Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur les missions et compétences des médecins militaires dans le cadre de la réorganisation de l'armée, Paris le 27 avril 1999.

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Circonstance : Remise des prix aux stagiaires de la promotion 1998 - 1999 de l'Ecole d'Application du Service de santé des armées (EASSA) à Paris le 27 avril 1999.

Texte intégral

Monsieur le médecin général des armées,
Monsieur le médecin général inspecteur,
Messieurs les professeurs,
Mesdames et messieurs les élèves,
Plutôt que de résumer seul la discussion très intéressante que nous venons davoir, je souhaiterais lélargir en disant quelques mots du contexte qui sera celui de la Défense dans les décennies à venir, le contexte qui sera celui de votre activité professionnelle.
Auparavant, et puisque cette cérémonie à laquelle jai tenu à assister, clôt pour vous une décennie consacrée à des études difficiles, je tiens à vous féliciter de la ténacité et de la qualité de votre promotion, et à saluer vos professeurs, ceux présents ici aujourdhui comme tous ceux qui vous ont accompagnés le long de ce parcours de connaissances et de travail.
Les prix qui vous seront remis dans quelques instants sont une manière dexprimer cet éloge qui revient à chacun dentre vous. La communauté de défense vous fait désormais une place entière, et en son nom, je vous souhaite en quelque sorte la bienvenue.
Si lon se place dans le long terme - cest lune des exigences et lun des avantages de ce Ministère - on peut percevoir les grands traits du contexte qui sera celui de la Défense pour les prochaines décennies. Lenvironnement dans lequel vous allez travailler, auquel vous allez participer dès votre stage dapplication, se dessine depuis les années 1989-1991, et trouve sa genèse dans les bouleversements géopolitiques qui ont suivi la fin de la guerre froide. Lévolution de notre continent a poussé la France à concevoir un outil de défense plus professionnel, plus facilement projetable, et toujours plus européen.
Plus professionnel et projetable, dabord : lintervention au Kosovo apporte en ce moment même une justification dramatique à ces conceptions nouvelles qui se fondent sur une anticipation des crises les plus fréquentes auxquelles nous aurons à faire face. Sil nous faut toujours garder à lesprit la défense du territoire, notre action continuera sans nul doute à sexercer au profit du droit international et des valeurs démocratiques de notre continent - cest précisément pour défendre les droits fondamentaux et un modèle dorganisation politique non - ségrégatif que nous intervenons contre le régime de Belgrade, fondé sur la violence et le principe de lapartheid.
Outre la sécurité et la stabilité de notre continent, nous serons encore appelés, à lavenir, à venir en aide à des populations meurtries ou fragilisées par des combats ou des catastrophes naturelles. Lillustration la plus évidente et la plus récente est bien sûr lassistance fournie aux pays dAmérique centrale touchés par le cyclone Mitch à la fin de lannée 1998.
Que ce soit dans le cadre dopérations proprement militaires ou bien dans celui des opérations dassistance que jévoquais à linstant, le service de santé des armées sera appelé à participer pleinement à cette armée professionnelle et projetable, et à soutenir en permanence nos forces.
La dualité de vos fonctions, à la fois docteurs pour les troupes françaises et médecins humanitaires dans certaines opérations - je pense à ceux de vos camarades embarqués sur la Jeanne dArc, partis pour la première fonction, et amenés en cours de route à prendre en charge la seconde en Amérique centrale - fait de vous un élément indispensable de notre système de forces et de notre capacité à la déployer, y compris très en avant sur le lieu des opérations, voire des combats. Cette armée des prochaines décennies, à laquelle vous allez prêter vos connaissances et votre talent, sera aussi une armée plus européenne et vous savez que cest lun des axes importants de la politique de ce gouvernement.
A nen pas douter, il sagit là dune évolution lente, et dont vous-mêmes, au service de santé, ne percevez-vous peut-être pas encore toutes les dimensions. Pourtant, laction en coalition est devenue le mode dintervention le plus fréquent pour nos forces, et il vous faudra de plus en plus, cest certain, travailler avec vos confrère britanniques, allemands ou italiens.
Pour le service de santé, les grandes réformes qui vont permettre ladaptation au contexte dont je viens de tracer les contours sont déjà engagées, et leurs effets déjà visibles.
Monsieur le Directeur de lEASSA en a rappelé quelques-unes, tout comme il a mentionné un des éléments clefs de notre action : la recherche permanente dinteraction et de complémentarité avec le secteur civil. Louverture, la « respiration « du service de santé des armées avec la médecine civile, qui sinsère parfaitement dans linstauration plus générale de nouveaux liens entre larmée professionnelle et la nation, est une exigence première des décennies qui vous attendent. Le monde de la médecine civile évolue vite dans ses caractéristiques économiques et professionnelles : tout est en place pour que la médecine militaire reste en phase avec lui, comme elle la toujours été.
Dans ce nouveau contexte, trop rapidement évoqué, il me reste à vous souhaiter une carrière riche en expériences multiples, une carrière faite dapprentissage permanent, et qui corresponde à lécole de la vie quest la profession médicale. Gardez toujours en vous cette ambition de qualité et de professionnalisme que vous avez pu satisfaire pendant vos études et votre stage, et plus encore ce goût du dévouement et du service public qui vous anime, et noubliez pas que vous êtes partie prenante dune communauté de défense qui depuis des siècles réserve à ses médecins, à son service de santé, une place affectueuse et privilégiée.
(Source http ://www.defense.gouv.fr, le 29 avril 1999)