Interview de Mme Nadine Morano, ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle, à RMC le 6 septembre 2011, sur la crise économique et financière et la réduction des déficits publics.

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Texte intégral


 
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nadine MORANO est notre invitée ce matin. Bonjour.
 
NADINE MORANO Bonjour.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ministre chargée de l’Apprentissage et de la Formation professionnelle. Nous allons parler apprentissage puisque les apprentis ont fait leur rentrée, ils font leur rentrée aussi. Nadine MORANO, vous êtes très proche de Nicolas SARKOZY, vous êtes l’une des responsables de l’UMP, parlons économie. Vous avez un compte en banque, j’imagine, Nadine MORANO.
 
NADINE MORANO Comme vous, je pense !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Comme moi, oui ! Est-ce que vous êtes inquiète ?
 
NADINE MORANO Non.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Pour vos économies ?
 
NADINE MORANO Non, bien sûr que non, parce que je vous rappelle que pendant cette crise économique et financière aucune banque n’a fait faillite dans notre pays. Elles ont réussi ce qu’on appelle les stress tests. Donc, c’est vrai que nous avons un système bancaire solide, et je vous rappelle que nous avons mis en place aussi à cette époque-là un plan pour soutenir nos banques qui a très bien fonctionné et qui n’a pas coûté un euro aux contribuables français, contrairement à d’autres pays, puisque, nous, nous avons emprunté sur les marchés, nous avons prêté de l’argent aux banques, et à l’issue de cet exercice l’Etat a récupéré plus de 2,7 milliards d’euros.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN On a prêté de l’argent aux banques, c’est heureux, parce qu’on les a maintenues…
 
NADINE MORANO … ça n’a pas été comme ça dans tous les autres pays.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN On les a maintenues, espérons que les banques nous prêterons suffisamment aussi – je pense aux chefs d’entreprise. Mais, bon, Nadine MORANO, stress test, très bien, mais enfin les marchés boursiers, eux, sont stressés. Ils sont tellement stressés que les banques sont en train de plonger depuis… une nouvelle fois, depuis quelques temps, depuis quelques semaines. Et là, ça a recommencé hier. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
 
NADINE MORANO Ben, on voit bien, évidemment, qu’il y a…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …pourquoi ? Parce que les politiques n’ont plus la possibilité d’agir auprès des marchés ? Pourquoi ?
 
NADINE MORANO Bien sûr que oui nous agissons, mais sur tout le terrain politique et économique, monsieur BOURDIN, parce que ce qui est important dans cette situation de fébrilité des marchés c’est de montrer aussi aux marchés que les politiques savent être responsables par rapport à leurs déficits publics.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais ils ne vous croient plus les marchés, plus personne ne vous croit, c’est tout le problème.
 
NADINE MORANO Monsieur BOURDIN, est-ce que je peux me permettre de vous rappeler que…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …allez-y ! Allez-y, allez-y !
 
NADINE MORANO …que la France a conservé son niveau de notation à AAA. Pourquoi ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Jusqu’à quand ?
 
NADINE MORANO Pourquoi, monsieur BOURDIN ? Parce que nous avons pris les réformes nécessaires qui démontrent que la France s’est engagée sur un chemin de vraies réformes de ses déficits publics et de bonne gestion. Mais, ça, pas à partir d’aujourd’hui où nous allons voter…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …oui, on va en parler.
 
NADINE MORANO …la loi…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …la rigueur, l’austérité, oui.
 
NADINE MORANO Non, non, notre loi de finances rectificative.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, non, ce n’est pas de la rigueur ?
 
NADINE MORANO Non ! C’est de la bonne gestion, voilà. C’est de la bonne gestion.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Rigoureuse, quoi.
 
NADINE MORANO Rigoureuse, une gestion rigoureuse, ça c’est clair.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Pas de la rigueur mais c’est de la gestion rigoureuse.
 
NADINE MORANO Oui, mais parce que c’est vrai qu’il y a une différence. Quand vous êtes dans la rigueur, vous baissez les salaires des fonctionnaires, comme c’est arrivé dans d’autres pays de l’Union, vous baissez le niveau des retraites, comme vous le voyez aussi aux Etats-Unis.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, c’est-à-dire on baisse les dépenses.
 
NADINE MORANO Comme vous le voyez aussi aux Etats-Unis où vous avez des personnes de 75 ans qui sont en train de repartir au travail parce que leur retraite n’est plus assurée. Donc, nous sommes, en France, avec une politique qui permet de préserver tous nos systèmes de solidarité, en même temps qui met en oeuvre un plan de réduction des déficits et qui ne casse pas les moteurs de la croissance. Donc, c’est un exercice que nous faisons depuis 2007, parce que nous avons engagé avec le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite déjà une politique de gestion rigoureuse.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, sauf qu’une partie de l’argent est reversée aux fonctionnaires. Vous me parliez de personnes…
 
NADINE MORANO …la moitié.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, la moitié, bon.
 
NADINE MORANO Et l’autre, l’autre va dans la réduction des déficits publics.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN L’autre, oui. Alors, Nadine MORANO, regardons… NADINE MORANO …c’est bien pour les fonctionnaires, vous me direz.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, non, non, mais très bien.
 
NADINE MORANO Voilà !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nadine MORANO, nous cherchons un milliard, là, pour boucler le budget avant la fin de l’année.
 
NADINE MORANO Un milliard et douze milliards en tout.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et douze milliards, ça, c’est en 2012, mais pour 2011 un milliard d’euros. Alors, ça, c’est le concours Lépine. Je suis en train d’assister, nous assistions au concours Lépine des idées. Les idées fusent de tous les côtés, chez les parlementaires, les députés, les sénateurs, il faut un peu taxer là, il faut taxer ailleurs, il faut… Nadine MORANO, où en est-on ? D’abord, cette histoire de taxe sur les chambres d’hôtels, sur les hôtels de luxe, vous y êtes favorable ou pas ? Quelle est la position du gouvernement ? Vous avez dû appeler le ministre du Budget, Valérie PÉCRESSE, qu’est-ce qu’elle vous dit ?
 
NADINE MORANO Alors, vous voyez, quand vous me parlez de concours Lépine des bonnes idées.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, enfin des bonnes ou des moins bonnes.
 
NADINE MORANO Oui, enfin, des bonnes ou des moins bonnes, nous sommes là surtout dans un processus démocratique puisque il s’agit du débat parlementaire.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, enfin, le débat a déjà eu lieu entre Jean-Pierre RAFFARIN et Nicolas SARKOZY. Il y avait une mesure présentée par le gouvernement, cinq jours de débats, ridicules d’ailleurs, pour savoir si on revenait ou pas sur cette taxe sur les parcs d’attractions. Franchement ! Franchement, on aurait pu se passer de ça, non ?
 
NADINE MORANO Alors, justement, monsieur BOURDIN, je vous le dis, comme tous les projets de loi présentés par le gouvernement, ce projet de loi est évidemment présenté au Conseil des ministres, ensuite il est engagé dans le processus démocratique, c’est-à-dire débat parlementaire, en commission, puis en séance publique à l’intérieur du Parlement. Et il convient, comme tous les projets de loi, à ce qu’il soit amélioré, modifié, peaufiné, et c’est vrai que c’est tout le rôle des parlementaires que d’amender…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …bon, taxer les hôtels de luxe c’est une bonne idée ou pas ?
 
NADINE MORANO Eh bien, nous verrons au cours de ce débat…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …d’accord, vous verrez.
 
NADINE MORANO Mais oui !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais vous, est-ce que vous pensez que c’est une bonne idée ?
 
NADINE MORANO Mais, à la fois c’est une bonne idée à partir…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …c’est une bonne idée et c’est une mauvaise idée, quoi.
 
NADINE MORANO A la fois, à partir de quel niveau est-ce que nous taxons les chambres d’hôtels de luxe, est-ce que…
JEAN-JACQUES BOURDIN …mais vous êtes favorable à la taxation.
 
NADINE MORANO Est-ce que c’est sur ce domaine qu’il faut aller, c’est-à-dire sur le secteur du tourisme ? Moi, j’entends à ce que les parlementaires enrichissent, modifient, proposent, mais en gardant en tête, monsieur BOURDIN…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …oui, qu’il faut trouver un milliard.
 
NADINE MORANO Voilà ! Qu’il faut trouver un milliard.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, il faut taxer.
 
NADINE MORANO Non, mais, qu’il faut trouver, monsieur BOURDIN…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …ben, où, je ne sais pas, mais il faut augmenter les impôts.
 
NADINE MORANO Il faut trouver un milliard, ce qui nous permet…et encore une fois, vous savez, monsieur BOURDIN, c’est courageux.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, non, mais je…
 
NADINE MORANO Je ne suis pas sûre que la famille d’en face n’ait pas mis la poussière sous le tapis en disant…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …non, non, mais attendez, pour l’instant c’est vous qui êtes au pouvoir.
 
NADINE MORANO … « on est à quelques mois des élections présidentielles et on laissera ça à ceux qui arrivent ».
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est vous qui êtes au pouvoir pour l’instant, donc il faut prendre des décisions.
 
NADINE MORANO Nous prenons nos responsabilités à trouver un milliard, comme vous l’avez dit, sur la fin de l’exercice 2011, et en tout il nous faut trouver douze milliards d’ici à 2012 pour que justement nous allions vers notre objectif de réduction des déficits publics.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais alors, vous avez envie qu’on trouve où cet argent, vous, Nadine… vous avez des idées ?
 
NADINE MORANO Mais, écoutez, premièrement, je ne suis pas ministre du Budget.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon !
 
NADINE MORANO Dans ces cas-là, vous invitez le ministre du Budget sur l’ensemble des lignes budgétaires.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, je n’hésiterai pas !
 
NADINE MORANO En revanche, ce que je veux vous dire en tant que membre du gouvernement…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …je n’hésiterai pas.
 
NADINE MORANO …et aussi membre de cette majorité parlementaire, de cette équipe de la majorité, en fait, c’est que nous trouvions ces douze milliards d’euros avec les sens des responsabilités.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais là je parle d’un milliard, là, immédiatement.
 
NADINE MORANO Oui, ben, il faut les trouver. Immédiatement, nous les trouverons.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bon.
 
NADINE MORANO Et les parlementaires, vous savez, ne nous y trompons pas, sont tous unis sur cet objectif.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, déjà les mesures FILLON ont été écornées, déjà, déjà. La taxe spéciale sur les conventions d’assurance solidaire et responsable, sur les mutuelles quoi, qui ferait augmenter les mutuelles, c’est une bonne idée ça de taxer les mutuelles ou pas ?
 
NADINE MORANO Ecoutez, monsieur BOURDIN, vous n’allez pas comme ça m’énoncer toutes les mesures puisque je vous répondrai la même réponse que je viens de vous faire, c’est que ce plan gouvernemental de réduction des déficits publics qui a été annoncé, et publiquement annoncé…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …il est bien ce plan.
 
NADINE MORANO Bon, il est bien, mais il méritera, et il mérite, heureusement, de pouvoir recevoir les amendements…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …d’être modifié, quoi.
 
NADINE MORANO …des parlementaires de la majorité, sinon c’est pas la peine d’avoir des projets de loi de passés devant le Parlement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais, vous, qu’en pensez-vous, taxer les mutuelles c’est bien ou pas ?
 
NADINE MORANO Ce qu’il nous faut, monsieur BOURDIN, c’est que notre pays reste dans une situation économique…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …et trouve de l’argent.
 
NADINE MORANO …où nous puissions à la fois assurer notre politique familiale qui est l’une des plus généreuses de l’Union européenne.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Tiens, on va en parler.
 
NADINE MORANO Qui puisse être à la fois garante aussi de nos systèmes de solidarité, qui puisse permettre à nos entreprises de garder leur compétitivité. C’est un exercice d’équilibre extrêmement difficile, je vous le dis, mais qui mérite le sens des responsabilités. Et nous prenons nos responsabilités.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors, puisque vous prenez vos responsabilités, vous prenez vos responsabilités aussi face à la Grèce.
 
NADINE MORANO Oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et les députés vont voter le deuxième plan d’aide à la Grèce. Et dans ce deuxième plan, il y a un engagement de la France qui apporte sa caution.
 
NADINE MORANO Voilà, c’est ça.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN A hauteur de quinze milliards d’euros sur trois années, sur trois années, Nadine MORANO, à condition que la Grèce rembourse, parce que si la Grèce ne rembourse pas c’est nous qui paierons, forcément puisque nous sommes caution, c’est comme ça que ça marche, on est bien d’accord. Mais vous êtes certaine que la Grèce va rembourser, vous, Nadine MORANO, parce que quand je regarde le chômage, 16,6 % en Grèce au mois d’août, quand je regarde la récession, 5 % à la fin de l’année, quand je regarde les déficits publics qui augmentent malgré toutes les aides apportées jusque-là à la Grèce, j’ai des doutes, pas vous ?
 
NADINE MORANO Eh bien, vous avez des doutes. Moi, ce que je pense…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …vous n’avez pas de doutes, vous ?
 
NADINE MORANO Ce que je pense c’est que la Grèce a présenté comme vous l’avez vu, est en train de mettre en oeuvre, là, pour le coup, un plan d’austérité extrêmement drastique, nous devons dans la zone euro être solidaires, nous le sommes, et en même temps en contrepartie chacun doit être responsable de sa dette souveraine. Et il revient au regard de chacun des Etats…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …mais pourquoi ne pas sortir la Grèce de la zone euro, de l’euro ?
 
NADINE MORANO Mais attendez, ça c’est une solution de facilité, Jean-Jacques BOURDIN. Nous, nous sommes dans un dispositif de la zone euro, si nous fragilisons la Grèce en la sortant de la zone euro, nous fragilisons toute la zone…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …mais elle est déjà fragile la Grèce, elle est déjà très fragile.
 
NADINE MORANO Non, non, mais non seulement…alors, parce qu’elle est fragile il faudrait la sortir de la zone euro et sa dette qui serait quoi, qui ne serait plus comptabilisée en euros ? Non mais, tout ça n’est pas crédible, ni responsable. Nous aiderons la Grèce tel que prévu puisque ça passe…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …nous avons les moyens d’aider la Grèce ? Est-ce que nous avons les moyens ?
 
NADINE MORANO Non mais, comme vous l’avez dit, on n’est pas là en train de donner quinze milliards d’euros.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, on apporte notre caution.
 
NADINE MORANO Nous sommes caution, donc ça veut dire que nous ne versons pas de l’argent, bon. Alors, très concrètement, c’est un dispositif d’aide majeure pour la Grèce, de responsabilité pour l’ensemble de la zone euro, et il convient vraiment de rester dans cette démarche. Donc, la France est la première d’ailleurs à mettre en place ce dispositif. C’est tout à son honneur parce que je vous rappelle encore que la France montre l’exemple sur beaucoup de sujets, que ça soit sur la Libye, que ça soit sur la Côte d’Ivoire, que ce soit aussi sur la réduction de ses déficits publics, que ce soit sur la règle d’or où malheureusement j’ai entendu sur votre antenne Ségolène ROYAL faire encore une fois preuve d’égoïsme, d’irresponsabilité, parce que quand vous voyez qu’en Espagne à l’initiative du socialiste premier ministre ZAPATERO le dispositif de la règle d’or a été adopté avec le Parti populaire de droite en Espagne, et que madame ROYAL dise sur votre antenne qu’elle est favorable à la règle d’or mais si jamais ils arrivent au pouvoir, eh bien je vous le dis, au regard de la fébrilité des marchés dont vous avez parlé au début de notre propos, il est responsable, urgent et utile que les sénateurs qui seront prochainement renouvelés, et donc je crois que c’est un élément de campagne majeur pour le sénatoriales le vote de la règle d’or.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Tiens, un mot sur la règle d’or, est-ce qu’il faut réunir le Congrès ? Est-ce que le président de la République…quelle est votre opinion làdessus ?
 
NADINE MORANO Oui, moi je pense qu’il faut réunir le Congrès, je le pense, mais sans mettre une pression excessive en disant « demain, demain, réunissons le Congrès ». Non !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon ?
 
NADINE MORANO Le Premier ministre va recevoir l’ensemble des partis politiques, je crois, sur ce sujet pour en discuter. Il convient au regard de notre responsabilité vis-à-vis de tous les Français…nous, nous prenons nos responsabilités, nous avons mené depuis 2007 une politique qui met en place les engagements du candidat SARKOZY devenu président, et qui par ailleurs a su s’adapter au regard…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …enfin, vous êtes revenus dessus, on ne va pas revenir là-dessus.
 
NADINE MORANO …au regard de la situation économique actuelle avec la réforme des retraites que nous avons mise en oeuvre, que les socialistes nous annoncent, en fait, de revenir sur la réforme de la retraite.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN On ne va pas parler des socialistes parce qu’il y a une actualité qui vous concerne.
 
NADINE MORANO Non mais sur la règle d’or, monsieur BOURDIN.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Eh ben, vous l’avez dit sur la règle d’or.
 
 
NADINE MORANO Sur la règle d’or.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, vous êtes favorable à la réunion du Congrès. Vous pensez que le président de la République doit réunir le Congrès.
 
NADINE MORANO Je suis favorable à ce que les socialistes mettent de côté…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN …non mais, vous êtes favorable à la réunion du Congrès.
 
NADINE MORANO Oui, parce que je suis favorable à ce que chacun prenne sa responsabilité vis-à-vis de notre pays.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien, Nadine MORANO est notre invitée. Je vais vous parler de politique familiale, tiens, parce que je sais que vous êtes très attachée à cela, dans deux minutes.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nadine MORANO, je voudrais revenir quand même sur la TVA sur les parcs d’attractions, est-ce que vous pensez que c’est fini ça, on n’en parlera plus ou ça va revenir ?
 
NADINE MORANO Rien n’est jamais fini tant que…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Rien n’est jamais fini ?
 
NADINE MORANO Tant que le débat parlementaire n’est pas passé, monsieur BOURDIN. On sait très bien que si un sénateur est contre une mesure, un député peut être favorable à une mesure, et entraîner avec lui des parlementaires, donc…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce que vous regrettez que le président de la République ait cédé ? Franchement.
 
NADINE MORANO Ecoutez, je ne rentrerai pas dans ce genre de débat d’une conversation privée, téléphonique, donc personne n’a parlé de protagonisme…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Attendez, je ne parle pas… vous avez regretté cette séquence.
 
NADINE MORANO J’ai regretté très fortement cette séquence, oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Pourquoi ?
 
NADINE MORANO Pourquoi, parce que, petit-déjeuner de la majorité, donc discussion privée, au cours de laquelle, d’ailleurs, Jean-Pierre RAFFARIN n’a pas participé, qui aurait entendu que, enfin bon bref, et aurait mieux fait, ensuite, de donner une suite aussi privée à cette discussion et avoir une discussion téléphonique.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais le chef de l’Etat a cédé à la pression de Jean-Pierre RAFFARIN et des lobbys.
 
NADINE MORANO Ecoutez, ce qui m’a paru passionnant au cours de ce campus, c’est cette table ronde extraordinaire qui s’est tenue entre 2500 jeunes de l’UMP, et des jeunes venus de Libye, de Tunisie, des jeunes venus de Syrie, des jeunes venus de Côte-D’ivoire, exprimer…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais c’est ça formidable.
 
NADINE MORANO Oui, c’est formidable, et c’est pour ça que j’ai trouvé assez minable, en contrepartie, d’aller polluer cette table ronde…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais qui l’a polluée ?
 
NADINE MORANO Mais vous-même…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Jean-Pierre RAFFARIN l’a polluée ?
 
NADINE MORANO Mais écoutez, vous savez très bien qu’un petit incident…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais dites-le, si vous le pensez.
 
NADINE MORANO Un petit incident de cette nature, devient un incident majeur pour les médias, ce qui fait que ce qui…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Les médias, ça y est, c’est la faute des médias.
 
NADINE MORANO Je n’ai pas dit que c’était la faute des médias.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon ! Ça va alors.
 
NADINE MORANO Je dis simplement c’est cet incident a pris, a totalement occulté le reste de cette première journée…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est la faute de Jean-Pierre RAFFARIN qui…
 
NADINE MORANO Et donc je trouve cela dommage. Chacun…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui a fait passer ses intérêts régionaux avant les intérêts nationaux ?
 
NADINE MORANO On a d’abord une responsabilité collective, et je déplore ceux qui, à travers leur responsabilité individuelle, nuisent à la responsabilité collective.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc il nuit à la responsabilité collective. Disons les choses. C’est ce que vous pensez.
 
NADINE MORANO Moi j’ai dit très clairement que ce relèvement de TVA sur les parcs à thèmes doit…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’était une bonne idée.
 
NADINE MORANO Oui, je pense que c’était…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et ça va revenir à l’Assemblée.
 
NADINE MORANO Ça devait rapporter 90 millions d’euros, à moins que les uns et les autres nous apportent une idée, comme vous le dites…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nouvelle.
 
NADINE MORANO Nouvelle, qui permettrait, sans nuire à la croissance, de rapporter 90 millions d’euros, en même temps je pense qu’il y avait aussi une nécessité à harmoniser le taux de TVA entre chaque…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça va revenir ? Probablement.
 
NADINE MORANO Nous verrons les initiatives des parlementaires.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nadine MORANO, je voudrais vous parler de politique familiale un petit peu, Allocations Familiales, j’ai vu dans le pré, l’avant-projet présenté par Bruno LE MAIRE, l’idée de, pourquoi pas, fiscaliser les Allocations Familiales. Vous êtes pour ou contre ?
 
NADINE MORANO Mais moi je pense d’abord qu’il ne doit pas y avoir de sujet tabou quand on travaille au projet présidentiel, donc que chacun puisse s’exprimer et mettre toutes les idées sur la table, à partir du moment où ces idées font l’objet d’une analyse budgétaire, combien est-ce que ça rapporte, voilà.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et combien est-ce que ça coûte.
 
NADINE MORANO Et combien est-ce que ça coûte. En même temps nous avons prévu que notre budget coûterait zéro, euro, donc nous serions vraiment dans un programme qui ne grèverait pas, encore une fois, nos déficits publics. S’agissant de la politique familiale, je dis qu’il faut faire extrêmement attention, parce que c’est ce qui nous permet d’avoir la natalité la plus importante de l’Union Européenne, que nous avons, avec les Allocations Familiales, une politique dite universelle, pour les enfants, donc, fiscalité ou plafonnement des Allocations Familiales, le débat est sur la table, ou pas plafonnement du tout, ou pas fiscalisation du tout.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN En fonction des revenus ?
 
NADINE MORANO En fonction des revenus.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous êtes favorable à un versement d’Allocations Familiales en fonction des revenus ?
 
NADINE MORANO Moi je serai plus favorable, évidemment, à un plafonnement, qu’à une fiscalisation.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et les allocations dès le premier enfant ?
 
NADINE MORANO Ça coûte cher, et surtout, en même temps, quand on parle de ce débat sur l’allocation du premier enfant, il faut savoir que nous avons la PAJE, la Prestation d’Accueil du Jeune Enfant, qui est déjà un accompagnement financier très généreux, donc au moment de la grossesse, pour l’accueil du jeune enfant. Et que toutes les études nous démontrent que plutôt que d’avoir 30 euros par mois d’allocation pour le premier enfant, nous sont demandé par les familles, vraiment ce qui leur semble important et qui coûte là, pour le coup, cher, et sur lequel le gouvernement s’est engagé, puisque j’avais signé en son temps, avec la CNAF, un engagement de 1,3 milliard d’euros pour le développement de 100 000 offres de garde. Donc, nous sommes là dans la création des places d’accueil, les gens ont besoin de places d’accueil pour accueillir leur enfant, c’est ce qui leur paraît, à 70% d’entre eux dans les enquêtes du CREDOC, plus essentiel que l’allocation premier enfant. Mais, en situation d’abondance budgétaire, pourquoi pas.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Dernière question politique. Est-ce que vous pensez toujours que Jean-Louis BORLOO ne sera pas candidat ?
 
NADINE MORANO Je ne vois pas comment est-ce qu’on a pu soutenir et incarner pendant plusieurs années une politique gouvernementale et ensuite vouloir incarner une autre politique gouvernementale.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci Nadine MORANO d’être venue nous voir ce matin.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 9 septembre 2011