Interview de Mme Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, à Canal Plus le 18 octobre 2011, sur les élections présidentielles 2012 et l'UMP.

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Média : Canal Plus

Texte intégral


 
 
 
MAÏTENA BIRABEN Roselyne BACHELOT bonjour, soyez la bienvenue.
 
ROSELYNE BACHELOT Bonjour, merci.
 
CAROLINE ROUX Bonjour. Alors c’est effectivement le jour J, le début de la riposte organisée par l’UMP avec une convention aujourd'hui organisée par le parti de la majorité, est-ce que ça sera ça la stratégie de campagne, la critique en règle plutôt que les propositions ?
 
ROSELYNE BACHELOT Il y aura les deux choses. Moi je vais parler de politique sociale parce que je dois dire que c’est la grande absente du projet socialiste. Moi je vais parler de ce qui intéresse les Français, les personnes en situation de handicap, les personnes âgées, les violentes faites aux femmes, l’économie sociale et solidaire parce que finalement sur ces sujets, quand on regarde sur le programme du Parti socialiste il y a cinq lignes. Ce n’est pas la gauche dure ou la gauche molle, c’est la gauche muette sur ces sujets. Donc il faut en parler et je veux dire que nous avons un bilan social du quinquennat qui est absolument remarquable et nous avons voulu dans cette période de crise, protéger nos compatriotes les plus fragiles.
 
CAROLINE ROUX Alors, c’est curieux de le faire comme vous le faites, c'est-à-dire pourquoi ne pas défendre le bilan du gouvernement en matière de politique sociale, pourquoi perdre le temps, prendre le temps de critiquer le projet du parti socialiste ? On a le sentiment que l’UMP a renoncé à faire rêver, à faire des propositions.
 
ROSELYNE BACHELOT Ah non, non. Je ne suis absolument pas d’accord avec ce que vous dites, nous faisons les deux choses. Je vais rappeler par exemple que dans une période extrêmement difficile nous avons augmenté l’allocation adulte handicapé de 25%. Il y avait 130.000 enfants scolarisés en milieu ordinaire au début du quinquennat de Nicolas SARKOZY, il y en a 210.000. Je vais présenter, pour les personnes âgées, un projet de loi de financement de la Sécurité sociale où nous allons augmenter de 6,3% le budget de la Sécurité sociale. Je vais par exemple présenter, j’ai présenté un plan de lutte contre les violences faites aux femmes, en augmentation de 30%. Nous avons voulu dans cette période de crise sanctuariser tous les filets sociaux et comparer à cela, évidemment le programme du Parti socialiste est vide, cette gauche est muette sur ce qui devrait être son coeur de cible, les plus fragiles.
 
CAROLINE ROUX Alors le problème c’est qu’aujourd'hui vous avez un candidat, c'est François HOLLANDE, ce n’est pas encore son programme, pourquoi encore une fois prendre le temps de critiquer le projet socialiste, il y aura le projet de François HOLLANDE, est-ce que pour vous c’est le même absolument ?
 
ROSELYNE BACHELOT Ecoutez, j’ai eu l’impression que cette grande manoeuvre médiatique et cette occupation indue du champ médiatique était quand même destinée à présenter des programmes. Il y a eu je ne sais combien de débats. Si le candidat s’est uniquement pavané sur les plateaux pour dire regardez comme je suis beau ; j’ai eu l’impression qu’il a essayé de parler un petit peu de programme et qu’il a d’ailleurs dit un certain nombre d’énormités. Donc je constate que le social n’a pas été son sujet et moi qui suis ministre des plus fragiles je le note. Et je dis aussi ce que nous faisons et je dis ce que nous allons faire dans les lois de financements de 2012.
 
CAROLINE ROUX Alors on a entendu Jean-François COPE qui a ironisé sur l’homme qui ne tranche pas, il parlait de François HOLLANDE, on a entendu aussi Henri GUAINO qui parlait de François HOLLANDE en disant que c’est un homme qui n’est pas audacieux, qui n’est pas suffisamment audacieux. Est-ce que vous trouvez que l’UMP a trouvé le ton juste pour évoquer la personnalité de François HOLLANDE depuis le début de cette campagne des primaires ?
 
ROSELYNE BACHELOT Moi ce que je veux dire, c’est que je suis, moi je parle pour moi, je ne parle pas pour les autres, moi je suis ministres des affaires sociales, je défends des dossiers difficiles, je les défends du mieux que je peux, et dans des circonstances particulièrement difficiles, je vais inaltérablement rappeler ce que nous avons fait et dire ce que nous allons faire. Et c'est ça la bonne façon de faire de la politique.
 
CAROLINE ROUX Vous n’avez rien à dire sur François HOLLANDE, c’est pour ça que vous, enfin je veux dire, ce n’est pas un sujet dans la campagne la personnalité d’un candidat ?
 
ROSELYNE BACHELOT Oui...
 
CAROLINE ROUX La crédibilité, on a entendu hier votre ami François FILLON parler de la crédibilité.
 
ROSELYNE BACHELOT Oui mais justement j’ai envie de dire, cette campagne pour l’instant, du côté du Parti socialiste elle a été une campagne très peopolisée, excusez ce néologisme et elle n’est pas allée au fond des dossiers sauf pour dire des choses qui étaient extrêmement graves pour le pays, en particulier un certain nombre de dépenses inconsidérées et profondément grave. Vous savez, vous parliez à l’instant des agences de notation mais les agences de notation, ce ne sont pas elles qui décident de la France. Les agences de notation c’est une sorte de thermomètre de la situation du pays...
 
CAROLINE ROUX Mais c’est pour ça qu’on fait des économies.
 
ROSELYNE BACHELOT Voilà exactement, si demain les agences de notation dégradent la note de la France, ce n’est pas de la faute des agences de notation, c’est que nous n’aurions pas pris les bonnes décisions, nous n’aurions pas été assez courageux. Et vous avez dit quelque chose de très important, c’est que, les bêtises que vont dire les socialistes, vont aussi intervenir dans cette notation de la France. Donc il faut être responsable et François HOLLANDE n’a pas été responsable. Moi qu’il mincisse ou qu’il teigne ses cheveux, je m’en fiche, vraiment à fond. Moi ce que je veux c’est que mon pays soit préservé et avec ce qu’il a dit, mon pays n’est pas préservé.
 
CAROLINE ROUX C’est intéressant ce que vous avez dit sur la crédibilité, encore une fois de la campagne des socialistes, vous considérez que ce qui va être dit pendant la campagne par le Parti socialiste engage la notation de la France ?
 
ROSELYNE BACHELOT Bien sûr, bien sûr. La crédibilité d’un pays elle est aussi sur ce qui pourrait se passer, évidemment....
 
CAROLINE ROUX Ce n'est pas ce que dit Nicolas SARKOZY qui est aux responsabilités qui engage la notation de la France...
 
ROSELYNE BACHELOT ...il faut être dans un état de responsabilité, mais évidemment, un pays c’est un pays globalement qui s’avance dans la communauté internationale, la communauté internationale on ne peut pas passer là-dessus. Il faut être en responsabilité. On ne pourra pas dire n’importe quoi dans cette campagne.
 
CAROLINE ROUX Est-ce qu’on pourra faire rêver pendant cette campagne, est-ce que vous pensez que Nicolas SARKOZY peut encore susciter de l’espérance, parce que François HOLLANDE dit lui qu’il veut ré-enchanter le rêve français, il veut donner de l’espoir aux Français, Nicolas SARKOZY lui va vendre de la responsabilité ?
 
ROSELYNE BACHELOT Il faut vendre de la responsabilité, il faut vendre de la sécurité sinon le rêve se tourne en cauchemar.
 
CAROLINE ROUX Ca veut dire qu’il ne pourra pas susciter de l’adhésion autour de sa candidature, un souffle ?
 
ROSELYNE BACHELOT Mais bien sûr qu’il faut susciter de l’adhésion. Quand moi ministre en charge des Solidarités, de la cohésion nationale je dis, je veux protéger les plus fragiles, la question de l’accessibilité pour les personnes handicapées ne peut en aucun cas être une variable d’ajustement. Quand je dis, nous avons mis un milliard et demi dans le RSA pour protéger les plus fragiles, les socialistes n’en ont pas voulu et ils commencent à penser peut-être que c’est une bonne politique et qu’il fallait le faire. Voilà, ils n’ont pas besoin de rêve parce que le rêve ça part comme une bulle au moment où on se réveille, ça éclate comme une bulle. Moi je ne veux pas du rêve, je veux de la réalité.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 21 octobre 2011