Interview de Mme Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l'outre-mer, à "France Guyane" le 15 septembre 2011, sur les retombées économiques et financières de la découverte d'un champ de pétrole au large des côtes de la Guyane.

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Média : France Guyane

Texte intégral

- Votre déplacement en Guyane est-il motivé par la seule découverte du pétrole ?
Mon déplacement est avant tout motivé par la volonté de m’assurer que toutes les réalisations prévues lors du CIOM sont bien engagées. A Maripa-Soula, je vais rencontrer des membres du conseil consultatif des Amérindiens et des Bushinengués, une des mesures spécifiques du CIOM pour la Guyane. Je rencontrerai aussi les 102 jeunes de l’internat d’excellence, l’un des mesures concernant l’égalité des chances. J’irai signer, avec Rodolphe Alexandre, la convention d’aménagement du rond-point de Balata qui facilitera la circulation dan l’île de Cayenne. Je vais également finaliser la convention de financement de la base avancée pour la préparation de la Coupe du monde et des Jeux olympiques.
- Vous avez prévu de rencontrer les militaires impliqués dans l’opération Harpie…
Je tiens à exprimer la reconnaissance du gouvernement pour le travail formidable effectué par les gendarmes, les militaires et les policiers engagés dans "Harpie". Un gendarme a récemment été gravement blessé. Avec la forte progression des cours de l’or, les garimpeiros sont prêts à tout. Le président de la République a eu raison de décider la montée en puissance et la pérennisation de l’opération "Harpie". Entre 2000 et 2008, le nombre de sites illégaux augmentaient de façon croissante. A partir de 2009, nous avons stabilisé les choses et empêché leur multiplication. Nous étions à 1700 opérations en 2008-2009, aujourd’hui, nous en sommes à plus de 3200. On ne peut laisser s’installer des zones de non droit, c’est aussi une question de défense de notre souveraineté.
- Grâce à la Guyane, la France peut devenir un gros producteur de pétrole. Que représente une telle découverte ?
Il faut être prudent. On n’en est pas encore au stade de l’exploitation d’un gisement pétrolier. En tout cas, dès l’annonce de cette découverte, le gouvernement a été très clair sur deux points : la préservation de ce territoire avec des mesures de protection de l’environnement et le fait que les retombées économiques devront bénéficier à la Guyane.
- De quelle manière pourra-t-elle en bénéficier ?
J’ai bien entendu dire "grands projets et miettes locales". Ce n’est pas vrai du tout ! Si la découverte se confirme, nous allons réfléchir aux modalités d’un juste retour économique pour les Guyanais. Nous le ferons en lien avec les collectivités et les socioprofessionnels. Je proposerai de mettre en place un groupe de travail plus particulier pour la Guyane puisque il y aura peut-être du pétrole, mais il y a déjà de l’or. Notre volonté c’est que la Guyane bénéficie des retombées économiques et financières de ses ressources.
- Avec un prix au litre toujours autour de 1,5 € ?
Il ne faut pas faire de raccourci ! Avant d’extraire le pétrole, selon les experts, il peut s’écouler une dizaine d’années… Alors pour agir sur les prix du carburant, on ne va pas attendre dix ans ! Il y a d’autres solutions à trouver pour alléger le panier de la ménagère et j’espère bien qu’il y a des alternatives à la voiture. Je serais ravie de travailler sur d’autres formes de déplacement avec une organisation des transports publics qui, aujourd’hui, n’est peut-être pas à la hauteur des besoins des ultramarins. Un plan de déplacement a d’ailleurs été demandé par le président de la République. Les études sont engagées, mais c’est de la compétence des collectivités.
- Peut-on envisager que la Guyane dispose d’infrastructures de raffinement et de stockage ?
Il est trop tôt pour le dire… Nous devons attendre de savoir si l’extraction durable de pétrole sera possible.
- Concernant les risques écologiques, que pourra imposer l’Etat ?
L’arrêté autorisant les recherches contient des prescriptions qui montrent que l’Etat est soucieux de la préservation de l’environnement. Toutes les précautions sont prises pour éviter des catastrophes comme celle de l’an dernier dans le golfe du Mexique. Par la suite, le code minier sera amené à évoluer avec de nouvelles procédures de consultation du public en amont de la délivrance des permis de recherche minière.
Propos recueillis par FXG (agence de presse GHM)
source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 16 septembre 2011