Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur le rôle de l'OCDE dans l'aide au développement, à Paris le 26 mai 2011.

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Circonstance : 50ème anniversaire de l'OCDE, le 26 mai 2011

Texte intégral

Madame la Présidente,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs,
Je me réjouis de la tenue, sous la présidence et l'impulsion de Mme Clinton, de cette session sur les «nouveaux paradigmes du développement».
Je salue l'attention portée à ce thème par les Etats-Unis et les priorités que vous défendez. Elles rejoignent les priorités françaises exprimées dans le cadre de notre Présidence du G8 et du G20 et nous venons d'ailleurs, comme les Etats-Unis, de publier une nouvelle stratégie pour notre coopération au développement.
Un nouveau monde émerge depuis la fin du XXème siècle, un monde où les défis sont devenus globaux, où s'affirment de nouveaux équilibres de pouvoirs…
La conséquence de ce nouveau monde est en effet un changement de paradigme. Nous devons repenser les modèles de la croissance économique globale et revoir nos approches des politiques de développement pour mieux anticiper le monde de demain. Nous devons articuler étroitement les questions économiques et de développement.
Certes, la mondialisation a permis de sortir des millions de personnes de la pauvreté. Mais elle se traduit aussi par des écarts de revenus et des déséquilibres structurels croissants, susceptibles de menacer à terme la prospérité et la stabilité globale.
Le sentiment d'exclusion et d'injustice des populations a joué un rôle important dans les manifestations qui ont fait fleurir le printemps arabe. Il y a là une question de sécurité collective.
Le développement des pays les plus pauvres, la réduction des inégalités sont désormais une condition nécessaire de la stabilité et de la croissance mondiale.
De plus, les pays en développement peuvent constituer des relais puissants pour la croissance mondiale.
C'est là aussi un renversement de perspective. Nous sommes sortis d'une approche compassionnelle de l'aide pour adopter une approche fondée sur des partenariats plus équilibrés.
Oui, bien sûr, l'Aide Publique au Développement reste indispensable et doit être poursuivie notamment pour les pays privés d'accès aux marchés financiers ou pour l'atteinte des OMD (Objectifs du Millénaire).
Mais elle doit être conjuguée à une coopération au service de la croissance et des défis globaux comme l'environnement. Le soutien à l'investissement privé, l'intégration régionale ou l'accès aux marchés constituent des domaines puissants pour assurer une croissance durable, équilibrée et partagée. Ils constituent des moteurs essentiels pour accélérer le développement humain.
Sur tous ces thèmes, l'OCDE dispose d'atouts majeurs.
L'OCDE jouit d'un statut spécifique qui renforce sa neutralité, sa crédibilité et la pertinence de ses analyses.
Depuis cinquante ans, elle témoigne d'une expertise sans commune mesure, de compétences reconnues à la fois dans le domaine économique et dans celui du développement. C'est pourquoi l'organisation peut et doit jouer un rôle central dans la bonne articulation entre croissance économique et développement.
L'OCDE souhaite adopter une stratégie globale pour le développement. Nous pouvons nous en réjouir.
Le Comité d'aide au développement (CAD) en particulier a un rôle moteur à jouer dans son élaboration. Pour y contribuer, son expérience unique dans l'élaboration de politiques, son rôle clé dans le dialogue sur les expériences de coopération et le nouvel élan impulsé par son président, M. Brian Atwood, seront des atouts précieux.
Cette stratégie pour le développement devra faire une large place au partage des connaissances et au dialogue avec l'ensemble des acteurs de la coopération.
Je pense ici notamment aux pays émergents, dont l'expérience et le parcours économique doivent être valorisés. La France salue et soutient la volonté du Secrétaire général de poursuivre l'ouverture de l'Organisation aux nouveaux outils de la coopération, aux pays partenaires et émergents, afin de maintenir son rayonnement international.
Nous devons maintenant aller au-delà de la simple participation à titre d'observateurs et ouvrir la voie à de réels partenariats différenciés et adaptés avec les pays émergents. Nous sommes prêts, à vos côtés, à donner l'impulsion politique nécessaire pour faire avancer cette question.
Car nous sommes confiants dans la capacité de l'OCDE à relever ce défi. Le G20 a d'ailleurs sollicité l'Organisation pour des contributions sur 6 des 9 piliers du Plan d'action de Séoul pour le développement.
Le dialogue est désormais bien engagé entre l'OCDE et les 5 pays associés à nos travaux, c'est déjà une grande avancée. Mais ce n'est qu'une première étape.
Le monde s'est métamorphosé. Nous entrons dans une nouvelle ère de la coopération internationale dont l'OCDE doit être un pilier. Nous ne pouvons plus agir avec les outils et idées d'hier, nous devons inventer de nouveaux modèles. C'est une grande responsabilité, collective, qui nous échoit.
Le résultat, disons le simplement, comme l'annonce l'OCDE, doit être un monde meilleur.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 27 mai 2011