Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur la politique de l'énergie, à l'Assemblée nationale le 31 mai 2011.

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Circonstance : Question au gouvernement posée par M. Serge Poignant, député (UMP) de Loire-Atlantique, à l'Assemblée nationale le 31 mai 2011

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs les députés,
Monsieur le Président de la Commission,
Le Gouvernement allemand a en effet décidé de confirmer la décision qui avait été prise par le Gouvernement de monsieur Schröder il y a quelques années, de sortir du nucléaire, et le Gouvernement français n'a pas de jugement à porter sur cette décision.
Comme vous l'avez indiqué, c'est une décision qui naturellement aura des conséquences à court terme, puisque l'Allemagne, malgré un effort très important en matière d'énergies renouvelables, devra augmenter le recours au gaz, au charbon et à l'importation d'électricité.
Ça n'est pas, en tout cas, le choix que fait notre pays.
Nous avons depuis 30 ans, d'une façon assez consensuelle, je veux le rappeler, choisi un très grand investissement dans le domaine du nucléaire avec des objectifs qui sont toujours des objectifs d'actualité : l’indépendance énergétique de notre pays, obtenir des coûts d'énergie qui nous rendent compétitifs au plan industriel. Et s'est ajoutée à ces deux objectifs initiaux, la lutte contre le réchauffement climatique puisque chacun constate que, avec les décisions qui ont été prises en Allemagne, il sera plus difficile pour ce pays de respecter les objectifs que nous nous sommes fixés en matière de lutte contre le réchauffement climatique.
Alors, ceci étant dit, l'accident de Fukushima pose des questions en matière de sécurité que personne n'a le droit d'éluder.
Ces questions, nous avons choisi d'y répondre de la manière suivante, d'ailleurs dans les premiers jours qui ont suivi cet accident j'ai indiqué devant l'Assemblée nationale que nous mettions en place un dispositif de test, qui va conduire à simuler sur chacune de nos centrales des situations parfaitement exceptionnelles, des situations qui sont celles qu'a connues la centrale de Fukushima, c’est-à-dire tremblements de terre nettement supérieurs à ce qui se produit en France au regard de notre histoire, inondations massives comme il y a eu le tsunami au Japon, provoquant la panne de l’ensemble des systèmes d’alimentation et de refroidissement des réacteurs, et nous allons passer, chacune de nos centrales, à ce crible-là. Si certaines des centrales ne répondent pas à ces critères, alors nous prendrons la décision de les fermer.
Ensuite, je voudrais dire qu’à l’occasion du Grenelle de l’environnement, même si le nucléaire reste au cœur de notre stratégie en matière d’énergie, nous avons décidé de faire un effort important sur les énergies renouvelables pour mettre en place un mixte énergétique qui soit plus large. Nous avons pris l’engagement d’atteindre 23 % d’énergies renouvelables en 2020.
Et bien, je vous dis : nous tiendrons cet engagement, et d’ailleurs nous allons dans quelques semaines lancer l’appel d’offres pour la première tranche de 3.000 mégawatts en matière d’éolien en mer pour atteindre l’objectif de 6.000 mégawatts en 2020. Et nous aurons dans dix ans, 34 % de notre production électrique qui proviendra des énergies renouvelables. Voilà quelle est la politique que le Gouvernement français a choisi de suivre.
Je voudrais indiquer, sur cette question du nucléaire, que depuis 30 ans, malgré les cris que j’entends ici ou là, il y a eu un consensus, en tout cas un consensus entre les majorités qui ont gouverné notre pays. Je demande de chaque côté de l’hémicycle que l’on soit prudent avant de mettre en cause ce consensus.
Le débat sur l’énergie est un débat qui est naturel, c’est un débat qui est légitime et nous devons nous écouter les uns les autres pour ne pas remettre en cause de manière artificielle un consensus qui a fait la force de notre pays.
Source http://www.gouvernement.fr, le 3 juin 2011