Texte intégral
Q - Une nouvelle fois lAfrique, et tout particulièrement ce que lon appelle la Corne de lAfrique (Somalie, Éthiopie jusquau Kenya), est frappée par la sécheresse et la famine. Une nouvelle fois, ce sont les mêmes images dhommes et de femmes squelettiques fuyant vers des camps de réfugiés, les mêmes images denfants aux yeux brûlants de faim. Une nouvelle fois. Henri de Raincourt, bonsoir.
R - Bonsoir.
Q - Vous êtes ministre chargé de la Coopération. Cette famine, ce que lon appelle cette nouvelle catastrophe humanitaire, tout cela nétait-il pas prévisible ?
R - Comme vous lavez dit vous-même, il y a quelques instants, ce nest pas la première fois quhélas la sécheresse sattaque très violemment à cette partie de la Corne de lAfrique. Il semble que, cette fois-ci, ce soit encore plus violent que les fois précédentes. Cest la raison pour laquelle, dans un certain nombre dorganisations internationales, on avait quelque peu anticipé.
Q - On parle de 12 millions de personnes qui seraient touchées par la famine. LONU, la FAO disent quil sagit peut-être de lune des plus grandes catastrophes humanitaires depuis très longtemps. Encore une fois, on connaît la situation politique extrêmement agitée de la région, ne fallait-il pas intervenir avant ?
R - Je veux vous dire que, au travers du Programme alimentaire mondial, des stocks durgence daide alimentaire avaient été constitués, contrairement aux sécheresses précédentes, de façon à limiter autant que faire se peut ce qui allait se dérouler en 2011 et ce qui fait quaujourdhui cette aide est déjà en train dêtre distribuée. Dun autre côté, aussi bien au niveau international quau niveau européen et national, des crédits et des organisations ont été mis en place. Au niveau européen, je rappelle que cest près de 70 millions deuros qui sont, dores et déjà, à disposition et que lUnion européenne et un certain nombre de pays sont en train dapporter des crédits en plus de ce quils avaient déjà décidé denvoyer dans cette région du monde.
Q - Henri de Raincourt, nous reviendrons dans quelques instants justement sur ces dispositions et puis, très précisément, ce que vous comptez faire et ce quessaie de faire la France. Vous venez de lentendre de Mme Lucille Grosjean, porte-parole dAction contre la faim à Nairobi, même si apparemment la France, la communauté européenne avait anticipé, cest encore très insuffisant.
R - Mais je nai aucun commentaire à faire sur ce que vient de dire Mme Grosjean parce que je partage ce quelle a exprimé : un, cest une sécheresse terrible ; deux, cest la Somalie qui est, à lheure où nous parlons, la plus touchée ; trois, elle a confirmé ce que je vous ai dit tout à lheure : que nous avions anticipé ; et quatre, il faut que la communauté internationale accélère sa nouvelle mobilisation pour faire face à lampleur de cette catastrophe qui survient une fois encore dans cette partie du territoire.
Q - Comment peut-on intervenir ? Alors pour le Kenya, lÉthiopie, Djibouti, on voit mieux les choses mais pour un pays, aussi délabré et où règne des bandes de terroristes qui pratiquent lenlèvement et notamment ceux dOccidentaux, comme la Somalie, comment peut-on intervenir ?
R - Nous devons intervenir - et je veux, dailleurs, leur rendre hommage - par lintermédiaire dONG, clairement identifiées, dont on sait absolument comment elles fonctionnent et dont on sait quaucune partie de laide qui pourrait arriver sur place ne disparaitrait. Cest de cette façon-là que nous allons, dans les tous prochains jours, nous mobiliser. Je rappelle que la France, parce quelle considère que cest son rôle, assumant cette année la présidence du G20, a demandé à léchelon international une réunion durgence de la FAO afin dévaluer lampleur de la crise et surtout de coordonner cette aide internationale. Cette réunion va avoir lieu très exactement dans une semaine à Rome. Pour nous, cest une situation humanitaire et sécuritaire qui est absolument tragique.
Je veux saluer tous les efforts qui sont dores et déjà accomplis, mais je veux aussi souligner la nécessité absolue de la coordination de façon à ce que chacun - partant de bons sentiments bien évidemment - néparpille pas son aide et que, en quelque sorte, il ny ait pas une perte en charge tout au long de la chaîne. Cest la raison pour laquelle la coordination est la clé du succès, de lefficacité et de la rapidité de laide distribuée.
Q - Henri de Raincourt, si on veut aider la Somalie, cette coordination doit-elle passer par un accompagnement militaire ?
R - En tout cas, ce qui est clair, cest que là où cest nécessaire, il faudra bien évidemment que les services de sécurité accompagnent celles et ceux qui vont assurer la distribution daide alimentaire. Il ne manquerait plus que cela, que ceux qui viennent aider ceux qui meurent de faim se trouvent en difficulté sur le plan sécuritaire. Ce nest tout de même pas le but de la manuvre !
Q - Oui mais, Henri de Raincourt, on se souvient que quand les Occidentaux avaient voulu envoyer du riz en Somalie, le débarquement sétait mal passé.
R - Je le sais pertinemment, mais je sais aussi quun certain nombre de groupes qui cultivent linsécurité en Somalie ont fait savoir, ces derniers jours, quils ne sopposaient plus à larrivée de laide étrangère et quau nom de principes humanitaires, ils acceptaient tout à fait que les agences des Nations unies, en particulier partout où le besoin se faisait sentir, puissent arriver et être protégées de façon à ce que laide alimentaire arrive rapidement et dune manière importante à ses destinataires.
Q - Merci Henri de Raincourt. Je rappelle que vous êtes ministre chargé de la Coopération, et donc prochaine échéance importante pour la Somalie et ces millions de personnes menacées de famine, cest cette réunion le 25 juillet prochain.
R - Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juillet 2011
R - Bonsoir.
Q - Vous êtes ministre chargé de la Coopération. Cette famine, ce que lon appelle cette nouvelle catastrophe humanitaire, tout cela nétait-il pas prévisible ?
R - Comme vous lavez dit vous-même, il y a quelques instants, ce nest pas la première fois quhélas la sécheresse sattaque très violemment à cette partie de la Corne de lAfrique. Il semble que, cette fois-ci, ce soit encore plus violent que les fois précédentes. Cest la raison pour laquelle, dans un certain nombre dorganisations internationales, on avait quelque peu anticipé.
Q - On parle de 12 millions de personnes qui seraient touchées par la famine. LONU, la FAO disent quil sagit peut-être de lune des plus grandes catastrophes humanitaires depuis très longtemps. Encore une fois, on connaît la situation politique extrêmement agitée de la région, ne fallait-il pas intervenir avant ?
R - Je veux vous dire que, au travers du Programme alimentaire mondial, des stocks durgence daide alimentaire avaient été constitués, contrairement aux sécheresses précédentes, de façon à limiter autant que faire se peut ce qui allait se dérouler en 2011 et ce qui fait quaujourdhui cette aide est déjà en train dêtre distribuée. Dun autre côté, aussi bien au niveau international quau niveau européen et national, des crédits et des organisations ont été mis en place. Au niveau européen, je rappelle que cest près de 70 millions deuros qui sont, dores et déjà, à disposition et que lUnion européenne et un certain nombre de pays sont en train dapporter des crédits en plus de ce quils avaient déjà décidé denvoyer dans cette région du monde.
Q - Henri de Raincourt, nous reviendrons dans quelques instants justement sur ces dispositions et puis, très précisément, ce que vous comptez faire et ce quessaie de faire la France. Vous venez de lentendre de Mme Lucille Grosjean, porte-parole dAction contre la faim à Nairobi, même si apparemment la France, la communauté européenne avait anticipé, cest encore très insuffisant.
R - Mais je nai aucun commentaire à faire sur ce que vient de dire Mme Grosjean parce que je partage ce quelle a exprimé : un, cest une sécheresse terrible ; deux, cest la Somalie qui est, à lheure où nous parlons, la plus touchée ; trois, elle a confirmé ce que je vous ai dit tout à lheure : que nous avions anticipé ; et quatre, il faut que la communauté internationale accélère sa nouvelle mobilisation pour faire face à lampleur de cette catastrophe qui survient une fois encore dans cette partie du territoire.
Q - Comment peut-on intervenir ? Alors pour le Kenya, lÉthiopie, Djibouti, on voit mieux les choses mais pour un pays, aussi délabré et où règne des bandes de terroristes qui pratiquent lenlèvement et notamment ceux dOccidentaux, comme la Somalie, comment peut-on intervenir ?
R - Nous devons intervenir - et je veux, dailleurs, leur rendre hommage - par lintermédiaire dONG, clairement identifiées, dont on sait absolument comment elles fonctionnent et dont on sait quaucune partie de laide qui pourrait arriver sur place ne disparaitrait. Cest de cette façon-là que nous allons, dans les tous prochains jours, nous mobiliser. Je rappelle que la France, parce quelle considère que cest son rôle, assumant cette année la présidence du G20, a demandé à léchelon international une réunion durgence de la FAO afin dévaluer lampleur de la crise et surtout de coordonner cette aide internationale. Cette réunion va avoir lieu très exactement dans une semaine à Rome. Pour nous, cest une situation humanitaire et sécuritaire qui est absolument tragique.
Je veux saluer tous les efforts qui sont dores et déjà accomplis, mais je veux aussi souligner la nécessité absolue de la coordination de façon à ce que chacun - partant de bons sentiments bien évidemment - néparpille pas son aide et que, en quelque sorte, il ny ait pas une perte en charge tout au long de la chaîne. Cest la raison pour laquelle la coordination est la clé du succès, de lefficacité et de la rapidité de laide distribuée.
Q - Henri de Raincourt, si on veut aider la Somalie, cette coordination doit-elle passer par un accompagnement militaire ?
R - En tout cas, ce qui est clair, cest que là où cest nécessaire, il faudra bien évidemment que les services de sécurité accompagnent celles et ceux qui vont assurer la distribution daide alimentaire. Il ne manquerait plus que cela, que ceux qui viennent aider ceux qui meurent de faim se trouvent en difficulté sur le plan sécuritaire. Ce nest tout de même pas le but de la manuvre !
Q - Oui mais, Henri de Raincourt, on se souvient que quand les Occidentaux avaient voulu envoyer du riz en Somalie, le débarquement sétait mal passé.
R - Je le sais pertinemment, mais je sais aussi quun certain nombre de groupes qui cultivent linsécurité en Somalie ont fait savoir, ces derniers jours, quils ne sopposaient plus à larrivée de laide étrangère et quau nom de principes humanitaires, ils acceptaient tout à fait que les agences des Nations unies, en particulier partout où le besoin se faisait sentir, puissent arriver et être protégées de façon à ce que laide alimentaire arrive rapidement et dune manière importante à ses destinataires.
Q - Merci Henri de Raincourt. Je rappelle que vous êtes ministre chargé de la Coopération, et donc prochaine échéance importante pour la Somalie et ces millions de personnes menacées de famine, cest cette réunion le 25 juillet prochain.
R - Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 juillet 2011