Interview de M. Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche à LCI le 13 décembre 2011, sur les propositions de l'UMP pour l'élection présidentielle de 2012, notamment par rapport aux propositions du PS sur la réforme des retraites.

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Média : La Chaîne Info

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JULIEN ARNAUD Bonjour à tous, l’invité politique de LCI ce matin c'est Laurent WAUQUIEZ, bonjour et merci d’être là. Vous allez nous présenter tout à l’heure en avant première les nouvelles propositions de votre courant la droite sociale, mais d’abord peut-être une réaction à la tribune de Rachida DATI hier dans les colonnes du MONDE, elle parle de faute triste de la part du Premier ministre de vouloir aller sur la même circonscription qu’elle en gros, que pensez-vous de cette petite phrase ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Ecoutez, je vais reprendre un propos qui je crois est cher à Rachida DATI, je regrette l’inflation dans ses propos et dans ses attaques contre François FILLON. En ce moment il y a beaucoup d’actualités européennes, elle est parlementaire européenne, je pense qu’elle serait plus utile de s’exprimer sur ces questions-là.
 
JULIEN ARNAUD Et elle ferait mieux d’y rester, de rester à Bruxelles plutôt que de vouloir aller au palais Bourbon.
 
LAURENT WAUQUIEZ Elle évoque une éthique républicaine, la première étique quand vous a confié un mandat, c'est d’aller jusqu’au bout.
 
JULIEN ARNAUD Il faut peut-être sanctionner aussi non ? Il faut l’exclure de l’UMP ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Ca c’est une question qui est posée à Jean-François COPE, c’est lui qui dirige notre parti et je suis sûr qu’il est en train d’y travailler.
 
JULIEN ARNAUD Mais vous le souhaitez ?
 
LAURENT WAUQUIEZ En tout cas je souhaite que les attaques s’arrêtent parce que ça n’a pas de sens.
 
JULIEN ARNAUD Dominique de VILLEPIN est candidat à la présidentielle, est-ce que sa candidature vous a surpris comme elle visiblement elle a surpris à l’Elysée ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Ecoutez, dans une phase de présidentielle, il y a plusieurs phases, il y a d’abord l’expression d’un certain nombre de candidats, c’est ce qu’a fait Dominique de VILLEPIN et puis ensuite il y a la phase de rassemblement. Moi je reste convaincu que la place de Dominique de VILLEPIN c’est dans notre parti derrière la candidature du président de la République et j’espère que c'est vers ça qu’on s’orientera.
 
JULIEN ARNAUD Ca veut dire que vous pensez comme Marine LE PEN qu’il n’ira pas jusqu’au bout ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Non ça ne veut pas dire ça, ça veut dire que je pense qu’il a du talent et que ce talent peut s’exprimer mieux et qu’il est utile à notre majorité.
 
JULIEN ARNAUD Vous pensez que sa motivation réelle c’est d’embêter Nicolas SARKOZY pour des raisons personnelles plus que politiques ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Non pas du tout, je pense que ça, ce sont des pages qui sont tournées.
 
JULIEN ARNAUD Il y a des problèmes également à gauche, la fédération socialiste du Nord est soupçonnée de certaines malversations, est-ce qu’Arnaud MONTEBOURG a eu raison d’adresser cette lettre, la lettre qu’il a envoyé à Martine AUBRY ou bien est-ce qu’il faut laisser faire la justice là-dessus ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Je voudrais juste m’arrêter deux seconde là-dessus. On a trois fédérations du PS, celle du Nord, celle du Pas-de-Calais et celle des Bouches-du-Rhône qui ont au mieux des pratiques crapoteuses. Ces trois fédérations ne sont pas n’importe quelle fédération, ce sont les fédérations les plus importantes du PS, celles dont tout le monde sait que ce sont elles qui font l’élection du premier secrétaire du PS. François HOLLANDE a été premier secrétaire du PS pendant dix ans et il voudrait nous expliquer maintenant, je ne connais pas ces gens-là. C’est trop facile. Premier secrétaire du PS pendant dix ans et il ne sait pas ce qu’il se passait dans les trois plus grosses fédérations de son parti. Soit il est naïf, soit il est complice. François HOLLANDE était présenté souvent comme l’homme du compromis, sur cette affaire, il s’avère être l’homme des compromissions et je pense qu’il est maintenant urgent qu’il s’explique, trois des plus grosses fédérations du PS qui sont soupçonnées de pratiques crapoteuses et qui remontent y compris à l’époque où lui était premier secrétaire du PS.
 
JULIEN ARNAUD Quand vous dites, soit il est naïf, soit il est complice, en réalité vous ne pensez pas qu’il soit naïf, donc vous pensez qu’il est complice, c'est ça que vous dites ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Je laisse à ce stade le bénéfice du doute et ce qu’il y a de certains, c’est qu’il faut qu’il s’explique. Trois fédérations du PS les plus importantes avec des pratiques extrêmement graves, au mieux, crapoteuses, je ne peux pas croire qu’on se contente de dire, circulez, moi je ne connaissais rien.
 
JULIEN ARNAUD Alors on va parler un petit peu gros sous justement à propos de François HOLLANDE, il a clarifié sa position sur la retraite à 60 ans, il a dit en gros, ceux qui pourront partir à 60 ans sont ceux qui auront cotisé 41,5 annuités et qui ont commencé à 18 ans, ça se chiffre à combien cette mesure exactement ? Lui dit deux milliards.
 
LAURENT WAUQUIEZ Ecoutez, c’est à lui de la chiffrer, mais déjà rien qu’en l’exprimant, vous voyez bien à quel point c’est clair, c’est-à-dire que jusque là François HOLLANDE nous disait moi je reviens à la retraite à 60 ans, alors maintenant il a remis un peu d’eau froide, un peu d’eau chaude, il nous explique, ah bah non, c’est 60 ans pour ceux qui ont commencé à 18 ans, qui ont fait X années d’annuités etc. Tout ça c’est des choix de maître Patelin, tout ça n’est pas clair. On est dans une période qui nécessite de la décision, qui nécessite de la clarté, je crois qu’il est temps que le PS en prenne conscience et surtout François HOLLANDE.
 
JULIEN ARNAUD Alors sur la clarté justement, la dernière fois quand vous êtes venu ici vous nous aviez parlé d’impôt, de fiscalité, vous aviez dit qu’un couple avec trois enfants, si la gauche passait, paierait 3.000 euros en plus avec la réforme fiscale que voulait mettre en place la gauche, sauf que vérification faite auprès de l’économiste de la gauche Thomas PIKETTY, ce serait 2.600 euros en moins parce que vous aviez oublié d’inclure la CSG là dedans. Est-ce que vous avez commis une erreur à ce moment-là de chiffrage ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Rassurez-moi, mais d’ailleurs vous l’avez très bien exprimé, vous l’avez demandé à l’économiste de la gauche, car vous demandez…
 
JULIEN ARNAUD Non c’est LIBERATION qui avait fait ce travail-là.
 
LAURENT WAUQUIEZ Tout à fait, donc LIBERATION qui est un journal très objectif, surtout à droite, demande à l’économiste qui a fait le programme de la gauche si jamais ça aboutit à de l’imposition supplémentaire sur les classes moyennes. Moi je regarde les faits, fiscalité supplémentaire sur l’assurance vie, fiscalité supplémentaire sur l’impôt sur le revenu. Remise en cause d’un certain nombre d’avantage notamment la politique familiale. Je maintiens, le programme du PS c'est de l’imposition supplémentaire sur les classes moyennes et c’est d’ailleurs ce que je dénonce dans mon livre…
 
JULIEN ARNAUD « La lutte des classes moyennes ».
 
LAURENT WAUQUIEZ « La lutte des classes moyennes » sur lequel on dit, attention, le programme du PS c’est un abandon des classes moyennes et des classes populaires.
 
JULIEN ARNAUD Et donc vous montez le chiffre, plus 3.000 euros d’impôts pour un couple avec trois enfants, tout compris, y compris la CSG, la fusion CSG – impôts sur le revenu.
 
LAURENT WAUQUIEZ Tout à fait.
 
JULIEN ARNAUD Les propositions de la droite sociale donc avec la deuxième salve de proposition, on souligne quand dans la première salve vous aviez dénoncé le cancer de l’assistanat, on ne va pas revenir là-dessus, c’est moins spectaculaire ici la deuxième salve, enfin c’est plus consensuel disons, vous visiez plutôt le haut de l’échelle avec notamment une interdiction des augmentations pour les dirigeants qui licencient plus qu’ils n’embauchent sauf que parfois les dirigeants il faut rentabiliser l’entreprise, c'est comme ça que ça fonctionne, rentabiliser ça veut dire, même si les mots sont terribles, dégraisser.
 
LAURENT WAUQUIEZ Ce n’est pas du tout une stigmatisation des grands patrons qui licencient, c'est juste de dire, dans la période actuelle et de crise, s’il y a des efforts, ça doit être des efforts fait par tout le monde. Si vous êtes un grand patron qui est amené à demander des efforts à vos salariés, en diminuant votre masse salariale, en diminuant vos effectifs, alors les efforts il faut les appliquer à vous-même aussi. Si vous regardez depuis 2009, les salaires des grands patrons du CAC 40 ont augmenté en moyenne de 25%, 25% dans la crise, au moment où je ne suis pas sûr et certain que les salariés et les salaires des salariés aient augmenté de 25%. Le signal que veut envoyer la droite sociale c'est, derrière la crise de l’euro, il y a une crise aussi du capitalisme. Un capitalisme qui est marqué par des excès, pas d’équité, pas de justice dans la répartition de la création de valeur, qui est marquée par une dictature du court terme, et par une absence d’équilibre entre d’une part la sphère financée et d’autres part la sphère de l’entreprise.
 
JULIEN ARNAUD Et entre les PME et les grands groupes, vous propos une baisse de la fiscalité pour les PME ; une baisse de l’impôt sur les sociétés ?
 
LAURENT WAUQUIEZ On propose une baisse de l’impôt sur les sociétés, sur les PME et sur les entreprises de taille intermédiaire parce qu’aujourd’hui les grands groupes paient moins de fiscalités que celles-ci. On propose aussi un principe qui n’existe pas en France. En France les grands groupes ne protègent pas les PME. Pourquoi ne pas proposer un principe, un PDG de grand groupe est aussi présent au conseil d’administration d’une PME ou d’une entreprise de taille intermédiaire pour l’accompagner. Et recréons ce lien qui existe en Allemagne entre d’une part les grands groupes et d’autre part les petites entreprises. Et puis on fait une dernière proposition, que la France retrouve sa souveraineté. Notre épargne n’est pas suffisamment dirigée pour venir au soutien de nos entreprises. Un exemple typique c'est l’assurance vie. L’assurance vie est de l’argent qui est investit par les Français mais très court terme, très volatile, qui ne va en direction de nos entreprises. Deuxième exemple, l’épargne salariale, l’épargne salariale peut-être utilisée dans les entreprises à toute autre chose qu’aider les entreprises. On propose d’étoffer ce que le président de la République avait construire, un fonds souverain qui permette de réorienter nos épargne longue des Français en direction du secteur PME, entreprise de taille intermédiaire.
 
JULIEN ARNAUD Nicolas SARKOZY il a relu ses propositions, vous les lui avez proposées en tout cas ?
 
LAURENT WAUQUIEZ C’est une contribution, c’est une contribution de la droite sociale, après c’est évidemment lui qui décide, nous on propose.
 
JULIEN ARNAUD Quand j’ai annoncé sur Twitter que je vous recevais, il y a eu une énorme mobilisation figurez-vous des orthophonistes, une réforme est en cours visiblement de la formation des orthophonistes, le diplôme est scindé en deux et c’est un petit peu technique, mais visiblement c’est un sujet assez sensible…
 
LAURENT WAUQUIEZ Ils ont eu raison de vous twitter.
 
JULIEN ARNAUD Exactement ; Il y aura d’un côté les orthophonistes d’élite entre guillemets si j’ai bien compris et puis des orthophonistes plus généraux pour le tout venant et les orthophonistes disent, c’est une discipline maintenant à deux vitesse et un nivellement vers le bas.
 
LAURENT WAUQUIEZ Alors c’est une réforme sur laquelle on travaille avec Xavier BERTRAND le ministre de la Santé, j’ai reçu la semaine dernière les orthophonistes, notamment dans mon département pour discuter avec eux. Cette réforme a d’abord un objectif, c’est élever vers le haut le niveau de qualité et de reconnaissance des diplômes des orthophonistes. C'est d’abord ça le sujet. Après il y a une inquiétude qui est exprimée par les professions des orthophonistes puisque ce qu’on proposerait c'est un M1 en master 1 avec la possibilité pour les orthophonistes de faire ensuite une spécialité supplémentaire sur un M2.
 
JULIEN ARNAUD Avec un numerus clausus ?
 
LAURENT WAUQUIEZ Le numerus clausus il existe sur un certain nombre de professions mais là ce n’est pas le sujet.
 
JULIEN ARNAUD D’accord.
 
LAURENT WAUQUIEZ Et leur inquiétude c'est de dire attention, on ne veut pas une profession à deux vitesses, on l’a entendu, on va travailler dessus, mais le but de cette réforme, je le redis clairement aux orthophonistes, c’est d’abord d’élever vers le haut le niveau de qualité et de reconnaissance de leur diplôme.
 
JULIEN ARNAUD Donc ça veut dire que vous la maintenez telle quelle.
 
LAURENT WAUQUIEZ Non, ça veut dire qu’on est en train de travailler pour répondre à leurs inquiétudes, je ne veux pas d’une profession à deux vitesses, pas plus que Xavier BERTRAND.
 
JULIEN ARNAUD D’accord, et les discussions sont donc ouvertes. Laurent WAUQUIEZ qui dénonçait ce matin sur LCI les pratiques crapoteuses du PS dont François HOLLANDE aurait peut-être selon vous, entendu parlées un petit peu plus tôt que ces derniers jours. Merci beaucoup.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 20 décembre 2011