Texte intégral
Q - Jean Leonetti, le ministre des Affaires européennes, vice-président du Parti radical, est linvité de La Matinale ce matin. Il navait pas suivi Borloo dans son aventure présidentielle et il a bien fait. Désormais, il est chargé de faire exister le centre à lUMP mais au passage, il a un «petit» dossier en cours : une crise majeure de la zone euro avec une première banque au tapis.
Donc il y avait eu une alerte déjà en 2008, cette fois cest fait : Dexia, la banque Dexia, est à terre. Est-ce que cest la première dune longue série ?
R - Non, parce que Dexia a des problèmes depuis bien longtemps. Cela fait presque vingt ans que cette banque a des problèmes de gestion. Il y a eu une première alerte en 2008 à la suite de la première crise financière, mais elle na pas résisté à la deuxième.
Q - Cest un non événement ?
R - Ce nest pas un non événement ; cest un événement très particulier qui na rien à voir avec la dette grecque ou avec la situation de crise financière que lon vit à lheure actuelle. Ce quil faut bien dire, et que vous avez dit tout à lheure, cest que la France donne sa garantie aux créanciers et aux clients qui ont déposé leur épargne dans cette banque.
Q - À hauteur de combien la France garantit ?
R - La France garantit. Il ny aura pas de faillite et il ny aura pas de pertes sur ce que la France sengage à rembourser à ceux qui ont mis leur argent en dépôt.
Q - La France peut garantir, ce nest pas un sujet : on garantit. Allez !
On nous a expliqué quil y avait une crise de la dette publique mais ce nest pas grave, allez : la France garantit ! Cest aussi simple que ça, vraiment ?
R - Il ne faut pas confondre. Quand on parle de dette, de déficit et de garantie, ce nest pas la même chose. Quand vous avez une dette, vous devez de largent à quelquun. Quand vous donnez une garantie, il y a quelquun qui doit de largent et vous vous portez garant du remboursement de sa dette. Ce nest pas du tout la même chose.
Q - Sauf si un jour Dexia est insolvable par exemple.
R - Oui, mais cela nest jamais arrivé.
Q - Cela pourrait arriver ?
R - Il y a eu un très fort séisme en 2008. La France, lÉtat français, a prêté aux banques. Or, non seulement elle a prêté aux banques, mais elle a récupéré 2,8 milliards dintérêts. Donc porter secours à une banque ce nest pas forcément une mauvaise affaire.
Q - Alors ce que les gens se disent peut-être ce matin en vous écoutant : quand les banques vont bien, ce sont les actionnaires qui encaissent ; quand les banques sont à terre, ce sont les États qui garantissent. Est-ce que ça peut durer encore longtemps ?
R - Non. Dailleurs il y a un certain nombre de mesures. Jai vu tout à lheure un de vos présentateurs qui tapait du poing sur la table : il a raison.
Une des mesures, Bâle III, oblige les banques à se restructurer et à avoir suffisamment des fonds propres et de liquidités. Cette mesure, cest lUnion européenne qui la mettra en place ; elle sera mise en place à partir de 2013. Pour vous dire un chiffre
Q - Cela na pas suffi. Cela ne suffit pas Bâle 3, sinon cela se verrait sur les cours des marchés de bourse.
R - Cela a suffi jusquà présent. Dix milliards deuros ont servi à augmenter les réserves des banques françaises au premier semestre et à présenter une exposition à la Grèce. Cela suffit donc à lheure actuelle pour les banques françaises.
Q - Alors le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, dans le Financial Times ce matin, dit que le capital des banques européennes doit être renforcé et il évoque la nécessité de mettre en place un plan coordonné au niveau européen. On va vers la recapitalisation des banques européennes ?
R - On y va pour celles qui en ont besoin. On na jamais dit quil ny avait pas de banque pouvant avoir des problèmes. En Espagne, par exemple, il y a des banques qui ont des problèmes. Cependant les banques françaises - les grandes banques françaises, Société générale, la BNP, etc - nont pas de problème de capitalisation. On ne va donc pas les recapitaliser
Q - Leur sort était lié. Les banques françaises, les banques européennes : on a compris que cétait systémique.
R - Ce nest pas parce quil y a des banques en difficultés comme Dexia ou des banques espagnoles que les banques françaises sont en difficulté.
Q - Joaquín Almunia, commissaire européen à la Concurrence, un ami à vous, a confié hier quil y avait à létude 21 projets de restructuration en Europe. Cela vous paraît sérieux ?
R - Cest tout à fait préventif et cest très bien. Je pense quon a bien vu quil y avait un problème de solvabilité des banques en 2008 et que laffaire Lehman Brothers a généré une forte contamination. Il ny a pas le choix pour les banques qui nont pas suffisamment de fonds propres. Le fait que, désormais, cela se refasse progressivement, est plutôt rassurant.
Q - Vous nous dites : «Tout va bien» une nouvelle fois.
R - Non, je ne dis pas : «Tout va bien» ; je dis quil faut être très vigilant, très rigoureux et si on est très vigilant et très rigoureux, tout ira bien.
Q - Nous allons parler de la Grèce maintenant. Jallais dire : la Grèce ny arrive pas, elle ne parvient pas à tenir les objectifs de déficit que lEurope et le FMI lui ont fixés et on sent lEurope complètement dépassée par les événements. On va vous dire clairement les choses ce matin : on passe de leuphorie la semaine dernière - super ! Les Allemands ont voté le plan daide à la Grèce ! - à la déprime des marchés le lendemain. Est-ce que lEurope nest pas totalement dépassée par les événements ?
R - Absolument pas. La fébrilité que vous décrivez, cest la fébrilité des marchés financiers. LEurope nest pas en difficulté du tout : elle a pris une décision le 21 juillet. Cette décision prise par tous les chefs dÉtat se met en place. La France la voté, lAllemagne, dont on disait quelle ne la voterait jamais, la voté à 85 %. Cela veut dire que le plan qui consiste à dire «on fait un fonds monétaire européen afin de limiter la fébrilité et lexcitation des marchés dans la période actuelle», cela va stabiliser la situation.
Q - Cela ne marche pas ?
R - Ce nest pas que cela ne marche pas : ce nest tout simplement pas encore en place. Vous ne pouvez pas dire que cela ne marche pas alors que ce nest pas encore en place.
Q - Oui, cest normal que ce ne soit pas encore en place ?
R - Cest normal parce que nous vivons en démocratie. Il y a 27 démocraties dans lUnion européenne et lorsque lon est en démocratie, le chef dÉtat ne décide pas tout seul : cela passe aussi par laccord des Parlements.
Q - Pourtant, on nous explique quil ny a que le couple franco-allemand qui décide. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vont se retrouver dimanche. José Manuel Barroso dit : «Ce nest pas comme cela que cela doit se passer». Quelle est la ligne que vous choisissez ? Il faut défendre le couple franco-allemand et les laisser à la manuvre ou est-ce quil faut redonner le pouvoir à la commission ?
R - On na peut-être pas suffisamment entendu M. Barroso dernièrement pendant la crise ; donc ceux qui ont pris la décision et qui ont entraîné les 27 pays de lUnion européenne, cest le couple franco-allemand. Cest donc la condition nécessaire, même si elle nest pas suffisante. Il faut que le couple franco-allemand continue à fonctionner. Et vous savez pourquoi il fonctionne ? Parce quil symbolise à lui seul 50 % du produit intérieur brut de la zone euro.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 octobre 2011
Donc il y avait eu une alerte déjà en 2008, cette fois cest fait : Dexia, la banque Dexia, est à terre. Est-ce que cest la première dune longue série ?
R - Non, parce que Dexia a des problèmes depuis bien longtemps. Cela fait presque vingt ans que cette banque a des problèmes de gestion. Il y a eu une première alerte en 2008 à la suite de la première crise financière, mais elle na pas résisté à la deuxième.
Q - Cest un non événement ?
R - Ce nest pas un non événement ; cest un événement très particulier qui na rien à voir avec la dette grecque ou avec la situation de crise financière que lon vit à lheure actuelle. Ce quil faut bien dire, et que vous avez dit tout à lheure, cest que la France donne sa garantie aux créanciers et aux clients qui ont déposé leur épargne dans cette banque.
Q - À hauteur de combien la France garantit ?
R - La France garantit. Il ny aura pas de faillite et il ny aura pas de pertes sur ce que la France sengage à rembourser à ceux qui ont mis leur argent en dépôt.
Q - La France peut garantir, ce nest pas un sujet : on garantit. Allez !
On nous a expliqué quil y avait une crise de la dette publique mais ce nest pas grave, allez : la France garantit ! Cest aussi simple que ça, vraiment ?
R - Il ne faut pas confondre. Quand on parle de dette, de déficit et de garantie, ce nest pas la même chose. Quand vous avez une dette, vous devez de largent à quelquun. Quand vous donnez une garantie, il y a quelquun qui doit de largent et vous vous portez garant du remboursement de sa dette. Ce nest pas du tout la même chose.
Q - Sauf si un jour Dexia est insolvable par exemple.
R - Oui, mais cela nest jamais arrivé.
Q - Cela pourrait arriver ?
R - Il y a eu un très fort séisme en 2008. La France, lÉtat français, a prêté aux banques. Or, non seulement elle a prêté aux banques, mais elle a récupéré 2,8 milliards dintérêts. Donc porter secours à une banque ce nest pas forcément une mauvaise affaire.
Q - Alors ce que les gens se disent peut-être ce matin en vous écoutant : quand les banques vont bien, ce sont les actionnaires qui encaissent ; quand les banques sont à terre, ce sont les États qui garantissent. Est-ce que ça peut durer encore longtemps ?
R - Non. Dailleurs il y a un certain nombre de mesures. Jai vu tout à lheure un de vos présentateurs qui tapait du poing sur la table : il a raison.
Une des mesures, Bâle III, oblige les banques à se restructurer et à avoir suffisamment des fonds propres et de liquidités. Cette mesure, cest lUnion européenne qui la mettra en place ; elle sera mise en place à partir de 2013. Pour vous dire un chiffre
Q - Cela na pas suffi. Cela ne suffit pas Bâle 3, sinon cela se verrait sur les cours des marchés de bourse.
R - Cela a suffi jusquà présent. Dix milliards deuros ont servi à augmenter les réserves des banques françaises au premier semestre et à présenter une exposition à la Grèce. Cela suffit donc à lheure actuelle pour les banques françaises.
Q - Alors le commissaire aux Affaires économiques, Olli Rehn, dans le Financial Times ce matin, dit que le capital des banques européennes doit être renforcé et il évoque la nécessité de mettre en place un plan coordonné au niveau européen. On va vers la recapitalisation des banques européennes ?
R - On y va pour celles qui en ont besoin. On na jamais dit quil ny avait pas de banque pouvant avoir des problèmes. En Espagne, par exemple, il y a des banques qui ont des problèmes. Cependant les banques françaises - les grandes banques françaises, Société générale, la BNP, etc - nont pas de problème de capitalisation. On ne va donc pas les recapitaliser
Q - Leur sort était lié. Les banques françaises, les banques européennes : on a compris que cétait systémique.
R - Ce nest pas parce quil y a des banques en difficultés comme Dexia ou des banques espagnoles que les banques françaises sont en difficulté.
Q - Joaquín Almunia, commissaire européen à la Concurrence, un ami à vous, a confié hier quil y avait à létude 21 projets de restructuration en Europe. Cela vous paraît sérieux ?
R - Cest tout à fait préventif et cest très bien. Je pense quon a bien vu quil y avait un problème de solvabilité des banques en 2008 et que laffaire Lehman Brothers a généré une forte contamination. Il ny a pas le choix pour les banques qui nont pas suffisamment de fonds propres. Le fait que, désormais, cela se refasse progressivement, est plutôt rassurant.
Q - Vous nous dites : «Tout va bien» une nouvelle fois.
R - Non, je ne dis pas : «Tout va bien» ; je dis quil faut être très vigilant, très rigoureux et si on est très vigilant et très rigoureux, tout ira bien.
Q - Nous allons parler de la Grèce maintenant. Jallais dire : la Grèce ny arrive pas, elle ne parvient pas à tenir les objectifs de déficit que lEurope et le FMI lui ont fixés et on sent lEurope complètement dépassée par les événements. On va vous dire clairement les choses ce matin : on passe de leuphorie la semaine dernière - super ! Les Allemands ont voté le plan daide à la Grèce ! - à la déprime des marchés le lendemain. Est-ce que lEurope nest pas totalement dépassée par les événements ?
R - Absolument pas. La fébrilité que vous décrivez, cest la fébrilité des marchés financiers. LEurope nest pas en difficulté du tout : elle a pris une décision le 21 juillet. Cette décision prise par tous les chefs dÉtat se met en place. La France la voté, lAllemagne, dont on disait quelle ne la voterait jamais, la voté à 85 %. Cela veut dire que le plan qui consiste à dire «on fait un fonds monétaire européen afin de limiter la fébrilité et lexcitation des marchés dans la période actuelle», cela va stabiliser la situation.
Q - Cela ne marche pas ?
R - Ce nest pas que cela ne marche pas : ce nest tout simplement pas encore en place. Vous ne pouvez pas dire que cela ne marche pas alors que ce nest pas encore en place.
Q - Oui, cest normal que ce ne soit pas encore en place ?
R - Cest normal parce que nous vivons en démocratie. Il y a 27 démocraties dans lUnion européenne et lorsque lon est en démocratie, le chef dÉtat ne décide pas tout seul : cela passe aussi par laccord des Parlements.
Q - Pourtant, on nous explique quil ny a que le couple franco-allemand qui décide. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel vont se retrouver dimanche. José Manuel Barroso dit : «Ce nest pas comme cela que cela doit se passer». Quelle est la ligne que vous choisissez ? Il faut défendre le couple franco-allemand et les laisser à la manuvre ou est-ce quil faut redonner le pouvoir à la commission ?
R - On na peut-être pas suffisamment entendu M. Barroso dernièrement pendant la crise ; donc ceux qui ont pris la décision et qui ont entraîné les 27 pays de lUnion européenne, cest le couple franco-allemand. Cest donc la condition nécessaire, même si elle nest pas suffisante. Il faut que le couple franco-allemand continue à fonctionner. Et vous savez pourquoi il fonctionne ? Parce quil symbolise à lui seul 50 % du produit intérieur brut de la zone euro.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 6 octobre 2011