Interview de M. Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche à Europe 1 le 15 décembre 2011, sur les propositions de l'UMP pour l'élection présidentielle 2012.

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Média : Europe 1

Texte intégral

Laurent WAUQUIEZ
 
Europe 1, L’interview – 07h40
 
Jeudi 15 décembre 2011
 
 
BRUCE TOUSSAINT Laurent WAUQUIEZ, qu’est-ce qu’on fait de Rachida DATI ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Honnêtement, à ce stade, le problème n’est même pas, qu’est-ce qu’on fait de Rachida DATI, c’est juste, il y a un minimum d’esprit d’équipe à avoir. On ne s’étale pas et on n’étale pas ses états d’âme dans le Monde, il y a un minimum de solidarité. On peut avoir ses égos, on peut avoir ses ambitions, on peut avoir ses frustrations, mais on n’étale pas ses égos dans la presse, voilà c’est tout. Et puis je me permettrais une deuxième remarque si vous me le permettez, elle est parlementaire européen, je crois qu’en ce moment il y a pas mal d’actualités européennes, est-ce que ce n’est pas plus utile qu’elle s’exprime sur l’Europe, est-ce que le talent qu’elle a et que je lui reconnais, que Catherine NAY souligne avec raison, pourquoi est-ce qu’elle ne l’investit pas un peu plus sur la scène européenne ? Député européen, il y a énormément de choses à faire en ce moment, qu’elle s’exprime dessus.
 
BRUCE TOUSSAINT Le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Laurent WAUQUIEZ est l’invité d’Europe 1 ce matin, qui a dit cette semaine, Laurent WAUQUIEZ, qu’il était pour le patriotisme économique ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Le président de la République.
 
BRUCE TOUSSAINT Oui, pas que lui.
 
LAURENT WAUQUIEZ Jean-Pierre CHEVENEMENT.
 
BRUCE TOUSSAINT Sans doute aussi, moi je vois aussi un Laurent WAUQUIEZ qui aurait déclaré ça.
 
LAURENT WAUQUIEZ Oui, j’essaie de ne pas étaler mes égos moi.
 
BRUCE TOUSSAINT Et un François HOLLANDE et un François HOLLANDE, eh bien vous allez peut-être pouvoir travailler ensemble finalement, vous êtes tous d’accords.
 
LAURENT WAUQUIEZ Mais tant mieux là-dessus, tant mieux. Si jamais, enfin si jamais on arrive à avoir ce sursaut qui est une vraie question, qui est dans la mondialisation, est-ce que tous les produits d’où qu’ils viennent sont égaux pour nous ? Est-ce que la notion de frontière, on l’abolit totalement ? Ou est-ce qu’on essaie de se dire, attention quand j’achète un produit, le but n’est pas seulement que je raisonne consommateur, mais que je raisonne aussi par rapport à mon emploi, qu’est-ce qui permet ou non de fortifier mon emploi ?
 
BRUCE TOUSSAINT Ce n’est pas une façon de culpabiliser le consommateur, qui fait ce qu’il peut ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Non, bien sûr, je suis entièrement d’accord avec ça, mais le piège, c’est quoi précisément ? C’est que les produits chinois nous intoxiquent sur le fait « acheter le moins cher possible d’où que ça vienne, ce n’est pas grave », or on voit bien aujourd'hui que le consommateur européen, il a un défi face à lui, est-ce qu’il est juste consommateur ou est-ce qu’il est aussi salarié ? Et je crois vraiment que là-dessus il est temps de se poser les bonnes questions.
 
BRUCE TOUSSAINT Je ne vais pas vous demander si vous êtes venu dans une voiture française…
 
LAURENT WAUQUIEZ Française.
 
BRUCE TOUSSAINT … parce que ça devient tarte à la crème.
 
LAURENT WAUQUIEZ Vous pouvez y aller et c’est un choix en plus.
 
BRUCE TOUSSAINT Votre offre iPad à un euro, vous étiez venu défendre ça ici au micro de Jean-Pierre ELKABBACH sur Europe 1, ce n’est pas très Made in France, "designé" en Californie, assemblé en Chine.
 
LAURENT WAUQUIEZ Bruce deux remarques…
 
BRUCE TOUSSAINT Vous savez qu’il y a une tablette numérique française qui est fabriquée à Montceau-les-Mines ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Vous savez que un : Je le sais. Deux : La personne qui la fabrique est originaire de chez moi, de haute Loire et trois, nous avons une offre, vous me permettez d’en faire la promotion.
 
BRUCE TOUSSAINT Je vous en prie.
 
LAURENT WAUQUIEZ Qui est avec BOUYGUES et qui vous permet d’acheter une tablette française, et j’ai voulu précisément qu’il y ait une offre avec les tablettes françaises. J’ai même rajouté quelque chose, vous avez une deuxième tablette numérique française qui est QOOQ qui permet aux cuisiniers d’avoir toutes les informations.
 
BRUCE TOUSSAINT Exactement.
 
LAURENT WAUQUIEZ Elle était en Chine, on s’est battu…
 
BRUCE TOUSSAINT Elle est revenue en France.
 
LAURENT WAUQUIEZ Exactement, on l’a fait revenir en France et grâce à quoi ? Grace à notre système d’aide à la recherche et l’innovation et le patron a été génial.
 
BRUCE TOUSSAINT QOOQ à un euro.
 
LAURENT WAUQUIEZ QOOQ c’est, je le dis, achetez les tablettes COOK, c’est des tablettes françaises pour les cuisiniers.
 
BRUCE TOUSSAINT Dans les propositions que vous faites avec la droite sociale, il y a aussi la création d’un fonds souverain français, vous allez inciter les Français à acquérir de la dette souveraine, comment est-ce que ça marche ça ?
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est très simple, aujourd'hui la plupart de notre épargne est investie dans tout sauf des entreprises. On prend par exemple l’assurance vie, 1 500 milliards d’euros, sur ces 1 500 milliards d’euros, il y a une toute petite partie qui est investie dans le soutien aux entreprises et aux PME. Ce qu’on propose, c’est de constituer un vrai fonds souverains français qui puisse être en soutien de notre tissu d’entreprises françaises.
 
BRUCE TOUSSAINT Dans vos propositions, il y a aussi l’idée d’interdire les augmentations des dirigeants d’entreprise qui licencient plus qu’ils n’embauchent pour en finir avec un capitalisme de casino, ça aussi c’est vrai, comment ça marche, il faut une loi ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Très simple oui, il faut une loi. Est-ce que vous savez de combien a augmenté la rémunération des patrons du CAC 40 depuis 2009 ?
 
BRUCE TOUSSAINT Allez-y, 30 %.
 
LAURENT WAUQUIEZ 25 %, bravo.
 
BRUCE TOUSSAINT 25 %.
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est énorme. C’est énorme et surtout c’est sans proportion avec les efforts qui ont été demandés aux salariés dans la crise. Donc avec la vision que défend la droite sociale, il y a notamment cette idée de justice, si des efforts sont demandés, à tout le monde. Mais à ce propos d’ailleurs c’est intéressant de voir ce qui est en train de se tramer autour de la retraite à 60 ans, chez François HOLLANDE. Juste un tout petit mot…
 
BRUCE TOUSSAINT Ca y est la campagne reprend ses droits.
 
LAURENT WAUQUIEZ Ca fait partie quand même des sujets ça.
 
BRUCE TOUSSAINT Oui, on est à quatre mois du premier tour donc allez-y.
 
LAURENT WAUQUIEZ On est d’accord. Donc qu’est-ce que nous avait promis François HOLLANDE ? Retraite, retour à 60 ans pour tout le monde. Qu’est-ce qu’il vient de dire, ah non pardonnez-moi, je n’ai pas été très précis…
 
BRUCE TOUSSAINT Ceux qui ont commencé à bosser à 18 ans, il dit maintenant.
 
LAURENT WAUQUIEZ Voilà uniquement ceux qui ont bossé à 18 ans, avec un double mensonge. Un : Il avait dit si jamais vous avez toutes vos années de cotisations, vous pourrez partir avant, quitte à ce qu’il y ait des décotes. Deux : Il n’avait jamais introduit cette notion de 18 ans. Et donc on a quand même, ce qui est assez fort, un candidat à la présidentielle qui renonce à ses promesses avant même d’être élu. Or ce n’est pas la première fois, sur le nucléaire, même chose, sur les emplois dans la fonction publique même chose, sur les contrats de génération, même chose.
 
BRUCE TOUSSAINT On peut aussi dire que c’est un discours de lucidité, de transparence.
 
LAURENT WAUQUIEZ Moi, mon sentiment surtout, c’est que c’est le discours de quelqu’un qui n’a pas de conviction et qui renonce à ses idées.
 
BRUCE TOUSSAINT Mais enfin le dire au moment où la campagne commence, c’est plutôt courageux non ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Ce qui aurait surtout été courageux, c’est d’avoir le bon diagnostique dès le début. En tout cas ce qui est clair, c’est qu’il n’y a aucun cap.
 
BRUCE TOUSSAINT Je voulais vous poser absolument sur le RSA, on en parlait dans le journal de 7h30 tout à l’heure. Il y a un premier bilan, c’est le rapport du comité national chargé de l’évaluer qui l’a rendu, ça va exactement dans votre sens, vous qui aviez souligné l’assistanat, ce cancer de la société française, le Revenu de Solidarité Active n’a atteint qu’une partie de sa cible. Qu’est-ce qu’on fait Laurent WAUQUIEZ, on arrête le RSA ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Enfin sur le RSA, vous l’avez souligné, c’était un débat qu’on a porté avec la droite sociale qui a été très dur, on s’est heurté beaucoup à du politiquement correct, des déclarations indignées dans tous les sens et puis ce qu’on s’aperçoit avec la distance, c’est que ce qu’on a dit, était juste, c'est-à-dire que dans le RSA, ce qui doit compter le plus, c’est l’activité. Le RSA a amélioré la situation, mais ce qu’il y a de clair aussi, c’est qu’il faut qu’on continue à améliorer le RSA. Et pour moi sur deux choses, d’abord le premier, plus investir sur cette dimension, retour à l’emploi, le social ce n’est pas payer le chèque à la fin du mois, c’est aider les gens à retrouver un emploi. Et la deuxième chose clarifiée, on perd trop de choses quand on passe de l’assistanat au travail, il y a trop d’aides qui sont perdues, la différence revenus d’assistanat, revenus du salariat, elle doit être creusée.
 
BRUCE TOUSSAINT Vous avez des nouvelles de notre triple A ? On l’a toujours là à 7h50 et 35 secondes ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Juste une petite parenthèse là-dessus, l’objectif, ce n’est pas le triple A uniquement.
 
BRUCE TOUSSAINT On l’a toujours ?
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est l’équilibre de notre déficit.
 
BRUCE TOUSSAINT On l’a toujours ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Oui.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 19 décembre 2011