Déclaration de M. Alain Juppé, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la libération des deux journalistes français, MM. Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, retenus comme otages en Afghanistan, Paris le 29 juin 2011.

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Circonstance : Libération de Stéphane Taponier et Hervé Ghesquière le 29 juin 2011

Texte intégral

Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier sont enfin libres ; ainsi que leur interprète Reza Din.

Ils ont été libérés cette après-midi. Ils ont gagné l'ambassade de France. Ils sont en bonne santé. Ils rejoindront le territoire national dans la nuit et seront à Paris demain matin.

C'est un moment de joie et de soulagement. Je veux d'abord penser à eux qui ont traversé une si longue épreuve : 547 jours de captivité. Je pense aussi à leur famille avec lesquelles nous avons été constamment en contact. Je voudrais aussi signaler que leurs deux autres accompagnateurs ont été libérés, il y a un certain temps mais cette libération n'avait pas été rendue publique pour préserver la sécurité des intéressés et ne pas compromettre l'issue de l'affaire.

J'ai parlé de moment de joie et de soulagement, c'est aussi un moment de remerciement. Je voudrais profiter de ce contact avec vous pour remercier tous ceux qui se sont mobilisés pour parvenir à ce résultat. Le président Karzaï nous a aidés dans la recherche d'une solution dans ce conflit. Je voudrais aussi saluer le rôle du comité de soutien à leurs deux camarades journalistes ; la pression maintenue tout au long de cette période a été tout à fait utile. Je voudrais saluer la mobilisation de tous les services de l'Etat sous l'impulsion et l'autorité du président de la République.

Il m'est souvent arrivé de dire que cette mobilisation était quotidienne ; cela correspond bien à la réalité.

Je remercie nos militaires, nos diplomates, nos services, peut-être tout particulièrement le Centre de crise du Quai d'Orsay qui a été constamment mobilisé ; plusieurs responsables sont ici autour de moi. Ils ont été en permanence au contact avec les familles qui étaient bien sûr à la recherche d'information. La plus grande difficulté, c'était de ne pas susciter de fausses espérances.

On nous a beaucoup demandé : mais pourquoi est-ce que cela a été aussi long ? Si cela avait été facile, nous aurions été vite. C'était difficile pour au moins deux raisons. La première raison, c'est que nous avions face à nous une organisation, ou plutôt une désorganisation extrêmement complexe avec plusieurs responsables, qu'il fallait identifier. Il a fallu démêler les fils de tout cela, obtenir des feux verts qui venaient de circuits différents. Cela a donc été extrêmement long et compliqué. Nous avons eu des moments de grands espoirs souvent déçus. Enfin, aujourd'hui, le but est atteint. Et puis, la deuxième raison, c'est que nos deux compatriotes, vos deux collègues, Mesdames et Messieurs les journalistes, étaient détenus dans une zone de combat, contrôlée d'ailleurs par l'armée française, ceci rendait les choses particulièrement sensible et difficile.

Voilà ce que je voulais vous dire ce soir. Je sais que vous avez mille questions sur les conditions exactes de leur libération, sur leur situation actuelle… Je n'y répondrai pas pour deux raisons : parce qu'ils ne sont pas encore sur le territoire national et, deuxièmement parce que vous les verrez demain. Ils pourront donc eux-mêmes vous dire beaucoup mieux que moi comment les choses se sont passées.

Je voulais simplement faire ce rappel et vous dire que tout ceci est le fruit d'efforts extrêmement soutenus et opiniâtres. C'est pour tous les collaborateurs qui sont ici présents et qui ont suivi cela au jour le jour une très grande satisfaction. C'est d'abord un grand bonheur pour eux deux, bien sûr, et pour leur famille.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 1er juillet 2011