Texte intégral
Q - Parlons de la Syrie. Vous avez rappelé notre ambassadeur, là-bas, en Syrie. Que dites-vous ce matin au pouvoir syrien ?
R - Ca suffit ! La répression brutale, sauvage, qui est exercée depuis des mois et des mois ne peut plus continuer. Il y a eu plus de 3.500 morts. 20.000 prisonniers ; la torture est pratiquée, y compris sur des jeunes, voire sur des adolescents.
Cela ne peut plus durer ; nous le disons depuis longtemps. Nous avons demandé dabord au régime syrien de faire des réformes ; nous navons jamais été entendus et, ce qui est important - cest un véritable tournant dans la situation en Syrie -, cest que les pays voisins ont pris conscience quon ne pouvait plus faire confiance à Bachar el-Assad. La Ligue arabe sest prononcée en suspendant la Syrie de son organisation. Hier encore, à Rabat, on a donné trois jours à Bachar el-Assad pour appliquer le programme quil avait accepté, sinon des sanctions seront prises par la Ligue arabe. Je crois que ce tournant est très important. La Turquie a aussi considérablement durci
Q - oui, vous partez en Turquie dailleurs tout à lheure pour parler de cela
R - exactement.
Q - évidement, avec le Premier ministre turc, entre autres.
R - Exactement. Cette pression des pays de la région est extrêmement importante et je pense quelle est de nature à faire bouger le régime.
Q - Allez-vous reconnaître officiellement le Conseil national syrien ?
R - Il faut quil sorganise dabord. Pour linstant, cest une institution qui nen est pas vraiment une.
Q - Cest trop tôt ?
R - On nous a reproché de reconnaître le Conseil national de transition en Libye un peu trop tôt. On a des contacts avec le Conseil national syrien. Jai rencontré, à Paris, M. Ghalioune qui est le président, entre guillemets, de ce Conseil national syrien. En tout cas, nous les aidons, nous avons des contacts avec eux, et nous les encourageons à sorganiser.
Q - Est-ce quune intervention internationale militaire est possible aujourdhui en Syrie ?
R - Je ne crois pas. Je sais quon nous le reproche parfois ; on nous a dit : «pourquoi ne faites-vous pas en Syrie ce que vous avez fait en Libye ?»
Q - Ce que vous avez fait en Libye.
R - La situation est différente, lenvironnement international est différent ; et puis, surtout, il est hors de question de sengager dans une intervention militaire sans mandat des Nations unies. Nous respectons le droit international. Et on naura pas ce mandat car la Russie continue à sy opposer. En revanche, nous allons
Q - vous préparez un projet de résolution à lONU.
R - Oui, vous avez raison, mais à lAssemblée générale.
Q - Que contient ce projet de résolution ?
R - Eh bien, cest un projet de résolution qui demande larrêt de la répression et un processus de réformes. LAssemblée générale ne peut pas décider de sanctions, mais je crois que si elle est adoptée à une large majorité, cette résolution aura un poids politique considérable vis-à-vis du régime.
( )
Q - Parlons de ce qui sest passé à Gaza avec le Consul de France qui a été blessé, ainsi que sa femme et sa fille. Les observateurs trouvent que la France a tardé un petit peu à réagir
R - Non. Nous avons réagi immédiatement auprès du gouvernement israélien.
Q - Ce sont des raids israéliens qui ont blessé le Consul et sa famille.
R - Absolument, ce sont les raids israéliens. Nous avons exprimé notre condamnation et nous avons demandé que la protection de nos représentants à Gaza soit respectée. Vous savez que la France est présente à Gaza et quelle procure aux Palestiniens une aide humanitaire et culturelle. Nous tenons à ce que nos représentants soient respectés à Gaza et nous lavons dit aux autorités de Jérusalem.
Q - LAfghanistan. Combien de morts inutiles encore en Afghanistan ?
R - «Inutiles», est-ce que cest vraiment inutile ?
Q - Oui, est-ce que cest inutile ?
R - Dabord, je voudrais saluer le courage et le professionnalisme de nos soldats. Ils assument la mission que leur a donnée le chef de lÉtat, et le gouvernement. Et je pense que le devoir de la Nation, cest de les soutenir. Je ne pense pas que ce quils font soit inutile, parce quils défendent un certain nombre de valeurs qui sont les nôtres, ainsi que nos intérêts. Nous navons pas intérêt à ce que lAfghanistan devienne ou redevienne un nid de terroristes ; cest cela qui est en jeu en Afghanistan. Nous avons donc une stratégie très cohérente en Afghanistan. Nous avons annoncé que peu à peu nous allons nous retirer en passant le flambeau à larmée afghane. Nous avons déjà retiré 400 hommes, il y a quelques semaines. Nous allons continuer dans certaines régions dAfghanistan.
Q - Et pourquoi ne pas accélérer ce retrait ?
R - Parce que ce serait un signe de panique, et je crois quil faut garder son sang-froid.
Q - Dautres pays lont fait.
R - Dautres pays lont fait, mais selon un plan que nous avons adopté. Lobjectif cest de retirer la totalité du dispositif en 2014 ; cest ce que nous ferons au moment où larmée afghane sera véritablement prête. Si nous le faisons de façon précipitée, à un moment où les Afghans nont pas encore la capacité de prendre le relais, nous risquons de provoquer le chaos.
Q - Pensez-vous que tous les insurgés en Afghanistan sont des terroristes ?
R - Je ne sais pas répondre à cette question. Je sais quil y a des terroristes parmi eux en tout cas.
( )
Q - Quest-ce qui vous inquiète aujourdhui ? Lécart de taux demprunt entre la France et lAllemagne, par exemple, qui se creuse ?
R - Ils se sont creusés, cest un mauvais signe. Il faut donc réagir et cest la raison pour laquelle le gouvernement, à deux reprises, a pris des mesures pour stopper
Q - Il y a urgence là ?
R - Bien sûr quil y a urgence. Il y a urgence française, mais il y a urgence européenne. La France a fait ce quelle devait faire ; nous avons très clairement indiqué que nous prendrions toutes les mesures pour ne pas déraper. Nous avons un objectif - ce sont des chiffres qui ne disent pas grand chose à limagination mais qui sont importants - 3% de la richesse nationale en 2013 et 0% en 2016. Sur le plan européen, il y a aujourdhui un risque grave et cest la raison pour laquelle il faut que nous arrivions à construire ce quon appelle maintenant un pare-feu, ou un mur de protection, pour éviter la contagion ; nous y travaillons darrache-pied avec lAllemagne.
( ).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 novembre 2011
R - Ca suffit ! La répression brutale, sauvage, qui est exercée depuis des mois et des mois ne peut plus continuer. Il y a eu plus de 3.500 morts. 20.000 prisonniers ; la torture est pratiquée, y compris sur des jeunes, voire sur des adolescents.
Cela ne peut plus durer ; nous le disons depuis longtemps. Nous avons demandé dabord au régime syrien de faire des réformes ; nous navons jamais été entendus et, ce qui est important - cest un véritable tournant dans la situation en Syrie -, cest que les pays voisins ont pris conscience quon ne pouvait plus faire confiance à Bachar el-Assad. La Ligue arabe sest prononcée en suspendant la Syrie de son organisation. Hier encore, à Rabat, on a donné trois jours à Bachar el-Assad pour appliquer le programme quil avait accepté, sinon des sanctions seront prises par la Ligue arabe. Je crois que ce tournant est très important. La Turquie a aussi considérablement durci
Q - oui, vous partez en Turquie dailleurs tout à lheure pour parler de cela
R - exactement.
Q - évidement, avec le Premier ministre turc, entre autres.
R - Exactement. Cette pression des pays de la région est extrêmement importante et je pense quelle est de nature à faire bouger le régime.
Q - Allez-vous reconnaître officiellement le Conseil national syrien ?
R - Il faut quil sorganise dabord. Pour linstant, cest une institution qui nen est pas vraiment une.
Q - Cest trop tôt ?
R - On nous a reproché de reconnaître le Conseil national de transition en Libye un peu trop tôt. On a des contacts avec le Conseil national syrien. Jai rencontré, à Paris, M. Ghalioune qui est le président, entre guillemets, de ce Conseil national syrien. En tout cas, nous les aidons, nous avons des contacts avec eux, et nous les encourageons à sorganiser.
Q - Est-ce quune intervention internationale militaire est possible aujourdhui en Syrie ?
R - Je ne crois pas. Je sais quon nous le reproche parfois ; on nous a dit : «pourquoi ne faites-vous pas en Syrie ce que vous avez fait en Libye ?»
Q - Ce que vous avez fait en Libye.
R - La situation est différente, lenvironnement international est différent ; et puis, surtout, il est hors de question de sengager dans une intervention militaire sans mandat des Nations unies. Nous respectons le droit international. Et on naura pas ce mandat car la Russie continue à sy opposer. En revanche, nous allons
Q - vous préparez un projet de résolution à lONU.
R - Oui, vous avez raison, mais à lAssemblée générale.
Q - Que contient ce projet de résolution ?
R - Eh bien, cest un projet de résolution qui demande larrêt de la répression et un processus de réformes. LAssemblée générale ne peut pas décider de sanctions, mais je crois que si elle est adoptée à une large majorité, cette résolution aura un poids politique considérable vis-à-vis du régime.
( )
Q - Parlons de ce qui sest passé à Gaza avec le Consul de France qui a été blessé, ainsi que sa femme et sa fille. Les observateurs trouvent que la France a tardé un petit peu à réagir
R - Non. Nous avons réagi immédiatement auprès du gouvernement israélien.
Q - Ce sont des raids israéliens qui ont blessé le Consul et sa famille.
R - Absolument, ce sont les raids israéliens. Nous avons exprimé notre condamnation et nous avons demandé que la protection de nos représentants à Gaza soit respectée. Vous savez que la France est présente à Gaza et quelle procure aux Palestiniens une aide humanitaire et culturelle. Nous tenons à ce que nos représentants soient respectés à Gaza et nous lavons dit aux autorités de Jérusalem.
Q - LAfghanistan. Combien de morts inutiles encore en Afghanistan ?
R - «Inutiles», est-ce que cest vraiment inutile ?
Q - Oui, est-ce que cest inutile ?
R - Dabord, je voudrais saluer le courage et le professionnalisme de nos soldats. Ils assument la mission que leur a donnée le chef de lÉtat, et le gouvernement. Et je pense que le devoir de la Nation, cest de les soutenir. Je ne pense pas que ce quils font soit inutile, parce quils défendent un certain nombre de valeurs qui sont les nôtres, ainsi que nos intérêts. Nous navons pas intérêt à ce que lAfghanistan devienne ou redevienne un nid de terroristes ; cest cela qui est en jeu en Afghanistan. Nous avons donc une stratégie très cohérente en Afghanistan. Nous avons annoncé que peu à peu nous allons nous retirer en passant le flambeau à larmée afghane. Nous avons déjà retiré 400 hommes, il y a quelques semaines. Nous allons continuer dans certaines régions dAfghanistan.
Q - Et pourquoi ne pas accélérer ce retrait ?
R - Parce que ce serait un signe de panique, et je crois quil faut garder son sang-froid.
Q - Dautres pays lont fait.
R - Dautres pays lont fait, mais selon un plan que nous avons adopté. Lobjectif cest de retirer la totalité du dispositif en 2014 ; cest ce que nous ferons au moment où larmée afghane sera véritablement prête. Si nous le faisons de façon précipitée, à un moment où les Afghans nont pas encore la capacité de prendre le relais, nous risquons de provoquer le chaos.
Q - Pensez-vous que tous les insurgés en Afghanistan sont des terroristes ?
R - Je ne sais pas répondre à cette question. Je sais quil y a des terroristes parmi eux en tout cas.
( )
Q - Quest-ce qui vous inquiète aujourdhui ? Lécart de taux demprunt entre la France et lAllemagne, par exemple, qui se creuse ?
R - Ils se sont creusés, cest un mauvais signe. Il faut donc réagir et cest la raison pour laquelle le gouvernement, à deux reprises, a pris des mesures pour stopper
Q - Il y a urgence là ?
R - Bien sûr quil y a urgence. Il y a urgence française, mais il y a urgence européenne. La France a fait ce quelle devait faire ; nous avons très clairement indiqué que nous prendrions toutes les mesures pour ne pas déraper. Nous avons un objectif - ce sont des chiffres qui ne disent pas grand chose à limagination mais qui sont importants - 3% de la richesse nationale en 2013 et 0% en 2016. Sur le plan européen, il y a aujourdhui un risque grave et cest la raison pour laquelle il faut que nous arrivions à construire ce quon appelle maintenant un pare-feu, ou un mur de protection, pour éviter la contagion ; nous y travaillons darrache-pied avec lAllemagne.
( ).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 novembre 2011