Texte intégral
GUILLAUME DURAND Nadine MORANO, ministre chargée de l'Apprentissage et de la Formation professionnelle, bonjour, bienvenue.
NADINE MORANO Bonjour.
GUILLAUME DURAND Vous avez un magnifique tailleur noir. Est-ce que le Sénat va passer à gauche ? Est-ce que vous le craigniez ?
NADINE MORANO Mais, je pense que la majorité sera très courte, donc j'appelle tous les Grands Electeurs qui m'écoutent sur votre antenne ce matin à regarder un critère qui me semble essentiel, que Guillaume TABARD a évoqué, c'est la bonne gestion et la rigueur budgétaire, et la règle d'or. Et les élus locaux y sont très attachés parce qu'ils ne peuvent pas voter un budget en déséquilibre. Et lorsque je discute avec les Grands Electeurs, je crois que c'est un axe très fort pour eux. Donc, si vous voulez que cette règle d'or budgétaire, à laquelle vous êtes attachée, soit adoptée, je vous invite très fortement à voter pour les candidats aux sénatoriales de la majorité présidentielle, alors UMP.
GUILLAUME DURAND Et ça veut dire que si jamais ce n'est pas le cas, Nadine MORANO, qu'il y a quand même à l'intérieur de l'UMP une version officielle, « tous unis », et une version officieuse, prenons le cas par exemple de Pierre CHARON ou d'Yves JÉGO en Seine et Marne, qui pousserait un certain nombre de gens de l'UMP finalement, je ne dis pas à trahir dans le secret des urnes, mais enfin c'est peut-être ça qui est en train de se jouer. Je ne dis pas que ça va se jouer, mais qui est peut-être en train de se jouer.
NADINE MORANO Comme je vous le disais, nous pouvons garder le Sénat, et je l'espère évidemment, c'est important, je l'ai dit, pour la règle d'or budgétaire, mais bien évidemment pour nous permettre de bien fonctionner au regard des réformes que nous devons mener dans notre pays. Nous avons moins de dissidences qu'aux précédentes sénatoriales. C'est une réalité. Et il y a beaucoup de dissidences aussi à gauche, il faut le rappeler. Mais, c'est vrai que l'unité de notre famille politique plus que jamais est nécessaire. A quelques mois des élections présidentielles, je dirais que conserver le Sénat serait l'enclenchement d'une dynamique forte pour les élections présidentielles. Donc, nous avons un devoir d'unité de notre famille politique et ceux qui s'égarent vers la dissidence, eh bien nous emmènent dans la fragilisation de notre campagne.
GUILLAUME DURAND Mais quand on pense, par exemple, aux relations qu'ont eu des gens comme Pierre CHARON, Brice HORTEFEUX, vous-même qui avez toujours défendu bec et ongles partout, sur tous les plateaux, le président de la République, comment peut-on comprendre qu'un garçon comme Pierre CHARON tout d'un coup, qui a été l'intime, le compagnon du président de la République pendant des années, un beau matin il lève un drapeau un peu comme les pirates
NADINE MORANO non, c'est pas un beau matin, non, non, c'est pas un beau matin.
GUILLAUME DURAND comme les pirates dans les romans d'adolescents, et il dit « ben non » ?
ADINE MORANO Ce n'est pas un beau matin.
GUILLAUME DURAND Mais qu'est-ce qui lui arrive ?
NADINE MORANO Il faut reconnaître à Pierre CHARON l'envie de se présenter à cette élection sénatoriale depuis assez longtemps, depuis longtemps, bien. Ensuite, après, il y a le règlement
GUILLAUME DURAND mais contre son chef et bienfaiteur.
NADINE MORANO Eh ben, c'est ce que nous lui avons expliqué, c'est qu'il y a... d'abord au-delà du président de la République, il y a notre mouvement politique auquel il appartient, et qui a des statuts, un règlement, une commission nationale d'investiture. A partir du moment où nous rendons un avis, avec cette commission nationale d'investiture, il est normal de suivre cet avis. Ca fait partie de la vie de notre mouvement politique. Donc, on ne peut pas à un moment faire jouer ses ambitions personnelles au détriment de l'intérêt collectif et général.
GUILLAUME DURAND Alors, plusieurs questions. On va commencer par écouter, puisque vous le savez, Nadine MORANO, sur RADIO CLASSIQUE, on passe aussi les autres interventions de la matinée, et ce matin sur CANAL, Pierre MOSCOVICI, qui est donc le principal collaborateur de François HOLLANDE aujourd'hui dans la campagne, revient évidemment sur l'affaire de Karachi, deux proches du président écoutés donc et entendus par la justice. Voici ce que disait MOSCOVICI il y a une poignée de secondes. (Extrait interview Pierre MOSCOVICI CANAL+). Alors, est-ce que vous craigniez que cette affaire, l'affaire de Karachi, vienne polluer la campagne présidentielle, je veux dire la vôtre ?
NADINE MORANO D'abord, je voudrais rappeler, contrairement à ce que vient de dire monsieur MOSCOVICI, que cette République irréprochable elle fonctionne parfaitement, puisque vous le voyez
GUILLAUME DURAND sauf si des valises ont circulé.
NADINE MORANO Non !
GUILLAUME DURAND Les comptes de campagne de BALLADUR en 95 ont été certifiés par Roland DUMAS, tout le monde lui est tombé dessus à l'époque en disant que ce n'était pas normal que les comptes de campagne lui soient certifiés.
NADINE MORANO Mais, monsieur DURAND, nous parlons d'une République irréprochable. Une République irréprochable passe par le fonctionnement d'une justice qui fait son métier, qui fait son rôle, et donc on voit bien aujourd'hui qu'une procédure est en cours. Vous l'avez rappelé, deux personnalités proches du président de la République sont aujourd'hui entendues. Un est en garde à vue. Donc, comment pourrait-on dire que cette République irréprochable ne fonctionne pas ? Si cette République irréprochable ne fonctionnait pas, ces deux personnalités ne seraient pas entendues par la justice. Nicolas BAZIRE n'aurait pas été mis en garde à vue. Donc, nous sommes bien dans le fonctionnement d'une République irréprochable, avec une justice indépendante qui fait son travail.
GUILLAUME DURAND Mais vous entendez, parce que vous avez un sens politique, la tonalité de la gauche c'est de vous charger massivement sur cette affaire.
NADINE MORANO Oui, mais j'entends
GUILLAUME DURAND Martine AUBRY disait hier « il faut que toute la vérité soit faite », enfin ils prononcent le mot d'affaire d'Etat.
NADINE MORANO Mais oui, ils nous sortent une affaire d'Etat tous les quatre matins ! Moi, je voudrais rappeler que lorsqu'il y a une procédure judiciaire il convient de laisser la justice faire son travail. En revanche, je dirais que quand il y a l'affaire de monsieur GUÉRINI dans les Bouches du Rhône qui, lui, est mis en examen pour association de malfaiteurs, je n'entends pas sur l'affaire de monsieur GUÉRINI le Parti socialiste lui demander de quitter ses fonctions.
GUILLAUME DURAND Si, certains, si !
NADINE MORANO Oui, certains, pas tous, vous le soulignez vous-même de quitter les fonctions de président de conseil général alors qu'il est en train de gérer de l'argent public. Vous me disiez fort justement que cette affaire de Karachi concerne la campagne de 1995, de 1995. Elle ne concerne en rien la présidence de Nicolas SARKOZY, ni même la campagne électorale de Nicolas SARKOZY. Donc, il ne faut pas ensuite faire des amalgames, comme je le vois, associer le nom de Nicolas SARKOZY, de sa présidence ou de sa campagne électorale, aux noms de personnalités
GUILLAUME DURAND mais vous connaissez, Nadine MORANO, parfaitement l'histoire de votre mouvement. On a l'impression que finalement ce qui s'est passé en 95, je parle sous le contrôle de notre éditorialiste politique Guillaume TABARD, continue à exister aujourd'hui, c'est-à-dire que cette bataille entre les chiraquiens et les balladuriens de 95 elle n'est pas cicatrisée aujourd'hui, et ça continue : les déclarations de BOURGI, l'affaire de Karachi.
NADINE MORANO Ecoutez, moi, en 1995
GUILLAUME DURAND c'est l'histoire de la droite, quoi.
NADINE MORANO En 1995, je faisais campagne pour Jacques CHIRAC, bien. Vous dites, « ça n'est pas cicatrisé », aujourd'hui dans l'UMP vous avez des anciens chiraquiens qui n'ont pas fait campagne à l'époque pour Edouard BALLADUR, vous avez un président de la République qui lui avait choisi de faire campagne pour Edouard BALLADUR, et nous sommes un seul mouvement qui travaillons ensemble parce que nous partageons les mêmes convictions politiques. Donc, il y a eu cette campagne de 1995, il y a une procédure judiciaire en cours. Il convient de noter qu'il y a cette procédure judiciaire, que la justice fait donc son travail, que nous sommes donc bien dans une République irréprochable. Et maintenant, il n'y a pas d'autre commentaire à faire. Il faut attendre.
GUILLAUME DURAND Je voudrais qu'on parle de la réunion à laquelle vous avez participée, me semble-t-il, hier, autour de Brice HORTEFEUX, pour trouver des arguments contre la gauche dans la présidentielle qui avance à une vitesse vertigineuse. Mais cette histoire d'allégeance aux armes, vous qui vivez dans une région enfin, qui représentez la nation dans une région où la guerre a joué un rôle essentiel, est-ce que c'est pas devenu totalement ringard ? Enfin, on a l'impression que l'UMP voulait, au fond, être le parti de la modernité, de la mondialisation, et tout d'un coup je vais vous donner un exemple simple, hier j'ai écouté, parce que nous sommes très généreux à RADIO CLASSIQUE, nos confrères de RTL et des gens comme Alain-Gérard SLAMA ou Alain DUHAMEL, qui sont quand même pas des grands révolutionnaires, ils considéraient presque que ça sentait le pétainisme, les ligues.
NADINE MORANO Vous ne croyez pas que tout ça est un peu exagéré, non ? Il faut reconnaître à l'UMP d'organiser
GUILLAUME DURAND est-ce que vraiment la priorité ?
NADINE MORANO Non, mais est-ce qu'on vous a dit que c'était une priorité ? Non, on n'a pas dit que c'était la priorité de l'UMP.
GUILLAUME DURAND Alors, pourquoi
NADINE MORANO L'UMP travaille à travers de nombreuses conventions qui concernent la vie de nos concitoyens. Il y en aura une d'ailleurs sur la solitude qui sera organisée. Donc, beaucoup de conventions sont organisées, qui nous permettent de réfléchir, de faire des propositions mais qui n'engagent en rien le candidat SARKOZY.
GUILLAUME DURAND Alors, à quoi ça sert ?
NADINE MORANO En rien !
GUILLAUME DURAND Mais à quoi ça sert ?
NADINE MORANO Mais ça sert
GUILLAUME DURAND faire du bruit pour contrer les primaires socialistes et exister.
NADINE MORANO Non, non, ça sert à faire de l'émulation intellectuelle, d'avoir évidemment beaucoup d'idées sur lesquelles après il conviendra de faire une sélection. Et puis, en ce qui concerne cette proposition
GUILLAUME DURAND vous êtes pour vous ?
NADINE MORANO Non mais attendez allégeance
GUILLAUME DURAND je suis sûr que vous êtes contre.
NADINE MORANO Non mais, allégeance
GUILLAUME DURAND Je suis sûr que vous être contre.
NADINE MORANO Non mais, comme vous le rappelez je suis lorraine, et au-delà de cette reconnue pour avoir été martyrisée au cours des dernières guerres, il y a aussi une forte présence militaire. Et c'est vrai que pour nous le sens de la nation, le sens de la protection de la nation et de l'engagement à servir son pays, à le défendre, me paraît vraiment être quelque chose qui mérite d'être regardée, pourquoi pas. Moi, j'aime bien quand on respecte le drapeau de la République, j'aime bien quand on apprend à l'école La Marseillaise.
GUILLAUME DURAND Non mais quand je prends le titre des ECHOS de ce matin, « Crise de la dette, une facture de 200 milliards pour les banques », on se dit que c'est quand même pas urgent le salut au drapeau quand on est dans un contexte pareil.
NADINE MORANO Non mais, jamais
GUILLAUME DURAND j'ai entendu votre argument.
NADINE MORANO Jamais je ne dis ça.
GUILLAUME DURAND Alors, qu'est-ce qui s'est passé lors de la
NADINE MORANO comme si l'UMP ne traitait pas ni de la dette, ni de la crise, ni de la politique internationale.
GUILLAUME DURAND Non mais, je n'ai pas dit ça ! Je n'ai pas dit ça, j'ai simplement dit que ce n'était peut-être pas une priorité. Est-ce que vous étiez à cette réunion avec HORTEFEUX, hier, pour préparer justement
NADINE MORANO Oui !
GUILLAUME DURAND Et alors vous avez décidé quoi comme axe pour, entre guillemets, frapper la gauche, parce que visiblement c'était ça d'après ce qu'on me dit ?
NADINE MORANO Ecoutez, nos réunions de travail, de réflexion, d'analyse de la situation et de propositions, l'analyse des propositions enfin des propositions, des pseudo-propositions du Parti socialiste, font l'objet évidemment d'une analyse, d'un débat contradictoire, mais vous ne m'entendrez jamais parler de ce qui se dit dans ces réunions que je considère comme confidentielles et stratégiques.
GUILLAUME DURAND Donc, on ne saura pas pour l'instant.
NADINE MORANO Eh ben, je ne vous dirais pas, non, voilà.
GUILLAUME DURAND Est-ce que vous êtes plutôt tendance COPÉ, c'est-à-dire les primaires du Parti socialiste c'est un truc bizarre, inexistant, contreproductive et totalement contraire à la Ve République, ou est-ce que vous êtes plutôt FILLON qui dit que finalement c'est plutôt un exercice pas désagréable pour l'exercice démocratique.
NADINE MORANO Je suis l'un et l'autre.
GUILLAUME DURAND Vous êtes COPÉ ou FILLON, madame MORANO ?
NADINE MORANO Non, je suis l'un et l'autre. Je suis l'un et l'autre sur le sujet parce que le dispositif des primaires, moi, je respecte la façon dont veulent s'organiser les partis politiques, donc qu'ils organisent des primaires ne me choque pas. Je pense que c'est plutôt une bataille organisée qui ne les sert pas, je trouve, mais bon, après, c'est leur problème. Ensuite, après, sur le fait de procéder à des scrutins dans les mairies et à pouvoir enregistrer des personnes qui travaillent dans des services publics et en se disant, « tiens, celui-là n'est pas venu voter », et qu'ils soient fichés, je trouve ça quand même dangereux, voilà. Voilà, donc
GUILLAUME DURAND Le mot a été prononcé. Merci Nadine MORANO d'être venue en direct ce matin sur l'antenne de RADIO CLASSIQUE.
NADINE MORANO Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 septembre 2011
NADINE MORANO Bonjour.
GUILLAUME DURAND Vous avez un magnifique tailleur noir. Est-ce que le Sénat va passer à gauche ? Est-ce que vous le craigniez ?
NADINE MORANO Mais, je pense que la majorité sera très courte, donc j'appelle tous les Grands Electeurs qui m'écoutent sur votre antenne ce matin à regarder un critère qui me semble essentiel, que Guillaume TABARD a évoqué, c'est la bonne gestion et la rigueur budgétaire, et la règle d'or. Et les élus locaux y sont très attachés parce qu'ils ne peuvent pas voter un budget en déséquilibre. Et lorsque je discute avec les Grands Electeurs, je crois que c'est un axe très fort pour eux. Donc, si vous voulez que cette règle d'or budgétaire, à laquelle vous êtes attachée, soit adoptée, je vous invite très fortement à voter pour les candidats aux sénatoriales de la majorité présidentielle, alors UMP.
GUILLAUME DURAND Et ça veut dire que si jamais ce n'est pas le cas, Nadine MORANO, qu'il y a quand même à l'intérieur de l'UMP une version officielle, « tous unis », et une version officieuse, prenons le cas par exemple de Pierre CHARON ou d'Yves JÉGO en Seine et Marne, qui pousserait un certain nombre de gens de l'UMP finalement, je ne dis pas à trahir dans le secret des urnes, mais enfin c'est peut-être ça qui est en train de se jouer. Je ne dis pas que ça va se jouer, mais qui est peut-être en train de se jouer.
NADINE MORANO Comme je vous le disais, nous pouvons garder le Sénat, et je l'espère évidemment, c'est important, je l'ai dit, pour la règle d'or budgétaire, mais bien évidemment pour nous permettre de bien fonctionner au regard des réformes que nous devons mener dans notre pays. Nous avons moins de dissidences qu'aux précédentes sénatoriales. C'est une réalité. Et il y a beaucoup de dissidences aussi à gauche, il faut le rappeler. Mais, c'est vrai que l'unité de notre famille politique plus que jamais est nécessaire. A quelques mois des élections présidentielles, je dirais que conserver le Sénat serait l'enclenchement d'une dynamique forte pour les élections présidentielles. Donc, nous avons un devoir d'unité de notre famille politique et ceux qui s'égarent vers la dissidence, eh bien nous emmènent dans la fragilisation de notre campagne.
GUILLAUME DURAND Mais quand on pense, par exemple, aux relations qu'ont eu des gens comme Pierre CHARON, Brice HORTEFEUX, vous-même qui avez toujours défendu bec et ongles partout, sur tous les plateaux, le président de la République, comment peut-on comprendre qu'un garçon comme Pierre CHARON tout d'un coup, qui a été l'intime, le compagnon du président de la République pendant des années, un beau matin il lève un drapeau un peu comme les pirates
NADINE MORANO non, c'est pas un beau matin, non, non, c'est pas un beau matin.
GUILLAUME DURAND comme les pirates dans les romans d'adolescents, et il dit « ben non » ?
ADINE MORANO Ce n'est pas un beau matin.
GUILLAUME DURAND Mais qu'est-ce qui lui arrive ?
NADINE MORANO Il faut reconnaître à Pierre CHARON l'envie de se présenter à cette élection sénatoriale depuis assez longtemps, depuis longtemps, bien. Ensuite, après, il y a le règlement
GUILLAUME DURAND mais contre son chef et bienfaiteur.
NADINE MORANO Eh ben, c'est ce que nous lui avons expliqué, c'est qu'il y a... d'abord au-delà du président de la République, il y a notre mouvement politique auquel il appartient, et qui a des statuts, un règlement, une commission nationale d'investiture. A partir du moment où nous rendons un avis, avec cette commission nationale d'investiture, il est normal de suivre cet avis. Ca fait partie de la vie de notre mouvement politique. Donc, on ne peut pas à un moment faire jouer ses ambitions personnelles au détriment de l'intérêt collectif et général.
GUILLAUME DURAND Alors, plusieurs questions. On va commencer par écouter, puisque vous le savez, Nadine MORANO, sur RADIO CLASSIQUE, on passe aussi les autres interventions de la matinée, et ce matin sur CANAL, Pierre MOSCOVICI, qui est donc le principal collaborateur de François HOLLANDE aujourd'hui dans la campagne, revient évidemment sur l'affaire de Karachi, deux proches du président écoutés donc et entendus par la justice. Voici ce que disait MOSCOVICI il y a une poignée de secondes. (Extrait interview Pierre MOSCOVICI CANAL+). Alors, est-ce que vous craigniez que cette affaire, l'affaire de Karachi, vienne polluer la campagne présidentielle, je veux dire la vôtre ?
NADINE MORANO D'abord, je voudrais rappeler, contrairement à ce que vient de dire monsieur MOSCOVICI, que cette République irréprochable elle fonctionne parfaitement, puisque vous le voyez
GUILLAUME DURAND sauf si des valises ont circulé.
NADINE MORANO Non !
GUILLAUME DURAND Les comptes de campagne de BALLADUR en 95 ont été certifiés par Roland DUMAS, tout le monde lui est tombé dessus à l'époque en disant que ce n'était pas normal que les comptes de campagne lui soient certifiés.
NADINE MORANO Mais, monsieur DURAND, nous parlons d'une République irréprochable. Une République irréprochable passe par le fonctionnement d'une justice qui fait son métier, qui fait son rôle, et donc on voit bien aujourd'hui qu'une procédure est en cours. Vous l'avez rappelé, deux personnalités proches du président de la République sont aujourd'hui entendues. Un est en garde à vue. Donc, comment pourrait-on dire que cette République irréprochable ne fonctionne pas ? Si cette République irréprochable ne fonctionnait pas, ces deux personnalités ne seraient pas entendues par la justice. Nicolas BAZIRE n'aurait pas été mis en garde à vue. Donc, nous sommes bien dans le fonctionnement d'une République irréprochable, avec une justice indépendante qui fait son travail.
GUILLAUME DURAND Mais vous entendez, parce que vous avez un sens politique, la tonalité de la gauche c'est de vous charger massivement sur cette affaire.
NADINE MORANO Oui, mais j'entends
GUILLAUME DURAND Martine AUBRY disait hier « il faut que toute la vérité soit faite », enfin ils prononcent le mot d'affaire d'Etat.
NADINE MORANO Mais oui, ils nous sortent une affaire d'Etat tous les quatre matins ! Moi, je voudrais rappeler que lorsqu'il y a une procédure judiciaire il convient de laisser la justice faire son travail. En revanche, je dirais que quand il y a l'affaire de monsieur GUÉRINI dans les Bouches du Rhône qui, lui, est mis en examen pour association de malfaiteurs, je n'entends pas sur l'affaire de monsieur GUÉRINI le Parti socialiste lui demander de quitter ses fonctions.
GUILLAUME DURAND Si, certains, si !
NADINE MORANO Oui, certains, pas tous, vous le soulignez vous-même de quitter les fonctions de président de conseil général alors qu'il est en train de gérer de l'argent public. Vous me disiez fort justement que cette affaire de Karachi concerne la campagne de 1995, de 1995. Elle ne concerne en rien la présidence de Nicolas SARKOZY, ni même la campagne électorale de Nicolas SARKOZY. Donc, il ne faut pas ensuite faire des amalgames, comme je le vois, associer le nom de Nicolas SARKOZY, de sa présidence ou de sa campagne électorale, aux noms de personnalités
GUILLAUME DURAND mais vous connaissez, Nadine MORANO, parfaitement l'histoire de votre mouvement. On a l'impression que finalement ce qui s'est passé en 95, je parle sous le contrôle de notre éditorialiste politique Guillaume TABARD, continue à exister aujourd'hui, c'est-à-dire que cette bataille entre les chiraquiens et les balladuriens de 95 elle n'est pas cicatrisée aujourd'hui, et ça continue : les déclarations de BOURGI, l'affaire de Karachi.
NADINE MORANO Ecoutez, moi, en 1995
GUILLAUME DURAND c'est l'histoire de la droite, quoi.
NADINE MORANO En 1995, je faisais campagne pour Jacques CHIRAC, bien. Vous dites, « ça n'est pas cicatrisé », aujourd'hui dans l'UMP vous avez des anciens chiraquiens qui n'ont pas fait campagne à l'époque pour Edouard BALLADUR, vous avez un président de la République qui lui avait choisi de faire campagne pour Edouard BALLADUR, et nous sommes un seul mouvement qui travaillons ensemble parce que nous partageons les mêmes convictions politiques. Donc, il y a eu cette campagne de 1995, il y a une procédure judiciaire en cours. Il convient de noter qu'il y a cette procédure judiciaire, que la justice fait donc son travail, que nous sommes donc bien dans une République irréprochable. Et maintenant, il n'y a pas d'autre commentaire à faire. Il faut attendre.
GUILLAUME DURAND Je voudrais qu'on parle de la réunion à laquelle vous avez participée, me semble-t-il, hier, autour de Brice HORTEFEUX, pour trouver des arguments contre la gauche dans la présidentielle qui avance à une vitesse vertigineuse. Mais cette histoire d'allégeance aux armes, vous qui vivez dans une région enfin, qui représentez la nation dans une région où la guerre a joué un rôle essentiel, est-ce que c'est pas devenu totalement ringard ? Enfin, on a l'impression que l'UMP voulait, au fond, être le parti de la modernité, de la mondialisation, et tout d'un coup je vais vous donner un exemple simple, hier j'ai écouté, parce que nous sommes très généreux à RADIO CLASSIQUE, nos confrères de RTL et des gens comme Alain-Gérard SLAMA ou Alain DUHAMEL, qui sont quand même pas des grands révolutionnaires, ils considéraient presque que ça sentait le pétainisme, les ligues.
NADINE MORANO Vous ne croyez pas que tout ça est un peu exagéré, non ? Il faut reconnaître à l'UMP d'organiser
GUILLAUME DURAND est-ce que vraiment la priorité ?
NADINE MORANO Non, mais est-ce qu'on vous a dit que c'était une priorité ? Non, on n'a pas dit que c'était la priorité de l'UMP.
GUILLAUME DURAND Alors, pourquoi
NADINE MORANO L'UMP travaille à travers de nombreuses conventions qui concernent la vie de nos concitoyens. Il y en aura une d'ailleurs sur la solitude qui sera organisée. Donc, beaucoup de conventions sont organisées, qui nous permettent de réfléchir, de faire des propositions mais qui n'engagent en rien le candidat SARKOZY.
GUILLAUME DURAND Alors, à quoi ça sert ?
NADINE MORANO En rien !
GUILLAUME DURAND Mais à quoi ça sert ?
NADINE MORANO Mais ça sert
GUILLAUME DURAND faire du bruit pour contrer les primaires socialistes et exister.
NADINE MORANO Non, non, ça sert à faire de l'émulation intellectuelle, d'avoir évidemment beaucoup d'idées sur lesquelles après il conviendra de faire une sélection. Et puis, en ce qui concerne cette proposition
GUILLAUME DURAND vous êtes pour vous ?
NADINE MORANO Non mais attendez allégeance
GUILLAUME DURAND je suis sûr que vous êtes contre.
NADINE MORANO Non mais, allégeance
GUILLAUME DURAND Je suis sûr que vous être contre.
NADINE MORANO Non mais, comme vous le rappelez je suis lorraine, et au-delà de cette reconnue pour avoir été martyrisée au cours des dernières guerres, il y a aussi une forte présence militaire. Et c'est vrai que pour nous le sens de la nation, le sens de la protection de la nation et de l'engagement à servir son pays, à le défendre, me paraît vraiment être quelque chose qui mérite d'être regardée, pourquoi pas. Moi, j'aime bien quand on respecte le drapeau de la République, j'aime bien quand on apprend à l'école La Marseillaise.
GUILLAUME DURAND Non mais quand je prends le titre des ECHOS de ce matin, « Crise de la dette, une facture de 200 milliards pour les banques », on se dit que c'est quand même pas urgent le salut au drapeau quand on est dans un contexte pareil.
NADINE MORANO Non mais, jamais
GUILLAUME DURAND j'ai entendu votre argument.
NADINE MORANO Jamais je ne dis ça.
GUILLAUME DURAND Alors, qu'est-ce qui s'est passé lors de la
NADINE MORANO comme si l'UMP ne traitait pas ni de la dette, ni de la crise, ni de la politique internationale.
GUILLAUME DURAND Non mais, je n'ai pas dit ça ! Je n'ai pas dit ça, j'ai simplement dit que ce n'était peut-être pas une priorité. Est-ce que vous étiez à cette réunion avec HORTEFEUX, hier, pour préparer justement
NADINE MORANO Oui !
GUILLAUME DURAND Et alors vous avez décidé quoi comme axe pour, entre guillemets, frapper la gauche, parce que visiblement c'était ça d'après ce qu'on me dit ?
NADINE MORANO Ecoutez, nos réunions de travail, de réflexion, d'analyse de la situation et de propositions, l'analyse des propositions enfin des propositions, des pseudo-propositions du Parti socialiste, font l'objet évidemment d'une analyse, d'un débat contradictoire, mais vous ne m'entendrez jamais parler de ce qui se dit dans ces réunions que je considère comme confidentielles et stratégiques.
GUILLAUME DURAND Donc, on ne saura pas pour l'instant.
NADINE MORANO Eh ben, je ne vous dirais pas, non, voilà.
GUILLAUME DURAND Est-ce que vous êtes plutôt tendance COPÉ, c'est-à-dire les primaires du Parti socialiste c'est un truc bizarre, inexistant, contreproductive et totalement contraire à la Ve République, ou est-ce que vous êtes plutôt FILLON qui dit que finalement c'est plutôt un exercice pas désagréable pour l'exercice démocratique.
NADINE MORANO Je suis l'un et l'autre.
GUILLAUME DURAND Vous êtes COPÉ ou FILLON, madame MORANO ?
NADINE MORANO Non, je suis l'un et l'autre. Je suis l'un et l'autre sur le sujet parce que le dispositif des primaires, moi, je respecte la façon dont veulent s'organiser les partis politiques, donc qu'ils organisent des primaires ne me choque pas. Je pense que c'est plutôt une bataille organisée qui ne les sert pas, je trouve, mais bon, après, c'est leur problème. Ensuite, après, sur le fait de procéder à des scrutins dans les mairies et à pouvoir enregistrer des personnes qui travaillent dans des services publics et en se disant, « tiens, celui-là n'est pas venu voter », et qu'ils soient fichés, je trouve ça quand même dangereux, voilà. Voilà, donc
GUILLAUME DURAND Le mot a été prononcé. Merci Nadine MORANO d'être venue en direct ce matin sur l'antenne de RADIO CLASSIQUE.
NADINE MORANO Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 23 septembre 2011