Texte intégral
Monsieur le Secrétaire général des Nations unies,
Monsieur le Secrétaire général de l’OCDE,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs, Chers Collègues,
La Déclaration de Paris et les propositions du Forum d’Accra ont donné naissance à des principes partagés qui nous ont permis de faire évoluer notre action. De nombreux pays parmi nous - en particulier les pays émergents - ont réussi à réduire considérablement les niveaux de pauvreté de leur population. Toutefois, la bataille de la lutte contre la pauvreté est loin de s’achever.
Il nous faut aller plus loin dans le sens de règles et des bonnes pratiques communes.
Aujourd’hui, nous devons ouvrir un nouveau chapitre qui ne se réduise plus à l’efficacité de la gestion de l’aide, mais qui embrasse plus largement l’efficacité du développement.
En effet, au cours des dix dernières années, le monde a changé. Nous devons faire face régulièrement à de nouvelles crises, économiques, financières, énergétiques, alimentaires ou sociopolitiques.
Les enjeux auxquels nous sommes confrontés sont désormais d’une ampleur mondiale. L’APD ne pourra pas suffire à elle seule pour relever ces défis. Il faut donc mobiliser d’autres financements et associer les nouveaux acteurs, qu’il s’agisse des pays émergents, des ONG, des collectivités locales, ou du secteur privé.
C’est pour cela que nous devons travailler à un partenariat global pour le développement.
Pour nous, pays européens, le fait de partager avec les pays émergents les principes d’un développement efficace constitue un changement important dont il est trop tôt pour dire où il nous conduira. Je veux déjà signaler un résultat positif : la première réunion ministérielle du G20 sur le développement que nous avons tenue à Washington en septembre a abouti à de nouvelles propositions. Nous devons aussi admettre qu’en matière de lutte contre la pauvreté et de croissance, il n’y a pas de vérité unique. Ce nouveau partenariat dont nous parlons ces jours-ci devra reposer sur la richesse et la diversité des expériences de tous les acteurs.
Je voudrais ajouter, pour la France, que nous ne pourrons progresser qu’en discutant à un niveau politique, entre représentants des pays.
Permettez-moi de vous dire que les débats sur l’efficacité de l’aide souffrent souvent de n’être abordés qu’à travers un langage technique, réservé aux seuls spécialistes. Ce langage ne permet pas toujours de voir les vrais enjeux.
Les questions de l’efficacité de l’aide publique sont pourtant universelles. Que ce soit chez nous, dans nos propres pays, ou au niveau international, il s’agit toujours de partir d’une demande qui est formulée par les bénéficiaires. Il s’agit aussi de simplifier les guichets de financement et les procédures. Il s’agit enfin de mesurer la qualité des impacts par rapport aux objectifs
A ce titre, je suis un fervent pratiquant de l’efficacité des aides publiques. Mais nous ne devons pas prêter une foi aveugle dans un vocabulaire abstrait, quelque peu théologique, qui occulte souvent nos différences de perception et nos divergences d’intérêts.
Permettez-moi de donner deux exemples :
La division du travail tout d’abord : voici un principe apparemment très consensuel. Pourtant, les avancées concrètes restent modestes sur le terrain. Chacun de nos pays est bien souvent tenté, et pour des raisons parfois légitimes, de vouloir «planter son drapeau». Seul un patient dialogue politique pourra nous permettre de progresser sur ce terrain.
Un autre exemple parlant est celui du déliement de l’aide. Certes, nous avons beaucoup progressé. Mais tous les pays ne peuvent pas y répondre de la même manière. Pour ce qui concerne la France, il est difficile d’aller plus loin sans convaincre d’abord nos concitoyens et nos entreprises. Cette question relève d’une appréciation politique.
Ces deux exemples montrent que certaines lenteurs à avancer cachent des difficultés qui ne peuvent être décidées qu’au niveau politique. C’est l’autre message que je suis venu porter ici.
Nous, responsables politiques, nous devons nous approprier les questions de l’efficacité du développement pour discuter de nos divergences et imaginer ensemble des solutions communes.
Concrètement, je voudrais soutenir la proposition d’une réunion annuelle, au niveau ministériel. La France serait favorable à la tenue d’une telle réunion en marge du Conseil des ministres de l’OCDE.
L’OCDE est une institution légitime pour héberger le secrétariat de ce nouveau partenariat global, en collaboration avec les Nations unies. L’OCDE a acquis une grande expérience en matière de partage des bonnes pratiques. Sa volonté de dépasser les clivages et son expérience de dialogue sur les politiques publiques justifient notre choix.
Je me réjouis que Busan ait déjà pu permettre ce débat ouvert à tous les nouveaux acteurs. Je forme le vu que nous puissions nous mettre d’accord sur la nécessité de dépasser la seule gestion de l’aide pour parler de l’efficacité des politiques de développement. Je suis convaincu que nous pourrons continuer à le faire à un niveau politique.
Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 décembre 2011