Texte intégral
Q - Monsieur le Ministre, bonjour.
R - Bonjour.
Q - Merci de répondre à nos questions. Mahmoud Abbas, devant lONU, va demander la reconnaissance de lÉtat palestinien. A-t-il raison ?
R - La France la dit fortement par la voix du président de la République, il faut que cela change. Tout change dailleurs, la situation en Égypte, la situation en Syrie, les Printemps arabes qui ont des conséquences sur la région, on en parlera. Et il faut donc sortir de cette impasse dans laquelle on se trouve depuis des décennies avec les Palestiniens et les Israéliens.
La seule façon den sortir, nous lavons dit depuis des mois et des mois, nous avons pris des initiatives dailleurs en ce sens, cest de se remettre autour de la table de négociations. Cest ce que nous souhaitons et nous comprenons que les Palestiniens simpatientent et par conséquent sadressent aux Nations unies avec cette demande de reconnaissance.
Q - Cela veut dire que lidée française nest pas entendue par les Palestiniens, parce que vous avez, par la voix du président de la République, déposé une autre idée qui consiste à faire à lÉtat palestinien un statut dobservateur, cela veut dire que si demain il demande à obtenir le statut dun État à part entière aux Nations unies, il nécoute pas lidée française ?
R - Ce nest pas exactement comme ça que cela sest passé, parce quavant que lidée française ne soit formulée, Mahmoud Abbas a annoncé son intention daller au Conseil de sécurité. Nous lui avons dit tout simplement que cette idée le conduisait à une impasse, parce que le Conseil de sécurité nacceptera pas de reconnaître lÉtat palestinien pour la bonne raison que les Américains sont membres permanents, ont un droit de veto, et ont annoncé quils opposeraient leur veto.
Donc, il a fallu chercher une autre solution et cest là que lidée française est apparue, et cette idée na pas été repoussée par les Palestiniens, loin de là, nous en avons parlé aux Américains, qui en ont pris note et nous ont dit «Approfondissez-la », et nous allons y travailler tout au long des journées qui viennent.
Q - À ce propos, ce quon pourra aussi retenir de cette session de lONU cest la divergence entre les Français et les Américains puisque, Nicolas Sarkozy la dit à la tribune, aucun pays, aussi grand soit-il, ne peut pas tout régler, donc cétait viser directement les Américains qui ont assez peu apprécié. Est-ce quil y a une divergence de méthode pour régler ce problème ?
R - Dire quun seul pays ne peut pas tout régler ce nest pas une divergence, cest un constat, dailleurs les États-Unis le reconnaissent eux-mêmes, ont essayé de le faire lannée dernière
Q - Barack Obama na pas vraiment apprécié cette sortie
R - Ce nest pas exactement ce que jai ressenti lorsque nous lavons vu hier, puisque jai assisté à lentretien quil a eu avec le président de la République, il a cherché à mieux comprendre la proposition française et nous allons chercher à en discuter avec eux.
Q - Il y a également la notion et la dimension des Printemps arabes, ici même la Libye a rejoint le Partenariat de Deauville qui aide maintenant les jeunes démocraties, mais ny a-t-il pas des sujets dinquiétudes sur les nouveaux régimes ? Y a-t-il des régimes, notamment en Égypte, qui vous inquiètent dans leur manière dévoluer ?
R - Ce serait un miracle si, dans un tel mouvement qui est une révolution fondamentale de la situation tout autour de la Méditerranée, il ny avait pas de risques. Si cétait un processus sans risque ce serait absolument merveilleux. Nous considérons que cest une chance et que les chances lemportent sur les risques. Lorsque des peuples se soulèvent pour dire tout simplement : «On veut être libre, on veut pouvoir voter librement, on veut pouvoir sexprimer librement», nous pensons que cest une chance et quil faut la soutenir.
Q - Il y a, en tout cas, un pays qui vous inquiète beaucoup parce que vous avez eu des mots très durs, cest la Syrie, vous avez parlé de crimes contre lHumanité ; est-ce que la France peut être au fond aussi ferme avec la Syrie, voire intervenir ?
R - Nous sommes aussi fermes, depuis le début nous avons dit : «Cest inacceptable», et jai moi-même dit, avant dautres, que Bachar el Assad avait perdu sa légitimité. Que se passe-t-il en Syrie dans certaines villes ? On brutalise les enfants dans les écoles. Il y a eu des mouvements dans certaines écoles où les gamins protestaient, eh bien larmée est intervenue dans des écoles.
Q - Mais les opinions vont dire quil y a deux poids et deux mesures, nous sommes intervenus en Libye et ce que vous dénoncez en Syrie est très grave et on va simplement rester sur le chapitre des sanctions ?.
R - Je vous dis tout simplement que nous navons pas vocation à faire la guerre partout, je vous rappelle quand même que lorsque nous sommes intervenus en Libye, jusquà il y a un mois, les même qui nous disent «Allez en Syrie », nous disaient «Pourquoi êtes-vous allés en Libye, et puis pourquoi êtes-vous allés en Afghanistan ?». Attention à cette surenchère, nous essayons dagir en proportionnant à chaque fois nos moyens dintervention à la situation. Je disais aussi que la Libye nest pas la Syrie. En Syrie vous avez aussi des communautés qui sont peut-être en train dentrer en antagonisme, des chrétiens dun côté, des alaouites, des sunnites. Tout ceci risque de dégénérer en guerre civile et cest pour cela quil faut agir avec détermination.
Q - Il y a un autre sujet qui est à la fois diplomatique et économique, cest la crise en Europe, la crise de la dette ; que faut-il faire pour sauver la Grèce ? On sait quil ny a plus dÉtat en Grèce, faut-il fournir une administration provisoire, clé en main pour aider les Grecs à gérer leur État ?
R - Je pense quil va falloir aider la Grèce, lui donner les moyens, pour reconstruire une administration fiscale, une administration budgétaire qui fonctionne. Il faut quelle remplisse les engagements quelle a pris. Il va falloir que les pays européens, les organisations internationales, le Fonds monétaire international, interviennent pour lui permettre de tenir ses engagements. ( ).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 septembre 2011
R - Bonjour.
Q - Merci de répondre à nos questions. Mahmoud Abbas, devant lONU, va demander la reconnaissance de lÉtat palestinien. A-t-il raison ?
R - La France la dit fortement par la voix du président de la République, il faut que cela change. Tout change dailleurs, la situation en Égypte, la situation en Syrie, les Printemps arabes qui ont des conséquences sur la région, on en parlera. Et il faut donc sortir de cette impasse dans laquelle on se trouve depuis des décennies avec les Palestiniens et les Israéliens.
La seule façon den sortir, nous lavons dit depuis des mois et des mois, nous avons pris des initiatives dailleurs en ce sens, cest de se remettre autour de la table de négociations. Cest ce que nous souhaitons et nous comprenons que les Palestiniens simpatientent et par conséquent sadressent aux Nations unies avec cette demande de reconnaissance.
Q - Cela veut dire que lidée française nest pas entendue par les Palestiniens, parce que vous avez, par la voix du président de la République, déposé une autre idée qui consiste à faire à lÉtat palestinien un statut dobservateur, cela veut dire que si demain il demande à obtenir le statut dun État à part entière aux Nations unies, il nécoute pas lidée française ?
R - Ce nest pas exactement comme ça que cela sest passé, parce quavant que lidée française ne soit formulée, Mahmoud Abbas a annoncé son intention daller au Conseil de sécurité. Nous lui avons dit tout simplement que cette idée le conduisait à une impasse, parce que le Conseil de sécurité nacceptera pas de reconnaître lÉtat palestinien pour la bonne raison que les Américains sont membres permanents, ont un droit de veto, et ont annoncé quils opposeraient leur veto.
Donc, il a fallu chercher une autre solution et cest là que lidée française est apparue, et cette idée na pas été repoussée par les Palestiniens, loin de là, nous en avons parlé aux Américains, qui en ont pris note et nous ont dit «Approfondissez-la », et nous allons y travailler tout au long des journées qui viennent.
Q - À ce propos, ce quon pourra aussi retenir de cette session de lONU cest la divergence entre les Français et les Américains puisque, Nicolas Sarkozy la dit à la tribune, aucun pays, aussi grand soit-il, ne peut pas tout régler, donc cétait viser directement les Américains qui ont assez peu apprécié. Est-ce quil y a une divergence de méthode pour régler ce problème ?
R - Dire quun seul pays ne peut pas tout régler ce nest pas une divergence, cest un constat, dailleurs les États-Unis le reconnaissent eux-mêmes, ont essayé de le faire lannée dernière
Q - Barack Obama na pas vraiment apprécié cette sortie
R - Ce nest pas exactement ce que jai ressenti lorsque nous lavons vu hier, puisque jai assisté à lentretien quil a eu avec le président de la République, il a cherché à mieux comprendre la proposition française et nous allons chercher à en discuter avec eux.
Q - Il y a également la notion et la dimension des Printemps arabes, ici même la Libye a rejoint le Partenariat de Deauville qui aide maintenant les jeunes démocraties, mais ny a-t-il pas des sujets dinquiétudes sur les nouveaux régimes ? Y a-t-il des régimes, notamment en Égypte, qui vous inquiètent dans leur manière dévoluer ?
R - Ce serait un miracle si, dans un tel mouvement qui est une révolution fondamentale de la situation tout autour de la Méditerranée, il ny avait pas de risques. Si cétait un processus sans risque ce serait absolument merveilleux. Nous considérons que cest une chance et que les chances lemportent sur les risques. Lorsque des peuples se soulèvent pour dire tout simplement : «On veut être libre, on veut pouvoir voter librement, on veut pouvoir sexprimer librement», nous pensons que cest une chance et quil faut la soutenir.
Q - Il y a, en tout cas, un pays qui vous inquiète beaucoup parce que vous avez eu des mots très durs, cest la Syrie, vous avez parlé de crimes contre lHumanité ; est-ce que la France peut être au fond aussi ferme avec la Syrie, voire intervenir ?
R - Nous sommes aussi fermes, depuis le début nous avons dit : «Cest inacceptable», et jai moi-même dit, avant dautres, que Bachar el Assad avait perdu sa légitimité. Que se passe-t-il en Syrie dans certaines villes ? On brutalise les enfants dans les écoles. Il y a eu des mouvements dans certaines écoles où les gamins protestaient, eh bien larmée est intervenue dans des écoles.
Q - Mais les opinions vont dire quil y a deux poids et deux mesures, nous sommes intervenus en Libye et ce que vous dénoncez en Syrie est très grave et on va simplement rester sur le chapitre des sanctions ?.
R - Je vous dis tout simplement que nous navons pas vocation à faire la guerre partout, je vous rappelle quand même que lorsque nous sommes intervenus en Libye, jusquà il y a un mois, les même qui nous disent «Allez en Syrie », nous disaient «Pourquoi êtes-vous allés en Libye, et puis pourquoi êtes-vous allés en Afghanistan ?». Attention à cette surenchère, nous essayons dagir en proportionnant à chaque fois nos moyens dintervention à la situation. Je disais aussi que la Libye nest pas la Syrie. En Syrie vous avez aussi des communautés qui sont peut-être en train dentrer en antagonisme, des chrétiens dun côté, des alaouites, des sunnites. Tout ceci risque de dégénérer en guerre civile et cest pour cela quil faut agir avec détermination.
Q - Il y a un autre sujet qui est à la fois diplomatique et économique, cest la crise en Europe, la crise de la dette ; que faut-il faire pour sauver la Grèce ? On sait quil ny a plus dÉtat en Grèce, faut-il fournir une administration provisoire, clé en main pour aider les Grecs à gérer leur État ?
R - Je pense quil va falloir aider la Grèce, lui donner les moyens, pour reconstruire une administration fiscale, une administration budgétaire qui fonctionne. Il faut quelle remplisse les engagements quelle a pris. Il va falloir que les pays européens, les organisations internationales, le Fonds monétaire international, interviennent pour lui permettre de tenir ses engagements. ( ).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 26 septembre 2011