Déclaration de M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé, sur la régulation de la crise économique et financière mondiale et la réunion du G20, Paris le 23 mai 2011.

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Circonstance : Conférence de la présidence française du G20 à Paris le 23 mai 2011

Texte intégral


En ouvrant ce matin cette conférence de haut niveau dans le cadre du G20, le Président de la République a rappelé ce qu’a été la crise économique mondiale pour chacun de nos pays : un séisme sans précédent, séisme non seulement sur les plans économiques et financiers, mais aussi sur le plan social, par ses conséquences désastreuses sur nos marchés du travail et de l’emploi, et je pense en particulier aux jeunes.
Nos gouvernements ont agi dans les moments les plus durs de la crise, en prenant, en France par exemple, des mesures rapides pour soutenir autant que possible la croissance, l’emploi et le pouvoir d’achat.
Nous ne pouvions en rester là. Au-delà de la crise, c’est tout l’équilibre de la mondialisation qui s’est trouvé remis en cause.
Nous ne pouvons plus nous contenter de réguler la mondialisation uniquement sur le plan économique et financier. Nous ne pouvons plus accepter de devoir choisir entre la croissance économique et financière, d’une part, et le progrès social, d’autre part, comme s’il fallait opposer l’un à l’autre.
Il faut les deux : ce que nous voulons, c’est tout mettre en œuvre pour que la mondialisation permette à la fois la croissance économique et le développement de l’emploi, des droits fondamentaux du travail et de la protection sociale. C’est ainsi que nous pourrons ouvrir la voie à une mondialisation à la fois plus solide, plus équitable et plus durable.
Telle est l’attente des citoyens de nos pays, telle est aussi notre responsabilité.
Voilà pourquoi nous avons décidé, en nous appuyant sur les travaux des sommets de Pittsburgh et de Washington, de travailler ensemble dans le cadre de cette présidence française du G20 pour changer ce qui doit l’être.
Pour cela il faut que tout le monde travaille ensemble dans la même direction. Il faut donc une meilleure cohérence des politiques économiques et sociales au niveau mondial.
Voilà pourquoi la conférence qui nous réunit aujourd’hui représentait une étape essentielle. Comme l’a souligné le Président de la République, c’est la première fois que des ministres du travail, des représentants des partenaires sociaux et des dirigeants des grandes organisations internationales échangent ensemble pour renforcer la dimension sociale de la mondialisation.
Nous avons évoqué chacune des priorités de notre présidence dans les différentes tables rondes :
* Promouvoir le plein emploi et des emplois de qualité,
* Mettre en œuvre un socle de protection sociale adapté à la réalité de chaque pays,
* Promouvoir les droits et principes fondamentaux du travail,
* Et renforcer la cohérence entre les organisations internationales et les politiques économiques, de finance, du commerce, du développement et les politiques sociales.
Sur chacune de ces priorités, nous avons pu entendre les expériences des uns et des autres, identifier nos différences mais aussi nos préoccupations communes.
Mais la discussion n’est pas une fin en soi : nous devons passer des bonnes intentions à l’action, c’est notre ambition commune. Voilà donc les pistes que nous pouvons retenir pour progresser dans la mise en œuvre des priorités sociales de ce G20.
* D’abord, j’ai senti, au moment de la table-ronde présidée ce matin par Christine Lagarde, l’importance que chacun d’entre nous accordions à une politique de l’emploi ambitieuse, et aux défis communs que nous avons à affronter, je pense notamment à l’emploi des jeunes.
* Deuxième point, nous avons rappelé l’importance du socle de protection sociale : il nous faut aider à construire ce socle de protection sociale dans les pays qui n’en disposent pas, l’améliorer dans les pays où il existe et le rendre soutenable aussi sur le plan budgétaire.
Cela prendra du temps, le Président de la République l’a rappelé. Nous devons progresser en respectant la souveraineté de chaque Etat, et avec l’aide des organisations internationales : Mme Grynspan, du PNUD, nous a montré comment ces dernières pouvaient y contribuer.
Le travail du groupe de haut niveau présidé par Mme Bachelet nous sera évidemment très utile. Martin Hirsch, qui est membre de ce groupe de haut niveau, a pu nous faire part de ses avancées.
* Troisième point, pour renforcer le respect des droits fondamentaux du travail, nous devons nous appuyer non seulement sur les Etats et les Organisations internationales, mais aussi sur l’ensemble des acteurs économiques.
Les partenaires sociaux ont fait part de leur engagement sur ces sujets, je pense notamment aux interventions constructives de Sharon Burrow et Laurence Parisot.
* Quatrième point, nous souhaitons que les réunions des Ministres du Travail et de l’Emploi se pérennisent dans le processus du G20, et je sais que nous pouvons compter sur le Mexique, qui prendra le relais de notre présidence en 2012.
* Cinquième point, nous voulons que les organisations internationales coordonnent mieux leurs actions, notamment grâce à des observateurs croisés.
J’ai bien noté les propos de Juan Somavia et ceux de l’OMC, notamment de son directeur général Pascal Lamy ce matin, pour que l’OIT et l’OMC travaillent encore plus ensemble. C’est un signe important de coopération pour toutes les organisations internationales. Il n’est pas anodin non plus, je pense, que cette semaine, Angel Gurria et Juan Somavia signent un nouvel accord de coopération entre l’OIT et l’OCDE. C’est un symbole fort.
* J’ai bien noté aussi la proposition de la CSI d’établir un groupe de travail chargé du suivi des décisions du G 20 en matière d’emploi, afin notamment d’associer d’une manière institutionnalisée les partenaires sociaux. Vous pouvez compter sur le soutien de la présidence française à cette idée ambitieuse.
Je voudrais terminer en évoquant les prochaines étapes de notre calendrier :
* Le 3 juin, j’irai présenter devant l’Assemblé générale des Nations unies les priorités sociales de ce G20 ;
* Le 14 juin, pendant la Conférence internationale du travail, cher Juan Somavia, aura lieu une réunion informelle des ministres du G20.
Ces étapes nous permettront de réfléchir aux recommandations qui pourraient être formulées par les ministres du travail et de l’emploi en septembre prochain, puis comment les chefs d’Etat pourront en tenir compte au Sommet de Cannes.
Parallèlement, les partenaires sociaux se rencontreront en marge du Sommet de Cannes, dans le B20 pour les employeurs et le S20 pour les salariés.
Les partenaires sociaux sont de fins connaisseurs de nos marchés du travail, des attentes des salariés et des besoins des employeurs, voilà pourquoi nous avons tenu à les associer à toutes les étapes de ce G20.
J’en ai bien conscience, il nous reste encore beaucoup à faire pour avancer dans la mise en œuvre de nos objectifs : ils sont ambitieux, tout ne se fera pas en un jour, mais nous sommes sur la bonne voie. Ensemble, nous allons faire en sorte, comme l’a souhaité le Président de la République, et comme nous le souhaitons tous, que la mondialisation soit une chance pour les citoyens de nos pays, en développant son volet social, qui forme le complément indispensable de toute politique économique cohérente et responsable.
Je vous remercie.
Source http://www.travail-emploi-sante.gouv.fr, le 24 mai 2011