Texte intégral
Je tiens à vous remercier, Monsieur le Directeur Général, davoir pris linitiative dorganiser ce déjeuner. Cest avec un grand plaisir que je retrouve ce ministère. Je suis heureux de cette occasion qui mest fournie de revoir certains visages connus et de renouer avec des préoccupations familières, la diplomatie, le rayonnement de notre pays, notre influence, en votre compagnie.
Je suis heureux également davoir loccasion dévoquer avec vous aujourdhui ce thème de la diplomatie scientifique, car la recherche et linnovation sont en effet au cur des défis que nous avons lobligation de relever et jy reviendrai.
Cest pourquoi, et je vous en présenterai les grandes lignes, le gouvernement a profondément rénové le paysage français de la recherche et de lenseignement supérieur, dans le but den améliorer la performance mais aussi den favoriser linsertion dans les échanges mondiaux.
I - Enjeux globaux et défi scientifique
1.1. Urgence de la science
Les défis qui nous pressent aujourdhui sont globaux et nécessitent une réponse coordonnée faisant plus que jamais appel à nos compétences scientifiques.
Quil sagisse des maladies émergentes, du changement climatique, du défi énergétique, de la raréfaction de leau, ou encore de la prévision des récoltes, la circulation et la maîtrise du savoir seront déterminants pour notre capacité à relever ces défis, et pour le dynamisme de notre économie.
La science nest pas un luxe, cest une urgence. Or la science, aujourdhui est pleinement intégrée à la mondialisation des échanges.
1.2. Le monde du savoir change
Comme le reste, le paysage mondial du savoir change très vite.
La mobilité des chercheurs et étudiants a connu une augmentation spectaculaire : de 800 000 en 1980, ils sont aujourdhui 3 millions et demi à poursuivre des études hors de leur pays dorigine et ils seront 4 à 6 millions selon lOCDE en 2025.
La France elle-même compte aujourdhui 278.000 étudiants étrangers qui représentent 11 % des inscrits dans les établissements français. Nous sommes le 3ème pays daccueil pour les étudiants en mobilité. Et cest fondamental, car cela participe à notre rayonnement scientifique et politique.
Mais cette position nest pas acquise.
Nos universités ont intégré la compétition mondiale. La fébrilité des milieux universitaires et économiques en plein mois daoût, autour du classement de Shanghai, en témoigne.
Nous devons veiller à conserver notre attractivité auprès détudiants de plus en plus exigeants, issus de plus en plus souvent de pays émergents, à fort potentiel économique, et qui évaluent précisément les avantages comparatifs des pays daccueil.
Ainsi, le Brésil prévoit denvoyer 75.000 boursiers à létranger dici 2015.
Or, même si près de 40 % de ces étudiants en mobilité, sont issue du continent africain, nous ne sommes plus dans une logique de coopération à lancienne. Cest par lexcellence de notre offre que nous remporteront cette bataille.
Il en va de même pour notre positionnement en matière de recherche. Les puissances scientifiques de second rang dhier sont aujourdhui en passe de devenir des géants du savoir. En Chine, lobjectif affiché est dinvestir en R&D 2,5% du PIB chinois en à lhorizon 2020.
Nos performances sont encore insuffisantes dans les grands classements internationaux.
Je pense bien sûr au classement de Shanghai, qui nous a placés cette année en 8ème position.
Pourtant nous voyons une amorce de prise en compte des changements profonds qui sopèrent depuis 2007 dans le paysage français de lenseignement supérieur et de la recherche. Et je compte sur vous pour le faire savoir.
II - Recomposition du paysage français de la recherche et de lenseignement supérieur.
2.1. Les réformes
Le gouvernement a conduit une politique de modernisation sans précédant du secteur de la recherche et de lenseignement supérieur, dans le sens défini par le président de la République.
Ces réformes sarticulent autour de deux axes : un cadre stratégique et lautonomie des universités.
1) Le cadrage établi en 2006 avec le Pacte sur la recherche permet à la recherche française daffronter la compétition. Il confirmé notre engagement à porter à 3% la part du PIB consacrée aux dépenses de recherche.
Il a instauré un pilotage stratégique de la recherche et créé les conditions du rapprochement entre acteurs publics et privés de la recherche. Enfin, il ancre pleinement le système français dans lEspace européen de la Recherche.
2) La Loi LRU (Loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités) de 2007 a consacré lautonomie des Universités. Plus de 90% dentre elles sont aujourdhui autonomes. Cette évolution était nécessaire, et elle change tout.
Aujourdhui, les universités sont libres de définir leurs stratégies internationales, en fonction de leurs besoins, de leurs capacités, mais aussi en fonction de leur ancrage territorial. Cest une évolution qui vous concerne car elle modifie lapproche que vous devez développer avec les établissements denseignements supérieurs.
Ces réformes ont par ailleurs favorisé le regroupement en une vingtaine de Pôles de Recherche et dEnseignement Supérieur (PRES) des acteurs universitaires, économiques et de recherche.
Cela afin de renforcer les synergies mais aussi la visibilité et la lisibilité de notre paysage scientifique et universitaire.
Ces réformes se sont accompagnées dun plan dinvestissements de 5 milliards deuros en faveur de limmobilier universitaire, lOpération Campus, pour doter le pays dinfrastructures universitaires de niveau mondial.
2.2. Renforcer le pilotage stratégique :
Nos efforts ont porté vers une meilleure efficacité de la programmation de la recherche. Quelques mesures clés :
- La définition dune stratégie nationale de recherche et dinnovation (S N.R.I),
- La création de deux agences de financement et dévaluation : LANR et lAERES qui garantissent la neutralité de leurs évaluations par le recours à des experts étrangers, et en salignant sur les standards internationaux.
Parallèlement, nous avons favorisé le regroupement des acteurs de la recherche publique au sein dAlliances thématiques, à même de déboucher sur des partenariats avec le secteur économique.
2.3. Accompagnement financier, les Investissements davenir :
35 milliards deuros dont 22 milliards deuros qui relèvent, pour leur mise en uvre, de mon ministère. Sur ces 22 milliards deuros. Trois axes forts :
i) Favoriser lintégration entre pôles denseignement supérieur et de recherche,
ii) Développer la compétitivité et lattractivité de la recherche française
iii) Renforcer les programmes stratégiques nationaux (nucléaire, industrie spatiale, transports, TIC, santé, biotechnologies)
Et bien sûr, le souci de valoriser les résultats de la recherche publique et développer les partenariats entre recherche publique et entreprises.
III - Repenser les conditions daccueil des étudiants étrangers
Enfin, autre volet de la réforme, nous avons repensé les conditions daccueil des étudiants étrangers et France.
3.1. Campus France
Nous préparons, avec le ministère des Affaires étrangères et européennes, la création de lEPIC Campus France qui sera effective au 1er janvier 2012.
Ce nouvel EPIC regroupera lensemble des activités de gestion des boursiers étrangers. Campus France a vocation a devenir pour vous un interlocuteur incontournable pour relayer la politique daccueil des étudiants étrangers en France, boursiers et non boursiers.
Et nous devrons, ensemble, veiller à la qualité du dialogue entre lopérateur Campus France, le réseau diplomatique et de coopération, et les conférences représentatives des établissements. Cest indispensable pour garantir la qualité de laccueil des étudiants étrangers en France. Or, cest sur ce point aussi que nous sommes attendus par nos partenaires.
3.2. Mobilité étudiantes
Nous avons redéfini nos objectifs en matière daccueil des étudiants internationaux. Cela se traduit par deux axes :
i) recruter les étudiants aux niveaux master et doctorat pour 75 % dentre eux ;
ii) développer la mobilité encadrée, qui ne représente aujourdhui que 20 % des séjours des étudiants étrangers en France, et doit constituer 50 % en 2015.
Votre rôle de ce point de vue est essentiel, en liaison avec les opérateurs et les établissements.
IV - Feuille de route
4.1. Projection du rayonnement universitaire et scientifique de la France à létranger
i) au plan bilatéral. La France doit multiplier ses partenariats. Nous avons favorisé le développement de consortium détablissements, qui préfigurent des partenariats publics-privés. Je pense par exemple à lUniversité scientifique et technique de Hanoï. Nous avons favorisé la création de filières à létranger détablissements français (Ecoles centrales à Pékin, Paris IV-la Sorbonne à Abou Dhabi). Ces initiatives sont appelées à se multiplier.
Les organismes de recherche créent des laboratoires hors les murs en collaboration avec leurs partenaires.
Ces actions doivent se poursuivre et sintensifier. Cest à vous de les encourager, mais aussi de guider et accompagner les établissements qui nont pas toujours les outils pour développer une stratégie adaptée aux spécificités des partenaires, en toute sécurité.
ii ) au plan multilatéral
Nous devons continuer à jouer un rôle moteur dans les grandes initiatives internationales.
Cela passe par notre influence au sein des instances où sont définies les priorités de recherche sur les sujets globaux. Je sais lénergie développée à cet égard par le ministère des Affaires étrangères et en particulier cette direction générale de la Mondialisation. Je veux aussi saluer le lengagement de Nathalie Kosciusko-Morizet, qui sexprime en ce moment même devant un certain nombre de vos collègues.
Mais notre influence passe aussi par notre ou participation aux très grandes infrastructures de recherche comme ITER ou le CERN. Notre participation à ces opérations doit être maintenue.
Il faudra cependant là aussi tenir compte de leffort de rigueur qui est demandé à lensemble du pays.
iii) en Europe
Cest bien sûr au sein dun Espace Européen de la Recherche intégré, cohérent et ambitieux, que les atouts de la recherche française pourront au mieux sexprimer et rayonner à linternational.
La négociation qui souvre actuellement sur le cadre financier pluriannuel est essentielle et je compte y apporter toute mon attention.
Les coopérations entre États membres sinscrivent maintenant dans le cadre de la stratégie UE 2020 qui place la recherche et linnovation parmi ses 4 grandes priorités.
Les partenariats bilatéraux se multiplient en vue de répondre aux appels doffres européens. Les programmations conjointes se développent et donnent déjà de bons résultats, je pense en particulier au programme porté par la France depuis 2008 avec 22 autres partenaires, concernant les maladies neuro-dégénératives et en particulier la maladie dAlzheimer. Dans ce contexte, le lien franco-allemand doit être renforcé.
Notre feuille de route est donc claire : promouvoir à létranger une recherche française modernisée, adaptée aux défis mondiaux et à lécoute de ses partenaires européens et du Sud.
Pour cela, vous vous appuyez sur un réseau dAttachés et de Conseillers scientifiques de grande qualité, dont je souhaite quils puissent trouver toute leur place dans le nouveau dispositif daction extérieure de lÉtat. Je compte sur vous, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, pour porter ce message douverture et dexcellence, dans vos pays de résidence.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 septembre 2011