Interview de M. Thierry Mariani, secrétaire d'Etat chargé des transports, à Canal Plus le 12 janvier 2012, sur la campagne pour l'élection présidentielle et le sommet social du 18 janvier.

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CAROLINE ROUX Alors, petit résumé des épisodes précédents, pour ceux qui n’auraient pas suivi ! Bernard ACCOYER a dit que : « La gauche au pouvoir, ce serait les mêmes conséquences économiques et sociales qu’une guerre ». Nadine MORANO explique que « François HOLLANDE est un homme dangereux ». Jean-François COPE résume : « Chez nous, c'est massacre à la tronçonneuse ». Est-ce que vous assumez chacune de ces phrases, prononcées à l’encontre du candidat de gauche ou de la gauche ?
 
THIERRY MARIANI Ecoutez, pendant quatre ans on a eu plutôt – excusez-moi – une corde « pour te pendre », au bénéfice de Nicolas SARKOZY, c'est-à-dire que pendant quatre ans, on a vu la gauche taper en permanence sur le président de la République. Moi je me souviens quand même de couvertures de certains magazines, « Le voyou », etc., au point de démolir son image. Là on est en campagne présidentielle. Qu’est-ce que l’on fait ? Eh bien simplement on organise, j’allais dire, une réponse à ce qui se passe au Parti socialiste, et finalement, le meilleur allié en ce moment c'est le Parti socialiste, parce que, chaque jour ils se disputent sur tout.
 
CAROLINE ROUX Donc, je vous repose ma question : vous assumez la guerre, l’homme dangereux ? Vous assumez le massacre à la tronçonneuse ? Vous assumez ?
 
THIERRY MARIANI Ecoutez...
 
CAROLINE ROUX Ou est-ce que vous ne l’auriez pas dit comme ça, ou est-ce que vous dites : allez, ils y vont un peu fort ?
 
THIERRY MARIANI Non, non, la guerre, écoutez, je crois qu’effectivement, si jamais monsieur HOLLANDE était président de la République, les conséquences économiques seraient effectivement désastreuses, oui, tout à fait.
 
CAROLINE ROUX Donc, vous assumez ça...
 
THIERRY MARIANI Absolument.
 
CAROLINE ROUX Vous assumez « l’homme dangereux » ? C’est un homme dangereux François HOLLANDE ?
 
THIERRY MARIANI Je pense que la politique qu’il propose est dangereuse pour la France.
 
CAROLINE ROUX Et donc c'est massacre à la tronçonneuse, c'est ça, c'est donc l’anti-sarkozysme ; après l’anti-sarkozysme, voici venir le temps de l’anti-hollandisme, c'est ça ?
 
THIERRY MARIANI C'est : voici venir le temps du combat politique, où dans le combat politique il n’y a pas de cadeau, parce que je crois que l’enjeu pour notre pays est énorme.
 
CAROLINE ROUX Donc, ça c'est la campagne que vous voulez mener, c'est à ce niveau-là que la campagne doit se mener ?
 
THIERRY MARIANI Pas du tout. La campagne que l’on mène nous, c'est une campagne avec un programme, avec des idées. Monsieur HOLLANDE est en campagne depuis 4 mois, finalement on n’a pas eu beaucoup d’idées, on a eu que des attaques jusqu’à présent.
 
CAROLINE ROUX Et est-ce qu’il n'est pas temps de lever ce côté un petit peu artificiel ? Puisque vous dites : il y a un candidat à gauche, il y a un candidat à droite, tout le monde le sait, Nicolas SARKOZY, vous êtes en campagne, vous venez juste de nous le dire, pour vous, il est candidat, ce n'est même pas un sujet.
 
THIERRY MARIANI Pour moi, j’espère qu’il sera candidat, et je pense qu’il sera candidat, mais c'est à lui de le décider le moment venu.
 
CAROLINE ROUX Mais justement, est-ce qu’il n'est pas temps, il est tellement candidat en ce moment qu’on se dit : est-ce qu’il ne serait pas le temps qu’il l’annonce, sa candidature ?
 
THIERRY MARIANI Il reste encore quatre mois avant les présidentielles, je crois que l’on a surtout intérêt à un président qui dirige la France, parce que ça ne vous a pas échappé qu’on a quelques crises financières, donc c'est plus utile qu’aller faire des meetings.
 
MAÏTENA BIRABEN On va parler un peu de la droite populaire ?
 
THIERRY MARIANI Si vous voulez.
 
CAROLINE ROUX Oui, parce que vous êtes l’un des initiateurs de la droite populaire, et il y a un sondage CSA qui a été diffusé hier et qui montre que les électeurs de l’électorat populaire, les ouvriers, les salariés, ont déserté la candidature de Nicolas SARKOZY pour se reporter sur celle de François HOLLANDE, sur celle de Marine LE PEN, ce qu’on voit aussi dans le sondage que l’on publie ce matin, avec TNS SOFRES, puisque 40 % des ouvriers sont en accord avec les idées du Front national. Est-ce qu’il faut que Nicolas SARKOZY reparte à la conquête de l’électorat populaire ?
 
THIERRY MARIANI Vous savez, Nicolas SARKOZY n’a jamais déserté les usines, c'est le seul président de la République, et je rajoute, le seul leader, qui depuis quatre ans, quasiment chaque semaine, va dans une usine. Monsieur HOLLANDE les découvre pendant les campagnes électorales.
 
CAROLINE ROUX Oui, mais ça ne marche pas, visiblement.
 
THIERRY MARIANI Eh bien écoutez, visiblement, oui, vous avez raison, il y a un problème de compréhension, et puis quand on est dans le couches populaires, on est forcément les premiers et les plus durement touchés par la crise, donc on a un vrai travail d’explications à faire.
 
CAROLINE ROUX D’explications sur quoi ?
 
THIERRY MARIANI D’explications sur la crise, d’explications sur ce qu’on fait pour protéger la France, d’explications aussi sur certaines réformes que l’on a faites et qui ont été, je pense, un peu oubliées, parce que pendant ce quinquennat, rarement un gouvernement et un président n’aura été aussi actif.
 
CAROLINE ROUX Est-ce que ça veut dire que vous pensez qu’augmenter la TVA sociale, qui va peser sur le pouvoir d’achat, c'est le meilleur moyen de donner une réponse ou une explication à cet électorat populaire ? Vous pensez que ça peut peser ?
 
THIERRY MARIANI Je pense que ne rien faire, c'est la meilleure situation, pour continuer à perdre sur tous les tableaux. Il y a un sommet social, on décidera après le sommet social. Mais, simplement, on a besoin de restaurer la compétitivité dans ce pays, on a besoin de faire en sorte que produire dans ce pays ça devienne intéressant. Il ne faut pas écarter une piste d’un revers de main, je constate que monsieur VALLS a trouvé cette idée géniale il y a quelques semaines, voilà. Donc, maintenant, on ne veut exclure aucune piste, attendons le sommet social. Nous, on dialogue d’abord.
 
CAROLINE ROUX Il y en a certains à droite qui ont changé d’avis aussi sur la TVA sociale.
 
THIERRY MARIANI Oui, bien sûr.
 
CAROLINE ROUX Alors, on a beaucoup parlé cette semaine, de Marine LE PEN, qui n’a pas ses parrainages, elle aurait 300 parrainages sur 500. Est-ce que vous, vous êtes de ceux qui disent : « Il faut qu’elle puisse se présenter » ?
 
THIERRY MARIANI D’abord, je suis persuadé qu’elle se présentera, parce que vous savez, chaque fois, le Front national nous joue un peu, j’allais dire le remake du film d’il y a 5 ans, si vous vous souvenez, son père nous faisait le même coup et nous sortait « mon dieu, je suis sauvé », quelques jours avant. Deuxièmement, est-ce qu’il faut qu’elle se présente, oui, je l’ai toujours combattue, j’ai toujours été élu contre les candidats du Front national, mais est-ce qu’on pourrait être dans un pays, où un parti qui représente + 15 %, ne peut pas se représenter ?
 
CAROLINE ROUX Et ça veut dire que vous conseillez aujourd'hui, que vous demandez aux élus de droite, de la Droite populaire, puisque vous êtes fondateur de la Droite populaire, de donner leurs parrainages à Marine LE PEN ?
 
THIERRY MARIANI En aucun cas, parce que je répète...
 
CAROLINE ROUX Eh bien pourquoi ?
 
THIERRY MARIANI Je suis persuadé qu’elle aura ses 500 parrainages. Vous verrez, si vous voulez...
 
CAROLINE ROUX Donc, vous dites : « Il faut qu’elle les ai, mais on ne va pas lui donner un coup de main, qu’elle se débrouille ».
 
THIERRY MARIANI Mais, attendez, en politique... D’abord, elle passe son temps à expliquer que l’on est bons à rien, donc on ne va pas lui expliquer, on ne va pas l’aider. Et puis deuxièmement, soyons sérieux, si vous voulez, rendez-vous le lendemain des dépôts de signatures, je suis prêt à vous parier le petit-déjeuner du jour, qu’elle aura ses signatures. Donc c'est un vieux film, une vieille ficelle. Le Front national ne se renouvelle pas beaucoup, même si par moment, j’allais dire, le leader a changé.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 16 janvier 2012