Déclaration de M. Henri de Raincourt, ministre de la coopération, sur la coopération décentralisée, à Paris le 7 juillet 2011.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Participation à la Commission nationale de la coopération décentralisée, à Paris le 7 juillet 2011

Texte intégral

Messieurs les Ministres
Mesdames et Messieurs les élus, représentants de l’AMF, de l’ARF et de l’ADF,
Mesdames et Messieurs, Représentants de l’Etat,
Madame Marie-Josée Tulard,
Et permettez-moi de le dire : Chers Amis,
C’est un honneur d’être parmi vous aujourd’hui et de présider à la demande du Premier ministre la Commission nationale de la coopération décentralisée.
Ma vie d’élu local m’a permis très tôt de constater les mérites de la coopération décentralisée. Comme vous le savez, je suis et je reste un élu local. Au sein du Conseil général de l’Yonne, j’ai eu le bonheur d’initier des actions de coopération décentralisée dans le domaine de la santé en faveur de la Géorgie, actions qui ont été bénéfiques dans la durée pour les populations et ont convaincu les Icaunais du mérité des actions de solidarité internationale.
Vous avez donc face à vous un ministre qui a été lui-même un acteur engagé de la coopération décentralisée. Cependant, mon portefeuille ministériel m’a permis de mieux mesurer l’impact global de nos actions au niveau national et je constate tous les jours que la coopération décentralisée est une partie essentielle de l’action extérieure de la France.
- Nos collectivités sont sollicitées par un nombre toujours plus important de pays souhaitant partager notre expérience de la gestion locale. Aujourd’hui c’est près de 5 000 collectivités françaises qui sont engagées auprès de 10 000 collectivités partenaires.
- Nos actions de coopération sont appréciées pour leur efficacité, leur caractère pratique et l’ouverture qu’elles offrent vers plus de responsabilité et de démocratie locale. La coopération décentralisée, c’est aujourd’hui plus de 12 000 projets de coopération dans le monde pour un volume d’engagement de plus de 72 millions d’euros dont 60 % en Afrique subsaharienne et 15 % au Maghreb.
Je tiens donc à rendre hommage à tous ces élus de France qui agissent en méditerranée, en Afrique subsaharienne, en Asie ou en Amérique du Sud. Si les bouleversements politiques rendent cet exercice plus difficile, ils n’entament cependant pas la volonté des collectivités françaises, et nous devons en être fiers.
Ce qui est une autre source de fierté, c’est la qualité de notre engagement.
Si la solidarité est toujours le moteur premier des projets de coopération décentralisée, les collectivités s’efforcent de nouer de véritables relations de partenariat, entre pairs. Elles abordent des problématiques auxquelles nous sommes tous confrontés comme le développement durable, la gestion urbaine, l’avenir des zones rurales ou la diversité culturelle.
Elles ont la volonté d’inscrire leurs actions au service de la décentralisation, consciente que la démocratie et le développement ne peuvent se concevoir sans une dimension locale.
Cette évolution de la coopération décentralisée vers des liens de plus en plus techniques entre les collectivités partenaires appelle une bonne coordination de tous les acteurs.
Au plan national, nous cherchons à assurer la cohérence entre les actions menées par les collectivités territoriales, l’Etat ou ses opérateurs telle l’agence française de développement, dont nous parlerons tout à l’heure avec son Directeur général.
Nous encourageons également la mutualisation des actions, comme celles des plateformes regroupant les collectivités agissant sur le même territoire régional.
Citons les initiatives de :
- l’Auvergne dans la région du Liaoning en Chine
- de la région Champagne Ardennes - dont je salue le président (Jean-Paul Bachy) - dans la région de l’Oriental au Maroc
- ou encore la plateforme de 4 régions françaises en faveur du développement territorial durable au Brésil.
Au plan européen, nous avons déployés tous nos efforts pour que le rôle des autorités locales dans le développement soit mieux reconnu par la commission.
Au plan international, nous avons mis en place deux assistants techniques auprès du PNUD et de la FAO. Nous accompagnons également les associations internationales d’élus, dans lesquelles les Français sont très actifs, pour faciliter leurs relations avec les organisations internationales.
Notre Commission, tout comme le forum qui se tient en ce moment même, nous permettent de prendre le pouls de la coopération décentralisée. À cet égard, si l’enthousiasme des collectivités françaises ne se dément pas, il devient plus difficile pour elles d’agir du fait des bouleversements politiques tout comme de la crise financière.
Sur le plan politique, je pense notamment à toute la région du Sahel, où les mesures de sécurité, pourtant indispensables, ne facilitent pas votre travail.
Néanmoins, je sais votre détermination à continuer et à trouver, en concertation avec les services du ministère et nos ambassades, des conditions nouvelles pour agir au service des populations. Elles sont, il faut le rappeler, les premières victimes de ces conditions dégradées. Le ministère des affaires étrangères et européennes ne l’oublie pas lorsqu’il prend la responsabilité de classer en zone orange ou rouge une région du monde.
Il ne faut pas non plus occulter les difficultés financières rencontrées par certaines collectivités françaises.
C’est la raison pour laquelle, dans un contexte budgétaire pourtant difficile, le gouvernement s’est efforcé de stabiliser l’aide apportée à la coopération décentralisée à près de 9 millions d’euros. Je puis vous assurer que lors des arbitrages budgétaires à venir, je continuerai de défendre la cause de la coopération décentralisée.
Car même si les circonstances rendent notre tâche difficile, nous nous devons de répondre aux formidables défis qui apparaissent dans le bassin méditerranéen, l’Afrique subsaharienne et les pays émergents.
De nouvelles perspectives s’ouvrent en Méditerranée avec le printemps arabe et notre pays, dans toutes ses composantes, a un rôle moteur à jouer.
A cet égard, je voudrais souligner l’accord conclu entre la France et le Royaume du Maroc pour le soutien à la coopération décentralisée. Cet accord, que j’ai eu le plaisir de signer avec le ministre marocain des collectivités locales tout récemment, vise à construire une stratégie de soutien à la coopération décentralisée. Ce nouvel instrument sera piloté par les autorités françaises et marocaines ainsi que les associations représentants les collectivités des deux pays.
Vous savez que nous sommes prêts à soutenir dans le même esprit la coopération avec la Tunisie.
Plus globalement sur l’ensemble de la Méditerranée, nous souhaitons approfondir le dialogue avec les acteurs. Il est important d’examiner la place et le rôle dévolus aux autorités locales dans les politiques, notamment européennes, en faveur de la Méditerranée.
Je sais qu’une réunion est prévue dans ce sens à Bordeaux le 30 septembre prochain.
L’engagement des collectivités françaises en Afrique subsaharienne ne se dément pas. Vous y êtes très présents et ces pays restent les bénéficiaires majoritaires de nos soutiens financiers.
Nous souhaitons mettre ces soutiens encore plus au service de la décentralisation et du développement économique, en élaborant des dispositifs conjoints partout où cela sera possible.
Enfin abordons la question des pays émergents.
Nous souhaitons les impliquer dans une approche conjointe de soutien à la coopération décentralisée, en leur proposant de relever avec eux les nouveaux défis liés aux questions de développement durable.
Des pays, comme l’Inde et l’Argentine récemment, ont accepté de présenter avec la France des appels à projets conjoints pour inciter leurs collectivités respectives à mener ensemble des actions de coopération décentralisée.
On met ainsi en place une coopération gagnant-gagnant au service de l’influence de notre pays. Je sais que le secrétaire général aura à cœur d’insister sur cette dimension dans sa présentation.
Notre réunion d’aujourd’hui et le moment annuel privilégié de dialogue entre tous les membres de la CNCD. Je souhaite donc que nos échanges soient les plus libres et les plus concrets possibles et serai heureux d’aborder avec vous toutes pistes d’amélioration de nos dispositifs de coopération en faveur de cette «brique» essentielle de l’Aide Publique au Développement française.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 8 juillet 2011