Déclaration de Mme Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, sur l'économie sociale et solidaire, le commerce équitable et l'innovation sociale dans ce secteur, Paris le 29 mars 2011.

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Circonstance : Remise des prix du concours EKILIBRE à Paris le 29 mars 2011

Texte intégral


Sans doute est-ce dans la diversité qu’il faut chercher l’équilibre – équilibre entre le Nord et le Sud, mais aussi entre nos concitoyens les plus favorisés et ceux qui le sont moins.
Pour s’en convaincre, il n’est qu’à observer la formidable réussite que constitue ce Prix Ekilibre qui récompense une grande diversité de projets et de talents.
Cette diversité – cela ne m’a pas échappé – se retrouve également dans les profils des heureux lauréats.
A vous toutes et vous tous, jeunes femmes et jeunes hommes venus de toutes les régions, de tous les horizons et représentés ici à part égale – le respect de la parité est une chose suffisamment rare pour être soulignée ! –, j’adresse mes plus chaleureuses félicitations.
Grâce à votre créativité et à votre capacité d’innovation, vous avez mis à l’honneur les principes du commerce équitable : assurer une juste rémunération pour le 1,5 million de petits producteurs ; garantir le respect des droits fondamentaux en refusant l’exploitation des enfants ; préserver l’environnement.
Car c’est bien cela, l’économie sociale et solidaire : la solidarité et la responsabilité économique.
Le succès de cette quatrième édition est l’aboutissement d’une intense mobilisation de tous les acteurs, à qui je veux tirer un grand coup de chapeau.
Naturellement, je pense d’abord à l’action décisive de la direction générale de la cohésion sociale (DGCS), dont je salue la directrice, Sabine Fourcade, ici présente, pour relancer ce concours, qui a obtenu le label « 2010, année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale ».
Ma gratitude et celle de Frédéric Lefebvre – qui n’a pas pu être présent aujourd’hui – vont aussi à l’ensemble des partenaires qui ont apporté à ce concours leur soutien financier : la Caisse des dépôts et consignations, la Mutuelle CHORUM, CIDES, la Fondation MACIF.
Mais, au-delà, je le sais bien, ce qui compte aussi pour la réussite de vos projets, c’est l’accompagnement par des professionnels. A cet égard, je remercie tous ceux qui vont s’engager à vos côtés.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire lors de l’installation du Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire le 8 décembre dernier, l’économie sociale et solidaire, dont fait pleinement partie le commerce équitable, constitue un pan essentiel de notre économie.
Ainsi, en France, les produits équitables labellisés Fairtrade ou Max Havelaar s’élevaient à 287 millions d’euros en 2009.
L’économie sociale et solidaire occupe donc une place réelle dans la vie de nos concitoyens, qu’ils soient acteurs ou bénéficiaires de son activité, puisqu’elle constitue aussi un vrai gisement en termes d’emploi et de croissance.
Mais, au-delà, plus qu’un secteur économique, le commerce équitable et le commerce solidaire sont d’abord des créateurs d’innovation sociale. Ils apportent en effet une réponse entrepreneuriale aux besoins sociaux et environnementaux des habitants d’un territoire et tissent un lien solidaire entre des réalités différentes.
Et ce ne sont pas vos réalisations concrètes qui me démentiront !
Car c’est tout le sens du concours Ekilibre : soutenir et accompagner des initiatives originales et novatrices pour répondre aux grands enjeux sociétaux actuels et contribuer au bien-être de nos concitoyens, en France et partout dans le monde.
A n’en pas douter, ce concours aura permis des avancées significatives pour nouer des relations partenariales entre le secteur public et le secteur privé, valoriser les territoires et inciter aux démarches intergénérationnelles.
Je m’en réjouis car c’est ainsi que nous ferons progresser ensemble ce secteur en lequel nous croyons.
Vous le savez, depuis 2010, le Gouvernement a voulu donner à l’économie sociale et solidaire une nouvelle impulsion.
Pour y parvenir, j’ai moi-même souhaité conférer trois grandes orientations à mon action, sur lesquelles je voudrais revenir en quelques mots.
Première orientation : faciliter la reconnaissance de l’ESS.
Pour cela, j’ai créé deux groupes de travail au sein du Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire :
* le groupe de travail consacré à la mise en place d’un label pour l’économie sociale et solidaire.
Ce sujet a donné lieu à des discussions animées, mais je suis heureuse que vous vous acheminiez vers un référentiel qui sera partagé par tous. Il vous permettra de vous rassembler et de vous identifier, comme il permettra à vos interlocuteurs, à commencer par les pouvoirs publics, de vous reconnaître.
* le groupe de travail destiné à mesurer l’impact social des structures de l’économie sociale et solidaire.
Valoriser l’impact social d’une structure, c’est lui permettre de défendre son modèle économique face à des structures de l’économie classique.
C’est lui permettre d’accéder à de nouveaux marchés, à de nouveaux financements.
C’est donc un préalable indispensable au développement de l’économie sociale et solidaire.
Elaborer des outils de mesure qui aient du sens et qui soient accessibles à ceux qui s’en serviront est une tâche complexe.
Plus largement, l’Etat s’engage depuis des années, notamment au plan financier, pour encourager et développer le maillage territorial de l’économie sociale et solidaire.
Deuxième orientation : assurer la relève.
C’est notamment l’objectif du programme Jeun’ESS, dont nombre d’entre vous sont également partenaires. Ce programme se fixe trois objectifs :
* promouvoir l’ESS, notamment dans le milieu éducatif ;
* soutenir les initiatives des jeunes en la matière ;
* développer les bonnes pratiques dans les entreprises de l’ESS pour favoriser l’insertion professionnelle et l’intégration des jeunes.
Après un travail partenarial de définition des objectifs, l’appel à projets sera lancé avant l’été.
Troisième orientation : assurer le développement et l’innovation en matière d’économie sociale et solidaire.
C’est tout le sens, notamment, du concours Ekilibre.
Plus largement, je rappelle que plus de 100 millions d’euros ont été dédiés au développement de votre secteur dans le cadre du Grand Emprunt.
A tous les entrepreneurs sociaux de s’emparer de cette chance pour créer de l’innovation sociale. En cela, vous faites figure de pionniers et je vous en remercie.
Bravo à toutes et à tous !
Bravo d’avoir su créer des structures dans des champs extrêmement variés, qui sont autant d’aiguillons d’une économie qui place l’Homme au centre de ses préoccupations !
A présent, je vous invite à prolonger ce moment autour du buffet.
Je ne voudrais d’ailleurs pas rendre la parole avant d’avoir remercié le groupe SOS dont le « traiteur éthique » offre le cocktail et la société Malongo qui se charge des boissons équitables – merci à vous, cher Jean-Pierre Blanc !
Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 30 mars 2011