Interview de Mme Nadine Morano, ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle, à I-Télé le 21 juin 2011, sur l'organisation des "primaires" au PS dans le cadre de l'élection présidentielle de 2012.

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Média : Itélé

Texte intégral


 
GUILLAUME DURAND Bonjour à tous, passez la meilleure journée possible. Nous sommes ravis avec Michael de recevoir Nadine MORANO, chargée au gouvernement de l’apprentissage et de la formation professionnelle. On va parler de votre proposition de loi, on va parler des primaires évidemment et de la bataille qui existe – on l’a entendu avec Guillaume TABARD sur Radio Classique – entre l’UMP et le Parti socialiste. Je voudrais qu’on commence par cette histoire de la petite Carla parce que je pense que les gens sont très émus par tout ce qui se passe autour de cette enfant frappée à mort. On est face à un problème qui est un problème quand même assez dramatique qui est celui de l’ultra violence des tout jeunes, c'est-à-dire 13, 14, 15 ans. Vous en pensez quoi ?
 
NADINE MORANOJ e crois qu’en tant qu’adultes, on est tous sidérés lorsqu’on voit un déchaînement de violence de cette nature si jeune. Je crois que ça doit tous nous interpeller au regard aussi sans doute des programmes télé violents.
 
GUILLAUME DURAND Vous faites le lien, vous, carrément ?
 
NADINE MORANO Écoutez, entre certains films vidéo de déchaînement de violence, je ne fais pas le lien évidemment. Je ne dis pas que c’est à cause de ça qu’il s’est produit cet accident dramatique qui a amené la mort de cette gamine, mais enfin je trouve que franchement, quand je regard les programmes que nous avions quand nous étions plus jeunes – rappelez-vous – entre Flipper le dauphin, L’autobus à impériale, Bonne nuit les petits et les dessins animés…
 
GUILLAUME DURAND On n’en est plus là !
 
NADINE MORANO Aujourd'hui je trouve qu’on ne les amène plus dans un monde de ces réalités dans la vie.
 
GUILLAUME DURAND Mais est-ce que vous faites le lien ?
 
NADINE MORANO C’est un lien. Non, non, mais je trouve qu’il y a…
 
GUILLAUME DURAND Parce que c’est ça : il ne s’agit pas de comparer nos adolescences respectives entre celle de cet ado qui faisait de la boxe et des gens disons plus âgés, parce que c’est…
 
NADINE MORANO Mais en ce cas d’espèce, je ne peux pas faire de lien particulier. Luc CHATEL d’ailleurs va se rendre sur place. Ce que je constate d’une manière générale…
 
GUILLAUME DURAND Lui parle de l’augmentation de l’ultra violence ce matin dans Le Parisien.
 
NADINE MORANO Voilà. Ce que je constate d’une manière générale, c’est qu’il y a une augmentation de l’ultra violence dans la jeunesse. Il faut se poser la question du pourquoi. Pourquoi au regard de l’éducation, donc la place des parents ? Pourquoi au regard de notre société avec le développement de certains films vidéo très violents, des jeux vidéo certains très violents.
 
GUILLAUME DURAND Donc vous faites le lien. Vous vous écartez puis vous refaites le lien.
 
NADINE MORANO Non mais je dis qu’il y a un lien entre l’éducation, entre cette société pour laquelle nous devons tous nous interroger quand même. Pourquoi est-ce qu’on arrive à une société ultra violente ? Je suis désolée mais il suffit quand même de regarder les programmes télé pour voir que vous avez très régulièrement des films de sang à l’antenne, donc c’est une réalité quand même.
 
GUILLAUME DURAND Est-ce qu’il faut mettre des gens qui représentent l’ordre devant tous les lycées ? Alors il y a déjà des brigades qui existent et qui circulent. Luc CHATEL parle justement ce matin encore une fois dans Le Parisien de 10 000 interventions mais est-ce qu’il faut vraiment que statutairement il y ait des gens à la sortie des lycées et des collèges qui restent là et qui soient en place ?
 
NADINE MORANO Non mais ce n’est pas avec un fait divers aussi dramatique soit-il qu’il faut commencer aussi à faire une généralisation dans l’ensemble des lycées ou des collèges. La très grande majorité…
 
GUILLAUME DURAND Sauf que – pardonnez-moi, j’insiste : sauf qu’elle s’est fait tabasser devant je ne dis pas des enseignants, mais devant des gens qui étaient là et qui n’ont pas pu intervenir.
 
NADINE MORANO La très grande majorité des lycées et des collèges ne connaissent pas ce genre d’événement, heureusement. Donc sur certains points sensibles, certains établissements sensibles, il faut prendre les mesures adéquates, évidemment. Mais là, il revient au ministre de l’Éducation qui encore une fois se déplace sur le lieu de cet accident dramatique, et à lui d’en tirer les conséquences.
 
GUILLAUME DURAND Je voudrais donner d’ailleurs le chiffre précis, puisqu’il faut être précis – c’est toujours important – des incidents de ce type : il y en a 4 pour 1 000 élèves.
 
NADINE MORANO Oui, voilà.
 
GUILLAUME DURAND C’est le chiffre qui nous est donné. Avant qu’on parle justement de cette proposition de loi qui concerne directement votre ministère, qu’est-ce que vous pensez de cette bataille COPÉ-Parti socialiste sur les primaires ? COPÉ, je veux dire UMP-Parti socialiste, donc vous face aux socialistes dans cette affaire-là ?
 
NADINE MORANO Bien d’abord, il convient de constater que le Parti socialiste est incapable d’avoir un candidat naturel : aucun candidat ne se dégage pour assumer un leadership qui en ferait ce candidat naturel. Donc ils vont en faire assumer la responsabilité de ce choix dans le cadre de primaires.
 
GUILLAUME DURAND Mais ce n’est peut-être pas leur culture, l’idée du candidat naturel. D’un côté la droite a toujours dit à la gauche : « oui mais vous ne comprenez rien à la Vème République. Vous êtes plusieurs, vous pratiquez une démocratie qui ne correspond pas à… » ; mais finalement c’est peut-être leur culture, elle est différente de la vôtre.
 
NADINE MORANO Mais tout simplement, je pense que personne ne se dégage en termes de leadership, c’est surtout ça, et que personne n’est en capacité de l’assumer et de s’inscrire comme étant le candidat naturel du Parti socialiste. C’est la première réalité. Ensuite le choix de faire ces primaires : c’est une liberté, ils peuvent organiser des primaires. Par rapport à cette liberté d’organiser les primaires, nous avons également le devoir d’alerter nos concitoyens que l’utilisation qui va être faite des listes électorales, puisque chacun peut avoir accès aux listes électorales, en revanche il faut admettre et constater qu’il y a un risque de fichage. Donc vous y allez, vous serez fiché ; vous n’y allez pas, vous serez fiché par défaut et donc subsistera toujours ce doute dans certaines collectivités.
 
GUILLAUME DURAND Oui mais elles sont légales.
 
NADINE MORANO Non mais je n’ai pas dit qu’elles étaient illégales.
 
GUILLAUME DURAND Il y a l’aval de la CNIL.
 
NADINE MORANO Non mais d’accord, mais je vos dis aussi qu’il existe un risque, personne ne peut le nier. Vous allez dans ces bureaux de vote, vous allez voter donc de toute manière il y aura des assesseurs, il y aura des militants socialistes qui seront là et qui vont regarder ceux qui viennent dans ces communes pour participer aux primaires socialistes et ils vont aussi s’apercevoir que certaines personnalités – chefs de service d’une mairie, présidents d’associations – ne s’y sont pas rendus. Et donc, ils pourront constituer par défaut un fichier en se disant : « bien celui-là n’a pas participé aux primaires », donc quid aussi de ce qui va se passer par la suite.
 
GUILLAUME DURAND Mais ce serait totalement contre-productif puisqu’ils veulent faire de ces primaires une sorte de bande annonce de la présidentielle, de transformer entre les deux, alors qu’ils auront d’autres préoccupations, ces fichiers en une sorte de fichage général de la population. Enfin, bon…
 
NADINE MORANO Ils se constituent une base de données, figurez-vous. Donc ça, c’est votre analyse : ce serait contre-productif. Moi je crois, et pour voir aussi sur le terrain certaines personnes dont je ne citerais pas le nom, mais qui font, qui dans leur comportement sont extrêmement sectaires, et certains fonctionnaires d’ailleurs viennent nous le dire. Ceci étant, le sectarisme peut exister des deux bords. Mais nous n’organisons pas de primaires de notre côté.
 
GUILLAUME DURAND D’accord mais est-ce que la CNIL a eu tort ?
 
NADINE MORANO Non, il ne s’agit pas de…
 
GUILLAUME DURAND Si parce qu’ils s’appuient quand même – Arnaud MONTEBOURG qui a réfléchi à ces primaires le dit à chaque fois – ils ont suivi toutes les recommandations de la CNIL.
 
NADINE MORANO Mais enfin !
 
GUILLAUME DURAND Donc en mettant en cause les primaires, vous mettez en cause la CNIL.
 
NADINE MORANO Mais monsieur DURAND…
 
GUILLAUME DURAND Madame MORANO.
 
NADINE MORANO Non mais dans la pratique, quand on nous dit que les fichiers vont être détruits, chacun sait très bien qu’on peut prendre des photos des fichiers, qu’on peut les retranscrire ensuite.
 
GUILLAUME DURAND Vous ne pensez pas qu’ils ont autre chose à faire juste dans la perspective de la présidentielle ?
 
NADINE MORANOJ e l’espère qu’ils ont autre chose à faire. Moi je vous dis simplement que ces primaires, ils vont les organiser : c’est leur liberté. Nous, notre devoir c’est d’alerter la population, de les appeler à la vigilance sur le risque qui existe de participer à cette primaire.
 
GUILLAUME DURAND Mais c’est de la politique.
 
NADINE MORANO C’est d’être fiché d’une manière…
 
GUILLAUME DURAND Mais c’est pour leur taper dessus, c’est de la politique.
 
NADINE MORANO Mais non, ce n’est pas pour leur taper dessus. C’est parce que ça inquiète des gens qui nous le disent.
 
GUILLAUME DURAND Ça inquiète Jean-François COPÉ, vous.
 
NADINE MORANO  Non, non, pas du tout, vous avez tort. Mo je vois dans certaines communes qui sont dirigées par des socialistes des gens qui n’ont pas cette pensée de gauche nous dire : « mais attendez, moi je travaille dans cette mairie et si je ne vais pas participer aux primaires, comment ça va se passer pour moi ? » Il y a une réelle inquiétude d’abord des fonctionnaires, je vous le dis. Il y a une réelle inquiétude des présidents d’associations et il y a des parents – parce que quand Jean-François COPÉ a parlé par exemple de cette histoire de places de crèches – il y aura toujours un doute qui subsiste de se dire est-ce qu’on n’a pas favorisé un citoyen qui, lui, est allé participer aux primaires, a été mieux traité que moi qui n’y suis pas allé. Donc notre devoir c’est d’informer et d’alerter, leur liberté c’est d’organiser les primaires. GUILLAUME DURAND Vous êtes en pleine forme ce matin.
 
NADINE MORANO Toujours !
 
GUILLAUME DURAND [rires] Dernier point. Il y a quand même quelque chose qui est assez amusant à droite, c’est que pendant des semaines vous avez expliqué à Michael – bonjour Michael.
 
MICHAEL DARMON Bonjour.
 
NADINE MORANO Bonjour.
 
MICHAEL DARMON Vous avez expliqué finalement que les primaires, c’était une machine à perdre pour la gauche, et là maintenant vous avez l’air de les craindre puisque vous les dénoncez.
 
NADINE MORANO Mais on ne les craint pas du tout. Mais monsieur DURAND…
 
GUILLAUME DURAND Madame MORANO.
 
NADINE MORANO Le débat il ne se place pas sur le fait de craindre les primaires. Il se place uniquement sur le fait d’alerter nos concitoyens. Écoutez, franchement, le vote par définition il est secret. Il y a des isoloirs. Donc à partir du moment où vous utilisez les fichiers, les listes électorales, que vous n’êtes plus dans le cadre d’un isoloir, donc quelque part vous bafouez le secret du vote et des convictions. Donc les socialistes ont le droit, parce qu’ils n’ont pas de candidat naturel et parce que personne ne se dégage en termes de leadership d’avoir recours à ces primaires, mais nous, notre objectif ce n’est pas de craindre les primaires – ce n’est pas ça le débat, c’est leur problème. Nous, notre objectif c’est d’alerter la population et de répondre aux craintes qui nous sont remontées de part et d’autre. Voilà.
 
GUILLAUME DURAND Vous avez aujourd'hui une convention cet après-midi sur la place des femmes dans la société française. Vous connaissez ce sujet par coeur. J’ai quelques chiffres parce que c’est important. Sur les conseillers politiques de l’UMP, il y a 11 femmes sur 51 conseillers ; secrétaires nationaux, il y a en a 45 sur 202 ; à l’Assemblée, 47 sur 313. Là, on est quand même très, très loin de ce que déclarait le président de la République. Je le re-cite, je reprends mon petit papier. 25 avril 1007 : il voulait un gouvernement de 15 ministres et avec bien sûr la parité. Ça a complètement disparu ! Au départ, oui…
 
NADINE MORANO Je ne dis pas qu’il n’y a pas des efforts à faire.
 
GUILLAUME DURAND Ne me dites pas que…
 
NADINE MORANO Je ne dis pas qu’il n’y a pas des efforts à faire, donc c’est exactement ce que je dis. Dans l’équipe dirigeante de l’UMP, nous avons des délégués généraux. Je vous rappelle que je suis déléguée générale en charge des élections.
 
GUILLAUME DURAND C’est pour ça que je vous pose la question.
 
NADINE MORANO Donc je sais la réalité de la difficulté à laquelle je suis confrontée. Je vois bien que même aux sénatoriales, puisque vous êtes obligé dans le cadre des scrutins de liste de faire ce qu’on appelle le chabada, un homme-une femme ou une femme-un homme.
 
GUILLAUME DURAND Le chabada ?
 
NADINE MORANO Et la réalité, c’est que quand vous n’avez pas – quand certains hommes se disent : « moi, je ne pourrai pas avoir la deuxième place alors qu’on a deux postes possibles de sénateurs, je fais ma propre liste ». Donc c’est une réalité et c’est une grande difficulté, la parité ; il ne faut pas se voiler la face.
 
GUILLAUME DURAND Donc il y a du boulot.
 
NADINE MORANO En même temps, parmi les délégués généraux et délégués généraux adjoints, Jean-François COPÉ a souhaité que nous ayons autant de femmes que d’hommes. C’est en marche, je peux vous dire que ce qu’il faut vraiment changer c’est la façon de faire de la politique en France. C’est comme ça qu’on arrivera à avoir beaucoup plus de femmes qui s’y intéressent et qui ont envie de se présenter.
 
GUILLAUME DURAND Michael, de nombreux sujets bien évidemment.
 
MICHAEL DARMON Bonjour Nadine MORANO.
 
NADINE MORANO Bonjour.
 
MICHAEL DARMON Est-ce que vous pensez que le thème de l’apprentissage est susceptible au fond de faire modifier le bilan de Nicolas SARKOZY à un an, presque à un an de l’élection présidentielle ? Est-ce que ce thème-là est un thème au fond important pour les Français ?
 
NADINE MORANO C’est un thème qui est fondamental pas spécifiquement pour Nicolas SARKOZY, mais surtout pour les jeunes parce que encore une fois l’exemple allemand avec 11 % de jeunes seulement au chômage et nous avec un taux de près de 20 %, il nous faut mener dans notre pays une révolution culturelle. Il faut arrêter de faire croire que 80 % d’une classe d’âge au bac, c’est la solution. Il nous faut 100 % de jeunes formés et 100 % de jeunes formés ça veut dire les amener dans toutes les filières dont nous avons besoin.
 
MICHAEL DARMON Mais pourquoi ça devient important à un an de l’élection présidentielle ?
 
NADINE MORANO Parce que c’est une nécessité. Parce qu’on voit très bien qu’un jeune sur deux échoue à l’université, parce qu’on voit très bien qu’on a des jeunes qui se cherchent et ne se trouvent pas donc nous avons besoin de modifier l’orientation et nous avons besoin aussi de dire à ces jeunes qui choisissent les formations par alternance que c’est une facilité pour eux ensuite d’entrer sur le marché de l’emploi. Les chiffres sont éloquents à cet égard : plus de 80 % des jeunes qui ont choisi une formation par alternance entre facilement sur le marché de l’emploi.
 
MICHAEL DARMON Alors comment vous arrivez à concilier finalement cet objectif-là, parce que vous êtes face à des collectivités locales qui sont politiquement opposées ? Vous arrivez quand même à créer un consensus là-dessus ?
 
NADINE MORANO Sur ce dispositif, on a une part de compétences partagées. Par exemple nous sommes dans la signature des contrats d’objectifs et de moyens, la nouvelle génération avec les régions, et force est de constater que les régions s’inscrivent dans la démarche de l’État en partenariat puisque j’ai déjà signé avec monsieur BOURQUIN, président de la région Languedoc-Roussillon, notre contrat d’objectifs et de moyens à parité, c'est-à-dire un euro - face à un euro de l’État, un euro de la région. C’est un engagement de 70 millions d’euros dans cette région pour 12 500 apprentis supplémentaires.
 
MICHAEL DARMON Donc travailler avec la gauche, c’est possible.
 
NADINE MORANO Avec les régions, je vois qu’il y a une démarche qui s’inscrit dans cette volonté que j’ai affichée, c'est-à-dire que le développement de l’apprentissage doit être un objectif national partagé. J’étais hier en région Bourgogne où j’ai signé avec le président PATRIAT là aussi la convention cadre pour le développement de l’apprentissage avec 17 % d’augmentation. Donc là aussi, je vois qu’il y a une volonté commune de travailler au service des jeunes.
 
MICHAEL DARMON Alors ce sera certainement effectivement un des gros sujets de la campagne de 2012. On a le sentiment que tout le monde également veut être candidat à droite. Demain Christine BOUTIN se déclare à Montfermeil officiellement candidate à l’élection présidentielle pour 2012. Qu’est-ce que vous en pensez ? Des risques de division ?
 
NADINE MORANOJ e dis que le pire risque pour notre famille politique serait de donner le même spectacle qu’au Parti socialiste, c'est-à-dire la division. L’UMP est notre succès, c’est ce qui nous a permis de gagner par deux fois l’élection présidentielle et si nous avons constitué l’UMP, c’est parce qu’il fallait en finir avec des divisions assassines. Alors moi ce que je souhaiterais de la part de Christine BOUTIN comme pour Jean-Louis BORLOO d’ailleurs, c’est qu’ils puissent exprimer leur sensibilité et leurs idées à l’intérieur de notre famille politique.
 
MICHAEL DARMON Ah, elle le fait demain concrètement. Jean-Louis BORLOO il fait planer le doute, mais elle, demain elle dit : « je suis candidate ». Ça veut dire qu’elle a 500 signatures dans la poche.
 
NADINE MORANO C’est sa liberté. Attendons demain de voir ce qu’elle va dire. C’est la liberté d’ailleurs de chacun. Moi, j’en appelle à la responsabilité face à la liberté, c'est-à-dire qu’il faut prendre conscience que l’émiettement des voix, le morcellement des voix a amené Lionel JOSPIN à être exclu du deuxième tour de l’élection présidentielle en 2002. Il est de notre responsabilité de rester unis, de créer une dynamique du premier tour et pour cela – parce que l’UMP a été constituée pour cela, c'est-à-dire d’exprimer nos sensibilités : les gaullistes, les libéraux, les centristes et en même temps la famille de Christine BOUTIN.
 
MICHAEL DARMON Mais qui pour représenter les centristes ? François BAYROU ?
 
NADINE MORANO Pardon ?
 
MICHAEL DARMON François BAYROU représente les centristes pour vous ?
 
NADINE MORANO Bien par nature, c’est lui qui occupe le champ du centre, donc l’UMP – puisque monsieur BAYROU n’a pas souhaité s’inscrire dans la création de l’UMP – en revanche, tous ceux qui ont constitué l’UMP l’ont fait pour que notre famille politique à travers sa diversité d’opinions puisse exprimer un plan d’action, un projet qui nous soit commun. Alors moi j’appelle à la fois Jean-Louis BORLOO, Christine BOUTIN et d’ailleurs même Dominique de VILLEPIN à revenir dans sa famille d’origine et à travailler ensemble parce que le service de la France demande à ce que nous soyons unis et à ce que nous ayons une émulation intellectuelle commune et nos idées, on doit les faire vivre dans notre famille politique. C’est notre richesse, c’est notre force.
 
MICHAEL DARMON Vous avez évoqué la parité sur laquelle vous dites qu’il y a donc un effort à faire. Au début du quinquennat, vous étiez un petit peu aussi mandatée pour aller chercher l’UMP, votre famille politique, sur des questions de société un peu audacieuses, notamment sur le mariage homo ou d’autres questions, sur l’homoparentalité.
 
NADINE MORANOJ e n’étais pas mandatée ; ça, ce sont mes convictions personnelles.
 
MICHAEL DARMON Voilà, mais disons que Nicolas SARKOZY vous encourageait à le faire.
 
NADINE MORANO Il respectait mes idées.
 
MICHAEL DARMON Aujourd'hui on voit que ça revient quand même aussi pas mal en arrière de ce point de vue-là.
 
NADINE MORANO Non, non.
 
MICHAEL DARMON Est-ce que vous pensez que l’UMP finalement n’est pas en train de rater quelques grandes évolutions de la société française ?
 
NADINE MORANO Non. Je crois que toutes les questions de société font partie du projet qui devrait être débattu au cours de l’élection présidentielle, donc nous aurons à réfléchir. Le candidat de notre famille politique, en l’occurrence et je l’espère Nicolas SARKOZY, aura lui à se prononcer sur ces évolutions de société souhaitables ou non souhaitables et c’est lui qui portera le projet, donc il revient de sa responsabilité de l’exprimer devant les Français.
 
MICHAEL DARMON Mais lorsque vous voyez par exemple une partie de l’UMP, notamment ce groupe la Droite Populaire qui demande la démission de Roselyne BACHELOT parce qu’elle a finalement exprimé des convictions qui sont assez proches des vôtres…
 
NADINE MORANO C’est totalement choquant.
 
MICHAEL DARMON Ça vous choque ?
 
NADINE MORANO Ah ! bien moi j’ai l’ai dit : je trouve ça totalement choquant. Respectons-nous et respectons-la d’abord. Je crois qu’encore une fois la force de notre famille politique, c’est de respecter notre diversité. On ne peut pas être d’accord sur tout évidemment et d’ailleurs on n’aurait plus rien à se dire si on était d’accord sur tout. On a besoin de débattre, on a besoin de choisir, on a besoin de nourrir ce débat intellectuel et de faire des propositions. On ne peut pas comme ça demander à un ministre qui exprime des convictions personnelles de lui dire : « eh bien écoutez, moi je ne suis pas d’accord, je vous demande de partir ». Au nom de quoi ?  
 
MICHAEL DARMON C’est trop droitisé ?
 
NADINE MORANO Ce n’est même pas une question de trop droitisé : c’est une question de manque de respect et je crois que ce n’est pas digne d’un responsable politique de manquer de respect à un ministre comme cela.
 
MICHAEL DARMON Un dernier détail concernant justement l’affaire des primaires. Brice HORTEFEUX avait validé tout le système. Il a fait une erreur ?
 
NADINE MORANO Non. Encore une fois, c’est la liberté du Parti socialiste que d’organiser des primaires et c’est notre devoir…
 
MICHAEL DARMON Brice HORTEFEUX avait mal regardé le dossier finalement ?
 
NADINE MORANO Non, non. Encore une fois, Claude GUÉANT lui aussi a dit que ces primaires étaient totalement légales, donc ce n’est pas la remise en cause de la légalité des primaires : c’est leur liberté.
 
MICHAEL DARMON Vous voulez qu’elles soient plus ouvertes en fait ?
 
NADINE MORANO Non, non. Je dis c’est leur liberté, mais notre devoir c’est d’expliquer les dérapages qu’il peut y avoir à ces moments précis.
 
MICHAEL DARMON Merci beaucoup.
 
GUILLAUME DURAND Merci Michael, merci Nadine MORANO.
 
NADINE MORANO Merci.
 
GUILLAUME DURAND Je rappelle que vous êtes chargée de l’apprentissage et de la formation professionnelle au gouvernement. Passez la meilleure journée possible.
 
NADINE MORANO Vous aussi. Merci beaucoup.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 1er juillet 2011