Interview de Mme Nadine Morano, ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle, à RTL le 28 juin 2011, sur les mesures en faveur de l'apprentissage, l'élection présidentielle 2012 et le climat poitique.

 
 
 
JEAN-MICHEL APHATIE Bonjour Nadine MORANO.
 
NADINE MORANO Bonjour.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Martine AUBRY va se déclarer tout à l’heure à Lille candidate à l’élection présidentielle, quelle image avez-vous de Martine AUBRY, Nadine MORANO ?
 
NADINE MORANO L’image d’une femme courageuse, responsable, engagée en politique, personne ne peut le nier, élue, qui a exercé des fonctions ministérielles. Elle restera malgré tout la dame des 35 heures et ça ce n’est pas quelque chose qui a véritablement servi la France, qui a plutôt nuit, et tout le monde le sait à sa compétitivité. Et puis l’image que j’en ai, c’est que Martine AUBRY est candidate à la candidature surtout par obligation. C’est une candidature aux forceps. On sait bien qu’elle attendait la candidature de Dominique STRAUSS-KAHN et elle est aujourd'hui, elle se sent sans doute aujourd'hui dans l’obligation d’y aller.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Mais peut-être qu’elle ira de bon coeur aussi.
 
NADINE MORANO J’en n’ai pas l’impression.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous fondez cette impression sur quoi ?
 
NADINE MORANO Parce qu’on sent qu’elle a beaucoup tardé à présenter cette candidature, qu’elle y a beaucoup réfléchi et que surtout l’accord qu’elle avait fait avec Dominique STRAUSS-KAHN démontrait que c’était sans doute son candidat du Parti Socialiste. En même temps elle est première secrétaire du Parti Socialiste, elle est tout à fait légitime à être candidate à la candidature.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Laurence PARISOT, présidente du MEDEF dans LE PARISIEN hier, à la question, souhaitez-vous l’élection d’une femme à la présidence de la République ? Laurence PARISOT répond, ce serait bien, même si ça n’est pas bien sûr, rajoute-t-elle, le seul critère, ce serait bien. C’est un atout peut-être dans la campagne présidentielle qui s’annonce d’être une femme ?
 
NADINE MORANO C’est d’abord le critère de la compétence, vous savez les Français veulent une personnalité, c’est un grand rendez-vous l’élection présidentielle. C’est un rendez-vous entre une personne et un peuple. C’est un engagement profond, il faut être, je pense, doté d’un caractère exceptionnel, d’une dimension particulière.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Il ne faut pas être normal.
 
NADINE MORANO Non, mais il ne faut pas avoir cette caractéristique de la normalité qui en fait ne veut rien dire.
 
JEAN-MICHEL APHATIE C’est un atout d’être une femme ou pas dans cette élection ?
 
NADINE MORANO Ce n’est pas une question d’atout d’être une femme ou d’être un homme, le véritable atout c’est la compétence pour moi. Mais si vous me posez la question, une femme serait-elle capable d’assumer la présidence de la République ? Je vous dirais oui, évidement et sans aucune réserve. Mais ça n’est pas le seul critère. Le critère, c’est d’abord la compétence et heureusement, ce serait même insultant pour les femmes que de penser que le seul critère serait de retenir son sexe.
 
JEAN-MICHEL APHATIE On n’est pas le 8 mars, mais on va quand même continuer sur le thème des femmes. Christine LAGARDE va très probablement être désignée directrice générale du FMI, il faudra la remplacer au ministère de l’Economie, est-ce que ce serait important qu’une femme remplace une femme ?
 
NADINE MORANO Ce n’est pas la question non plus, je vais vous décevoir sans doute, et pourtant je peux vous dire que je suis très attachée évidement à la parité, mais il ne revient pas à un membre du gouvernement de s’exprimer sur une compétition interne ou de choisir l’un ou l’autre de ses collègues. Ce choix relève exclusivement du président de la République et du Premier ministre qui en discutent entre eux. Il y a des personnes compétentes à l’intérieur de ce gouvernement, qu’ils soient homme ou femme, il y a des personnes compétentes à l’extérieur de ce gouvernement et je pense souvent aux femmes auxquelles on ne pense pas, qui sont les femmes parlementaires élues depuis longtemps et qui ont fait leurs preuves, il y a un vivier important là à ne pas négliger.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Mais pour remplacer Christine LAGARDE, pas automatiquement une femme, si Valérie PECRESSE nous écoute, elle va être contente. Tout le monde pense…
 
NADINE MORANO Mais Valérie PECRESSE, c’est ce que je pense et je pense qu’elle a la même analyse que moi sur la parité, où je sais qu’elle place la compétence au dessus de tout.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Tout le monde pense à l’élection présidentielle sauf une personne en France, il l’a dit hier en conférence de presse.
 
NICOLAS SARKOZY Avant même de penser à un éventuel autre mandat, je dois penser à terminer celui-là. J’ai des obligations, un agenda, une responsabilité, je ne peux pas me distraire de cela.
 
JEAN-MICHEL APHATIE En l’écoutant hier matin, on pouvait quand même avoir un petit sourire en coin, il doit y penser quand même.
 
NADINE MORANO Non, c’est vrai, c’est la réalité, c’est que…
 
JEAN-MICHEL APHATIE Il ne vous en a jamais parlé de l’élection présidentielle ?
 
NADINE MORANO Il l’a très clairement dit, nous sommes dans une année utile et les membres du gouvernement ont exactement la même attitude, c'est-à-dire travailler du premier jour au dernier jour.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous n’en avez jamais parlé avec Nicolas SARKOZY de l’élection présidentielle ?
 
NADINE MORANO Mais il ne nous a pas dit, s’il était candidat à la candidature.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Peut-être il ne le sera pas.
 
NADINE MORANO Franchement nous espérons tous qu’il le sera, c’est notre candidat naturel et puis au regard du travail qu’il a fait, je peux vous dire qu’Alain DUHAMEL parlait tout à l’heure du bilan, je crois qu’on pourra regarder face à la crise économique et financière que nous avons traversé, Nicolas SARKOZY a su protéger les intérêts de la France et a su préserver la France tout en maintenant je dois le dire, il y avait hier cette présentation des grands investissements et du grand emprunt, il y a eu aussi et on oublie de le dire quand même nous avons préservé par exemple nos allocations familiales, nos prestations sociales. Si on continue à augmenter, ça c’est important de le rappeler parce que ça démontre à quel point nous avons su réduire les déficits publics, mais également préserver, préserver…
 
JEAN-MICHEL APHATIE Les déficits, on parle beaucoup… enfin ils n’ont pas beaucoup baissé les déficits, enfin c’est autre chose.
 
NADINE MORANO Non, mais nous sommes en train de mener la réduction des déficits publics et en même temps nous avons préservé nos acquis sociaux, et c’est important.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Dernier atout pour Martine AUBRY, je l’avais oublié au passage, anti bling bling dit-on, je ne sais pas si c’est un argument.
 
NADINE MORANO Moi, je vous dirais que si les socialistes sont obligés de passer par une primaire, c’est qu’ils n’ont pas de candidat naturel qui se dégage.
 
JEAN-MICHEL APHATIE C’est démocratique une primaire.
 
NADINE MORANO C’est démocratique.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous n’allez pas en organiser une, vous si on a bien compris.
 
NADINE MORANO Mais aucune personnalité ne se dégage, n’a suffisamment d’envergure à la fois à travers sa personnalité, mais surtout à travers ses idées et son projet pour être le candidat naturel du Parti Socialiste.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous avez peur du fichage politique vous Nadine MORANO ?
 
NADINE MORANO Moi, j’ai très clairement dit que les socialistes avaient évidement cette liberté d’organiser des primaires, mais qu’en même temps il était de notre devoir d’alerter et de dire qu’il peut y avoir ce risque évidement de fichage.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Le Parlement vient de voter une loi visant augmenter le nombre d’apprentis en France, il y en a 600 000 actuellement, vous souhaitez qu’il y en ait 800 000 dans trois ans, et même une disposition dans cette loi fait que des jeunes garçons, des jeunes filles pourront être apprentis plus tôt, jusqu’à présent c’était 16 ans, et maintenant s’ils ont atteint les 15 ans au cours du second semestre de l’année, de la signature de leur contrat et s’ils ont achevé leur 3ème, ils pourront être apprentis. Pourquoi est-ce qu’il est important d’avancer l’âge de l’apprentissage Nadine MORANO ?
 
NADINE MORANO Non, c’est déjà le cas monsieur APHATIE, c’était déjà le cas par le biais d’une circulaire de 1997.
 
JEAN-MICHEL APHATIE De l’Education nationale et la loi la généralise.
 
NADINE MORANO En fait il se trouve qu’un jeune qui a fini sa 3ème et qui est né au mois de novembre ne pouvait pas s’inscrire au mois de septembre. Donc nous avons transposé quelque chose de tout à fait logique et pragmatique dans la loi, c'est-à-dire qu’un jeune qui est né au mois de novembre, eh bien pourra s’inscrire au mois de septembre.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Mais pourquoi c’était important de le faire ?
 
NADINE MORANO Mais parce que un jeune qui veut aller en apprentissage, qui a fini sa 3ème, et qui à cause de sa date anniversaire ne correspond pas à l’année scolaire, eh bien nous avons transposé cette année civile par rapport à l’année scolaire. Donc un jeune né au mois de novembre pourra s’inscrire au mois de septembre sans problème alors qu’avant, eh bien il était obligé de choisir une autre formation. Il ne pouvait pas rester en 3ème parce qu’il avait fini sa 3ème, c’est une mesure tout à fait pragmatique. Mais là aussi vous voyez monsieur APHATIE avec le développement des formations par alternance, nous sommes dans une démarche politique complètement différente avec le Parti Socialiste. Nous, nous savons que c’est un levier puissant alors que le Parti Socialiste promet dans son projet 300 000 emplois qu’il qualifie d’avenir et que je qualifie du passé. Ce sont les ex emplois jeunes qui n’ont pas marché.
 
JEAN-MICHEL APHATIE La campagne a commencé, Nadine MORANO était l’invitée de RTL, bonne journée.
 
NADINE MORANO Merci.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 5 août 2011