Interview de Mme Nadine Morano, ministre de l'apprentissage et de la formation professionnelle à France 2 le 14 décembre 2011, sur les propositions de l'UMP pour l'élection présidentielle de 2012 et le développement de l'apprentissage.

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Média : France 2

Texte intégral


 
 
ROLAND SICARD Avant de parler de politique un mot sur le drame de Marseille. Six morts dans une maison de retraite, votre réaction.
 
NADINE MORANO D’abord je pense évidemment aux victimes, je pense à leur famille et je voudrais leur adresser mes condoléances les plus sincères et les plus affectueuses en cette période de l’année en plus qui est vraiment un évènement dramatique. Je sais que ma collègue Roselyne BACHELOT doit se rendre sur place en début d’après midi…
 
ROLAND SICARD La ministre des Solidarités.
 
NADINE MORANO Voilà. Et qu’une enquête évidemment est en cours sur cet accident dramatique.
 
ROLAND SICARD Alors sur la politique, on lit un petit peu partout que vous allez être la porte parole de Nicolas SARKOZY pour sa campagne électorale. Est-ce que c’est un poste qui vous plairait ?
 
NADINE MORANO Ecoutez d’abord nous ne sommes pas en campagne, nous sommes au travail. Et je voudrais qu’on se le dise parce que nous avons décidé de travailler jusqu’au bout…
 
ROLAND SICARD Vous n’y pensez pas un petit peu quand même à la campagne…?
 
NADINE MORANO Ecoutez, moi j’ai toujours fait de ma vie politique, de l’action, et de l’explication et de la pédagogie, et notamment à travers les rencontres que je fais avec les fédérations UMP dans chacun de mes déplacements. Je crois que nous avons à expliquer le bilan, notre action, et que ce n’est pas quelque chose qu’on fait à quelques semaines des élections. Donc je continuerai tel que je l’ai toujours fait depuis le départ.
 
ROLAND SICARD Donc vous faites campagne depuis le début finalement.
 
NADINE MORANO Non, je ne fais pas campagne depuis le début, j’explique ce que nous faisons et je pense que faire sans faire savoir ça n’a pas grand intérêt. Donc notre objectif c’est vraiment d’expliquer la politique qui est menée pour les Français.
 
ROLAND SICARD A droite, il y a déjà beaucoup de candidats, Dominique De VILLEPIN, Christine BOUTIN, Hervé MORIN ; ça ne fait pas beaucoup tout ça ?
 
NADINE MORANO Je crois que plus nous serons rassemblés, plus nous aurons de chances de gagner. Et donc j’en appelle à la responsabilité de chacun parce que ce quinquennat aura été exceptionnel par sa gravité, par sa complexité, nous avons eu à traverser une crise économique et financière sans précédent et donc je pense que nous avons vraiment à nous rassembler, les Français méritent que nous soyons attentifs à leurs préoccupations et à ce que nous avancions je dirais resserrés.
 
ROLAND SICARD C’est à dire que vous demandez à ces candidates de se retirer ?
 
NADINE MORANO Quand vous êtes à 0,5 % dans les intentions de vote, ou à 1 %, la sagesse voudrait que vous vous retiriez et que vous alliez avec celui avec qui vous avez gouverné, en l’occurrence Nicolas SARKOZY, pour la plus grande majorité des personnes que vous avez citées, et dont vous partagez l’essentiel des convictions politiques. Oui.
 
ROLAND SICARD Alors il y a un candidat qui lui monte c’est François BAYROU. Est-ce qu’il est possible de s’entendre avec lui, Nicolas SARKOZY-François BAYROU, est-ce qu’il y a un accord possible ?
 
NADINE MORANO Mais François BAYROU, c’est pareil, a gouverné avec nous je vous le rappelle il y a quelques années, il fait partie de notre famille de pensée politique…
 
ROLAND SICARD Pas sous le quinquennat de Nicolas SARKOZY.
 
NADINE MORANO Non, pas sous le quinquennat de Nicolas SARKOZY mais avant, et lorsque vous écoutez ses idées, notamment sur la dette, la dépense publique, on voit bien que François BAYROU partage nos préoccupations. Il est dans notre famille de pensée politique, et évidemment je voudrais qu’il nous rejoigne.
 
ROLAND SICARD Tout de suite ?
 
NADINE MORANO Et j’ai beaucoup de respect pour lui. Ecoutez, il a déclaré sa candidature, je pense qu’il ira jusqu’au bout, et en même temps …
 
ROLAND SICARD Et entre les deux tours, vous espérez qu’il se ralliera ?
 
NADINE MORANO Eh bien entre les deux tours, si Nicolas SARKOZY –ce que je souhaite – soit candidat, j’espère qu’évidemment il se raliera à Nicolas SARKOZY.
 
ROLAND SICARD Il y a une affaire qui est embarrassante pour la droite c’est l’affaire de Karachi. Renaud DONNEDIEU de VABRE, ancien ministre a passé la nuit en détention. Il s’agit du financement présumé occulte de la campagne d’Edouard BALLADUR en 1995, à l’époque Nicolas SARKOZY était un proche d’Edouard BALLADUR, est-ce que tout ça ce n’est pas embarrassant ?
 
NADINE MORANO Il est toujours proche … Vous l’avez rappel vous-même, c’est la campagne de 1995, et nous sommes aujourd’hui en 2011. Je crois que ce qu’il faut regarder c’est l’échéance présidentielle qui va arriver, c’est celle qui va arriver qui concerne nos concitoyens. Laissons la justice travailler sur celle de 1995. Et moi je voudrais appeler votre attention sur celle de 2012, parce que nous avons un candidat aussi qui maintenant est sur la scène de cette élection présidentielle en l’occurrence…
 
ROLAND SICARD Tout à l’heure vous disiez qu’il n’était pas candidat …
 
NADINE MORANO Non, je parle de François HOLLANDE. Et en l’occurrence j’observe que François HOLLANDE a occupé… n’a jamais été ministre, il a occupé une fonction importante, celle de Premier secrétaire du Parti socialiste pendant onze ans. C’est la plus haute fonction qu’il a exercée dans ce pays, c’est celle là, c'est à dire chef de parti. Et j’observe que durant cette fonction, qu’il a exercée, il y a eu là beaucoup d’affaires du nord au sud de la France dont on voit des malversations financières dénoncées d’ailleurs par Arnaud MONTEBOURG, dont on voit que Martine AUBRY a lancé une quasi enquête sur le sujet, la justice a été saisie. Moi je demande à François HOLLANDE de s’expliquer aussi sur cette gestion qu’il a eu à assumer parce qu’il s’est muré dans le silence, et moi je voudrais savoir s’il a couvert, s’il a été complice, s’il a fait preuve de laxisme, s’il a été naïf sur tout ce qui se passait dans ces fédérations ? Et donc si tel était le cas, sur la gestion de François HOLLANDE, je ne vois pas comment il pourrait gérer la France s’il n’est même pas capable de gérer un parti dit de gouvernement dans ce pays.
 
ROLAND SICARD Ma question était su Karachi. Est-ce que c’est une affaire qui peut embarrasser Nicolas SARKOZY pour sa campagne?
 
NADINE MORANO Mais pourquoi ? En quoi est-ce que Nicolas SARKOZY, président en exercice, qui n’a rien à voir avec la gestion de la campagne d’Edouard BALLADUR en 1995, serait concerné par cela ? Alors il y a une enquête en cours, laissons faire la justice sur ce dispositif, mais vous voyez bien qu’à quelques mois des élections présidentielles je trouve étonnant qu’on mette autant d’énergie et d’ardeur sur le financement de la campagne d’Edouard BALLADUR ? Je trouve étonnant qu’on ne l’ait pas fait bien avant, alors que ces comptes ont été validés. En revanche, je trouve étonnant le silence qui se fait autour de François HOLLANDE et sa gestion du Parti socialiste, parce que lui brigue la fonction suprême de chef de l’Etat. Et je voudrais que monsieur HOLLANDE s’explique là-dessus parce qu’il y a des faits graves, et donc il en a été sans doute au courant, et je voudrais savoir pourquoi il n’a pas dénoncé la gestion de ces fédérations du Parti socialiste, puisqu’il était Premier secrétaire. D’ailleurs n’oubliez pas que Martine AUBRY avait dit que François HOLLANDE lui avait laissé le Parti socialiste à l’état de « cadavre à la renverse », eh bien moi je dis que le temps de l’autopsie est venu, et qu’il faut déterminer les responsabilités. Et donc maintenant le temps est venu de voir ce que François HOLLANDE a joué comme rôle parce qu’il faut que les Français puissent choisir avec des candidats qui n’ont pas de zone d’ombre sur leur parcours.
 
ROLAND SICARD Alors je n’oublie pas que vous êtes ministre de l’Apprentissage, et vous allez lancer à la rentrée une carte d’apprenti un petit peu à l’image de la carte d’étudiant, on va d’ailleurs la voir. Ca va servir à quoi exactement ?
 
NADINE MORANO Eh bien écoutez cette carte étudiant des métiers, que je lancerai officiellement vendredi, d’ailleurs depuis le CFA Agricole de Toul, une première…
 
ROLAND SICARD Chez vous.
 
NADINE MORANO Une première en Lorraine, et oui, exceptionnellement, mais c’est la France aussi, et cette carte d’étudiant des métiers permet à chaque jeune en alternance de pouvoir bénéficier des mêmes conditions tarifaires que les étudiants dans le système classique, dans l’enseignement supérieur, des mêmes conditions tarifaires pour le restaurant universitaire, pour le logement universitaire, et pour tous les accès dans les milieux culturels et sportifs. C’est le petit plus que nous avons voulu donner à ceux qui choisissent les formations par alternance, cette carte est la traduction de la loi CHERPION qui a été adoptée le 28 juillet dernier ; et c’est un petit plus que nous avons voulu accorder à ces étudiants des métiers, à nos jeunes en apprentissage, à nos jeunes en alternance parce que malgré le fait qu’ils touchent une rémunération – puisqu’ils ont un contrat de travail – eh bien c’était aussi de leur donner une considération supplémentaire et de valoriser cette formation. Et d’ailleurs dans les bonnes nouvelles – parce qu’on parle toujours des trains qui n’arrivent pas à l’heure – mais on ne parle jamais des bonnes nouvelles dans ce pays, et je le regrette, il faut savoir que malgré la crise économique et financière nous avons une augmentation du nombre de contrats d’alternance dans notre pays de près de 8 % en un an et malgré la crise. Et je vois bien qu’il y a une mobilisation à la fois des branches professionnelles, des entreprises, de nos CFA et des régions – avec qui nous avons contractualisé pour l’Etat 1,7 milliards d’euros qui a été engagé – eh bien tant mieux pour nous jeunes, parce que nous sommes sur la bonne voie sur ces dispositifs qui leur permet d’entrer plus facilement dans le marché de l’emploi.
 
ROLAND SICARD Merci Nadine MORANO.
 
NADINE MORANO Merci.
 
Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 19 décembre 2011