Texte intégral
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Q - Quel est le calendrier du retrait de nos soldats dAfghanistan ?
R - Le président de la République a pris une décision conforme au calendrier de la transition arrêté par la coalition au Sommet de Lisbonne, fixée à 2014. Dans cette perspective et en concertation avec nos alliés, il a annoncé le retour de mille soldats dici à la fin de 2012. Ce processus, qui correspond au début du transfert de responsabilité de sécurité aux forces afghanes, commencera dailleurs dès fin 2011 avec le retrait dune première unité de 200 militaires qui doit intervenir avant fin octobre. Une deuxième déflation deffectifs aura lieu avant Noël.
Q - Le contingent français adopte-t-il une posture plus défensive ?
R - Nous adaptons nos modes daction en permanence pour amener larmée afghane à bien faire, donc il faut être à son rythme et non la remplacer. Elle est en train dassumer progressivement plus de responsabilités et dacquérir une réelle efficacité opérationnelle, fondée sur les qualités traditionnelles du soldat afghan : résistance, rusticité, courage au combat. Nous ne faisons pas la guerre à sa place mais nous restons en appui de ses opérations. Lobjectif est bien dêtre en situation de transférer les responsabilités de sécurité à lÉtat afghan.
Q - Quel est le bilan actuel de lengagement militaire français ?
R - Dans le district de Surobi, larmée afghane est en mesure de prendre la relève et la décision de transfert de responsabilité devrait être prise en octobre par le président Karzaï. Dans la province de Kapisa, la situation est plus complexe. Lannonce du transfert global des responsabilités de sécurité dici à la fin 2014 a créé une agitation autour de Tagab. Nous observons que nous navons plus de combats frontaux mais nous sommes confrontés à une logique de terrorisme, caractérisée par le recours aux engins explosifs improvisés. Nous ne pouvons combattre cette logique nouvelle sans aller systématiquement à la recherche de caches darmes. Ceci implique des opérations préventives en amont, qui sont menées par larmée afghane avec notre appui. Ces opérations exposent inévitablement nos soldats à des embuscades.
Q - Ne faut-il pas craindre une reprise de la guerre civile au lendemain du retrait des troupes de lOtan ?
R - La paix passe par une solution politique, afghane et pakistanaise. Plus quune simple guerre civile entre Tadjiks et Pachtouns, lAfghanistan est au cur dune lutte dinfluence entre lInde et le Pakistan notamment.
Q - Que reste-t-il à faire en Libye ?
R - Tant quune situation de conflit perdure, il y a nécessité pour le Conseil national de transition (CNT) dy mettre fin au sol. Ce nest pas laffaire de lOTAN, qui napporte quun soutien aérien. Je pense que cette situation va se régler assez rapidement. Aujourdhui, le problème est plus politique que militaire. Un gouvernement doit se constituer pour que chacun ait envie dy trouver sa place. Cela dépend aussi des Libyens.
Q - Des mesures sont-elles prises pour limiter la prolifération darmes dans la région ?
R - Nous sommes très mobilisés sur ce risque, dautant que la perméabilité des frontières est considérable. Ce qui se passe dans le Fezzan, dans le sud de la Libye, commande la sécurité dÉtats avec lesquels nous avons des accords de coopération : Tchad, Niger et Mali. Nous avons sensibilisé ces pays et proposons notre aide. Mais nous nous attaquons aussi à la racine du problème en définissant avec nos partenaires des mesures pour localiser et sécuriser en Libye même les armements de lancien président Kadhafi.
Q - Quelles leçons tirez-vous de lopération libyenne ?
R - Je dois recevoir le ministre de la Défense britannique Liam Fox le 12 octobre pour préparer un retour dexpérience commune. Le côté positif est que, lorsque les États-Unis ont retiré leurs moyens de frappes, le dispositif a continué à fonctionner. Je retiens également que la réintégration de la France dans la structure militaire intégrée de lOTAN nous a permis de peser sur la conduite des opérations et dassurer un rôle de leader, avec les Britanniques, de la coalition. Le côté négatif est que certains alliés européens se sont assez vite essoufflés dans leur contribution en matériels et munitions.
Q - Les Européens auraient-ils pu se passer des moyens américains ?
R - Si nous avions dû le faire, nous aurions pu agir sans le concours des États-Unis, mais cela aurait été un autre schéma et sans doute une autre durée et une moindre rapidité de montée en puissance. Pourquoi toutefois faire sans ceux qui sont prêts à aider et avec lesquels on a lhabitude de coopérer dans lOTAN ? La France et la Grande-Bretagne souhaitaient, de leur côté, associer le maximum de pays européens. Les États-Unis ont laissé leurs partenaires européens gérer cette crise et ceux-ci ont assumé cette gestion.
Q - Que se passerait-il si les Américains refusaient de participer à une opération ?
R - Les Européens doivent pouvoir intervenir seuls dans une partie du monde où leurs intérêts stratégiques sont en cause, cest le projet dune Europe de la défense en cours de construction. Mais on sait que les intérêts de sécurité américains et européens sont largement convergents et que, même si les États-Unis décident de ne pas être en première ligne, ces opérations recevront en général une forme de coopération ou de soutien des Américains.
Il ny a pas lieu dopposer lOtan et lUnion européenne, mais de les utiliser chacune pour ce quelle sait et peut faire, avec une vision pragmatique. La décision de la France de réintégrer le commandement militaire de lOtan nous a mis dans une position forte car, finalement, les Européens saperçoivent que, dès lors quil ny a pas dobstacle américain, ils disposent dune assez grande liberté daction dans lOtan. Cela ne nous empêche pas de travailler pour faire de lUnion européenne un acteur de sécurité global. La réponse appartient largement à deux autres grands acteurs : la Grande-Bretagne et lAllemagne.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 octobre 2011
Q - Quel est le calendrier du retrait de nos soldats dAfghanistan ?
R - Le président de la République a pris une décision conforme au calendrier de la transition arrêté par la coalition au Sommet de Lisbonne, fixée à 2014. Dans cette perspective et en concertation avec nos alliés, il a annoncé le retour de mille soldats dici à la fin de 2012. Ce processus, qui correspond au début du transfert de responsabilité de sécurité aux forces afghanes, commencera dailleurs dès fin 2011 avec le retrait dune première unité de 200 militaires qui doit intervenir avant fin octobre. Une deuxième déflation deffectifs aura lieu avant Noël.
Q - Le contingent français adopte-t-il une posture plus défensive ?
R - Nous adaptons nos modes daction en permanence pour amener larmée afghane à bien faire, donc il faut être à son rythme et non la remplacer. Elle est en train dassumer progressivement plus de responsabilités et dacquérir une réelle efficacité opérationnelle, fondée sur les qualités traditionnelles du soldat afghan : résistance, rusticité, courage au combat. Nous ne faisons pas la guerre à sa place mais nous restons en appui de ses opérations. Lobjectif est bien dêtre en situation de transférer les responsabilités de sécurité à lÉtat afghan.
Q - Quel est le bilan actuel de lengagement militaire français ?
R - Dans le district de Surobi, larmée afghane est en mesure de prendre la relève et la décision de transfert de responsabilité devrait être prise en octobre par le président Karzaï. Dans la province de Kapisa, la situation est plus complexe. Lannonce du transfert global des responsabilités de sécurité dici à la fin 2014 a créé une agitation autour de Tagab. Nous observons que nous navons plus de combats frontaux mais nous sommes confrontés à une logique de terrorisme, caractérisée par le recours aux engins explosifs improvisés. Nous ne pouvons combattre cette logique nouvelle sans aller systématiquement à la recherche de caches darmes. Ceci implique des opérations préventives en amont, qui sont menées par larmée afghane avec notre appui. Ces opérations exposent inévitablement nos soldats à des embuscades.
Q - Ne faut-il pas craindre une reprise de la guerre civile au lendemain du retrait des troupes de lOtan ?
R - La paix passe par une solution politique, afghane et pakistanaise. Plus quune simple guerre civile entre Tadjiks et Pachtouns, lAfghanistan est au cur dune lutte dinfluence entre lInde et le Pakistan notamment.
Q - Que reste-t-il à faire en Libye ?
R - Tant quune situation de conflit perdure, il y a nécessité pour le Conseil national de transition (CNT) dy mettre fin au sol. Ce nest pas laffaire de lOTAN, qui napporte quun soutien aérien. Je pense que cette situation va se régler assez rapidement. Aujourdhui, le problème est plus politique que militaire. Un gouvernement doit se constituer pour que chacun ait envie dy trouver sa place. Cela dépend aussi des Libyens.
Q - Des mesures sont-elles prises pour limiter la prolifération darmes dans la région ?
R - Nous sommes très mobilisés sur ce risque, dautant que la perméabilité des frontières est considérable. Ce qui se passe dans le Fezzan, dans le sud de la Libye, commande la sécurité dÉtats avec lesquels nous avons des accords de coopération : Tchad, Niger et Mali. Nous avons sensibilisé ces pays et proposons notre aide. Mais nous nous attaquons aussi à la racine du problème en définissant avec nos partenaires des mesures pour localiser et sécuriser en Libye même les armements de lancien président Kadhafi.
Q - Quelles leçons tirez-vous de lopération libyenne ?
R - Je dois recevoir le ministre de la Défense britannique Liam Fox le 12 octobre pour préparer un retour dexpérience commune. Le côté positif est que, lorsque les États-Unis ont retiré leurs moyens de frappes, le dispositif a continué à fonctionner. Je retiens également que la réintégration de la France dans la structure militaire intégrée de lOTAN nous a permis de peser sur la conduite des opérations et dassurer un rôle de leader, avec les Britanniques, de la coalition. Le côté négatif est que certains alliés européens se sont assez vite essoufflés dans leur contribution en matériels et munitions.
Q - Les Européens auraient-ils pu se passer des moyens américains ?
R - Si nous avions dû le faire, nous aurions pu agir sans le concours des États-Unis, mais cela aurait été un autre schéma et sans doute une autre durée et une moindre rapidité de montée en puissance. Pourquoi toutefois faire sans ceux qui sont prêts à aider et avec lesquels on a lhabitude de coopérer dans lOTAN ? La France et la Grande-Bretagne souhaitaient, de leur côté, associer le maximum de pays européens. Les États-Unis ont laissé leurs partenaires européens gérer cette crise et ceux-ci ont assumé cette gestion.
Q - Que se passerait-il si les Américains refusaient de participer à une opération ?
R - Les Européens doivent pouvoir intervenir seuls dans une partie du monde où leurs intérêts stratégiques sont en cause, cest le projet dune Europe de la défense en cours de construction. Mais on sait que les intérêts de sécurité américains et européens sont largement convergents et que, même si les États-Unis décident de ne pas être en première ligne, ces opérations recevront en général une forme de coopération ou de soutien des Américains.
Il ny a pas lieu dopposer lOtan et lUnion européenne, mais de les utiliser chacune pour ce quelle sait et peut faire, avec une vision pragmatique. La décision de la France de réintégrer le commandement militaire de lOtan nous a mis dans une position forte car, finalement, les Européens saperçoivent que, dès lors quil ny a pas dobstacle américain, ils disposent dune assez grande liberté daction dans lOtan. Cela ne nous empêche pas de travailler pour faire de lUnion européenne un acteur de sécurité global. La réponse appartient largement à deux autres grands acteurs : la Grande-Bretagne et lAllemagne.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 octobre 2011