Interview de Mme Chantal Jouanno, ministre des sports, à RTL le 23 septembre 2011, sur sa candidature à l'élection sénatoriale et l'allongement de la durée de cotisations pour la retraite.

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Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

JEAN-MICHEL APHATIE Bonjour Chantal JOUANNO.
 
CHANTAL JOUANNO Bonjour Jean-Michel APHATIE.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous êtes donc ministre des Sports et vous dirigez la liste sénatoriale de l'UMP à Paris pour le scrutin sénatorial qui se déroulera dimanche. Pourquoi vous présentez-vous au Sénat ?
 
CHANTAL JOUANNO Parce que je l'ai demandé, parce que j'en ai envie.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous avez envie de quoi ?
 
CHANTAL JOUANNO J'en ai envie, eh bien, de siéger comme sénateur, parce que c'est au Sénat qu'on va construire les futures réformes pour Paris, et notamment celle du Grand Paris. Parce que le Sénat est une assemblée du long terme, et par rapport à mes convictions écologiques, ça correspond tout à fait à cette logique. Et puis, c'est une assemblée qui a une certaine indépendance de pensée. Je dois dire que j'en ai eu à défendre des textes, j'ai trouvé là, plus qu'ailleurs, une vision très progressiste.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Donc le plaidoyer est convaincant ou l'argumentaire est convaincant, voilà pourquoi vous avez envie d'être sénatrice. Et on n'est même pas sûr pourtant que si vous êtes élue vous quitterez le gouvernement et vous irez siéger, non, ça ce n'est pas très cohérent.
 
CHANTAL JOUANNO Il y a une raison très simple, c'est que quand on fait de la politique, et moi, surtout j'ai commencé comme haut fonctionnaire, on a un principe simple, c'est de servir l'intérêt général. Donc si le président considère que je le sers mieux en restant ministre, eh ben, c'est un honneur, on ne va quand même pas se plaindre, loin de là. Et si je peux siéger comme sénateur, eh bien, c'est un vrai bonheur, parce que je l'ai souhaité.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Pas très logique, parce que quand on est candidat à une fonction, c'est pour l'occuper, donc il faut régler le problème avant d'être candidate.
 
CHANTAL JOUANNO Je l'occuperai de toute façon quoi qu'il advienne.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Ah bon, dans quelles circonstances ?
 
CHANTAL JOUANNO Quoi qu'il advienne. Dans un maximum de temps, qui serait de sept mois, et puis, après on verra, si on peut l'occuper tout de suite. Mais c'est… non c'est un choix, je ne suis pas candidate par défaut, je l'ai vraiment demandé.
 
JEAN-MICHEL APHATIE C'est le sentiment que vous donnez, vous, vos collègues ministres LEROY, LONGUET, qui sont aussi candidats aux sénatoriales et qui disent : eh bien, si on peut on reste au gouvernement. Vous comprenez que parfois…
 
CHANTAL JOUANNO Ce n'est pas ce que j'ai dit…
 
JEAN-MICHEL APHATIE Et alors vous dites quoi ?
 
CHANTAL JOUANNO Moi ce n'est pas ce que j'ai dit.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous dites que vous êtes aux ordres.
 
CHANTAL JOUANNO Moi j'ai dit que je sers l'intérêt général, et je suis aux ordres, pour une raison très simple, c'est que j'appartiens à un gouvernement et qu'on est dans une situation compliquée où il appartient à chacun d'éviter de mettre du bazar. Et je n'ai aucun état d'âme, au contraire, à aller au Sénat.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Et puis comme vous n'êtes pas sûr que Nicolas SARKOZY sera réélu, s'il est battu, vous n'êtes plus au gouvernement, vous êtes sénatrice.
 
CHANTAL JOUANNO Honnêtement, aujourd'hui, tout ce qu'on fait, c'est se battre pour qu'il soit réélu, parce que ça, ça serait un drame pour le pays.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Etes-vous gênée par la liste dissidente que mène à Paris l'ancien conseiller de Nicolas SARKOZY, Pierre CHARON ?
 
CHANTAL JOUANNO Bien évidemment.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Et alors, vous lui dites quoi à Pierre CHARON ?
 
CHANTAL JOUANNO Bien évidemment, parce que, aujourd'hui, le but, c'est quand même, enfin, la mobilisation générale, c'est pour garder le Sénat à droite, vous avez bien expliqué les problèmes que ça créerait si le Sénat passait à gauche. Et que si la droite perdait, elle ne le devrait qu'à elle-même, elle ne le devrait qu'à ses divisions, et à Paris, encore plus qu'ailleurs, parce que les divisions de la droite feraient passer un communiste. Je ne pense pas que ce soit très conforme à l'idéal de droite.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Je souriais parce que, Alain DUHAMEL a expliqué les changements que procurerait le passage à gauche…
 
CHANTAL JOUANNO Il a aussi très bien…
 
JEAN-MICHEL APHATIE Et pas les problèmes que ça créeraient parce que ça …
 
CHANTAL JOUANNO Il a aussi très bien expliqué que ça empêcherait l'adoption par exemple de réformes constitutionnelles.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Ça, c'est la démocratie.
 
CHANTAL JOUANNO Et notamment, ça empêcherait l'adoption de la règle d'or. Et regardez la situation de l'Italie, la note a été dégradée parce qu'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord politiquement, donc ce n'est pas du tout ce que je souhaite pour mon pays.
 
JEAN-MICHEL APHATIE On avait lu, Chantal JOUANNO – parce que bien entendu vous vous intéressez – que vous pourriez être candidate aux élections législatives en juin, à Paris, c'est vrai ?
 
CHANTAL JOUANNO Oh, vous avez vu beaucoup de rumeurs me concernant, je suis assez habituée maintenant, mais enfin, ce n'est pas pour autant que j'aime ça.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vrai ou faux ?
 
CHANTAL JOUANNO Donc vrai ou faux ? Faux, je n'ai jamais parlé des législatives, jamais.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous ne serez pas candidate aux élections législatives.
 
CHANTAL JOUANNO Je n'ai jamais parlé des législatives. Dans la même rumeur d'ailleurs, je devais faire un marathon le 25, qui n'existe pas, donc.
 
JEAN-MICHEL APHATIE D'accord.
 
CHANTAL JOUANNO Je ne suis pas à ça près.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Souhaitez-vous que François FILLON soit candidat, lui, à Paris aux élections législatives de juin, en prévision des élections municipales de 2014 ?
 
CHANTAL JOUANNO Alors, déjà, 1°) : le seul débat qui compte aujourd'hui, c'est celui des sénatoriales, on est assez mobilisé sur les sénatoriales pour ne pas avoir déjà à parler des municipales. 2°) : ce n'est un secret pour personne – vraiment pour personne – que mon candidat aujourd'hui pour Paris, c'est François FILLON, donc je n'ai pas de difficulté à le rappeler, parce que je pense que c'est un homme d'Etat, qu'il dépasse les frontières de Paris. Mais le seul débat qui va être pour 2014, c'est : qu'est-ce que la droite propose aux Parisiennes et aux Parisiens ? Quel projet elle propose ? Aujourd'hui, il n'y a pas de projet réellement convaincant pour les Parisiennes et les Parisiens, donc la seule priorité si on veut gagner des municipales, c'est de travailler sur un projet.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Alors je vous parlais de François FILLON, Chantal JOUANNO, parce qu'il a dit hier, puis, ça fait un peu de bruit, qu'il fallait harmoniser les régimes fiscaux, les régimes sociaux entre la France et l'Allemagne. Il a notamment mentionné le régime des retraites, donc aujourd'hui on s'interroge : va-t-il falloir allonger encore l'âge du départ à la retraite, pourquoi pas 67 ans ? Qu'en dites-vous Chantal JOUANNO ?
 
CHANTAL JOUANNO Moi, je dis que le fond de son propos, et il n'a pris la retraite que comme un exemple, le fond de son propos était de dire qu'on ne pouvait pas avoir de distorsions manifestes entre la France et l'Allemagne, et qu'il fallait qu'on raisonne plutôt à une échelle européenne et qu'on s'aligne effectivement ou en tout cas, peut-être pas qu'on s'aligne, mais qu'on moins, on trouve un point commun entre France et Allemagne. C'est ça le fond de son propos, qu'on ne pouvait pas avoir une différence d'imposition sur les sociétés entre France et Allemagne, qu'on ne peut pas avoir effectivement de différence de régime entre France et Allemagne, donc c'est ça le fond de son propos. Honnêtement, je ne suis pas…
 
JEAN-MICHEL APHATIE La retraite à 60 ans, ce n'est pas une rêverie, c'est possible ?
 
CHANTAL JOUANNO La retraite à 60 ans…
 
JEAN-MICHEL APHATIE A 67 ans, pardon, non, à 60 ans, c'est autre chose. A 67 ans, c'est possible qu'on doive encore rallonger la durée de cotisations…
 
CHANTAL JOUANNO L'Allemagne s'est engagée dans cette voie, ça ne veut pas dire que la France le fera. Ce n'était qu'un exemple, je ne suis pas… enfin, honnêtement, je n'ai jamais aujourd'hui entendu parler de ce projet, mais je ne suis pas responsable non plus des ministères sociaux.
JEAN-MICHEL APHATIE Souhaitez-vous que, parvenus à leur majorité vos enfants, Chantal JOUANNO, fassent allégeance aux armes de la France, comme le propose l'UMP ?
 
CHANTAL JOUANNO Je ne suis pas sûre que la terminologie soit totalement adaptée à notre siècle, mais ceci dit…
 
JEAN-MICHEL APHATIE C'est une bêtise de l'avoir formulé comme ça ?
 
CHANTAL JOUANNO La formulation n'est pas extraordinaire, mais enfin, ça, je pense qu'on est plusieurs à le dire. Ceci dit, en réalité, cette proposition ne devrait même pas faire débat, parce que c'est bien évident que quand on adhère aux valeurs d'un pays, on est prêt à les défendre, donc ça me semble aller plutôt de soi. Mais dans cette convention, il y a bien d'autres propositions qui sont très intéressantes sur : comment peut-on créer un vrai sentiment de cohésion.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Les élections sénatoriales, et puis la vie publique, en général, se passent dans un climat très alourdi par les affaires, et qu'est-ce que vous pensez de l'affaire Karachi, Chantal JOUANNO ?
 
CHANTAL JOUANNO Moi, j'ai toujours eu un principe assez simple, c'est que je ne me prononce pas sur des affaires dont je ne connais pas les éléments. Il y a une enquête en cours, c'est elle qui nous donnera la vérité.
 
JEAN-MICHEL APHATIE Vous en lisez des articles.
 
CHANTAL JOUANNO Oui mais, ce n'est pas pour autant…
 
JEAN-MICHEL APHATIE Ce n'est pas qu'un principe simple, c'est aussi commode…
 
CHANTAL JOUANNO Attendez, ce n'est pas pour autant que les articles nous disent la vérité. Quand je saurai la vérité, je vous ferai des commentaires. Il y a un principe dans la République qui s'appelle la présomption d'innocence, et je rappelle au Parti socialiste d'ailleurs qu'ils nous l'ont suffisamment rappelé lors de l'affaire DSK et lors de l'affaire GUERINI. Donc qu'ils attendent d'avoir tous les éléments avant de se prononcer. On sait très bien que tout cela, c'est de la manipulation, on le sait très bien, personne n'est dupe. On est en période électorale, on fait amalgame de tout. Le nom de Nicolas SARKOZY, en réalité, est totalement indirectement et complètement tiré par les cheveux, donc il faut arrêter ce genre d'affaires, je veux dire, les Français n'en sont pas dupes, ça donne juste un climat malsain et délétère.
 
JEAN-MICHEL APHATIE La future sénatrice Chantal JOUANNO, mais on ne sait pas quand elle sera sénatrice, elle était l'invitée de RTL ce matin, bonne journée.
 
CHANTAL JOUANNO Bonne journée.
 
VINCENT PARIZOT Et pour demain allez les Bleus face aux Blacks !
 
CHANTAL JOUANNO Et pour demain allez les Bleus à 10h30, vous êtes tous invités à regarder.
 
VINCENT PARIZOT Merci
 Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 septembre 2011