Déclaration de Mme Nadine Morano, ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle, sur l'insertion des jeunes par l'apprentissage, le tutorat et la formation en alternance, Paris le 29 novembre 2011.

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Circonstance : Réunion des maitres d'apprentissage et tuteurs à Paris le 29 novembre 2011

Texte intégral


Je tiens à vous remercier pour vos contributions et pour la qualité de chacune de vos interventions. Au travers de vos prises de parole, nous avons pu mesurer avec justesse et précision votre engagement au service de notre jeunesse. Nous avons également pu apprécier la diversité des savoir-faire que vous avez su développer pour faciliter la transmission des compétences entre d’une part les maitres d’apprentissage et les apprentis, et d’autre part les tuteurs et les salariés. A l’heure où certains candidats s’interrogent sur l’insertion des jeunes et des seniors dans l’emploi et sur la valorisation des compétences de chacun, à l’heure où certains parlent de contrats de génération, je crois que nous avons dans ces relations maîtres d’apprentissage/ apprenti et tuteur/ alternant des modèles sur lesquels réfléchir. Pour que chacune et chacun trouve sa place, toute sa place dans le monde du travail, pour faire vivre les patrimoines professionnels, les savoir faire et les compétences, pour faire de l’entreprise ce lieu de transmission et de passage de témoins.
Je souhaite également remercier chaleureusement les quatre binômes qui ont bien voulu témoigner de leur parcours et de leur expérience personnelle :
* Merci à Catherine DEFRESNE et à son apprenti Frédérique MOUETTE ;
* Merci au Président Jean-Pierre BECHLER et à son apprenti Romain BOOSE ;
* Merci également à Jean-Marc BARKI et à Léone FOURMEAUX sa « tutorée » ;
* Et merci à Anne JUVIN et à Assibani MANÉ sa « tutorée ».
1. Pour commencer, je souhaite revenir sur l’importance du travail réalisé au quotidien par les maitres d’apprentissage et les tuteurs pour assurer le développement qualitatif des formations en alternance.
De la même façon que les jeunes apprennent de façon théorique des techniques et des savoirs dans les classes des CFA de notre pays, ils acquièrent un métier et des compétences pratiques tout aussi importantes dans les entreprises qui les accueillent.
C’est pourquoi, faire le choix de devenir maître d’apprentissage ou tuteur, c’est faire le choix de l’engagement pédagogique. Ce choix ne se résume pas à quelques heures par semaine avec un apprenti ou un salarié. C’est un engagement profond et durable qui aboutit à la création d’une relation privilégiée entre deux personnes. Le maître d’apprentissage et le tuteur incarnent en effet un métier dans toutes ses dimensions. C’est-à-dire non seulement un ensemble de savoirs et de compétences, mais également une identité professionnelle et une place dans la société à travers la transmission d’un véritable savoir-vivre.
La culture du tutorat chez les Compagnons du Devoir l’illustre d’ailleurs parfaitement. Ainsi, ce qui définit le mieux le compagnonnage c’est la fierté de transmettre des techniques d’excellence. Mais au-delà des gestes transmis, au fil des mois, c’est une relation presque filiale qui se développe et qui permet au jeune de se réaliser à la fois professionnellement et surtout humainement.
Ainsi, je ne compte plus les fois où, lors des mes déplacements, j’ai rencontré des jeunes me raconter leur parcours en évoquant avec émotion et reconnaissance le rôle de leur maître d’apprentissage ou de leur tuteur. Il suffit par exemple de regarder le témoignage de Robert MAHLER pour comprendre pleinement l’importance de cette relation, qu’il est difficile de mesurer lorsque l’on n’a pas été soit même apprenti. Les apprentis et les salariés qui ont témoigné l’ont rappelé : aucun d’entre eux n’aurait pu imaginer réussir son parcours sans une relation solide et complète avec son maître d’apprentissage ou son tuteur.
2. C’est pourquoi, je me réjouis de voir que notre pays peut compter sur des acteurs fortement engagés pour promouvoir le travail des maitres d’apprentissage et des tuteurs.
Concrètement, la première table ronde a permis de mettre l’accent sur la relation entre l’apprenti et le maître d’apprentissage. Les interventions de Monsieur le Député, Gérard CHERPION, et de Monsieur le Président, Jean LARDIN, ont permis de faire le point sur les nombreuses avancées de la Loi du 28 juillet dernier. Ce texte constitue en effet une étape majeure pour revaloriser les formations en alternance et lever les freins qui pouvaient exister. A ce titre, je rappelle, que j’ai tenu à baisser l’expérience professionnelle requise afin d’augmenter le vivier des maitres d’apprentissage. Par ailleurs, nous l’avons ensuite vu au travers des différentes interventions, des outils et des solutions ont été développés pour assurer un accompagnement de qualité. Monsieur le Président de la Chambre des Métiers et de l’Artisanat du Val d’Oise, Bernard PEROT, a ainsi rappelé le rôle central du maître d’apprentissage pour accompagner l’apprenti dans l’appropriation des techniques professionnelles, des valeurs du métier et des valeurs de l’entreprise. A ce titre, je me réjouis de l’attachement du réseau des Chambres des Métiers et de l’Artisanat à la qualification du maître d’apprentissage. Pour le réseau des Chambres de Commerce et d’Industrie, également particulièrement engagé dans ce domaine, Monsieur le Président Yves FOUCHET a notamment pu présenter les outils et les formations mis en œuvre pour accompagner au mieux les maitres d’apprentissage débutants ou expérimentés. Je vous rejoins d’ailleurs pleinement, Monsieur le Président, lorsque vous dites que la fonction de maître d’apprentissage ne s’improvise pas. Pour le 3CABTB, Monsieur le Président Jean-Luc SETHI a rappelé le rôle incontournable des maîtres d’apprentissage pour permettre aux entreprises de faire face aux évolutions technologiques et organisationnelles. De son côté, Robert MAHLER, qui préside aujourd’hui le Club de l’Apprentissage, a montré qu’à l’origine de sa réussite, il y avait une relation professionnelle et humaine entre un élève en CAP d’electro-mécanicien et un maître d’apprentissage.
Par la suite, la seconde table ronde a permis d’étudier les spécificités de la relation entre le tuteur et le salarié. Je souhaite vous remercier, Monsieur le Député Jean-Charles TAUGOURDEAU, pour votre participation à cet échange ainsi que pour votre témoignage en tant qu’élu de terrain et co-rapporteur de la Loi en faveur du développement de l’alternance et de la sécurisation des parcours professionnels. Par ailleurs, pour l’UIMM, Monsieur le Directeur, Joël MENDEZ, est notamment revenu sur le rôle central du tutorat dans les entreprises de la métallurgie et dans la politique de formation de la branche. De son côté, Joël RUIZ, Directeur général d’AGEFOS-PME, a rappelé l’implication des Organismes Paritaires Collecteurs Agréés (OPCA) pour conseiller les entreprises et accompagner les tuteurs. C’est un sujet essentiel parce qu’il n’est pas toujours facile pour les petites entreprises de développer les outils indispensables à la formation des tuteurs. Sur cette seconde table ronde, Pierre ROUSSEAU, Vice-président de l’Association Nationale pour la Formation Automobile (ANFA), a présenté les principales caractéristiques de l’accompagnement et de la formation des tuteurs dans un secteur essentiellement constitué de très petites entreprises et traversé par d’importantes évolutions technologiques. Je me réjouis d’ailleurs de noter que l’ANFA s’est inscrite dès 1992 dans l’accompagnement formatif des professionnels à la transmission de compétences auprès des jeunes. Je remercie enfin Monsieur Régis MARCON qui a insisté sur « la fonction de socialisation » du tuteur, à qui l’on demande souvent de couvrir des dimensions très larges allant de l’aide psychologique au soutien pédagogique. Car le rôle du tuteur est en effet d’autant plus important qu’il contribue à la construction identitaire de l’apprenant.
3. Parce qu’il est temps de valoriser davantage l’action et le rôle particulier des maitres d’apprentissage et des tuteurs, je signerai dans quelques instants une charte d’engagement.
Cette charte permettra de valoriser les bonnes pratiques mises en place par les acteurs de l’alternance mais surtout de diffuser le plus largement possible les initiatives exemplaires développées sur tout le territoire.
C’est pourquoi, je tiens à saluer les signataires de cette charte qui font ainsi, grâce au développement qualitatif des formations en alternance, une nouvelle fois la preuve de leur engagement au service de notre jeunesse. Parmi les signataires, je souhaite donc souligner l’action des réseaux consulaires – l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie (ACFCI) et l’Assemblée Permanente des Chambres de Métiers et de l’Artisanat (APCMA) – ainsi que celle des branches professionnelles qui représentent le secteur automobile (ANFA), celui de l’assurance (la FFSA), du négoce du bois (FNBM), du BTP (3CABTP), de la chimie (UIC), de la métallurgie (l’UIMM) ainsi que le secteur de l’hôtellerie restauration (CPIH, FAGITH, SNARR, SNRC, SNRTC, SYNHORCAT et UMIH).
Très concrètement, cette charte vise à renforcer les dispositifs de tutorat en vigueur dans les branches professionnelles signataires afin d’accompagner les alternants dans la réussite de leur projet professionnel. Elle va permettre de valoriser l’encadrement des maitres d’apprentissage et des tuteurs. Cette charte crée également le cadre nécessaire pour échanger sur les bonnes pratiques afin de faciliter la reconnaissance des compétences des maitres d’apprentissage et des tuteurs. Pour cela, elle met notamment l’accent sur la valorisation de leur investissement en matière d’encadrement et de formation des jeunes.
De son côté, par ce texte, l’Etat s’engage à soutenir les initiatives développés par les acteurs professionnels pour permettre l’accompagnement efficace des maitres d’apprentissage et des tuteurs dans l’accomplissement de leur mission. L’Etat s’engage également à relayer toute campagne de communication visant à atteindre ces objectifs communs.
Mesdames et Messieurs, aujourd’hui, j’ai voulu rassembler autour de moi l’ensemble des acteurs investis dans le développement des formations en alternance, car nous partageons une responsabilité forte pour permettre aux jeunes de s’insérer rapidement et durablement sur le marché du travail. Comme je vous l’ai dit au début de cette matinée, les premiers résultats de la mobilisation nationale qui a été engagée sont là puisque nous avons enregistré une augmentation de 7,3% du nombre d’alternants entre janvier et octobre par rapport à 2010. Mais je compte sur vous pour m’aider à consolider et à amplifier cette dynamique !
Parce que je veux profiter de cette journée de travail pour envoyer un signal fort à la communauté des maitres d’apprentissage et des tuteurs, je remettrai également dans quelques minutes des décorations à des maîtres d’apprentissage et à des tuteurs, accompagnés de leurs alternants, qui symbolisent la force de cette relation exemplaire. Car ne l’oublions pas : derrière chaque jeune formé par un maître d’apprentissage ou un tuteur, il y a un jeune à qui l’ont fait la promesse d’un vrai métier avec à la clé une véritable possibilité de promotion professionnelle et sociale !
Je vous remercie.
Source http://www.travail-emploi-sante.gouv.fr, le 6 décembre 2011