Texte intégral
JEAN-JACQUES BOURDIN Nous allons être directs, nous allons faire de la politique et ensuite beaucoup denseignement, pendant cette demi-heure. Beaucoup dEducation. Mais, Luc CHATEL, première question, conférence de presse de Dominique de VILLEPIN tout à lheure, sa candidature est-elle légitime ?
LUC CHATEL Ecoutez, sa candidature est-elle nécessaire à la majorité ? Cest ça la question. Cest la première fois que jentends parler dun rassemblement qui divise, si vous voulez, cest un peu un nouveau concept, on veut rassembler, mais, de facto, on divise. Et, en politique
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc elle est illégitime ?
LUC CHATEL Ce nest pas une question de légitimité, cest une question de savoir ce quon peut apporter à la majorité, à ses idées. Je ne suis pas sûr que la candidature de Dominique de VILLEPIN apporte, aujourdhui, quelque chose. Et, vous savez, en politique, il ne suffit pas dêtre solitaire, je conseillerai à Dominique de VILLEPIN de rebaptiser son mouvement, qui sappelle République Solidaire, République Solitaire. Il ne sagit pas être seul, il faut rassembler, il faut réunir, il faut faire passer des messages dans lopinion, et aujourdhui, dans un moment de crise, on a besoin de serrer les coudes. Et je pense quaujourdhui on a la chance davoir Nicolas SARKOZY à la tête du pays, qui a fait face à la crise, qui est courageux, qui résiste, qui permet à notre pays dexister sur la scène internationale, eh bien cest important de se rassembler derrière lui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais, il y a un risque dun 21 avril à lenvers ? Franchement, sincèrement.
LUC CHATEL Sincèrement je ne crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN Parce que certains lont dit, à lUMP.
LUC CHATEL Oui. Dabord je ne suis pas sondeur, je ne suis pas prévisionniste, je ne suis pas commentateur.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, non, mais je vous pose la question.
LUC CHATEL Ce que je crois cest que, aujourdhui Nicolas SARKOZY est à même de rassembler derrière lui, compte tenu à la fois de son bilan et de lespoir quil porte, lorsquil sera candidat, une part importante de Français, dès le premier tout.
JEAN-JACQUES BOURDIN Sil y avait 21 avril à lenvers, imaginons, imaginons que vous vous retrouviez avec François HOLLANDE et Marine LE PEN, vous faites quoi ?
LUC CHATEL Mais on nest pas
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous votez pour qui ?
LUC CHATEL Je ne fais pas de politique fiction moi, Jean-Jacques BOURDIN.
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, vous nen faites pas ?
LUC CHATEL Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc là vous ne vous prononcez pas ?
LUC CHATEL Non.
JEAN-JACQUES BOURDIN Daccord. Luc CHATEL, nous verrons, si jamais ce cas se produit, ce que vous ferez
LUC CHATEL Voilà, vous me réinviterez, mais comme ça ne se produira pas
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça ne se produira pas ?
LUC CHATEL Vous minviterez quand même.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais ça ne se produira pas ?
LUC CHATEL Je ne crois pas.
JEAN-JACQUES BOURDIN Luc CHATEL, François HOLLANDE pouvait-il ignorer les dysfonctionnements financiers de la fédération socialiste du Pas-de- Calais ?
LUC CHATEL Je ne crois pas. Je ne crois pas, et, si vous voulez, ça minterpelle, parce que
JEAN-JACQUES BOURDIN C'est-à-dire quil a menti ? Il ment lorsquil dit « je ne savais pas » ?
LUC CHATEL Il ne décide pas. Si vous voulez
JEAN-JACQUES BOURDIN Attendez. Est-ce quil ment, puisque vous ne croyez pas, vous ne le croyez pas ?
LUC CHATEL Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous le croyez ou vous ne le croyez pas ?
LUC CHATEL Mais laissez-moi terminer, laissez-moi répondre.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
LUC CHATEL François HOLLANDE cest lhomme qui décide de ne pas décider, on a limpression quil ne décide de rien. Il décide de rien sur le fond, il est pour la règle dor, mais parce que cest Nicolas SARKOZY qui le propose, il est contre, donc finalement on ne fait rien. Il est pour un accord avec les Verts, mais il saperçoit que cest une bêtise, donc au total personne ny comprend rien, et il ne décide de rien. Il a été 10 ans secrétaire du Parti socialiste, et il ne décide de rien, sur le fonctionnement de la fédération des Bouches-du-Rhône, ou le fonctionnement de la fédération du Pas-de- Calais. Qui dénonce cette situation ?
JEAN-JACQUES BOURDIN « Je ne savais pas », cest ce quil dit. Vous le croyez ou vous ne le croyez pas ?
LUC CHATEL Mais écoutez, cest très inquiétant. Un premier secrétaire qui ne sait pas ce qui se passe dans son propre parti !
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, vous ne le croyez pas ?
LUC CHATEL Moi je serai les Français comment voulez-vous faire confiance à quelquun qui dit quil a été responsable dun parti politique pendant 10 ans et qui ne sait pas ce qui se passait à lintérieur ? Vous avez envie de lui confier les clés de la Maison France ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais je vous pose la question, est-ce que vous le croyez ou pas, lorsquil dit « je ne savais pas » ?
LUC CHATEL Ecoutez, moi je doute du fait quil puisse ne pas savoir de telles choses, voilà.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc il ment. A vos yeux il ment.
LUC CHATEL Et jobserve que les critiques viennent de son propre camp. Vous savez, cest ceux qui connaissent le mieux François HOLLANDE qui le décrivent le mieux. Rappelez-vous des critiques de Ségolène ROYAL, disant précisément que Monsieur HOLLANDE navait jamais rien décidé de sa vie, et lisez en ce moment les critiques de monsieur MONTEBOURG qui, si je ne mabuse, a été le principal soutien, principal ralliement, de monsieur HOLLANDE entre les deux tours.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Ce ne serait pas une catastrophe si nous perdions le triple A, si la France perdait le triple A, cest ce qua dit hier le président de la République. Ce ne serait pas une catastrophe, alors quon sest accroché depuis des mois à ce triple A ?
LUC CHATEL Ce qui est une catastrophe cest létat de nos finances publiques, voilà. Donc nous ne voulons pas rétablir, nous ne maîtrisons pas nos dépenses et nous nengageons pas des efforts budgétaires, à cause du triple A, nous lengageons pour rétablir léquilibre de nos finances publiques et pour faire en sorte que nos pays se désendettent. Ensuite, le triple A, cest la conséquence de tout ça. Il faut remettre les choses dans le bon ordre, Jean-Jacques BOURDIN, parce que jentends depuis hier dire, « on ne comprend plus rien », « finalement on est prêt à perdre le triple A », non, ce nest pas le sujet. Le sujet cest de désendetter la France.
JEAN-JACQUES BOURDIN Pardon, mais pendant des semaines les responsables politiques, parfois de tous bords, nous ont dit, attention, si nous perdons notre triple A cest très mauvais pour la France
LUC CHATEL Oui.
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest catastrophique jai entendu cela. Ce nest pas une bonne nouvelle.
LUC CHATEL Mais ce nest pas une bonne nouvelle, pourquoi ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais à quoi ont servi tous ces plans daustérité ? Je me mets à la place du public, à quoi servent tous ces plans daustérité si cest pour perdre ce fameux triple A, franchement ?
LUC CHATEL A faire des économies, Jean-Jacques BOURDIN. Ça fait 30 ans que lEtat vit au dessus de ses moyens, ça fait 30 ans que chaque année on dépense un tiers de plus quon ne reçoit dans le budget de lEtat. Aujourdhui il y a 20 000 euros je suis ministre de lEducation nationale, chaque élève dans nos classes, il a 20 000 euros de dette sur la tête, donc ça suffit, on ne peut plus continuer. Donc, tous les plans que nous avons engagés, ils visent à réduire la dépense publique, et ils visent à désendetter lEtat. Ensuite, il y a une appréciation extérieure qui est faite par des agences de notation, mais cest indépendant de tout cela. Alors, bien sûr, si on perd le triple A, ça a des conséquences, notamment quon va emprunter plus cher, on, c'est-à-dire lEtat, c'est-à-dire peut-être les banques, c'est-à-dire vous, moi je suis maire de Chaumont, les collectivités locales donc oui, ce nest pas une bonne nouvelle. Mais simplement, la politique que nous portons, elle est dabord pour baisser les déficits et baisser la dette, redresser les finances publiques, cest ça le sujet.
JEAN-JACQUES BOURDIN Combien délèves dans nos classes à la rentrée 2011, Luc CHATEL ?
LUC CHATEL Ça dépend si cest en primaire, en secondaire.
JEAN-JACQUES BOURDIN Globalement.
LUC CHATEL Globalement, 12 millions délèves.
JEAN-JACQUES BOURDIN 12 millions délèves. Plus que lannée précédente ou pas ?
LUC CHATEL Alors on a le même nombre délèves
JEAN-JACQUES BOURDIN Je vous dis ça parce quon a peu de chiffres.
LUC CHATEL Non, on a tout à fait les chiffres.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous avez toutes les statistiques ?
LUC CHATEL Nous pensions avoir 20 000 élèves de plus dans le primaire et au total on est à zéro dans le primaire, ça veut dire quil ny a pas dévolution délèves, et il doit y avoir 25 000 élèves de plus dans le second degré.
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça cest la rentrée 2011 ?
LUC CHATEL 2011.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et pour 2012, que prévoyez-vous ?
LUC CHATEL Pour 2012 on na pas encore les prévisions définitives, mais on devrait avoir une légère augmentation. JEAN-JACQUES BOURDIN Et vous allez poursuivre la suppression de ou le non-remplacement de postes dans lenseignement ?
LUC CHATEL Alors oui, nous ne remplaçons pas la moitié des professeurs qui partent en retraite, c'est-à-dire 14 000 postes en 2008, en 2012 pardon, dans le budget 2012, qui vient dêtre présenté au Parlement
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc, 2012, 14 000 postes en moins, à la rentrée prochaine.
LUC CHATEL Cest ça, 14 000 postes en moins, mais nous allons embaucher cette année 16 à 17 000 personnes. Je rappelle que lEducation nationale, premier employeur de lEtat, est aussi le premier recruteur.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais globalement, vous avez 14 000 postes en moins.
LUC CHATEL Oui, et à la rentrée 2012, au total, il y aura plus de professeurs quil ny en avait il y a 20 ans, dans le système éducatif, alors quil y a moins délèves. C'est-à-dire que le taux dencadrement aujourdhui, le nombre délèves par classe, il est meilleur quil était il y a 20 ans. Donc on voit bien que le sujet nest pas les moyens, les moyens ils existent, la France elle investit 7% de son produit intérieur brut dans lEducation, et cest 80% de plus par élève quen 1980, donc les moyens ils sont là. Le sujet cest plus la répartition de ces moyens, la capacité quon a à différencier pour faire plus là où il y a le plus de besoins, cest ça la question.
JEAN-JACQUES BOURDIN Luc CHATEL, journée de mobilisation dans lEducation nationale jeudi, on va en parler dans 2 minutes, à propos de lévaluation des enseignants. A tout de suite. [Deuxième partie interview]
JEAN-JACQUES BOURDIN Luc CHATEL, vous souhaitez que les enseignants soient évalués par leur chef détablissement, en fonction des résultats quils obtiennent. On est daccord !
LUC CHATEL Oui, nous voulons faire évoluer le système dévaluation des enseignants, qui est archaïque, qui est dune autre époque et qui finalement nest pas incitatif, pour les enseignants et ne valorise pas leur engagement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors les syndicats sont contres, opposés et vous demandent de retirer ce projet de décret.
LUC CHATEL Alors dabord les syndicats au sens large, ne sont pas contre. Un certain nombre dorganisations syndicales
JEAN-JACQUES BOURDIN Un certain nombre appelle à une mobilisation, jeudi.
LUC CHATEL A une mobilisation jeudi. Et dautres syndicats, je prends par exemple la CFDT a accepté de signer un accord de méthode avec moi, avec le ministère pour travailler sur ce sujet. Donc on voit bien que cest un sujet qui
JEAN-JACQUES BOURDIN Qui mobilise ou pas ?
LUC CHATEL Qui mobilise, dans quel sens ?
JEAN-JACQUES BOURDIN Je ne sais pas ! Qui mobilise les enseignants selon vous, ou pas ?
LUC CHATEL Ecoutez, nous verrons jeudi. Les premières estimations que nous avons de la mobilisation de jeudi, dans le premier degré, puisque les enseignants doivent se déclarer 48 heures avant, tourneraient autour de 8,5 % de mobilisation dans le premier degré, jeudi. Voilà ! Donc ça veut dire, quil y aurait jeudi, plus de 90 % denseignants qui travailleront. Ce que je veux dire, cest que le sujet est moins celui-là, que de réfléchir à la méthode, au calendrier, sur un sujet qui est capital. Aujourdhui, les enseignants sont évalués en moyenne tous les 7 ans. Ce nest pas valorisant pour eux. Vous avez, ça se passe à travers une inspection surprise, pendant une heure de cours, où tout ça est très artificiel finalement.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc le chef détablissement, évaluera la compétence de lenseignant ?
LUC CHATEL Lidée, cest quon donne des responsabilités je le dis
JEAN-JACQUES BOURDIN La qualité de son travail.
LUC CHATEL Je le dis, ce nest pas un gros mot, de management aux chefs détablissement. Nous voulons des établissements, des lycées et des collèges plus autonomes, avec à leur tête, un chef détablissement qui ait des responsabilités. Et lune dentre elle, cest danimer son équipe. Donc dévaluer les enseignants. Alors bien sûr, je ne souhaite pas que le chef détablissement évalue seul, un enseignant. Prenons lexemple par exemple dun proviseur qui est un ancien CPE, un ancien surveillant ou professeur dEducation physique. Comment évaluer un agrégé de mathématiques ? Eh bien naturellement, le chef détablissement, doit sentourer de compétences. Evidemment des compétences de linspection, des corps dinspection qui sont compétents pour cela. Mais cest comme dans une entreprise, Jean-Jacques BOURDIN, le DRH dans une entreprise, quand il évalue un collaborateur, sil évalue un ingénieur, il va sentourer des compétences du directeur technique qui va apporter un avis et à la fin, il y aura un avis global, qui tiendra compte de toutes ces compétences.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors lUMP réfléchit aux questions déducation, évidemment, et fait des propositions. Vous allez me dire ce que vous en pensez ! Le chef détablissement choisirait ses équipes, choisirait ses enseignants, vous êtes favorable ou pas ?
LUC CHATEL Nous le faisons, jai voulu lexpérimenter dans 300 collèges.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous allez létendre ou pas ?
LUC CHATEL Aujourdhui, nous avons le dispositif « Eclair » dans 300 collèges difficiles
JEAN-JACQUES BOURDIN Ca marche ou pas ?
LUC CHATEL Cest la deuxième année, que nous avons lancé.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, alors est-ce que ça fonctionne bien ou pas ?
LUC CHATEL Ça monte en puissance, nous navons pas encore de, cest trop tôt pour avoir un bilan global au bout de
JEAN-JACQUES BOURDIN Pas de bilan ?
LUC CHATEL Non ! Au bout dun an, Jean-Jacques BOURDIN, il faut du temps dans lEducation nationale. Dans ces établissements
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais vous souhaitez létendre, vous souhaitez le généraliser ?
LUC CHATEL Dans ces établissements, on a demandé aux enseignants de sengager sur 5 années, de présence. Pour avoir une continuité des équipes éducatives. Donc au bout de 14 mois, je ne peux pas vous faire un bilan de cette opération. Simplement oui, je pense que ça va dans la bonne direction. Pourquoi ? Parce que dans les évaluations que nous regardons au niveau international, on saperçoit que les pays qui ont donné davantage dautonomie aux établissements scolaires réussissent mieux que dautres.
JEAN-JACQUES BOURDIN Autonomie financière aussi ?
LUC CHATEL Faire confiance, oui, marge de manoeuvre financière. Vous savez quaujourdhui, avec la réforme du lycée, jai voulu que les lycées, les chefs détablissement, les proviseurs aient environ un quart de marge de manoeuvre dans ce quon appelle, leur dotation horaire. C'est-à-dire quils sont responsables du quart de leurs heures professeurs dans leur établissement pour les répartir en fonction des besoins.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce quun chef
LUC CHATEL Cest une preuve de confiance et une autonomie, une marge de manoeuvre importante
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce quun chef détablissement pourrait ne pas être issu de lEducation nationale ?
LUC CHATEL Je nai pas ça en tête, pour linstant.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je dis ça, parce que lUMP réfléchit à cette idée-là ?
LUC CHATEL Oui, mais il a le droit de réfléchir. Cest bon de réfléchir. Moi, je me félicite que lEducation nationale
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien sûr, mais imaginons un chef détablissement, un proviseur de lycée qui ne serait pas issu de lEducation nationale, pourquoi pas !
LUC CHATEL Alors pourquoi pas ! Si il passe par une formation
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous y seriez favorable ou pas ?
LUC CHATEL Pourquoi pas ! Sil passe par une formation qui reste à définir. Moi, à mon sens, cest important de connaître les métiers.
JEAN-JACQUES BOURDIN C'est-à-dire quil serait chef dentreprise, patron dun lycée comme peut être patron dune filiale
LUC CHATEL Ecoutez, on peut réfléchir à tout. Dabord 1, ce nest pas dans mes cartons dans les 4 mois qui viennent. Et deuxièmement
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais ça peut être une idée défendue par le président de la République ?
LUC CHATEL Je nen sais rien. Vous lui demanderez quand si il est candidat.
JEAN-JACQUES BOURDIN Quand il interviendra oui.
LUC CHATEL Ce que je constate, cest que cest important quand même de bien connaître le métier. Deuxièmement, sil y a des passerelles qui peuvent exister, moi, je suis favorable à ce quil y ait des aller/retour et des passerelles entre lEducation nationale et dautres métiers. Simplement, il faut bien veiller aux parcours de formation continu et permanente, à la formation de ces personnes qui pourraient rejoindre lEducation nationale.
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien ! Quel est le niveau des élèves français ? Franchement ! Parce que jai limpression quon ne le connait pas.
LUC CHATEL Si on le connaît !
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous nous dites, au ministère de lEducation nationale, ce niveau saméliore, et toutes les enquêtes internationales nous disent que le niveau ne saméliore pas.
LUC CHATEL Dabord je ne dis pas en permanence, le niveau saméliore.
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce quil saméliore ou pas ?
LUC CHATEL Je vais vous dire, jamais on a aussi bien connu le niveau de nos élèves. Nous avons et, si vous voulez, je ne peux pas laisser dire que le ministère pas des évaluations.
JEAN-JACQUES BOURDIN Jai lu ça.
LUC CHATEL Cest un mauvais procès. Mauvais procès dintention.
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors je vois, évaluation des internats dexcellence, pas de bilan. Vision du collège par les parents, pas de bilan. Niveau de lecture en 6ème, pas de bilan. Mutation des profs, pas de bilan. Evaluation des collèges qui expérimentent le sport laprès-midi, pas de bilan.
LUC CHATEL Alors, je vais répondre à tout cela. Dabord jai été le ministre qui a voulu publier, en 2009, la liste de toutes les études, chaque année, qui sont réalisées par la Direction des études et la prospective du ministère, donc en début dannée nous annonçons la couleur, en disant voilà, nous allons réaliser des études dans tel ou tel domaine. Transparence totale. Deuxièmement, jai été le premier ministre de lEducation nationale à assumer les tests internationaux PISA, qui ne sont pas très brillant, Jean- Jacques BOURDIN. Jai été le premier, le jour même
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, pour les élèves français, pour lenseignement français.
LUC CHATEL A faire une conférence de presse, à les présenter dans leur totalité, et à alerter lopinion en disant regardez, la cinquième puissance économique mondiale est à la 22ème, au 26ème rang, dans les classements de son système éducatif. Jentends beaucoup monsieur Jack LANG se targuer de ce quil a fait, je ne lai jamais vu, à lépoque, assumer les résultats des enquêtes internationales. Nous venons de publier lenquête CEDRE, chère aux socialistes, et qui existe dans lEducation nationale depuis plusieurs années, la dernière date de 2003, celle que nous venons de publier est de 2009, eh bien nous avons un progrès, oui. Quand ça marche, on a le droit de le dire aussi
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien sûr.
LUC CHATEL Nous avions 15% délèves qui passaient en 6ème en ne maîtrisant pas la lecture, ils sont aujourdhui 13%, donc il y a un frémissement. Donc nous publions tout, et si jentends ici ou là quil y a moins de notes quavant, cest tout simplement parce quà lépoque monsieur TELLO, dans LE MONDE, indique quil y aurait moins de notes publiées par la Direction de la prospective, il oublie une chose, cest quà lépoque il y avait toute une part de ces notes qui était réservée à lEnseignement supérieur. Donc aujourdhui, pour le scolaire, on publie le même nombre détudes, ou de notes. Il ny a jamais eu autant de transparence dans le système éducatif.
JEAN-JACQUES BOURDIN Examen dentrée, en 6ème
LUC CHATEL Je ny suis pas favorable.
JEAN-JACQUES BOURDIN Cest Jean-François COPE qui défend cette idée.
LUC CHATEL Je sais, mais nous avons un désaccord sur ce point.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous ny êtes pas favorable ?
LUC CHATEL Nous sommes à la fois amis, nous avons beaucoup de points de convergence, mais sur ce point nous sommes en désaccord.
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous nêtes pas daccord avec ça ?
LUC CHATEL Non, je ne suis pas daccord, parce que, si vous voulez
JEAN-JACQUES BOURDIN Pourquoi ?
LUC CHATEL Parce que pour moi cest le contraire de lesprit du socle commun de connaissances et de compétences de la loi de 2005, qui prévoit un apprentissage des fondamentaux progressif, palier par palier. Et donc, rétablir cette entrée en 6ème, cest contraire à cela à mon sens. Chaque élève a son rythme, et on valide au fur et à mesure lacquisition des connaissances. Ensuite, deuxièmement, on fait quoi des élèves qui ne passent pas lexamen ? On va les laisser dans les classes de primaire, on les fait redoubler ? Voilà. Donc je ne suis pas favorable. On en a parlé 50 fois avec Jean-François COPE, et je ny suis pas favorable.
JEAN-JACQUES BOURDIN Je terminerai avec lenseignement professionnel, parce que je sais les inquiétudes autour de lenseignement professionnel, cest difficile denseigner dans le professionnel. 800 000 élèves en alternance, si jai bien compris, en apprentissage cest pareil, dici 2015, cest ce qua promis Nicolas SARKOZY. Oui, mais vous allez trouver les stages où ?
LUC CHATEL Tous dispositifs dalternance confondus, c'est-à-dire CFA et lycées professionnels.
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, tous dispositifs, mais vous allez trouver les stages où ?
LUC CHATEL Alors, nous venons de lancer, avec lONISEP, un dispositif qui sappelle « Mon stage en ligne », c'est-à-dire un site Internet, donc jappelle tous les élèves qui vont avoir à faire un stage dans un lycée professionnel prochainement, à aller sur ce site, monstageenligne.fr, qui permet de mettre en relation des professeurs ou des élèves avec des entreprises de votre région, pour les accueillir pendant leurs stages.
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais à partir de quel âge ? 14 ou 16 ans ?
LUC CHATEL Alors, cest en lycée professionnel, donc cest à partir de après 14 ans, après lorientation, donc qui a lieu en fin de 3ème.
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc pas à 14 ans, parce que lapprentissage à 14 ans. Oui, non ?
LUC CHATEL Alors, la loi CHERPION lautorise dorénavant. Moi je suis favorable si vous voulez
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous êtes favorable ?
LUC CHATEL Je suis favorable à des pré-orientations lorsque cest nécessité par le fait quun élève ne se sent pas à laise dans le cycle normal. Si vous voulez, on parle beaucoup du collège unique, je crois quil faut quon passe du collège unique au collège pour chacun, c'est-à-dire 100% dune génération au collège, cest une grande avancée, mais il ne faut pas au moment où on parle personnalisation des parcours, cest la politique que nous poursuivons, cest la personnalisation lEducation nationale, il ne faut pas la même chose pour tout le monde. Donc si un élève, à partir même de la 4ème, commence à décrocher, commence à ne plus être à laise en cours, si on peut lui proposer un parcours différencié qui le prépare à des métiers professionnels, cest une bonne chose. Simplement il ne faut pas lorienter pour la vie, à 13 ans ou à 14 ans.
JEAN-JACQUES BOURDIN Et lentreprise ne se substituera pas à lEducation nationale ?
LUC CHATEL Non, elle est complémentaire. Vous savez, les relations se sont bien améliorées entre les entreprises et lEducation nationale, dabord parce quil y a beaucoup denseignants qui travaillent en étroite relation avec les entreprises de leur bassin de vie, ensuite parce que jai introduit léconomie obligatoire pour tous au lycée, je pense que cest une vraie avancée, donc il y a des progrès en la matière.
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci Luc CHATEL dêtre venu nous voir ce matin.
LUC CHATEL Merci à vous.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 20 décembre 2011