Texte intégral
PATRICK COHEN Bonjour Laurent WAUQUIEZ.
LAURENT WAUQUIEZ Bonjour.
PATRICK COHEN Ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche. Vous tenez conférence ce matin, sur la rentrée universitaire, on va y venir. Mais dabord quelques questions sur la crise qui saggrave chaque jour : chute des bourses, plongeon des banques, risque de voir la Grèce sauter. Et grand silence au sommet de lEtat. Il ny a pas de pilote dans lavion disait Laurent FABIUS, hier matin. Nicolas SARKOZY na rien à dire aux Français ?
LAURENT WAUQUIEZ Non, mais quest-ce que cest que ce fatras ! Pardonnez-moi sur les réactions, évidemment.
PATRICK COHEN Le fatras, quel fatras ?
LAURENT WAUQUIEZ Non, ce que je veux dire par-là, cest cette espèce de fatras, autour de cette agitation sur la spéculation. Quest-ce qui se passe ? On a besoin à la tête de lEtat
PATRICK COHEN Cest une agitation qui se produit en ce moment ?
LAURENT WAUQUIEZ Précisément, précisément, je vais essayer dexpliquer simplement les choses.
PATRICK COHEN Dites-nous !
LAURENT WAUQUIEZ On a une agitation sur les marchés, la moindre déclaration peut être interprétée dans un sens ou dans un autre. On a donc besoin dun sang froid et dune détermination. Pas de mot de trop ! Pas de phrase qui ensuite, donne lieu à telle ou telle spéculation sur les marchés. Il y a un cap qui a été fixé, au sommet de lEtat, lors du sommet du 21 juillet, entre la France et lAllemagne, qui a permis davoir un fonds de stabilisation, qui est un fonds de stabilisation renforcé, qui nous donne toute capacité à intervenir sur les marchés, pour intervenir en solidarité, notamment sur des pays comme la Grèce, ou les autres pays qui sont concernés en même temps, en ce moment par les plans dajustement. On fait tout pour défendre notre monnaie commune. Le Premier ministre, hier, est intervenu. François BAROIN a clairement rappelé le cap : surtout pas dagitation du côté des politiques. Cest la pire des choses à faire en ce moment. On a besoin de calme, on a besoin davoir un cap qui tient et on a besoin dopposer à lagitation des marchés, une sérénité au niveau du politique. Cest la seule et meilleure chose à faire. On a les outils, maintenant, il ne faut pas se disperser dans des commentaires inutiles.
PATRICK COHEN Le déficit de la Grèce saggrave, le pays na plus de trésorerie, les solutions qui ont été adoptées, ces derniers mois, ne tiennent plus. Est-ce quon peut aujourdhui, sauver leuro en laissant tomber la Grèce, cest un scénario qui est évoqué maintenant, publiquement par des hauts responsables européens, Laurent WAUQUIEZ ?
LAURENT WAUQUIEZ La seule chose que nous, on a affaire, cest de défendre notre monnaie commune. La conviction absolue cest que leuro est notre meilleure protection pour tous. Donc on a un fonds de stabilisation, il permet dintervenir sur tous les scénarios possibles. On a aujourdhui, une capacité à le faire. Pas dagitation ! Et encore une fois, je vais le dire très simplement, je ne suis pas en charge de ce dossier. Je suis ministre de lEnseignement supérieur. Cest des sujets qui sont suffisamment graves où une phrase malencontreuse, une expression qui nest pas bonne, peut aboutir à précipiter une agitation, une peur dans un sens ou dans un autre. Donc on est vraiment face à ce que jappelle une heure de vérité » pour les politiques pas de commentaire dispersé ou inutile.
PATRICK COHEN Jentends bien, et on a bien entendu vos propos millimétrés. Vous parlez de la monnaie commune, de leuro, de la nécessité de sauver cette zone. Vous navez pas prononcé le mot « Grèce » quest-ce quon fait de la Grèce ?
LAURENT WAUQUIEZ Non, je lai clairement dit ! Et jai prononcé le mot « Grèce » pardonnez-moi.
PATRICK COHEN Ah ! Bon, il ne ma pas semblé.
LAURENT WAUQUIEZ Si, si
PATRICK COHEN Au tout début oui, mais pas dans la dernière réponse, où je vous parlais de lidée dune faillite qui paraît inéluctable de la Grèce ou dun défaut, en tout cas de ce pays ?
LAURENT WAUQUIEZ Non, enfin, je lai clairement dit, on a un fonds de stabilisation, il permet dagir dans tous les scénarios sur lesquels on peut être amené à avoir à faire face, cest tout ! Voilà !
PATRICK COHEN Bon ! On y reviendra peut-être Laurent WAUQUIEZ, dans la deuxième partie de cette interview avec les questions des auditeurs, 01.45.24.7000. La rentrée universitaire, elle commence ces jours-ci, avec, cest une annonce que vous avez faites, il y a quelques semaines, le versement dun 10ème mois de bourse, mais avec toujours beaucoup de précarité, on la entendu dans ce journal. Il y a une étude récente de lObservatoire de la Vie Etudiante qui montre que la part des étudiants issus des milieux populaires déjà, sous-représentés à luniversité a décru encore entre 2006 et 2010. Elle est passée de 35 % à 31 %. Convenez-vous Laurent WAUQUIEZ quil y a un problème de mixité sociale encore, dans lenseignement supérieur ?
LAURENT WAUQUIEZ Lamélioration des conditions détudes et donc la mixité sociale et lascenseur social, cest ma priorité. Vous lavez rappelé, ça a été le premier dossier que jai ouvert en arrivant à lenseignement supérieur, et notamment le 10ème mois de bourse. Il faut être très précis, un des points qui est un des points de difficultés quon a, cest notamment comment mieux accompagner les enfants des classes moyennes modestes ? Parce que le principal de la difficulté, il est surtout sur ceux qui sont légèrement au-dessus des seuils de bourse. Qui nont pas pour autant des gros revenus, vous pouvez avoir, par exemple dans un département comme le mien, un couple, dans lequel on est tous les deux au SMIC, et on peut se retrouver au-dessus des seuils de bourse, avec son enfant qui va étudier à Lyon, avec des coûts importants, et qui pour autant
PATRICK COHEN Et qui ne peut pas se loger notamment.
LAURENT WAUQUIEZ Sont, au-dessus des seuils. Donc quest-ce quon essaie de faire ? Première chose, dabord, ce 10ème mois de bourse. Deuxième chose, quel est le principal poste de dépenses ? Le logement. Cest là où nos étudiants ont les principales difficultés, avec derrière aussi, une question déquité républicaine. Vous habitez au coeur de Paris ou au coeur de Lyon, plus facile détudier en ayant vos parents, en restant chez vos parents. En revanche, vous devez quitter votre famille pour aller étudier, les coûts explosent. Ce quon essaie de faire là-dessus, de mettre en place un fonds national qui nous permette daccompagner les étudiants, en prenant en charge, leur caution, et leur mois de garantie pour abaisser les coûts. Et puis par ailleurs ce que je veux faire, cest enclencher un travail de lutte contre les surloyers pour les mini surfaces. Parce que là, cest les étudiants qui sont les principales victimes.
PATRICK COHEN Sur le premier dispositif, que vous venez de citer, il est en expérimentation à cette rentrée ?
LAURENT WAUQUIEZ Exactement ! On la lancé sur deux Académies, deux grosses Académies : Lille et Lyon, lobjectif est
PATRICK COHEN Et pas Paris ?
LAURENT WAUQUIEZ Non, pour être très simple pourquoi ? Parce que pour expérimenter, il faut que lon soit une taille où on a le temps dajuster et de voir les choses. Donc on a pris deux grosses Académies, pas de facilité, Lille et Lyon, ça fait partie des plus grosses académies en France. Mais pas Paris, effectivement, ce que jespère en revanche, cest que lon pourra létendre très rapidement lobjectif, cest de le faire en 2012. En tout cas, je le dis bien, ma priorité cest lamélioration des conditions de létude et une de mes obsessions, je crois que cest quelque chose sur lequel vous revenez souvent, au micro de FRANCE INTER. Une société dans laquelle il ny a plus dascenseur social, cest une société qui meurt et qui dépérit.
PATRICK COHEN Les logements étudiants, il y a un coup daccélérateur qui est donné, Laurent WAUQUIEZ ? On a très en retard, sur le plan Anciaux qui devait permettre de livrer quelque 70 000 chambres en 5ou 6 ans ?
LAURENT WAUQUIEZ Non, on nest pas en retard !
PATRICK COHEN Si on est à 44 000.
LAURENT WAUQUIEZ On est à 42 000, pour être très précis et le plan Anciaux finit en 2015.
PATRICK COHEN Daccord !
LAURENT WAUQUIEZ Voilà ! Donc on nest pas en retard. Bah ! Vous me posez une question précise, je vous réponds précisément.
PATRICK COHEN Moi aussi, je suis précis.
LAURENT WAUQUIEZ Sur le logement, là-dessus, pour être aussi très précis, cette année, on naura jamais autant construit de logement. 6000 supplémentaires, en moyenne, on rénove chaque année, 7000 logements supplémentaires. La semaine dernière par exemple, je suis allé sur deux résidences, une à Aix-en-Provence, une à Lyon qui sont des résidences qui ont été réhabilitées. Donc on essaie de rattraper notre retard, et ce dossier-là, comme les autres dailleurs, cest le dossier dun enseignement supérieur qui change. En gros, depuis 4 ans, on na jamais autant investi sur ce secteur. Donc ça bouge et ça bouge dailleurs aussi, grâce à nos enseignants, parce que cest aussi la mobilisation des professeurs à luniversité, cest la mobilisation des enseignants chercheurs, cest la mobilisation des équipes qui soccupent des étudiants. Donc on a clairement une université qui change, et on commence à récupérer les fruits de ces 4 ans defforts.
PATRICK COHEN Laurent WAUQUIEZ, ministre de lEnseignement supérieur et de la Recherche, invité de FRANCE INTER.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 13 septembre 2011