Texte intégral
MAÏTENA BIRABEN Roselyne BACHELOT bonjour, soyez la bienvenue.
ROSELYNE BACHELOT Bonjour, merci.
CAROLINE ROUX Bonjour. Alors cest effectivement le jour J, le début de la riposte organisée par lUMP avec une convention aujourd'hui organisée par le parti de la majorité, est-ce que ça sera ça la stratégie de campagne, la critique en règle plutôt que les propositions ?
ROSELYNE BACHELOT Il y aura les deux choses. Moi je vais parler de politique sociale parce que je dois dire que cest la grande absente du projet socialiste. Moi je vais parler de ce qui intéresse les Français, les personnes en situation de handicap, les personnes âgées, les violentes faites aux femmes, léconomie sociale et solidaire parce que finalement sur ces sujets, quand on regarde sur le programme du Parti socialiste il y a cinq lignes. Ce nest pas la gauche dure ou la gauche molle, cest la gauche muette sur ces sujets. Donc il faut en parler et je veux dire que nous avons un bilan social du quinquennat qui est absolument remarquable et nous avons voulu dans cette période de crise, protéger nos compatriotes les plus fragiles.
CAROLINE ROUX Alors, cest curieux de le faire comme vous le faites, c'est-à-dire pourquoi ne pas défendre le bilan du gouvernement en matière de politique sociale, pourquoi perdre le temps, prendre le temps de critiquer le projet du parti socialiste ? On a le sentiment que lUMP a renoncé à faire rêver, à faire des propositions.
ROSELYNE BACHELOT Ah non, non. Je ne suis absolument pas daccord avec ce que vous dites, nous faisons les deux choses. Je vais rappeler par exemple que dans une période extrêmement difficile nous avons augmenté lallocation adulte handicapé de 25%. Il y avait 130.000 enfants scolarisés en milieu ordinaire au début du quinquennat de Nicolas SARKOZY, il y en a 210.000. Je vais présenter, pour les personnes âgées, un projet de loi de financement de la Sécurité sociale où nous allons augmenter de 6,3% le budget de la Sécurité sociale. Je vais par exemple présenter, jai présenté un plan de lutte contre les violences faites aux femmes, en augmentation de 30%. Nous avons voulu dans cette période de crise sanctuariser tous les filets sociaux et comparer à cela, évidemment le programme du Parti socialiste est vide, cette gauche est muette sur ce qui devrait être son coeur de cible, les plus fragiles.
CAROLINE ROUX Alors le problème cest quaujourd'hui vous avez un candidat, c'est François HOLLANDE, ce nest pas encore son programme, pourquoi encore une fois prendre le temps de critiquer le projet socialiste, il y aura le projet de François HOLLANDE, est-ce que pour vous cest le même absolument ?
ROSELYNE BACHELOT Ecoutez, jai eu limpression que cette grande manoeuvre médiatique et cette occupation indue du champ médiatique était quand même destinée à présenter des programmes. Il y a eu je ne sais combien de débats. Si le candidat sest uniquement pavané sur les plateaux pour dire regardez comme je suis beau ; jai eu limpression quil a essayé de parler un petit peu de programme et quil a dailleurs dit un certain nombre dénormités. Donc je constate que le social na pas été son sujet et moi qui suis ministre des plus fragiles je le note. Et je dis aussi ce que nous faisons et je dis ce que nous allons faire dans les lois de financements de 2012.
CAROLINE ROUX Alors on a entendu Jean-François COPE qui a ironisé sur lhomme qui ne tranche pas, il parlait de François HOLLANDE, on a entendu aussi Henri GUAINO qui parlait de François HOLLANDE en disant que cest un homme qui nest pas audacieux, qui nest pas suffisamment audacieux. Est-ce que vous trouvez que lUMP a trouvé le ton juste pour évoquer la personnalité de François HOLLANDE depuis le début de cette campagne des primaires ?
ROSELYNE BACHELOT Moi ce que je veux dire, cest que je suis, moi je parle pour moi, je ne parle pas pour les autres, moi je suis ministres des affaires sociales, je défends des dossiers difficiles, je les défends du mieux que je peux, et dans des circonstances particulièrement difficiles, je vais inaltérablement rappeler ce que nous avons fait et dire ce que nous allons faire. Et c'est ça la bonne façon de faire de la politique.
CAROLINE ROUX Vous navez rien à dire sur François HOLLANDE, cest pour ça que vous, enfin je veux dire, ce nest pas un sujet dans la campagne la personnalité dun candidat ?
ROSELYNE BACHELOT Oui...
CAROLINE ROUX La crédibilité, on a entendu hier votre ami François FILLON parler de la crédibilité.
ROSELYNE BACHELOT Oui mais justement jai envie de dire, cette campagne pour linstant, du côté du Parti socialiste elle a été une campagne très peopolisée, excusez ce néologisme et elle nest pas allée au fond des dossiers sauf pour dire des choses qui étaient extrêmement graves pour le pays, en particulier un certain nombre de dépenses inconsidérées et profondément grave. Vous savez, vous parliez à linstant des agences de notation mais les agences de notation, ce ne sont pas elles qui décident de la France. Les agences de notation cest une sorte de thermomètre de la situation du pays...
CAROLINE ROUX Mais cest pour ça quon fait des économies.
ROSELYNE BACHELOT Voilà exactement, si demain les agences de notation dégradent la note de la France, ce nest pas de la faute des agences de notation, cest que nous naurions pas pris les bonnes décisions, nous naurions pas été assez courageux. Et vous avez dit quelque chose de très important, cest que, les bêtises que vont dire les socialistes, vont aussi intervenir dans cette notation de la France. Donc il faut être responsable et François HOLLANDE na pas été responsable. Moi quil mincisse ou quil teigne ses cheveux, je men fiche, vraiment à fond. Moi ce que je veux cest que mon pays soit préservé et avec ce quil a dit, mon pays nest pas préservé.
CAROLINE ROUX Cest intéressant ce que vous avez dit sur la crédibilité, encore une fois de la campagne des socialistes, vous considérez que ce qui va être dit pendant la campagne par le Parti socialiste engage la notation de la France ?
ROSELYNE BACHELOT Bien sûr, bien sûr. La crédibilité dun pays elle est aussi sur ce qui pourrait se passer, évidemment....
CAROLINE ROUX Ce n'est pas ce que dit Nicolas SARKOZY qui est aux responsabilités qui engage la notation de la France...
ROSELYNE BACHELOT ...il faut être dans un état de responsabilité, mais évidemment, un pays cest un pays globalement qui savance dans la communauté internationale, la communauté internationale on ne peut pas passer là-dessus. Il faut être en responsabilité. On ne pourra pas dire nimporte quoi dans cette campagne.
CAROLINE ROUX Est-ce quon pourra faire rêver pendant cette campagne, est-ce que vous pensez que Nicolas SARKOZY peut encore susciter de lespérance, parce que François HOLLANDE dit lui quil veut ré-enchanter le rêve français, il veut donner de lespoir aux Français, Nicolas SARKOZY lui va vendre de la responsabilité ?
ROSELYNE BACHELOT Il faut vendre de la responsabilité, il faut vendre de la sécurité sinon le rêve se tourne en cauchemar.
CAROLINE ROUX Ca veut dire quil ne pourra pas susciter de ladhésion autour de sa candidature, un souffle ?
ROSELYNE BACHELOT Mais bien sûr quil faut susciter de ladhésion. Quand moi ministre en charge des Solidarités, de la cohésion nationale je dis, je veux protéger les plus fragiles, la question de laccessibilité pour les personnes handicapées ne peut en aucun cas être une variable dajustement. Quand je dis, nous avons mis un milliard et demi dans le RSA pour protéger les plus fragiles, les socialistes nen ont pas voulu et ils commencent à penser peut-être que cest une bonne politique et quil fallait le faire. Voilà, ils nont pas besoin de rêve parce que le rêve ça part comme une bulle au moment où on se réveille, ça éclate comme une bulle. Moi je ne veux pas du rêve, je veux de la réalité.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 21 octobre 2011