Texte intégral
Madame le Commissaire,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir pour cette semaine de la solidarité internationale au ministère des Affaires étrangères et européennes sur le site de la Convention. Je voudrais également en notre nom à tous accueillir Madame la Commissaire Georgieva, que je remercie chaleureusement davoir accepté de participer à cette journée.
Votre réunion daujourdhui - exclusivement consacrée à laction humanitaire - est une première.
Le dialogue entre lÉtat et les représentants de la société civile nest pas totalement nouveau. Le gouvernement considère que cest une dimension essentielle de notre action extérieure et de notre engagement solidaire.
Jen veux pour preuve limplication personnelle et sans relâche du président de la République qui, dans le cadre de la Présidence française du G20, a tenu à placer les questions du développement humain au centre des discussions. Léchange, conduit personnellement par le président de la République, et à plusieurs reprises au cours des derniers mois, a permis à la fois dinformer les ONG et de prendre en compte nombre de leurs propositions.
Lun des exemples les plus emblématiques concerne la taxation des transactions financières. Ce point est aux marges de notre sujet daujourdhui. Je ne le développerai pas mais jy vois une illustration claire de cette alliance entre le pouvoir politique et la société civile pour relever ensemble des défis mondiaux. Sachez que la France ira de lavant, sans tarder, afin de mettre en uvre ce nouvel instrument dont une partie devrait contribuer à financer le développement.
Laction humanitaire sinscrit dans une logique similaire : lenjeu est global, la réponse doit être concertée et faire jouer la complémentarité de lÉtat et des ONG.
La dimension humanitaire de laction extérieure de la France fait partie de notre patrimoine diplomatique et politique. Vous êtes les porteurs de cette préoccupation, traduisant en cela les attentes de nos concitoyens.
Elle procède, entre autres, de cet esprit qui jadis anima Henri Dunant, citoyen suisse, qui fut le créateur de la Croix Rouge en 1859. Ce fondement universaliste est incontestablement lune des spécificités de notre politique étrangère. Lactualité sans cesse nous en rappelle lexigence et aussi la pertinence.
Je pense à «lobligation de protéger» qui mobilise la communauté internationale. Je rappellerai que, lors de la première guerre mondiale, les civils représentaient 10% des pertes humaines. Aujourdhui, ils constituent la majorité des victimes de conflits. Cette réalité impose un nouveau défi pour laction humanitaire.
Dans dautres domaines tels que les catastrophes naturelles, les grandes pandémies ou la famine les situations de crise commandent aussi de réunir les efforts publics et non-gouvernementaux. Nous devons agir de tout notre poids commun pour être efficaces et fidèles à nos principes. La crise alimentaire qui frappe à nouveau tragiquement la Corne de lAfrique montre limportance primordiale face à ce fléau de laction des ONG, en lien avec lappui des États, de lUnion européenne et des agences multilatérales.
Cest sur ces problématiques que nous porterons notre réflexion commune aujourdhui.
Le rapport de MM Alain Boinet et Benoît Miribel, élaboré à la demande de Bernard Kouchner, alors ministre des Affaires étrangères, fait apparaitre les contraintes auxquelles laction humanitaire doit faire face. La conférence daujourdhui doit poser les bases dune réflexion commune pour répondre à ces défis : les problèmes de financement, les difficultés daccès aux victimes, et dune manière plus générale la question des rapports avec la puissance publique. Ce rapport fait des propositions qui visent, de façon pragmatique et progressive, à résoudre ces contraintes et à renforcer la confiance et la coopération entre les acteurs.
Je ne doute pas quAlain Juppé, qui viendra clore cette conférence avec vous, retiendra un certain nombre de propositions afin notamment daccroitre limpact de laction humanitaire.
Cette action devra de plus en plus tisser des liens entre lurgence, qui par nature gère le provisoire, et laide au développement qui sinscrit dans la durée. Lun des enjeux est aussi dassurer un continuum entre le temps court, celui des secours, et le temps long de la reconstruction.
Nous lavons vu par exemple en Haïti. Lors du séisme de 2010, la communauté internationale sest immédiatement mobilisée. Le gouvernement français y a aussi pris sa part. La société civile a su répondre avec générosité et intelligence. La présence sur le terrain de nos volontaires de la solidarité internationale aux côtés de représentants des ONG a donné, si besoin était, une claire démonstration de ce quest laction humanitaire.
La France entend poursuivre ses efforts pour faire en sorte que 2% de son aide publique au développement soit effectivement mise en uvre par les ONG.
Nous progressons dans ce sens. Nous avons décidé par exemple de consacrer 5% des 360 millions deuros de notre contribution au Fonds mondial SIDA à des actions dappui menées par les ONG et les divers de la société civile.
Enfin, pour aller encore dans le même sens, jai demandé que lon réserve environ 10 millions deuros - sur les 40 millions de crédits annuels de ce ministère gérés par lAFD - afin de soutenir des initiatives dans les pays du «printemps arabe». La dimension humanitaire en sera une composante essentielle.
La nécessité dunir nos efforts et nos moyens est au cur de notre démarche. Elle trouve son prolongement naturel dans le consensus humanitaire européen adopté en décembre 2007. Celui-ci définit des principes communs ainsi quun cadre de mise en uvre de laide en lien avec les autres acteurs, principalement les Nations unies.
Ce cadre couvre un champ vaste, allant du changement climatique aux actions pour le droit international humanitaire. Il est adossé sur les moyens financiers conséquents dECHO, qui représentent près dun milliard deuros par an.
Nous sommes donc heureux de votre présence Madame la Commissaire Georgieva et je vous renouvelle mes remerciements. Je pense que vous allez nous présenter ce cadre européen et la concertation approfondie quil requiert entre les États membres, afin de mieux articuler les rôles de chacun.
Cest sur ce terrain de laction humanitaire quil nous revient aujourdhui de donner corps et sens à la solidarité internationale. Un engagement résolu de tous, fait parfois de gestes simples, pourra sauver des vies, en forgeant dans le même temps la citoyenneté universelle, corolaire indispensable à la mondialisation.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 novembre 2011
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis particulièrement heureux de vous accueillir pour cette semaine de la solidarité internationale au ministère des Affaires étrangères et européennes sur le site de la Convention. Je voudrais également en notre nom à tous accueillir Madame la Commissaire Georgieva, que je remercie chaleureusement davoir accepté de participer à cette journée.
Votre réunion daujourdhui - exclusivement consacrée à laction humanitaire - est une première.
Le dialogue entre lÉtat et les représentants de la société civile nest pas totalement nouveau. Le gouvernement considère que cest une dimension essentielle de notre action extérieure et de notre engagement solidaire.
Jen veux pour preuve limplication personnelle et sans relâche du président de la République qui, dans le cadre de la Présidence française du G20, a tenu à placer les questions du développement humain au centre des discussions. Léchange, conduit personnellement par le président de la République, et à plusieurs reprises au cours des derniers mois, a permis à la fois dinformer les ONG et de prendre en compte nombre de leurs propositions.
Lun des exemples les plus emblématiques concerne la taxation des transactions financières. Ce point est aux marges de notre sujet daujourdhui. Je ne le développerai pas mais jy vois une illustration claire de cette alliance entre le pouvoir politique et la société civile pour relever ensemble des défis mondiaux. Sachez que la France ira de lavant, sans tarder, afin de mettre en uvre ce nouvel instrument dont une partie devrait contribuer à financer le développement.
Laction humanitaire sinscrit dans une logique similaire : lenjeu est global, la réponse doit être concertée et faire jouer la complémentarité de lÉtat et des ONG.
La dimension humanitaire de laction extérieure de la France fait partie de notre patrimoine diplomatique et politique. Vous êtes les porteurs de cette préoccupation, traduisant en cela les attentes de nos concitoyens.
Elle procède, entre autres, de cet esprit qui jadis anima Henri Dunant, citoyen suisse, qui fut le créateur de la Croix Rouge en 1859. Ce fondement universaliste est incontestablement lune des spécificités de notre politique étrangère. Lactualité sans cesse nous en rappelle lexigence et aussi la pertinence.
Je pense à «lobligation de protéger» qui mobilise la communauté internationale. Je rappellerai que, lors de la première guerre mondiale, les civils représentaient 10% des pertes humaines. Aujourdhui, ils constituent la majorité des victimes de conflits. Cette réalité impose un nouveau défi pour laction humanitaire.
Dans dautres domaines tels que les catastrophes naturelles, les grandes pandémies ou la famine les situations de crise commandent aussi de réunir les efforts publics et non-gouvernementaux. Nous devons agir de tout notre poids commun pour être efficaces et fidèles à nos principes. La crise alimentaire qui frappe à nouveau tragiquement la Corne de lAfrique montre limportance primordiale face à ce fléau de laction des ONG, en lien avec lappui des États, de lUnion européenne et des agences multilatérales.
Cest sur ces problématiques que nous porterons notre réflexion commune aujourdhui.
Le rapport de MM Alain Boinet et Benoît Miribel, élaboré à la demande de Bernard Kouchner, alors ministre des Affaires étrangères, fait apparaitre les contraintes auxquelles laction humanitaire doit faire face. La conférence daujourdhui doit poser les bases dune réflexion commune pour répondre à ces défis : les problèmes de financement, les difficultés daccès aux victimes, et dune manière plus générale la question des rapports avec la puissance publique. Ce rapport fait des propositions qui visent, de façon pragmatique et progressive, à résoudre ces contraintes et à renforcer la confiance et la coopération entre les acteurs.
Je ne doute pas quAlain Juppé, qui viendra clore cette conférence avec vous, retiendra un certain nombre de propositions afin notamment daccroitre limpact de laction humanitaire.
Cette action devra de plus en plus tisser des liens entre lurgence, qui par nature gère le provisoire, et laide au développement qui sinscrit dans la durée. Lun des enjeux est aussi dassurer un continuum entre le temps court, celui des secours, et le temps long de la reconstruction.
Nous lavons vu par exemple en Haïti. Lors du séisme de 2010, la communauté internationale sest immédiatement mobilisée. Le gouvernement français y a aussi pris sa part. La société civile a su répondre avec générosité et intelligence. La présence sur le terrain de nos volontaires de la solidarité internationale aux côtés de représentants des ONG a donné, si besoin était, une claire démonstration de ce quest laction humanitaire.
La France entend poursuivre ses efforts pour faire en sorte que 2% de son aide publique au développement soit effectivement mise en uvre par les ONG.
Nous progressons dans ce sens. Nous avons décidé par exemple de consacrer 5% des 360 millions deuros de notre contribution au Fonds mondial SIDA à des actions dappui menées par les ONG et les divers de la société civile.
Enfin, pour aller encore dans le même sens, jai demandé que lon réserve environ 10 millions deuros - sur les 40 millions de crédits annuels de ce ministère gérés par lAFD - afin de soutenir des initiatives dans les pays du «printemps arabe». La dimension humanitaire en sera une composante essentielle.
La nécessité dunir nos efforts et nos moyens est au cur de notre démarche. Elle trouve son prolongement naturel dans le consensus humanitaire européen adopté en décembre 2007. Celui-ci définit des principes communs ainsi quun cadre de mise en uvre de laide en lien avec les autres acteurs, principalement les Nations unies.
Ce cadre couvre un champ vaste, allant du changement climatique aux actions pour le droit international humanitaire. Il est adossé sur les moyens financiers conséquents dECHO, qui représentent près dun milliard deuros par an.
Nous sommes donc heureux de votre présence Madame la Commissaire Georgieva et je vous renouvelle mes remerciements. Je pense que vous allez nous présenter ce cadre européen et la concertation approfondie quil requiert entre les États membres, afin de mieux articuler les rôles de chacun.
Cest sur ce terrain de laction humanitaire quil nous revient aujourdhui de donner corps et sens à la solidarité internationale. Un engagement résolu de tous, fait parfois de gestes simples, pourra sauver des vies, en forgeant dans le même temps la citoyenneté universelle, corolaire indispensable à la mondialisation.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 17 novembre 2011