Déclaration de M. Maurice Leroy, ministre de la ville, sur la politique de rénovation urbaine et le développement social en région Centre, Orléans le 13 janvier 2012.

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Circonstance : Déplacement à Orléans le 13 janvier 2012

Texte intégral


Permettez-moi tout d’abord de ne pas déroger à la tradition et de vous présenter mes voeux les meilleurs pour cette année qui commence.
2011 fut, pour vous comme pour moi, une année importante. Grâce à vous tous ici réunis, les collectivités, les bailleurs, l’Anru, les associations et bien sur les habitants, la rénovation urbaine a été une fois de plus un succès.
Vous le savez tous, des enjeux auxquels notre pays est confronté, l’enjeu de l’intégration et du mieux vivre dans les quartiers en difficulté, est sans doute l’un des plus importants !
L’un des plus importants parce qu’il touche à la cohésion nationale et parce que c’est dans ces quartiers que se prépare une grande partie de l’avenir de notre pays.
Je vous remercie très sincèrement pour la qualité des échanges de la matinée. Cette journée tombe idéalement dans le calendrier, car je prévois de remettre dans les prochaines semaines mes propositions à François Fillon pour un acte 2 du PNRU.
Ce que j’ai entendu ce matin me conforte dans les convictions que je me suis forgées tout au long de la concertation que j’ai menée depuis le CIV du 18 février 2011.
La première de mes convictions est que le modèle du PNRU 1 est une réussite. Nous la devons à l’énergie mobilisée au niveau national.
Je salue le président de l’Anru Gérard Hamel et ses équipes, ainsi que les partenaires nationaux de l’agence que sont la Caisse des Dépôts, l’USH et Action Logement.
Une réussite qui doit aussi beaucoup à la mobilisation au niveau local : les élus, les bailleurs sociaux, les services de l’Etat et des collectivités, les associations implantées dans les quartiers, les habitants. Soyez-en aujourd’hui tous remerciés.
Ma deuxième conviction, c’est qu’un acte 2 du PNRU s’impose. C’est un consensus qui transcende les courants politiques.
J’ai rencontré les associations nationales d’élus, mais aussi les maires concernés par la rénovation urbaine. Tous me disent qu’il faut continuer.
Le Conseil Economique, Social et Environnemental a délibéré à l’unanimité en faveur d’un acte 2 du PNRU. Le comité d’évaluation et de suivi de l’Anru appelle aussi à une nouvelle phase du PNRU.
C’est aussi ce que je constate et que j’entends lors de mes déplacements. Cela ne veut pas dire qu’il faut continuer sans rien changer.
Nous devons tirer les enseignements de nos expériences et vous le faites ici aujourd’hui fort bien dans cette région Centre où le programme de rénovation urbaine s’élève à 1,6 milliards d’euros engagés à 80 %.
Vous comprendrez que je ne dévoilerai pas le contenu des propositions dont je réserve la primeur à François Fillon. Je ne vous laisserai néanmoins pas sur votre faim…
Je veux d’abord vous rappeler que le premier objectif est de finir les projets. Il y a de nombreux avenants, des opérations qui restent à lancer.
Mon premier message est de rester mobilisés, car sur une part importante des sites, nous ne sommes pas encore au bout du chemin. Il n’y aura d’acte 2 que si nous pouvons tous justifier que l’acte 1 a été mené à son terme.
Mon deuxième message est de ne pas se contenter des effets de court terme sur l’amélioration du cadre de vie.
Réhabiliter un immeuble de logement, livrer une école neuve ou refaire une rue, ça améliore l’environnement des habitants des quartiers populaires et c’est important, mais il faut voir plus loin…
L’Anru est un catalyseur de dynamiques et de partenariats qui doivent perdurer au-delà des projets urbains, pour assurer une insertion durable des quartiers dans les dynamiques d’agglomération.
C’est tout le sens de l’expérimentation sur 10 sites en fin de rénovation que j’ai engagée cet été, et qui doit déboucher sur la préparation de projets stratégiques locaux et la conclusion de conventions de gestion de quartiers rénovés. Je salue ici Châteauroux qui a bien voulu faire partie de cette mission pionnière.
J’en viens à mon troisième message. En région Centre comme ailleurs, la mixité sociale ne se décrète pas. On ne renverse pas des tendances structurelles en quelques années, ni même avec quelques millions d’euros. C’est un point d’horizon qu’il faut viser, une dynamique qui se construit dans la durée…
Cela passe notamment par une bonne articulation entre les politiques locales de l’habitat et de rénovation urbaine, dans la programmation des constructions de logements sociaux comme dans les politiques d’attribution.
Cela passe aussi par une politique de désenclavement des quartiers populaires par des transports publics efficaces comme les projets de tramways de Tours et d’Orléans en font la démonstration.
Et pour cela, dans la plupart des cas, par une intercommunalité forte. En région Centre, la dynamique est en marche. De nombreux PRU de la région Centre illustrent cette avancée comme à Tours, Montargis ou Bourges.
L’implication de l’agglomération dans la rénovation des quartiers doit désormais devenir la règle.
Mesdames et messieurs, nous devons en finir avec le fossé qui sépare les dispositifs humain et urbain. C’est mon quatrième message.
Au-delà des principes, il faut être pragmatique et se donner les moyens de réussir cette intégration.
L’expérimentation CUCS en cours sur la mobilisation du droit commun de chacun sera utile. Il faut déjà rééquilibrer. J’entends souvent : on a beaucoup fait pour l’urbain et pas assez pour l’humain. Cela passe par un investissement sur de l’ingénierie et la constitution d’équipes pluridisciplinaires !
J’attends que les chefs de projet urbain et que les chefs de projet social associent leurs compétences pour élaborer ensemble des projets ambitieux pour nos quartiers.
Je crois que si nous avons su investir dans l’ingénierie urbaine, il faudra faire preuve d’une exigence de même hauteur pour le social.
Nous devons nous donner les moyens d’inscrire nos actions dans la durée, de définir des indicateurs précis et de suivre leur évolution.
C’est pourquoi, dès le budget 2012, dans le contexte budgétaire que vous connaissez, j’ai consolidé les crédits de l’Acsé dont disposera le niveau départemental.
Le dernier message que je vous délivrerai est que je suis persuadé que l’acte 2 du PNRU doit être plus ambitieux que l’acte 1. Nous connaissons tous la situation des finances publiques, qu’elles soient nationales ou locales.
Nous ne ferons pas d’annonces tonitruantes sur les milliards d’euros d’un acte 2 que nous laisserions à d’autres le soin de trouver.
Cela doit nous inciter non pas à la morosité, mais à faire preuve d’encore plus de volontarisme et d’innovation. Cherchons d’autres intervenants, mobilisons d’autres politiques publiques !
Construisons de nouveaux partenariats, pour contribuer à la réussite des projets !
Il nous faudra innover et concentrer les moyens sur les territoires qui en ont le plus besoin.
Je sais que je peux compter sur vous comme vous pouvez compter sur moi.
Je vous remercie.
Source http://www.ville.gouv.fr, le 16 janvier 2012