Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER La perte du triple A, vous dites dans votre livre : « Mondialisez-vous », cest une épée de Damoclès suspendue au-dessus des Etats, lépée est tombée sur la France vendredi. Quest-ce que ça change pour la campagne, est-ce que ça ne ruine pas toute chance pour le président sortant ?
PIERRE LELLOUCHE Je ne crois pas. Je crois que cette épée, elle est tombée sur un tas de gens, elle est tombée sur les Etats-Unis, elle est tombée sur le Japon, elle est tombée sur beaucoup de pays en Europe, treize sur dix-sept de la zone euro. Elle montre quoi, elle montre que larrivée de deux milliards de personnes sur le marché de la production mondiale a changé la donne mondiale. Nous sommes devenus les anciens riches face au monde émergent. Et notre solution aux émergents, ça a été de nous endetter depuis trente ans, les Américains, les Japonais et les Européens. En Europe, ajoutez une autre crise, cest la gouvernance de la zone euro, pas de gouvernance économique et des différences entre ceux qui réussissent parce quils se sont réformés, ceux qui ne se sont pas réformés du tout, cest le Sud de lEurope qui a basculé dans la dette et dans la crise, et presque dans la faillite, et au milieu, la France, qui doit absolument amplifier ses réformes.
CHRISTOPHE BARBIER On nest plus au milieu, on est décroché des Allemands, on tombe du côté du Sud.
PIERRE LELLOUCHE On est décroché un peu, il faut relativiser, cest pour ça quil faut aussi relativiser. Deux agences sur trois conservent le triple A, le AAA, et STANDARD & POORS AA+, donc on est juste en dessous, ça veut dire quoi, ça veut dire que, il faut que nous prenions conscience quon ne peut plus continuer avec le stock de dettes, avec cette façon de gouverner depuis trente ans, qui consiste à présenter des budgets en déséquilibre. Nous sommes, hélas, Nicolas SARKOZY, on peut critiquer, naturellement la gauche essaie de polémiquer en lui faisant porter, comme sil était, lui, le patron de toute lEurope et des treize autres pays qui sont dégradés, cest absurde, on ne peut pas dire : cest que la faute de Nicolas SARKOZY, simplement, on ne peut pas continuer à trimbaler des dettes comme ça, si on ne veut pas dépendre des agences de notation, il faut arrêter de sendetter. Et donc il faut
CHRISTOPHE BARBIER Pourquoi ne pas
PIERRE LELLOUCHE Il faut continuer à réduire, cest ce que nous avons fait, nous avons nous sommes le premier gouvernement depuis trente ans, quarante ans, à avoir réduit le nombre de fonctionnaires, donc la charge financière sur lEtat, nous sommes le premier à avoir pris des réformes structurelles, à revenir sur des cadeaux donnés jadis par François MITTERRAND, mais les retraites, cétait quoi
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce quil faut aller plus loin, est-ce quil faut par exemple remettre en cause la cinquième semaine de congés payés ?
PIERRE LELLOUCHE Oui, je pense que, inévitablement, il faudra aller plus loin, dans mon livre, je parle damplification, damplification de la rupture, le slogan de 2007, je pense quil faut aller encore plus loin
CHRISTOPHE BARBIER Concrètement, cinquième semaine de congés payés
PIERRE LELLOUCHE Je ne sais pas
CHRISTOPHE BARBIER Remonter à 37 heures ?
PIERRE LELLOUCHE Remonter la durée du travail, ça me semble inévitable, mais inévitable, on ne peut pas être le seul pays au monde à travailler beaucoup moins que nos principaux concurrents, ce nest pas possible. Pourquoi est-ce que, dun côté du Rhin, cest ça la au fond, la question que pose ce livre, et je dis, il ne suffit pas de sindigner devant le fait quil y a deux milliards de personnes en concurrence avec nous, il y a les nouveaux riches, les anciens riches, on ne peut pas dire : indignez-vous, ou bien, fermons les frontières, ce qui est la formule proposée de lextrême droite, de Marine LE PEN jusquà MONTEBOURG, fermez les frontières
CHRISTOPHE BARBIER Ça monte dans les sondages en tout cas
PIERRE LELLOUCHE Mais oui, mais naturellement, parce que ces gens, ce que jappelle les charlatans dans le livre, utilisent les peurs, comme ils ont utilisé les peurs dans les années 30, on retrouve le même langage, que, à chaque crise, on voit surgir les mêmes tentations du protectionnisme, du nationalisme, du claque-murage de la France, ce nest pas la solution. La solution pour les Français, cest de se réveiller, cest de comprendre la mondialisation, cest ce que je mefforce de faire dans ce livre, pourquoi dun côté du Rhin, on est à plus 120 milliards dexportations, au plein emploi et un budget en équilibre, ou quasiment, il y a même un pays en Europe, la Suède, qui est en excédent budgétaire. Pourquoi les uns réussissent dans la mondialisation, et les autres plongent, comme la Grèce, le Portugal ; le Portugal emprunte à plus 13 dintérêt, ils ont réduit les salaires de 25% dans la Fonction publique. La France doit rester le pivot avec lAllemagne de lEurope. Pour ça, elle doit faire le même type de réformes, qui ont été mises en oeuvre en Allemagne depuis dix ans, et qui permettent aujourdhui à lAllemagne de sen sortir. Cest ça la solution, ce nest pas de se claquemurer
CHRISTOPHE BARBIER Vous dites dans « Mondialisez-vous, vous dites : la France redistribue des revenus dassistance financés à crédit
PIERRE LELLOUCHE Mais oui.
CHRISTOPHE BARBIER Le sommet social du 18, ça doit être ça, on remet à plat les revenus dassistance ?
PIERRE LELLOUCHE Il faut absolument quon soit capable de regarder nos revenus dassistance, et surtout, comment financer notre système de protection sociale qui est en effet le plus généreux du monde autrement quen punissant nos entreprises, pourquoi est-ce que vous croyez que les gens nembauchent pas, vous demandez à un artisan menuisier, à qui vous voulez : pourquoi vous nembauchez pas ? Parce que les charges sont trop élevées. Doù la nécessité, bien sûr, de développer la recherche, cest ce que nous faisons, lapprentissage, mais surtout, de baisser les charges sur lemployeur, sinon, les gens ne sont pas employés.
CHRISTOPHE BARBIER Alors les charges, eh bien
PIERRE LELLOUCHE Et donc vous accumulez des revenus dassistance, cest-à-dire les allocations chômage et autres que, comme nous ne les produisons pas, nous allons les chercher sur les marchés qui aujourdhui nous disent : eh ben, on na plus envie de vous prêter au même prix.
CHRISTOPHE BARBIER Alors, plus de marchés, et si on veut baisser les cotisations sociales, ben, ça veut dire quil faudra baisser les revenus dassistance, par exemple, baisser lallocation chômage, baisser les retraites ?
PIERRE LELLOUCHE Je crois que les Français ne pourront pas faire léconomie dun débat de fond sur ce que la collectivité doit continuer à payer, et qui va payer. Alors, bien sûr, il faut de la justice sociale, mais les idées que jentends venant de la gauche, si je peux appeler ça des idées, qui sont les vieilles recettes du passé, qui consistent à employer, engager davantage de fonctionnaires dans lEducation, des emplois jeunes, redonner des cadeaux
CHRISTOPHE BARBIER Ça relance la croissance par la consommation
PIERRE LELLOUCHE Mais non, la seule façon de relancer la croissance, je vais vous dire, cest très simple, cest lexport, les nouveaux emplois sont dans les nouveaux marchés, comment fait lAllemagne, elle ancre sa croissance, bien sûr, sur le marché européen, mais de plus en plus sur les marchés émergents. Moi, mon job, quest-ce que je vois, là, je reviens du Mexique, lécart entre nous et les Allemands au Mexique, en Chine, au Brésil, cest de 1 à 4, les Allemands arrivent à être plus forts que nous, même dans lagriculture, nous avons perdu le tiers de nos parts de marché là où, théoriquement, nous sommes les meilleurs. Ça veut dire quil faut remettre à plat nos filières de production, nos filières dexportation, cest la politique industrielle que nous navons pas depuis De GAULLE et POMPIDOU, et que ces trois dernières années, avec Nicolas SARKOZY, cest vrai depuis trois ans, on a commencé à mettre en place les systèmes qui vont faire une politique industrielle pour la France.
CHRISTOPHE BARBIER Pourquoi ne pas faire un peu de protectionnisme au niveau européen ?
PIERRE LELLOUCHE Mais bien sûr, il en faut, mais je nappellerais pas ça du protectionnisme, simplement, de la réciprocité, faire aux autres ce quils nous font, quand la Chine interdit par exemple tel produit ou bloque tel produit à lexport, ce quils font, ou le Brésil, il faut que lEurope soit capable de prendre la décision, mais là, on touche à un autre problème, cest que lEurope à vingt-sept, ça ne marche pas. La vérité, cest celle-là, lEurope à vingt-sept ne prend pas les décisions politiques à temps, il y a un vrai sujet, je dis dans le livre que lEurope qui sortira de la crise ne sera pas celle qui y est entrée. Parce que nous avons besoin de processus de décisions qui soient beaucoup plus efficaces.
CHRISTOPHE BARBIER Pour lélection présidentielle, cest quand même LE PEN, MELENCHON, et un peu BAYROU qui profitent de tout ça.
PIERRE LELLOUCHE Inévitablement.
CHRISTOPHE BARBIER Ça vous inquiète ?
PIERRE LELLOUCHE Mais bien sûr, mais à chaque fois, BAYROU, non, parce que BAYROU est fondamentalement dans notre famille didées
CHRISTOPHE BARBIER Il a été le premier à dire tout ça, donc
PIERRE LELLOUCHE Eh bien, le premier, il ny a pas que lui, moi, je dis cela, je parle de désindustrialisation de la France, la clef de notre pays, cest de produire chez nous à nouveau. Donc il faut rendre possible la production, pas le claque-murage de la France, pas le pire service quon peut donner aux Français aujourdhui, cest découter ces charlatans qui vous expliquent, soit que la solution soit que cest la faute des autres, cest la faute des marchés, cest la faute des Chinois, cest la faute et donc la solution, cest de fermer le pays, ça, cest le pire service, soit découter les gens qui vous disent : les recettes du passé sont les meilleures, on va dépenser plus, avec quel argent ? Aujourdhui, les anciens pays riches doivent se remettre en question, y compris la France, sinon, on ne sortira pas de cette crise, sauf en étant extrêmement appauvri ou alors dans des conflits, parce quil y aura des tensions très fortes entre les différents pôles de puissance économique.
CHRISTOPHE BARBIER Un mot sur la politique, à Paris, il y a encore une place pour Rachida DATI aux législatives ?
PIERRE LELLOUCHE Eh bien écoutez, la Commission dinvestiture, elle sest prononcée, alors, sauf à sasseoir
CHRISTOPHE BARBIER Cest fini ?
PIERRE LELLOUCHE Sauf à sasseoir sur les procédures de notre mouvement qui ont investi les candidats, je ne vois pas très bien où est la solution dans Paris.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 16 janvier 2012
PIERRE LELLOUCHE Je ne crois pas. Je crois que cette épée, elle est tombée sur un tas de gens, elle est tombée sur les Etats-Unis, elle est tombée sur le Japon, elle est tombée sur beaucoup de pays en Europe, treize sur dix-sept de la zone euro. Elle montre quoi, elle montre que larrivée de deux milliards de personnes sur le marché de la production mondiale a changé la donne mondiale. Nous sommes devenus les anciens riches face au monde émergent. Et notre solution aux émergents, ça a été de nous endetter depuis trente ans, les Américains, les Japonais et les Européens. En Europe, ajoutez une autre crise, cest la gouvernance de la zone euro, pas de gouvernance économique et des différences entre ceux qui réussissent parce quils se sont réformés, ceux qui ne se sont pas réformés du tout, cest le Sud de lEurope qui a basculé dans la dette et dans la crise, et presque dans la faillite, et au milieu, la France, qui doit absolument amplifier ses réformes.
CHRISTOPHE BARBIER On nest plus au milieu, on est décroché des Allemands, on tombe du côté du Sud.
PIERRE LELLOUCHE On est décroché un peu, il faut relativiser, cest pour ça quil faut aussi relativiser. Deux agences sur trois conservent le triple A, le AAA, et STANDARD & POORS AA+, donc on est juste en dessous, ça veut dire quoi, ça veut dire que, il faut que nous prenions conscience quon ne peut plus continuer avec le stock de dettes, avec cette façon de gouverner depuis trente ans, qui consiste à présenter des budgets en déséquilibre. Nous sommes, hélas, Nicolas SARKOZY, on peut critiquer, naturellement la gauche essaie de polémiquer en lui faisant porter, comme sil était, lui, le patron de toute lEurope et des treize autres pays qui sont dégradés, cest absurde, on ne peut pas dire : cest que la faute de Nicolas SARKOZY, simplement, on ne peut pas continuer à trimbaler des dettes comme ça, si on ne veut pas dépendre des agences de notation, il faut arrêter de sendetter. Et donc il faut
CHRISTOPHE BARBIER Pourquoi ne pas
PIERRE LELLOUCHE Il faut continuer à réduire, cest ce que nous avons fait, nous avons nous sommes le premier gouvernement depuis trente ans, quarante ans, à avoir réduit le nombre de fonctionnaires, donc la charge financière sur lEtat, nous sommes le premier à avoir pris des réformes structurelles, à revenir sur des cadeaux donnés jadis par François MITTERRAND, mais les retraites, cétait quoi
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce quil faut aller plus loin, est-ce quil faut par exemple remettre en cause la cinquième semaine de congés payés ?
PIERRE LELLOUCHE Oui, je pense que, inévitablement, il faudra aller plus loin, dans mon livre, je parle damplification, damplification de la rupture, le slogan de 2007, je pense quil faut aller encore plus loin
CHRISTOPHE BARBIER Concrètement, cinquième semaine de congés payés
PIERRE LELLOUCHE Je ne sais pas
CHRISTOPHE BARBIER Remonter à 37 heures ?
PIERRE LELLOUCHE Remonter la durée du travail, ça me semble inévitable, mais inévitable, on ne peut pas être le seul pays au monde à travailler beaucoup moins que nos principaux concurrents, ce nest pas possible. Pourquoi est-ce que, dun côté du Rhin, cest ça la au fond, la question que pose ce livre, et je dis, il ne suffit pas de sindigner devant le fait quil y a deux milliards de personnes en concurrence avec nous, il y a les nouveaux riches, les anciens riches, on ne peut pas dire : indignez-vous, ou bien, fermons les frontières, ce qui est la formule proposée de lextrême droite, de Marine LE PEN jusquà MONTEBOURG, fermez les frontières
CHRISTOPHE BARBIER Ça monte dans les sondages en tout cas
PIERRE LELLOUCHE Mais oui, mais naturellement, parce que ces gens, ce que jappelle les charlatans dans le livre, utilisent les peurs, comme ils ont utilisé les peurs dans les années 30, on retrouve le même langage, que, à chaque crise, on voit surgir les mêmes tentations du protectionnisme, du nationalisme, du claque-murage de la France, ce nest pas la solution. La solution pour les Français, cest de se réveiller, cest de comprendre la mondialisation, cest ce que je mefforce de faire dans ce livre, pourquoi dun côté du Rhin, on est à plus 120 milliards dexportations, au plein emploi et un budget en équilibre, ou quasiment, il y a même un pays en Europe, la Suède, qui est en excédent budgétaire. Pourquoi les uns réussissent dans la mondialisation, et les autres plongent, comme la Grèce, le Portugal ; le Portugal emprunte à plus 13 dintérêt, ils ont réduit les salaires de 25% dans la Fonction publique. La France doit rester le pivot avec lAllemagne de lEurope. Pour ça, elle doit faire le même type de réformes, qui ont été mises en oeuvre en Allemagne depuis dix ans, et qui permettent aujourdhui à lAllemagne de sen sortir. Cest ça la solution, ce nest pas de se claquemurer
CHRISTOPHE BARBIER Vous dites dans « Mondialisez-vous, vous dites : la France redistribue des revenus dassistance financés à crédit
PIERRE LELLOUCHE Mais oui.
CHRISTOPHE BARBIER Le sommet social du 18, ça doit être ça, on remet à plat les revenus dassistance ?
PIERRE LELLOUCHE Il faut absolument quon soit capable de regarder nos revenus dassistance, et surtout, comment financer notre système de protection sociale qui est en effet le plus généreux du monde autrement quen punissant nos entreprises, pourquoi est-ce que vous croyez que les gens nembauchent pas, vous demandez à un artisan menuisier, à qui vous voulez : pourquoi vous nembauchez pas ? Parce que les charges sont trop élevées. Doù la nécessité, bien sûr, de développer la recherche, cest ce que nous faisons, lapprentissage, mais surtout, de baisser les charges sur lemployeur, sinon, les gens ne sont pas employés.
CHRISTOPHE BARBIER Alors les charges, eh bien
PIERRE LELLOUCHE Et donc vous accumulez des revenus dassistance, cest-à-dire les allocations chômage et autres que, comme nous ne les produisons pas, nous allons les chercher sur les marchés qui aujourdhui nous disent : eh ben, on na plus envie de vous prêter au même prix.
CHRISTOPHE BARBIER Alors, plus de marchés, et si on veut baisser les cotisations sociales, ben, ça veut dire quil faudra baisser les revenus dassistance, par exemple, baisser lallocation chômage, baisser les retraites ?
PIERRE LELLOUCHE Je crois que les Français ne pourront pas faire léconomie dun débat de fond sur ce que la collectivité doit continuer à payer, et qui va payer. Alors, bien sûr, il faut de la justice sociale, mais les idées que jentends venant de la gauche, si je peux appeler ça des idées, qui sont les vieilles recettes du passé, qui consistent à employer, engager davantage de fonctionnaires dans lEducation, des emplois jeunes, redonner des cadeaux
CHRISTOPHE BARBIER Ça relance la croissance par la consommation
PIERRE LELLOUCHE Mais non, la seule façon de relancer la croissance, je vais vous dire, cest très simple, cest lexport, les nouveaux emplois sont dans les nouveaux marchés, comment fait lAllemagne, elle ancre sa croissance, bien sûr, sur le marché européen, mais de plus en plus sur les marchés émergents. Moi, mon job, quest-ce que je vois, là, je reviens du Mexique, lécart entre nous et les Allemands au Mexique, en Chine, au Brésil, cest de 1 à 4, les Allemands arrivent à être plus forts que nous, même dans lagriculture, nous avons perdu le tiers de nos parts de marché là où, théoriquement, nous sommes les meilleurs. Ça veut dire quil faut remettre à plat nos filières de production, nos filières dexportation, cest la politique industrielle que nous navons pas depuis De GAULLE et POMPIDOU, et que ces trois dernières années, avec Nicolas SARKOZY, cest vrai depuis trois ans, on a commencé à mettre en place les systèmes qui vont faire une politique industrielle pour la France.
CHRISTOPHE BARBIER Pourquoi ne pas faire un peu de protectionnisme au niveau européen ?
PIERRE LELLOUCHE Mais bien sûr, il en faut, mais je nappellerais pas ça du protectionnisme, simplement, de la réciprocité, faire aux autres ce quils nous font, quand la Chine interdit par exemple tel produit ou bloque tel produit à lexport, ce quils font, ou le Brésil, il faut que lEurope soit capable de prendre la décision, mais là, on touche à un autre problème, cest que lEurope à vingt-sept, ça ne marche pas. La vérité, cest celle-là, lEurope à vingt-sept ne prend pas les décisions politiques à temps, il y a un vrai sujet, je dis dans le livre que lEurope qui sortira de la crise ne sera pas celle qui y est entrée. Parce que nous avons besoin de processus de décisions qui soient beaucoup plus efficaces.
CHRISTOPHE BARBIER Pour lélection présidentielle, cest quand même LE PEN, MELENCHON, et un peu BAYROU qui profitent de tout ça.
PIERRE LELLOUCHE Inévitablement.
CHRISTOPHE BARBIER Ça vous inquiète ?
PIERRE LELLOUCHE Mais bien sûr, mais à chaque fois, BAYROU, non, parce que BAYROU est fondamentalement dans notre famille didées
CHRISTOPHE BARBIER Il a été le premier à dire tout ça, donc
PIERRE LELLOUCHE Eh bien, le premier, il ny a pas que lui, moi, je dis cela, je parle de désindustrialisation de la France, la clef de notre pays, cest de produire chez nous à nouveau. Donc il faut rendre possible la production, pas le claque-murage de la France, pas le pire service quon peut donner aux Français aujourdhui, cest découter ces charlatans qui vous expliquent, soit que la solution soit que cest la faute des autres, cest la faute des marchés, cest la faute des Chinois, cest la faute et donc la solution, cest de fermer le pays, ça, cest le pire service, soit découter les gens qui vous disent : les recettes du passé sont les meilleures, on va dépenser plus, avec quel argent ? Aujourdhui, les anciens pays riches doivent se remettre en question, y compris la France, sinon, on ne sortira pas de cette crise, sauf en étant extrêmement appauvri ou alors dans des conflits, parce quil y aura des tensions très fortes entre les différents pôles de puissance économique.
CHRISTOPHE BARBIER Un mot sur la politique, à Paris, il y a encore une place pour Rachida DATI aux législatives ?
PIERRE LELLOUCHE Eh bien écoutez, la Commission dinvestiture, elle sest prononcée, alors, sauf à sasseoir
CHRISTOPHE BARBIER Cest fini ?
PIERRE LELLOUCHE Sauf à sasseoir sur les procédures de notre mouvement qui ont investi les candidats, je ne vois pas très bien où est la solution dans Paris.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 16 janvier 2012