Texte intégral
En ouvrant ce matin cette conférence de haut niveau dans le cadre du G20, le Président de la République a rappelé ce qua été la crise économique mondiale pour chacun de nos pays : un séisme sans précédent, séisme non seulement sur les plans économiques et financiers, mais aussi sur le plan social, par ses conséquences désastreuses sur nos marchés du travail et de lemploi, et je pense en particulier aux jeunes.
Nos gouvernements ont agi dans les moments les plus durs de la crise, en prenant, en France par exemple, des mesures rapides pour soutenir autant que possible la croissance, lemploi et le pouvoir dachat.
Nous ne pouvions en rester là. Au-delà de la crise, cest tout léquilibre de la mondialisation qui sest trouvé remis en cause.
Nous ne pouvons plus nous contenter de réguler la mondialisation uniquement sur le plan économique et financier. Nous ne pouvons plus accepter de devoir choisir entre la croissance économique et financière, dune part, et le progrès social, dautre part, comme sil fallait opposer lun à lautre.
Il faut les deux : ce que nous voulons, cest tout mettre en uvre pour que la mondialisation permette à la fois la croissance économique et le développement de lemploi, des droits fondamentaux du travail et de la protection sociale. Cest ainsi que nous pourrons ouvrir la voie à une mondialisation à la fois plus solide, plus équitable et plus durable.
Telle est lattente des citoyens de nos pays, telle est aussi notre responsabilité.
Voilà pourquoi nous avons décidé, en nous appuyant sur les travaux des sommets de Pittsburgh et de Washington, de travailler ensemble dans le cadre de cette présidence française du G20 pour changer ce qui doit lêtre.
Pour cela il faut que tout le monde travaille ensemble dans la même direction. Il faut donc une meilleure cohérence des politiques économiques et sociales au niveau mondial.
Voilà pourquoi la conférence qui nous réunit aujourdhui représentait une étape essentielle. Comme la souligné le Président de la République, cest la première fois que des ministres du travail, des représentants des partenaires sociaux et des dirigeants des grandes organisations internationales échangent ensemble pour renforcer la dimension sociale de la mondialisation.
Nous avons évoqué chacune des priorités de notre présidence dans les différentes tables rondes :
* Promouvoir le plein emploi et des emplois de qualité,
* Mettre en uvre un socle de protection sociale adapté à la réalité de chaque pays,
* Promouvoir les droits et principes fondamentaux du travail,
* Et renforcer la cohérence entre les organisations internationales et les politiques économiques, de finance, du commerce, du développement et les politiques sociales.
Sur chacune de ces priorités, nous avons pu entendre les expériences des uns et des autres, identifier nos différences mais aussi nos préoccupations communes.
Mais la discussion nest pas une fin en soi : nous devons passer des bonnes intentions à laction, cest notre ambition commune. Voilà donc les pistes que nous pouvons retenir pour progresser dans la mise en uvre des priorités sociales de ce G20.
* Dabord, jai senti, au moment de la table-ronde présidée ce matin par Christine Lagarde, limportance que chacun dentre nous accordions à une politique de lemploi ambitieuse, et aux défis communs que nous avons à affronter, je pense notamment à lemploi des jeunes.
* Deuxième point, nous avons rappelé limportance du socle de protection sociale : il nous faut aider à construire ce socle de protection sociale dans les pays qui nen disposent pas, laméliorer dans les pays où il existe et le rendre soutenable aussi sur le plan budgétaire.
Cela prendra du temps, le Président de la République la rappelé. Nous devons progresser en respectant la souveraineté de chaque Etat, et avec laide des organisations internationales : Mme Grynspan, du PNUD, nous a montré comment ces dernières pouvaient y contribuer.
Le travail du groupe de haut niveau présidé par Mme Bachelet nous sera évidemment très utile. Martin Hirsch, qui est membre de ce groupe de haut niveau, a pu nous faire part de ses avancées.
* Troisième point, pour renforcer le respect des droits fondamentaux du travail, nous devons nous appuyer non seulement sur les Etats et les Organisations internationales, mais aussi sur lensemble des acteurs économiques.
Les partenaires sociaux ont fait part de leur engagement sur ces sujets, je pense notamment aux interventions constructives de Sharon Burrow et Laurence Parisot.
* Quatrième point, nous souhaitons que les réunions des Ministres du Travail et de lEmploi se pérennisent dans le processus du G20, et je sais que nous pouvons compter sur le Mexique, qui prendra le relais de notre présidence en 2012.
* Cinquième point, nous voulons que les organisations internationales coordonnent mieux leurs actions, notamment grâce à des observateurs croisés.
Jai bien noté les propos de Juan Somavia et ceux de lOMC, notamment de son directeur général Pascal Lamy ce matin, pour que lOIT et lOMC travaillent encore plus ensemble. Cest un signe important de coopération pour toutes les organisations internationales. Il nest pas anodin non plus, je pense, que cette semaine, Angel Gurria et Juan Somavia signent un nouvel accord de coopération entre lOIT et lOCDE. Cest un symbole fort.
* Jai bien noté aussi la proposition de la CSI détablir un groupe de travail chargé du suivi des décisions du G 20 en matière demploi, afin notamment dassocier dune manière institutionnalisée les partenaires sociaux. Vous pouvez compter sur le soutien de la présidence française à cette idée ambitieuse.
Je voudrais terminer en évoquant les prochaines étapes de notre calendrier :
* Le 3 juin, jirai présenter devant lAssemblé générale des Nations unies les priorités sociales de ce G20 ;
* Le 14 juin, pendant la Conférence internationale du travail, cher Juan Somavia, aura lieu une réunion informelle des ministres du G20.
Ces étapes nous permettront de réfléchir aux recommandations qui pourraient être formulées par les ministres du travail et de lemploi en septembre prochain, puis comment les chefs dEtat pourront en tenir compte au Sommet de Cannes.
Parallèlement, les partenaires sociaux se rencontreront en marge du Sommet de Cannes, dans le B20 pour les employeurs et le S20 pour les salariés.
Les partenaires sociaux sont de fins connaisseurs de nos marchés du travail, des attentes des salariés et des besoins des employeurs, voilà pourquoi nous avons tenu à les associer à toutes les étapes de ce G20.
Jen ai bien conscience, il nous reste encore beaucoup à faire pour avancer dans la mise en uvre de nos objectifs : ils sont ambitieux, tout ne se fera pas en un jour, mais nous sommes sur la bonne voie. Ensemble, nous allons faire en sorte, comme la souhaité le Président de la République, et comme nous le souhaitons tous, que la mondialisation soit une chance pour les citoyens de nos pays, en développant son volet social, qui forme le complément indispensable de toute politique économique cohérente et responsable.
Je vous remercie.
Source http://www.travail-emploi-sante.gouv.fr, le 24 mai 2011