Texte intégral
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Messieurs les Secrétaires généraux,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très honoré d’avoir l’occasion de vous présenter maintenant les résultats auxquels le G20 est parvenu.
Mais auparavant, je voudrais commencer par remercier chaleureusement le gouvernement coréen pour le travail accompli l’année dernière durant sa présidence du G20. C’est grâce à ce premier effort que nous avons pu avancer cette année, en particulier dans le domaine du développement. Je voudrais redoubler mes remerciements pour l’excellente organisation de ce Forum dont les débats s’inscrivent dans le prolongement du G20.
Les impulsions politiques décidées par les Chefs d’État réunis à Cannes s’inscrivent pleinement dans les enjeux qui nous réunissent aujourd’hui, liés au développement.
1) Lien Développement - mandat G20
Les grandes puissances économiques ne peuvent pas éluder la question des pays en développement. Les Leaders l’ont exprimé en des termes très clairs à Cannes : le développement est une «préoccupation et un devoir pour tous les pays du G20».
Est-il besoin de rappeler que les pays en développement sont les premiers touchés par les conséquences d’une mondialisation trop peu ou mal régulée ? Ce sont eux qui pâtissent en premier de la volatilité des prix des matières premières. Eux qui, par manque d’infrastructures, voient leur croissance pénalisée. Eux dont les ressources fiscales sont limitées par des pratiques opaques ou des juridictions non coopératives. Eux dont les populations restent les moins bien protégées sur le plan social.
La croissance économique des pays en développement est essentielle. Pour des raisons morales, bien-sûr, mais aussi dans l’intérêt de tous. Les pays qui accusent aujourd’hui un retard de développement seront les pôles de croissance de demain : voilà aussi pourquoi nous devons les soutenir sur la voie de la croissance.
Telle est l’ambition du G20. Celui-ci ne peut pas être la somme des intérêts de ses pays membres. Il doit aussi incarner l’intérêt général de la planète. Il peut prétendre à impulser une croissance mondiale, durable et partagée, une croissance qui n’exclut aucun pays, une croissance qui compte même sur chacun pour y contribuer.
Le temps où le développement était un domaine réservé aux vieilles puissances du G7 est bien révolu. Celui des responsabilités partagées est venu. Le développement fait désormais partie intégrante de l’objectif de croissance et de relance économique mondiale, qui est au cur du mandat du G20.
2) Approche pragmatique du G20 et exemples de résultats
Concernant plus strictement la question de l’APD, le G20 n’a volontairement pas traité de cette question en tant que telle. Les pays en développement ne souhaitent pas d’ailleurs que d’autres pays répondent à leur place à cette question. Ils se demandent d’abord ce qu’ils peuvent faire pour eux-mêmes. Il n’est plus question de fournir une aide par compassion. Il est d’abord question de faciliter la croissance économique des pays en développement.
C’est pourquoi le G20 a privilégié une approche pragmatique. Il s’est attaché à trouver les moyens de renforcer les capacités locales afin d’enclencher une croissance forte et résiliente.
Nous savons par exemple que le manque d’infrastructures constitue un goulot d’étranglement majeur en Afrique. Les recommandations du G20, qui ont étroitement associé le secteur privé, visent à permettre leur financement.
Un autre exemple dans le domaine de la sécurité alimentaire. Le G20 a souligné qu’il faut lutter contre la volatilité des prix, en adoptant des stratégies et des instruments de couverture du risque, en améliorant la transparence sur les marchés, en levant les restrictions aux exportations pesant sur l’aide alimentaire. Pour que les pays en développement produisent plus et mieux, le G20 a replacé la recherche et l’innovation agricole dans les priorités. La conférence du G20 sur la recherche agricole à Montpellier qui s’est tenu en septembre est un exemple concret de cette volonté de relancer un secteur injustement délaissé ces dernières années.
3) Diversité des expériences
Cette mobilisation du G20 sur les questions de développement est un message que les pays en développement doivent entendre positivement. C’est un message optimiste qui rappelle que chaque trajectoire de développement est unique, qu’il n’y a pas de «modèle unique pour tous».
Qui mieux que les 20 plus grandes économies mondiales, aux stratégies de développement si diverses, pouvaient passer ce message? La Corée, dont nous sommes les hôtes, en est le symbole même : PMA dans les années 1960, la Corée s’est hissée au 15ème rang des économies mondiales. Or - et il ne s’agit pas là d’une coïncidence - n’oublions pas que nous devons beaucoup à la Corée. C’est elle qui, au cours de sa présidence en 2010, a convaincu le G20 de faire du développement une priorité de son agenda.
Permettez-moi à nouveau de l’en remercier. La Présidence française s’est attachée à poursuivre ces efforts. Je me félicite de l’organisation, en septembre dernier, de la première réunion ministérielle du G20 consacré au développement. Aujourd’hui même nous transmettons le relais au Mexique et nous comptons sur sa présidence pour maintenir l’attention du G20 sur les enjeux de développement.
4) Dépassement des clivages
L’expérience des pays émergents du G20 peut aussi être une source d’inspiration pour les pays en développement. Le temps est donc venu de bâtir une nouvelle forme de coopération pour le développement, qui engage tous les partenaires.
Cette approche partenariale élargie doit nous permettre de dépasser les habitudes, les clivages idéologiques ou géographiques. Le monde dans lequel nous sommes aujourd’hui a vu ses équilibres se déplacer. La vieille distinction Nord-Sud n’est plus pertinente, elle est dépassée par les faits. Nous devons repenser notre façon de soutenir les pays en développement.
5) Partenariat pour le développement
C’est ici, à Busan, que nous devons avancer sur cet objectif. Les Leaders du G20 comptent sur les résultats de nos travaux. Dans leur déclaration finale, ils ont appelé la communauté internationale à mettre en place, ici à Busan, un partenariat rénové pour le développement.
Ce partenariat doit dépasser la seule gestion de l’efficacité des financements. Nous devons élever notre réflexion au niveau des stratégies et des politiques de développement.
Prenons exemple sur certaines initiatives de la communauté internationale qui ont réussi à agir sur les politiques publiques. Le Forum mondial sur la transparence, par exemple, a démarré avec les pays de l’OCDE. Il regroupe aujourd’hui 105 membres. Son rôle dans le domaine des politiques fiscales est internationalement reconnu.
Nous devons aussi assurer le pilotage politique de ce nouveau partenariat pour le développement. Le travail des experts a été essentiel pour en jeter les bases. Je salue avec vous le travail accompli. Mais ce sont aux États de se saisir à présent du sujet, éminemment politique.
Si le rôle de l’Aide Publique au Développement reste essentiel, d’autres ressources doivent être mobilisées : les ressources domestiques des pays bien-sûr, celles du secteur privé, local et international, les coopérations provenant des pays émergents, les coopérations triangulaires, et enfin les financements innovants pour le développement.
Parce que ces sujets sont de nature politique, nous proposons qu’un dialogue annuel s’instaure, qui rassemblerait les ministres de la communauté internationale. La communauté de destin que nous formons doit se réunir régulièrement pour bâtir une politique globale pour le développement. Nous appelons de nos vux la mise en place de ce dialogue politique, dans l’intérêt de tous. Nous sommes prêts à travailler sans relâche à son édification. Je vous remercie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 12 décembre 2011