Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, en réponse à une question sur les choix économiques du gouvernement, à l'Assemblée nationale le 15 novembre 2011.

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Circonstance : Question au gouvernement posée par M. Jean-Marc Ayrault, député (PS, président du groupe SRC), à l'Assemblée nationale le 15 novembre 2011

Texte intégral

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,
Monsieur le Président Ayrault,
Nous traversons une crise, mesdames et messieurs les députés, qui est une crise majeure et qui est une crise qui met en danger notre héritage européen et qui met en danger notre mode de vie.
Cette crise, ce n’est plus seulement la crise des dettes souveraines, c’est maintenant la crise de l’Europe, c’est la crise de la crédibilité des institutions européennes, des processus de décision en Europe, c’est la crise de la capacité des États européens à se réformer pour faire face au basculement de l’économie mondiale et, à la fin, de la suprématie occidentale.
Face à la gravité de cette crise, face aux menaces qu’elle fait peser sur chacun de nos pays, dans un contexte comme celui-là, nous devrions tous ensemble nous rassembler, au-delà de nos divergences légitimes, pour porter ensemble un seul et même message : nous avons la volonté commune de retrouver l’équilibre des finances publiques et nous ne pourrons le faire qu’en baissant la dépense publique parce que nous sommes dans le pays d’Europe qui a le record de la dépense publique et le record des prélèvements obligatoires.
C’est la meilleure façon de protéger les Français.
C’est la meilleure façon de défendre notre indépendance.
C’est la meilleure façon de défendre la souveraineté de notre pays.
Eh bien au lieu de cela, le Parti socialiste a choisi une stratégie qui est une stratégie de dénigrement. De dénigrement du président de la République, du Gouvernement, de l’action de la majorité. Et cette stratégie de dénigrement, elle pèse, d’une certaine façon, sur la France tout entière.
Les porte-parole du Parti socialiste, depuis quelques jours, sont devenus les auxiliaires des agences de notation. Ce sont eux qui annoncent à l’avance que la France va perdre son AAA.
Qu’un électron libre comme Jacques Attali le dise, ça n’aide pas, mais ça ne regarde que lui. Mais que François Hollande, le responsable du Parti socialiste, le candidat aux élections, annonce lui-même à la télévision que la France a perdu son AAA, ce n’est pas responsable.
Ce n’est pas responsable.
Ces caricatures n’aident en rien les Français. Pire, le programme du candidat socialiste à l’élection présidentielle vient accroître les incertitudes qui pèsent sur la crédibilité de notre pays.
Au moment où nous sommes confrontés à une tourmente qui secoue l’ensemble des pays européens, qui a provoqué une augmentation du chômage de plus de 100 % en Espagne, de plus de 50 % au Royaume-Uni, de plus de 34 % dans la zone euro, le Parti socialiste a choisi d’annoncer des créations d’emplois publics, le retour au partage du travail qui a été une des causes principales de la différence de compétitivité avec notre voisin allemand et, pire encore, le retour à la retraite à soixante ans.
Mais, mesdames et messieurs les socialistes, comment pensez-vous que vous allez, demain, parler de solidarité avec les pays européens, avec ces pays même qui ont choisi de porter à soixante-cinq ans, à soixante-sept ans l’âge de la retraite si vous arrivez en disant : "Nous, nous allons revenir à la retraite à la soixante" contre toute logique démographique, contre toute logique financière, contre toute logique économique ?
Enfin, que dire de votre marchandage sur l’énergie nucléaire.
À en croire les SMS qui nous informent sur les tractations entre les Verts et le Parti socialiste, vous avez déjà sacrifié vingt-quatre réacteurs nucléaires aux circonscriptions et à l’échange électoral avec les Verts, c’est-à-dire que vous avez choisi de sacrifier l’un des rares avantages compétitifs de la France par rapport aux autres pays européens.
Vous avez choisi de sacrifier l’un des domaines d’excellence de l’industrie française et de son rayonnement dans le monde.
Alors, Monsieur Ayrault, réveillez-vous !
Descendez de ce piédestal !
Regardez le monde comme il est !
Quittez vos habits de marchand d’illusion !
Il est encore temps d’abandonner cette vision dépassée du monde et de faire la démonstration que le Parti socialiste est capable aussi de prendre ses responsabilités et d’aider au redressement de notre pays et de l’Europe parce qu’en dénigrant, comme vous le faites, en permanence l’action du Gouvernement, finalement, d’une certaine façon, vous dénigrez aussi la France.
Source http://www.gouvernement.fr, le 17 novembre 2011