Son périmètre, qui pourrait aller au-delà des parts régionales du FMESPP et du FICQS, pour regrouper dautres marges de manoeuvre régionales, est en cours de définition.
Il fera lobjet dune proposition dans le cadre de la LFSS pour 2012.
Cette perspective nouvelle est rendue possible par lintroduction de larticle 88 de la LFSS pour 2011, qui vient modifier larticle 40 de la LFSS pour 2001, en introduisant notamment :
* une régionalisation du FMESPP (premier alinéa du V bis), qui confie aux ARS lattribution de financements de certaines actions prévues dans les missions du FMESPP, sachant que la régionalisation du FICQS existe déjà ;
* une fongibilité FICQS-FMESPP. Le second alinéa du V bis et une modification de larticle L 221-1-1 CSS rendent possible laffectation de financements du FMESSP régionalisé à des missions du FICQS régional, et inversement.
Vous mavez parlé des décrets de santé publique issus de la loi HPST, sur lesquels je souhaite revenir :
1) Le projet de décret « Pharmacovigilance » : le signalement, par les patients ou associations agréées, des événements indésirables liés aux médicaments et aux autres produits de santé", est passé en section sociale du Conseil dEtat le 17 novembre 2010. Il a été signé par Xavier BERTRAND, et son arrêté dapplication a été signé par le directeur général de la santé.
Leur publication devrait intervenir dans les jours qui viennent.
2) Le projet de décret sur les conditions de délivrance des contraceptifs, notamment durgence, par les services de médecine de prévention des universités. Celui-ci avait été signé par tous les ministres, mais il a du être réintroduit dans le circuit "signature" après le dernier remaniement du gouvernement. Le décret est actuellement en cours de contreseing chez la ministre chargée de lenseignement supérieur.
3) Le projet de décret sur la validation par lINPES des campagnes de lutte contre lobésité et le surpoids. Celui-ci avait été réputé manquer de base légale par la section sociale du conseil dEtat, dans sa version initiale. Le projet, réécrit a minima et transformé en décret simple, donne encore lieu à de nombreux échanges entre les ministères concernés, en raison dinterrogations persistantes sur sa base légale.
Vous le savez en effet, des textes dapplication nont pas été pris pour linstant, certains parce quils méritent davantage de concertation ; dautres parce quils se sont révélés inapplicables. Roselyne Bachelot sétait elle-même engagée à apporter les améliorations nécessaires.
La proposition de loi du sénateur Jean-Pierre Fourcade va nous permettre de corriger certaines de ses dispositions.
La proposition de loi comporte notamment des mesures issues de la concertation sur la médecine de proximité que jai menée, aux côtés de Xavier Bertrand, le 6 janvier dernier, avec les syndicats de médecins libéraux et les étudiants et internes en médecine générale.
Lobjectif, cest de renforcer lattractivité de la médecine libérale de premier recours, parce que tous les Français souhaitent avoir un médecin près de chez eux. Cest lobjectif notamment des points suivants :
* La création de la société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA) : cette nouvelle société donne un cadre juridique nouveau aux professionnels de santé médicaux et paramédicaux qui souhaitent travailler ensemble.
* Les maisons de santé : Elles sont désormais dotées de la personnalité juridique et composées de professionnels médicaux, dauxiliaires médicaux et de pharmaciens.
* Le contrat santé-solidarité : nous souhaitons, comme la proposition de loi de Jean-Pierre Fourcade la proposé, retirer la partie coercitive du dispositif et ne conserver que la part incitative du contrat. Notre objectif et celui du Gouvernement est en effet de redonner confiance aux médecins libéraux. Et la confiance ne passe pas par des mesures coercitives. Nous croyons à lincitation, et cest dailleurs le sens des mesures que nous prenons.
* Concernant le développement professionnel continu (DPC), les textes sont prêts. Sils nont pas encore été publiés, cest parce que nous souhaitons une concertation plus approfondie avec les professionnels de santé, libéraux comme hospitaliers. Par ailleurs, nous attendons les propositions qui nous seront faites au mois de juin sur les conflits dintérêts, à la suite des Assises du médicament.
Mesdames et Messieurs les Députés,
La loi HPST, vous le voyez, a fait lobjet dun travail immense. Cette loi est aujourdhui mise en oeuvre. Elle est appliquée dans les établissements de santé, elle a créé les ARS, qui sont désormais opérationnelles. Bien entendu, des textes sont à reprendre, dautres sont en cours de publication.
Jaurais loccasion den reparler avec vous lorsque le Sénateur Fourcade me rendra les conclusions de sa mission de suivi de la loi en juin prochain.
Je vous remercie.
Source http://www.sante.gouv.fr, le 1er avril 2011